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Citations de Jean-Marie Palach (56)


En dépit des conseils de prudence maintes fois réitérés, personne ne modifie de gaieté de cœur un mot de passe, sauf contrainte majeure. En clair, un piratage en bonne et due forme ou l’obligation émise par un site d'insérer un chiffre, une majuscule, une minuscule ou un caractère spécial. Les plus sarcastiques affirmeront qu’il faut avoir un caractère spécial pour introduire un caractère spécial dans un mot de passe.

Qu'est-ce qu un caractère spécial ? Un caractère éloigné de la norme, excessivement jaloux, ou possessif, ou introverti, ou susceptible, de nature à affecter les interactions sociales, la vie amoureuse, la carrière professionnelle, répondrait un psychologue.

Non! À l'ère de la 5G, un caractère spécial est un #, un @ ou autres billevesées numériques, ni plus, ni moins !
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- Pendant longtemps, je me suis battu, j’ai tué des gens, c'était eux ou moi, j’ai perdu des frères d'armes. Une loi dure, mais équitable. Tu tues ou tu meurs, la chance et le destin désignent les gagnants et les perdants. J'ai gagné.

Je suis resté muet. Je lisais sa sincérité dans ses yeux.

- Et un jour, nous avons encerclé un village rebelle, au Tchad. Une fusillade d'enfer. Les assiégés ont vendu chèrement leur peau. Deux compagnons se sont écroulés près de moi. Nous avons déclenché un déluge de feu sur les habitations. Un vacarme assourdissant et puis, des gémissements. Je me suis avancé au milieu des décombres. Une femme se tordait de douleur, allongée sur le sol, agonisante, son bébé inerte à côté d'elle, le crâne éclaté. Elle m'a réclamé de l’eau, je l'ai fait boire à ma gourde. Elle m’a souri. Avant de mourir, elle a prononcé une phrase, une sorte de testament, j’en étais le dépositaire : « Merci, vous êtes un homme bon ! ».
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J'ai eu du bol, ma boîte m’a viré dans un plan social avec soixante-dix pour cent du salaire, j'avais cinquante-huit ans, de quoi glander pépère jusqu’à la retraite.

~ La belle vie ! ai-je acquiescé.

~ En fait, pas vraiment. C'est ce que je croyais, mais je me coltine bobonne à la maison. Elle bosse à domicile. Tant que je travaillais, je ne me rendais pas compte qu’elle avait colonisé l'appartement. Quand j'ai arrêté, les garçons étaient grands, partis, envolés. Le tête-à-tête avec elle, toute la journée, c'est infernal. Dès que je déplace quelque chose, je me fais engueuler. Alors je traîne à l'extérieur et je ne rentre que pour le dîner, ou tard le soir, ça dépend des rencontres. Pas trop tard quand même, sinon elle m'agonit d'injures le lendemain matin, c'est le comble ! Tiens, là, je vais bientôt y aller, elle a préparé un couscous, mon plat préféré. Elle m'a imposé de rentrer avant dix heures.
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Quand elle le déciderait, elle le renverrait en invoquant un des prétextes futiles que ses amants lui avaient balancés à la figure, en exhumant de sa mémoire leurs formules misérables : prendre du recul, te laisser ta liberté, nous quitter en adultes, rester bons amis, gérer nos émotions. Ces abrutis ne manquaient pas de vocabulaire lorsqu'il s'agissait de prendre la poudre d'escampette, en essuyant le minimum de récriminadons. Même ceux pourvus d'un quotient intellectuel largement au-dessous de la moyenne parvenaient à tricoter une ou deux phrases censées persuader la dulcinée éconduite d'éviter de se plaindre. À ces souvenirs, un frisson d'indignation secoua la jeune femme.
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Voilà plus d'un siècle, Jack London expliquait dans ses correspondances qu'il atténuait des événements vécus à la seule fin de ménager son public. S'ils les avaient retranscrits tels quels, les critiques lui auraient reproché ses outrances. Malgré cette précaution, il était taxé d'exagération.

Un siècle après la mort du célèbre écrivain américain, le lecteur demeure chatouilleux, plus d'ailleurs sur les détails que sur l'intrigue principale. Un auteur contemporain de thrillers peut massacrer vingt ou trente personnages, en prenant soin au passage de les torturer et de leur assurer une mort particulièrement atroce, sans que le client ne sourcille.

