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Citations de Jean-Marc Souvira (111)


La tête du flic cognait contre la paroi métallique de la camionnette à chaque cahot. Le commandant de police Paul Dalmate ne voyait plus que d’un œil. Les paupières de l’autre, tuméfiées par les coups reçus, restaient soudées. Il respirait avec difficulté, sans doute à cause de son nez cassé et des caillots de sang qui ne laissaient filtrer qu’un filet d’air. Il remua lentement ses mains qui n’étaient pas attachées. À quoi bon l’entraver alors qu’il pouvait à peine bouger ?
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« Si demain tu n’es pas meilleur qu’aujourd’hui, à quoi te servira demain ? », récita Zhang, un léger sourire aux lèvres.
Tous le regardèrent, interloqués.
— C’est une phrase que j’ai lue dans un des livres que m’a offerts ton père, David. Dieu nous donne un aujourd’hui et un demain pour que l’on s’améliore. Je trouve que c’est juste.
Zhang se leva, salua ses amis et, Cric sur les talons, partit se coucher.
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Aux deux extrémités de la rue qui traversait ce quartier chinois, des caméras, miniaturisées, discrètes, installées par le clan, filmaient en continu. Les maisons elles-mêmes étaient équipées d'un autre système, celui-ci volontairement visible, afin de laisser penser qu'il s'agissait de la seule protection vidéo. Dans chaque maison, un local technique était réservé au visionnage des bandes, et celui du chef de clan les centralisait toutes. L'ensemble était connecté à un lecteur de plaques minéralogiques qui diffusait une alerte quand au moins deux fois le même véhicule empruntait la rue.
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Une fois seul, le sorcier s’empressa de compter les dollars et les rangea dans une boîte. Dans quelques nuits, il irait à Bénin City se plonger dans l’anonymat de la grande ville où il connaissait des bordels qui renouvelaient sans cesse les très jeunes filles.
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— Je remercie ma madam de m’avoir choisie. Je sais qu’elle va payer mon voyage et faire en sorte que j’aie un bon métier chez les Blancs. Je travaillerai dur. Je la rembourserai entièrement. Je lui dois tout.
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Margaret écarquilla les yeux et se retint de respirer. Elle se dit que son jour de chance venait d’arriver. L’invocation des esprits allait la combler, elle et sa famille.
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L’homme recommença son stratagème devant un autre parking. Il effectua à quatre reprises ses observations et photos à des endroits différents. Les aires de stationnement n’étaient jamais situées dans le même arrondissement, et aucune ligne de métro ou de bus ne les reliait directement. Un impératif absolu. Il savait comment fonctionnaient les flics : tout vouloir connecter, chercher des habitudes, explorer les caméras de surveillance. Du basique. Mais dès l’instant où rien ne pouvait concorder, où aucun fil conducteur n’apparaissait, ils pataugeaient. Et là, il gagnait un temps fou.
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Le sorcier attira Margaret dans le cercle blanc et tourna autour d’elle, sa coupelle en main, psalmodiant des phrases incompréhensibles. Le fait d’être seule avec le sorcier dans ce banal cercle tracé à la craie lui donnait l’impression d’être entourée de murailles. La cérémonie, qui la liait à la vie et à la mort, venait de commencer.
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Le sorcier se trouvait au centre d’un cercle blanc tracé à la craie qui symbolisait un univers de protection dans lequel il entraînerait la jeune fille. Il tenait dans ses mains décharnées une coupe dans laquelle se consumaient des produits à l’odeur âcre qui donnèrent à Margaret l’envie de tousser.
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Si elle s’enfuyait, elle serait bannie et la honte retomberait sur sa famille pendant des générations. Margaret devenait prisonnière de la parole et de la dette de sa mère.
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Margaret commençait à ne plus se sentir très bien. Elle aurait voulu être ailleurs, renoncer à tout ce qui l’attendait : la richesse, les bijoux, la maison, un mari, des enfants, un travail intéressant chez les Blancs. Elle hésitait à fuir, se demandant si ses jambes pouvaient encore courir.
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Toutes ces statuettes étaient reliées à une personne qui avait sollicité le sorcier, en bien ou en mal. Surtout en mal. Margaret imagina les fonctions de ces fétiches. Et puis des tas d’autres objets, outils, couteaux, récipients, que la jeune fille se refusait à identifier, remplissaient la cabane. Un frisson de frayeur parcourut son dos. D’instinct, elle tenta de croiser les bras autour de sa poitrine, mais son geste fut bloqué par la poigne de la femme.
