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Citations de Jean-Luc Marion (45)


Comment la peinture qui semble une représentation, pourrait-elle donner lieu à la grâce d'une présence ?
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L'enfer, c'est l'absence de tout autre
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Ce titre de réaliste m'a été imposé comme on a imposé aux hommes de 1830 le titre de romantiques. Les titres en aucun temps n'ont donné une idée juste des choses ; s'il en était autrement, les oeuvres seraient superflues.
Gustave Courbet
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Car le peintre ne reproduit rien qui serait déjà visible : par excellence, quand il atteint son rôle, il impose un nouveau visible à la visibilité. En ce sens, il ne cherche pas, il trouve.
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L'enfer, ce n'est pas les autres, c'est l'absence de tout autre.
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Comme une guerre éclate sans raison, par déflagration et transgression de toutes les bonnes raisons, l'amant fait éclater l'amour. Il déclare son amour, comme on déclare la guerre - sans raison. C'est-à-dire parfois, sans même prendre le temps et le soin d'en faire la déclaration. (p.136)
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Dans l'amour je pars en déséquilibre avant et je n'évite la chute qu'en allongeant la foulée [...], donc en rajoutant à mon déséquilibre. (pp.143-4)
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Jean-Luc Marion
les chrétiens ont d'emblée refusé de souscrire au culte de l'empereur païen, et ont ainsi, les premiers, réclamé la séparation des pouvoirs... En fait, sans séparation, le caractère démocratique tout entier d'une société se trouve menacé. (p.57)
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La poésie peut me dire ce que j’expérimente sans savoir l’articuler et me libère ainsi de mon aphasie érotique - elle ne me fera pourtant jamais comprendre l’amour en son concept. Le roman parvient à rompre l’autisme de mes crises amoureuses, parce qu’il les réinscrit dans une narrativité sociable, plurielle, publique — mais il ne m’explique pas ce qui m’arrive, réellement, à moi. La théologie, elle, sait ce dont il s’agit ; mais elle le sait trop bien pour toujours éviter de m’imposer une interprétation si directe par la Passion, qu’elle annule mes passions – sans prendre le temps de rendre justice à leur phénoménalité, ni donner un sens à leur immanence. La psychanalyse peut résister à ces hâtes et sait demeurer parmi mes vécus de conscience et surtout d’inconscience – mais précisément pour mieux constater que je souffre d’un défaut des mots pour les dire, voire qu’elle-même manque des concepts pour les penser. De ces efforts défaits, il résulte que le tout-venant, autrement dit tous ceux qui aiment sans bien savoir ce que l’amour veut dire, ni ce qu’il leur veut, ni surtout comment lui survivre – vous et moi le premier – se croit condamné aux pires trompe-la-faim : le sentimentalisme en fait désespéré de la prose populaire, la pornographie frustrée de l’industrie des idoles ou l’idéologie informe de l’épanouissement individuel, cette asphyxie vantarde Ainsi la philosophie se tait et, dans ce silence, l’amour s’efface.
Une telle désertion de la question de l’amour par le concept devrait scandaliser, d’autant plus que la philosophie tient son origine de l’amour même et de lui seul, « ce grand dieu ».
[…] La philosophie ne comprend qu’à la mesure où elle aime - j’aime comprendre, donc j’aime pour comprendre. Et non pas, comme on préférerait le croire, je finis par comprendre assez pour me dispenser à jamais d’aimer.
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Jean-Luc Marion
Beaucoup de vérités sont prouvées expérimentalement sous preuve du contraire qui va arriver un jour ou l'autre ... Le paradoxe des vérités scientifiques, c'est qu'elles sont à le fois vraies et provisoires. Les sciences ne peuvent d'ailleurs progresser que parce qu'elles ne sont pas définitives.