En revanche, si ledit auteur se trompe dans l'ordre des stations de métro de la ligne 5, ou qualifie l’officier de police d'inspecteur, grade qui n'existe plus depuis 1995, l’acheteur du bouquin dénonce les lacunes de la documentation et crie à l'imposture, à l'amateurisme, à l'ouvrage bâclé, à la mort du petit cheval
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La nuit d'amour dans l'alcôve qu'elle avait choisie scella leur union, une union bâtie sur des fondations incertaines. Lui louait le ciel de lui avoir envoyé inopinément une créature capable de l’arracher à la langueur qui l'anesthésiait. Elle s’extasiait de se savoir démiurge.
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Mina n’exigeait aucune explication. Elle se comportait comme un professeur avisé et omniscient et corrigeait l'ouvrage sans se préoccuper de sa genèse. Sous sa houlette, j'étayais les démonstrations, je soignais les enchaînements, Je dosais les rebondissements, j'approfondissais les personnages et leurs relations complexes, je reprenais les phrases bancales, je polissais les formules. Elle visait l'excellence. Pour une raison obscure, elle s'était entichée du manuscrit au point de m'obliger à modifier des passages stabilisés les jours précédents. Vingt fois sur le métier, elle remettait l'ouvrage et ne lâchait pas un chapitre tant qu’elle ne l’estimait pas parfait.
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Ce qui me plaisait, c’était de retrouver chaque soir les personnages de mon roman, d'imaginer les prolongements de leurs aventures, de consulter Mina et d'attendre son verdict. Écrire un bouquin, c’est comme en lire un, en mieux. Une fois que la machine est lancée, les intrigues se déroulent en suivant un parcours logique.

L'auteur ressent un plaisir identique à celui du lecteur, mais il est doté du pouvoir exorbitant d'orienter l'histoire à son gré, en désignant une direction déterminée, parmi les multiples possibilités. Parfois, un chemin étroit s'ouvre dans lequel il s'avance à tâtons. Et là, miracle, l'inspiration vient, les idées se pressent, le minuscule sentier se transforme en une voie royale. L’écrivain écrase frénétiquement les touches du clavier en regrettant de ne pas pouvoir aller plus vite, de crainte de perdre le filon. Ce n’est que lorsqu’il a couché le dernier mot qu’il relève la tête et savoure sur l'écran le produit de son labeur, tellement exigeant et tellement gratifiant.
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Jamais, elle n'avait eu autant d'atouts dans la manche. La victoire ne pouvait lui échapper, une victoire complète, éclatante. Elle ne visait pas un banal succès, mais voulait mériter la queue, les oreilles du taureau et les acclamadons d'un public conquis.

Plus que le jour du mariage de sa meilleure amie, le 30 juin de cette année-là resterait celui de la mue d'une jeune femme trop candide en une impitoyable manipulatrice. Elle appelait cette transformation de ses vœux et s'y sentait prête.
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Le soir, un bistrot parisien ressemble à un hall de gare. Des trains imaginaires y déversent des voyageurs euphoriques ou en perdition. Les premiers sont en couple ou retrouvent des amis, les seconds, de plus en plus nombreux quand l'heure avance, cuvent leur solitude et broient du noir.
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Picoler debout, accoudé au zinc, la nuit, dans un troquet parisien s'apparente à l'art de la pêche. Il suffit de patienter. Tôt ou tard, un assoiffé en mal de confidences s'accroche à vous tel un poisson mordant à l'hameçon. J'entamais mon troisième demi lorsque la ligne a frétillé. Un quadragénaire barbu - encore un, c'était la soirée des barbus, mais celui-là la portait longue et foisonnant - s'est positionné à ma droite et a étudié méthodiquement la population locale. Du coin de l'oeil, j'ai observé son manège, typique du candidat à une conversation entre arsouilles anonymes, mieux qu'une psychanalyse.
- Bonsoir ! m'a-t-il lancé prudemment lorsque je suis apparu dans son viseur.
J'étais l'élu. Il tâtait l'asticot qui pendouillait sous la surface de l'eau.
- Bonsoir l'ami, ai-je répondu.
"Ami", un mot magique entre inconnus, une économie de temps et d'énergie remarquable. Je l'avais ferré. Il a gobé l'appât.
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Sentant mon intérêt, elle a réajusté la lingerie fine, sans parvenir à dissimuler le galbe d'une poitrine proche de la perfection.
- Votre ami a raté quelque chose ! ai je plaisanté.
- Ce n'est pas mon ami, seulement un type avec qui je corresponds sur un site de rencontre.
- Ah ?