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Margaret, impressionnée mais curieuse, détailla la pièce. Sur des étagères étaient alignés des crânes d’animaux séchés : singes, hyènes et félins. Leurs mâchoires laissaient apparaître des rangées de dents meurtrières. Des fétiches rangés sur une planche de bois semblaient prêts à prendre vie sur un simple claquement de doigts du sorcier. Sous forme de petites statuettes anciennes de bois sculpté, ils représentaient des silhouettes humaines. Certaines affublées de cordelettes nouées autour du visage, d’autres traversées de pieux plantés dans le ventre. Recouvertes d’une patine dans laquelle se mélangeait du sang, de la terre et d’autres matières indéfinissables, elles impressionnèrent la jeune Margaret.
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Devant la cabane de terre, de planches et de matériaux indéfinis, une grosse femme souriait exagérément à la jeune fille. Elle lui ouvrit grand les bras. L’adolescente, timide, posa ses mains sur celles de la femme. Son regard se porta sur les nombreux colliers et bracelets en or qui bringuebalaient autour des poignets et du cou gras de la dame. Jamais elle n’en avait vu autant, et surtout sur une même personne. Leur vente aurait permis à son village de vivre pendant plus de deux ans. La femme parla d’une voix forte à Margaret, mais en fait elle s’adressait à tous les participants de la cérémonie.
— Entre, Margaret. Je te félicite ! Grâce à toi, bientôt ta famille sera riche, tu vas pouvoir lui faire construire une belle maison et envoyer tes frères et sœurs à l’école.
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En entendant les tambours et les chants, les mômes levèrent la tête et reconnurent Margaret qui marchait avec hésitation, essuyant d’une main la sueur qui lui brûlait les yeux. Les deux enfants parlaient à voix basse en pidgin, du broken english, la langue courante du sud-est du Nigeria. Du menton, l’un d’eux désigna la cabane vers laquelle se dirigeait la jeune fille. Ils semblèrent se tasser sur leurs talons, ne bougèrent plus, ralentissant inconsciemment leur respiration comme pour se faire oublier. Ils ne voulaient rien perdre de ce qui allait se produire.
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e Nigérian était surnommé « Snoop » par tout le monde : bandits, trafiquants, y compris par les flics qui souvent figuraient aussi dans les deux autres catégories.

Snoop allait sur ses 30 ans, à peu de chose près. L’état civil de la région où il était né ne figurait pas parmi la première des préoccupations des chefs de village. De 12 à 25 ans, il avait fait partie d’une bande composée tout à la fois de pilleurs, de rançonneurs et de tueurs. Des foot soldiers, comme ils se désignaient eux-mêmes, sortes de fantassins qui tuaient pour un oui ou pour un non. Ou pour ni l’un ni l’autre.
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Il existe des jours banals où, sans s’en rendre compte, on fait des choix cruciaux. Comme celui de vivre ou de mourir, mais on ne le sait pas. Enfin, pas tout de suite. C’était ce qui se produisait ce jour-là pour la jeune fille qui avançait lentement, morte de peur, vers la cabane, fixant avec anxiété la porte ouverte sur l’obscurité.
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Ludovic Mistral éteignit la lumière et déposa au secrétariat les volumineuses procédures qui atterriraient dans la matinée sur les bureaux des magistrats. Il salua le planton de l’accueil et descendit les escaliers marqués par les pas de générations de flics, d’assassins et de trafiquants en tous genres. Ces escaliers, pensa-t-il, devraient pouvoir raconter l’histoire du Quai des Orfèvres en plusieurs tomes. Au moins, aux Batignolles, il y aura des ascenseurs, songea Mistral en souriant.
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Le sevrage dura quelques mois, pendant lesquels il fut d’une humeur massacrante pour son entourage familial et professionnel. Mistral acceptait désormais ce déficit de sommeil qui ne le fatiguait plus. Fataliste, il s’était fait une raison, parvenant à se convaincre qu’il profitait davantage des trop rares moments que lui réservait sa vie privée.
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Mistral ne luttait plus contre ses insomnies. Après avoir testé à peu près tout ce qui se fabriquait en matière de somnifères et autres drogues licites pour réussir à dormir au-delà de 4 ou 5 heures, avec pour seuls résultats des matinées cotonneuses, il s’était résolu à ne plus rien prendre. De la nuit au lendemain.
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