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Citations de Jean Michelin (79)


Au fond, Marouane ne savait pas vraiment expliquer pourquoi retrouver Lulu était si important. Ce con avait fait son choix, après tout, il était déserteur, il reparaîtrait peut-être un jour ou l'autre, assumerait les conséquences qu'il y aurait à assumer avec sa famille, avec l'armée, avec la loi. On devrait s'en foutre, on aurait dû s'en foutre depuis le début. Et pourtant, il n'arrivait pas à dire au lieutenant ou à Stéphane de lâcher l'affaire. Il ressentait cet espoir diffus qui continuait à le pousser vers l'avant, et il était sûr que les autres le ressentait aussi. Peut-être qu'il y avait encore un truc à sauver. Peut-être que retrouver Lulu lui permettrait aussi de faire amende honorable pour toutes les fois où il avait laissé tomber quelqu'un. Peut-être qu'il avait des choses à régler lui aussi. Peut-être qu'il avait besoin de se remettre en confiance avant la prochaine mission. Il lui restait peu de temps.
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«  Il accéléra encore.
Le souffle court, les lèvres sèches, il laissa échapper un gémissement puis précipita sa foulée jusqu’à ce que sa vue se brouille et que le battement du sang dans ses tempes ėtouffe la réalité autour de lui .
C’était le seul moyen de faire le vide. »
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Je me suis senti un peu triste, loin de chez moi, à moitié saoul, à écouter ma femme et mon gamin poursuivre leur vie sans moi. C'est elle la femme de devoir, c'est elle le soldat. Moi, je suis un guignol embarqué dans une mission trop grande pour lui.
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«  Lulu vit le caporal Dauphel sortir de la tente.
Il avait les yeux gonflés et perdus des premières fois. Lulu aurait voulu lui dire que c’était normal de pleurer .Que c’était normal de ne pas dormir .Que ça irait mieux , que les copains et les chefs y veilleraient .Tous ces trucs qu’il avait assimilés sans savoir les exprimer » ….
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C'est pas ça, la vraie épreuve. Le... le premier combat, vous êtes toujours prêt. On est bien entraînés, Les mecs sont sûrs, vous verrez. La mémoire musculaire fait le reste. Non, le vrai test, l'épreuve comme vous dites, c'est celle du désespoir.» Charlier ne dit rien. Stéphane se gratta l’avant-bras d’un geste absent. Il fixait le bout de chemin droit devant lui.
«C’est quand vous savez plus si vous allez y arriver. Je vous le souhaite pas, hein, mais il peut venir, ce moment où vous savez ce qu'il y a à faire et ce qu'il faut dire, mais où chaque mot qui sort de votre bouche est une torture. Ce moment où vous aurez juste envie de vous rouler en boule dans un coin et d’attendre que ça se passe, mais où il faudra quand même donner des ordres, garder un regard clair et une voix assurée parce que les mecs, eux, ils ont besoin de vous. Vous vous concentrerez très fort pour pas trembler. Ce désespoir-là, mon lieutenant, ce truc qui vous saisit, cette angoisse d’échouer et de faire mourir des gens à cause de ça, c’est ça, la vraie épreuve.
— Junior, c'était ça? Votre épreuve?»
Stéphane sourit.
«Non. C'était une autre mission, y a plus longtemps. Je vous raconterai un jour.»
Ils restèrent silencieux un instant.
«Je vais essayer de dormir un peu. Faudrait pas qu’on rate la pirogue tout à l'heure.
— Bonne fin de nuit, mon adjudant,
— Merci.» Stéphane se leva, les jambes un peu engourdies. «Merci pour tout, mon lieutenant. p. 208
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«  Une tristesse sourde vint lui agripper la gorge.
Il se redressa brusquement, fit demi - tour et sortit de la tente d’un pas rapide.
Le soleil se couchait enfin sur la plaine, derrière les murs de la base. Il s’arrêta un instant pour souffler , attendit que sa nausée passe » .
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La nuit finit par emporter ce qui restait de leurs doutes.
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"C'est les retours qui sont durs, vous savez, plus que les départs. Chaque fois, mon mari est rentré un peu plus seul, un peu plus en colère, un peu plus triste. Surtout les dernières années quand...". Elle s'interrompit, le souffle suspendu, en quête du mot juste. "Quand tout est devenu plus tragique. On sait que c'est pas facile pour vous, mais personne ne nous demande comment c'est pour nous. Nous, on n'a pas de médaille à la fin, on se débrouille, mais c'est dur aussi. Surtout avec des enfants. "
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Elle se disait souvent qu’ils n’auraient jamais dû se croiser. Il était entré dans sa vie par accident, traîné par une vague connaissance dans une soirée où elle aussi avait été traînée par une vague connaissance.