Dans le journal "Le Soir " du 07 mars 2023.
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C'est un lieu commun de considérer Descartes comme le fondateur oderne de l'"idéalisme".
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la volonté de puissance ... réduit tout à une valeur donc en soi à rien. ... La volonté veut l'accumulation terminale du capital. (p. 89)
La croissance devient le nom vide du procès de l'évaluation elle-même - à savoir de l'annihilation de toutes choses par sa réduction à une valeur. ... nous n'affrontons aucune crise ... nous nous engluons dans une décadence dont personne ne peut voir la fin. La raison de cette décadence tient précisément au fait que la volonté de puissance ne veut plus rien, qu'elle ne peut que se répéter dans un éternel (...) retour de l'identique [la croissance]. La volonté de puissance, ... comme le terrorisme ... ne peut que se vouloir et nier le reste dans son vouloir même. (p. 90)
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Jean-Luc Marion
l'islam ... a toujours contredit le monde judéo-chrétien en récusant la séparation des pouvoirs... D'ailleurs, Rousseau avait parfaitement vu cette opposition radicale, ... "Jésus ...séparant le système théologique du système politique, fit que l'État cessa d'être un ... Mohamet eut des vues plus saines. Il lia bien son système politique, en tant que la forme de son gouvernement subsista, sous les Caliphes ses successeurs, son gouvernement fut exactement un, et bon en cela." ... l'état du contrat social ... comme un quatrième monothéisme, comme le premier monothéisme sans Dieu, le plus abstrait et donc le plus dangereux. (p.64-66)
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Pour cela même se fait jour aujourd’hui la possibilité d’un moment catholique. Entendons-nous bien  : il ne s’agit pas d’un moment où tout le monde serait sommé de devenir catholique (hypothèse ni sérieuse, ni souhaitable à vues humaines). Nous entrons dans un moment catholique parce que nous entrons dans un moment critique –  un moment où se trouve en jeu, dans la société française, la possibilité d’une communauté qui mette en œuvre l’universel.
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Que signifie exercer un pouvoir social ou politique, privé ou public  ? Cela signifie se faire obéir, en usant de la force (la violence supposée légitime du propriétaire ou de l’État, dont la philosophie politique s’affaire à toujours préserver les droits, avec une servilité sans faille), ou, mieux, sans avoir même besoin de l’exercer. Un pouvoir fort se caractérise par sa capacité à se faire obéir sans recourir à la violence, légalisée ou non.
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Le bien commun reste le grand absent des sociétés dites démocratiques et éclairées. Car, dans les rares occasions où on l’évoque, ravalé au rang sans honneur des «  valeurs de la République  » ou de «  l’âme de la France  », on le conçoit au mieux comme la résultante des biens individuels de chacun des citoyens, plus exactement de chacun des votants, tenant pour rien non seulement les morts (plus nombreux que les vivants dans une nation, rappellent les conservateurs), mais surtout les vivants à venir (malgré les alarmes de militants de l’écologie responsable). Quant à la «  volonté générale  », elle a sombré irréversiblement comme un idéal vide, voire enclin à un totalitarisme identitaire. Or le bien commun ne résulte jamais de l’addition de biens particuliers, aussi divers soient-ils, dans un inconcevable compromis général. Il ne consiste pas en autre chose que lui-même, car la communion qu’il met en œuvre constitue en soi un bien.
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Il ne suffit pas d’un «  rassemblement de multitude (coetus multitudinis)  » pour faire un peuple  ; il faut «  un rassemblement associé par un consensus sur le droit et une communion d’utilité (coetus juris consensu et utilitatis communione sociatus)  »  
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Tout silence qui reste inscrit dans la banalité, dans la métaphysique, et même dans l’Être/étant, voire dans une théologie oublieuse des noms divins, n’offre que des idoles muettes. Il ne suffit pas de se taire pour échapper à l’idolâtrie, puisque, par excellence, l’idole a en propre de se taire ; et donc, de laisser les hommes se taire quand ils n’ont plus rien à dire – pas même des blasphèmes. Le silence, qui convient au Dieu qui se révèle comma agapè dans le Christ, consiste à se taire par et pour l’agapè : concevoir que si Dieu donne, dire Dieu impose de recevoir le don, et – puisque le don n’advient que dans la distance – à le rendre. Rendre le don, jouer en redondance la donation impensable, cela ne se dit pas, mais se fait. Alors seulement peut renaître le discours, mais comme une jouissance, une jubilation, une louange.