Un peu pauvre comme répartie, je n'en avais pas d'autres, l'alcool commençait à saturer mes neurones. En outre je n'avais aucune expérience des sites de rencontres. Bien sûr, je n'ignorais pas le rôle croissant que jouait Internet dans la constitution des couples modernes, mais n'y ayant personnellement jamais eu recours, je le considérais comme l'instrument des laissés pour compte, les malheureux qui ne réussissaient pas à nouer des contacts amoureux. Dans la clandestinité, ils avaient toutes les audaces, gommaient leurs défauts, s'inventaient des qualités.
Pas étonnant que certains se dégonflent au moment de sortir du bois.
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«  Le défunt bébé que chaque homme porte en lui l’exonère en partie de ses fautes.

Le tueur le plus atroce a été un jour un être neuf, vierge de toute tache.
Ensuite, la roue a tourné .

Des assassins illustres me venaient à l’esprit, pas des gagne- petit, des estourbisseurs de deux ou trois retraités tranquilles, non, des vrais meurtriers , des fous furieux qui avaient précipité leur pays dans des guerres sanglantes et qui pouvaient revendiquer des milliers , des millions de morts. »
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Parce qu'elle avait rêvé je ne sais quel amour
Absolu, éternel
Il faudrait ne penser, n´exister que pour elle
Chaque nuit, chaque jour
Voilà ce qu'elle voudrait. Seulement y a la vie
Seulement y a le temps
Et le moment fatal où le vilain mari
Tue le prince charmant
.
[ 'Une petite fille', Claude Nougaro, 1962 - cité p. 186-187
à écouter ici : https://www.youtube.com/watch?v=Ru1pwbHaVz0 ]
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Des acclamations ont salué ma prouesse. J'ai quitté la scène à regret, telle une rock star achevant son récital à genoux, en sueur, exténué et s'apprêtant à se jeter dans les bras des fans en délire hurlant leur amour au premier rang.
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J'ai montré à Léa la Grande Ourse. Ma science stellaire s'arrêtait là.
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«  Quelle mauvaise foi! .
«  Léa », je chérissais ce prénom depuis cinq ans et il ne m’avait jamais écorché les tympans.
J’aimais sa brièveté , sa douce musique, sa terminaison en «  a » qui vous laissait la bouche grande ouverte après l’avoir prononcé . »
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En trois années, ils épuisèrent les charmes du XIVe arrondissement et convoitèrent un espace plus vaste. Tous deux titulaires de belles situations, ils pouvaient réunir une somme rondelette. Des amis leur avaient vanté Saint-Maur des Fossés, son ambiance provinciale à deux pas de Paris, ses bords de Marne propices aux promenades romantiques et aux joggings dominicaux, son urbanisme maîtrisé et sa vie associative dynamique. Le couple alla sur les lieux et fut conquis. Cerise sur le gâteau, Mattéo apprit que Raymond Radiguet avait habité la commune. II y avait même consumé la plus grande partie de sa brève existence. Avant de mourir à vingt ans, le prodige avait eu le temps de concevoir deux chefs-d’œuvre, Le Diable au corps et Le Bal du comte d'Orgel. Mattéo se rendit en pèlerinage devant la maison qui avait abrité le génie et se réjouit de devoir emprunter quotidiennement l'itinéraire ferroviaire familier à Radiguet.
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Les flics pourraient se remuer si un prof de maths mourait dans la cité, surtout un agrégé !
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(...) ses copines de coeur, celles qui la réconfortaient les jours de tempête, quand ma compagne jugeait que ses confidences exigeaient une écoute féminine. Je les jalousais un peu, tout en comprenant. Moi aussi, je réservais à Félix des confessions inavouables à ma moitié.
(p. 80)
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