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" Un dernier truc: vous avez fait ce qu'il fallait aujourd'hui. Personne ne s'est dérobé. ll s'est passé ce qu'il s'est passé, mais vous avez fait votre boulot. Ce n'est pas de votre faute. Ce n'est la faute de personne."
Lulu baissa les yeux sur son verre vide. « Pour ce que ça change... ».
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C'est rien de partir, mon lieutenant. Vous verrez. C'est vivre avec, vivre après. C'est ça qui est difficile.
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Il avait peu de prédispositions, mais il était têtu, parfois buté. Le courage des laborieux. Leur fierté, aussi.
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-Je veux pas faire croire que je suis insensible et toutes ces conneries. Mais j'ai pas le droit de me laisser aller, les mecs, ils vont avoir besoin de moi. Il faut que je tienne la route pour eux, et pour la section.
La psychologue le regardait toujours, elle ne souriait pas mais l'expression de son visage était douce.
-... Et pour le sergent, on aura le temps d'être tristes et de faire le deuil quand la mission sera finie. Mais j'ai pas besoin de pilules, ou de repos, ou de rentrer en France. J'ai pas fait de cauchemars cette nuit. Je vais pas pisser au lit. J'ai passé les quarante balais, capitaine. Je gère.
-Je vois que vous avez vos mécanismes de protection en place, caporal-chef. Mais il faudra quand même que vous soyez suivi, au retour.
-Oui, oui. Au retour, capitaine. Au retour. »
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Il perçut l'émotion dans la voix du colonel lisant l'ordre du jour, puis se laissa envelopper par le silence assourdissant lors de la sonnerie aux morts, clairon solitaire léger au-dessus du râle sourd des tambours. Le cérémonial militaire, sobre, la certitude réconfortante des mouvements d'ensemble.
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Et pourtant, dès que Stéphane retrouvait ceux avec qui il avait connu l'expérience du combat, elle se sentait en présence d'un étranger. Elle les appréciait malgré tout, ses vieux copains de régiment qu'il traînait depuis tant d'années, mais il existait entre eux un lien secret dont la profondeur la terrifiait. Quinze ans de vie commune n'équivalaient pas à dix minutes sous le feu. Il lui avait fallu se résigner: ces gars connaissaient quelque chose de Stéphane qu'elle ne pourrait jamais approcher.
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Il avait les médailles et les rides au coin des yeux, il était du même monde et trimballait les mêmes silences au bord des nuits sans sommeil. Si lui ne comprenait pas, personne ne le pourrait.
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«Et l'épreuve du feu? »
Charlier avait parlé très vite pour le retenir. II se mordit la lèvre, regrettant aussitôt sa question. Stéphane lui adressa un regard bienveillant, un peu triste. Paternel.
"C'est pas ça, la vraie épreuve. Le...le premier combat, vous êtes toujours prêt. On est bien entraînés. Les mecs sont sûrs, vous verrez. La mémoire musculaire fait le reste. Non, le vrai test, l'épreuve, comme vous dites, c'est celle du désespoir."
"C'est quand vous savez plus si vous allez y arriver. Je vous la souhaite pas, hein, mais il peut venir, ce moment où vous savez, ce qu'il y a à faire et ce qu'il faut dire, mais où chaque mot qui sort de votre bouche est une torture. Ce moment où vous aurez juste envie de vous rouler en boule dans un coin et d'attendre que ca se passe, mais où il faudra quand même donner des ordres, garder un regard cair et une voix assurée parce que les mecs, eux, ils ont besoin de vous. Vous vous concentrerez très fort pour pas trembler. Ce désespoir-là, mon lieutenant, ce truc qui vous saisit, cette angoisse d'échouer et de faire mourir des gens à cause de ça, c'est ça, la vraie épreuve."
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C'est les retours qui sont durs, vous savez, plus que les départs . Chaque fois, mon mari est rentré un peu plus seul, un peu plus en colère, un peu plus triste. Surtout les dernières années quand.... » Elle s'interrompit, le souffle suspendu, en quête du mot juste. «Quand tout est devenu plus tragique. On sait que c'est pas facile pour vous, mais personne ne nous demande comment c'est pour nous. Nous, on a pas de médaille à la fin, on se débrouille, mais c'est dur aussi. Surtout avec des enfants. »
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La vérité n’était jamais simple, mais elle était toujours triste.
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Il aurait voulu dire que c'était Lulu qu'ils cherchaient, pas Junior. Que tout le monde savait très bien où était Junior.
Il aurait voulu dire que ce n'était pas la peine de faire remonter ces objets à la surface. Qu'il préférerait ne pas mettre une pierre grise gravée à son nom sur le souvenir de ses derniers sourires, ce matin-là, avant de monter dans le blindé et de partir à la rencontre de sa mort. Qu'il avait eu du mal à faire son deuil, lui aussi, et ne tenait pas à le raviver.
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