Plus modestement, le silence qui convient à Dieu impose de savoir s’en taire, non par agnosticisme (le surnom poli de l’athéisme impossible), ni par humiliation, mais simplement par respect. Même contre soi, il faut reconnaître que, si nous n’aimons pas assez l’agapè pour la louer, nous devons au moins préserver cette impuissance comme la trace d’un possible. Et garder notre silence comme un trésor, encore pris dans la gangue qui en offusque la splendeur, mais n’en protège pas moins le futur éclat. Ce silence-là, et nul autre, sait où il se trouve, qui il tait, et pourquoi il doit, un temps encore, préserver une décence muette – pour se libérer de l’idolâtrie.

Si nous parvenions à entrevoir ne fût-ce que l’esquisse de ce par où l’agapè excède tout (et l’Être/étant), alors notre silence pourrait nous faire devenir, un peu, des « envoyés… annonciateurs du silence divin »(1).

(1) Denys, Noms Divins, IV, 2, P.G., 3, 696 b. (pp. 154-155)
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Le divin n’avait certes pas attendu saint Thomas pour entrer en métaphysique ; mais ce n’est qu’avec saint Thomas que le Dieu révélé en Jésus-Christ sous le nom de charité se trouve sommé d’entrer dans le rôle du divin de la métaphysique, en assumant esse/ens comme son nom propre. Désormais se trouvent réunies les conditions nécessaires et suffisantes pour qu’avec le destin du « Dieu des philosophes et des savants » il y aille aussi de la réception du « Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob ». Descartes, décidant de toute la métaphysique subséquente, déterminera celui qui reste pour lui le Dieu des chrétiens non seulement comme idée de l’infini, mais aussi comme causa sui. Ainsi les apories de la causa sui pourront, par le relais du « Dieu moral » engendrer une « mort de Dieu » où s’accomplit positivement l’idole métaphysique de « Dieu », mais où se dissimule radicalement le caractère idolâtrique de cette idole.

Cette dissimulation tient en effet à l’impossibilité où se trouve, depuis que l’ens/esse prévaut comme nom divin, l’intelligence théologique d’envisager un nom proprement chrétien du Dieu qui se révèle en Jésus-Christ – un nom antérieur à l’Être de l’étant (selon la métaphysique), donc aussi à toute pensée de l’Être comme tel. (p. 123)
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* Aimer n’appartiendrait pas aux modes premiers de la pensée et ne détermine donc pas l’essence la plus originaire de l’ego. L’homme, en tant qu’ego cogito, pense, mais il n’aime pas, originellement du moins. Or l’évidence la plus incontestable — celle qui englobe toutes les autres, régit notre temps et notre vie du début à la fin et nous pénètre à chaque instant du laps intermédiaire – atteste qu’au contraire nous sommes en tant que nous nous découvrons, toujours déjà pris dans la tonalité d’une disposition érotique ““ amour ou haine, malheur ou bonheur, jouissance ou souffrance, espoir ou désespoir, solitude ou communion – et que jamais nous ne pouvons prétendre, sans nous mentir à nous-mêmes, atteindre une neutralité érotique de fond. D’ailleurs, qui s’efforcerait vers l’inaccessible ataraxie, qui la revendiquerait et s’en vanterait, s’il ne s’éprouvait précisément d’abord et toujours travaillé, transi et obsédé par des I tonalités amoureuses ? L’homme se révèle au contraire à lui-même par la modalité originaire et radicale de l’érotique. L’homme aime - ce qui le distingue d’ailleurs de tous les autres étants finis, sinon les anges. L’homme ne se définit ni par le logos, ni par l’être en lui, mais par ceci qu’il aime (ou hait), qu’il le veuille ou non. […] Ce qu’omet la définition cartésienne de l’ego devrait nous choquer comme une monstrueuse faute de description du phénomène pourtant le plus proche, le plus accessible - celui que je suis à moi-même.

* Car il faut parler de l’amour comme il faut aimer - en première personne. Aimer a justement en propre de ne se dire et de ne se faire qu’en propre – en première ligne et sans substitution possible. Aimer met en jeu mon identité, mon ipséité, mon fonds plus intime à moi que moi-même. Je m’y mets en scène et en cause, parce que j’y décide de moi-même comme nulle part ailleurs. Chaque acte d’amour s’inscrit à jamais en moi et me dessine définitivement. Je n’aime pas par procuration, ni par personne interposée, mais en chair et cette chair ne fait ne fait qu’un avec moi. Le fait que j’aime ne peut pas plus se distinguer de moi, que je ne veux, en aimant, me distinguer de ce que j’aime.
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