AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Jean Muno (8)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées
Histoires singulières

Bienvenue en absurdie, 11 nouvelles, un imaginaire fantastique, amour d'un gant et d'une main, chaise qui se sauve, fantômes, revenants, vampires, extraterrestres...



Les ambiances équivoques sont bien rendues, les explications faussement rationnelles interpellent et font sourire.



Les nouvelles, c'est pas trop mon truc mais dans le genre, c'est pas mal!

Commenter  J’apprécie          412
Histoire exécrable d'un héros brabançon

Ce livre est une autobiographie romancée d’un Belge qui traverse la seconde guerre mondiale enfant et vit les premiers conflits linguistiques du pays. Né d’un père francophone et d’une mère flamande, la famille avait tout ce qu’il fallait pour incarner les paradoxes de la Belgique.



Je dois dire que j’ai pris cette famille en grippe dès les premières pages. J’ai trouvé ses membres un peu ridicules, prétentieux et boursoufflés de leur importance, croyant sauver le monde dans de petits cercles intellectuels étriqués. L’auteur, bien qu’il décrive leurs défauts avec lucidité, ne peut s’empêcher de suivre leurs pas et de calquer sa vie sur leurs desiderata. Mon hostilité s’est un peu calmée au fil des pages, et j’ai perçu de la tendresse dans la description des défauts de ses proches.



Ce qui m’a principalement intéressé dans le livre est la description des premières revendications linguistiques : le mépris des francophones envers le « patois » flamand, la volonté des flamands, soit de gommer leur défaut de naissance en reniant leur langue, soit au contraire de la porter bien haut en étendard. Bien que ce conflit ait encore des répercussions aujourd’hui, je n’en connaissais pas vraiment l’histoire.



Je ne conseillerais ce livre qu’aux personnes désireuses de découvrir ce pan de l’histoire de la culture belge.
Commenter  J’apprécie          170
L'hipparion

Un naturaliste retraité rencontre sur une plage du Nord un animal fabuleux, l'hipparion, éteint depuis plusieurs millions d'années. Une sorte de cheval aux pattes de chien et à la tête de renard. Docile, l'animal se met à suivre le vieil homme qui voit en lui l'occasion rêvée de devenir célèbre. C'est le début d'une grande désillusion. Personne ne prend le naturaliste au sérieux, pas même les pontes de la science. Roman inclassable, aux multiples interprétations, "L'hipparion" emprunte au fantastique, à la fable, au conte et à la satire sociétale. L'œuvre Jean Muno baigne dans un humour mélancolique, se moquant des petits égoïsmes insensés, des rivalités entre les chercheurs, et détruisant les rêves d'enfance, dont il ne reste plus que le parfum. Le moindre espoir sera réduit à néant par un haussement d'épaule, ou par le regard incrédule des autres. Dans un style élégant et soigné, Muno signe ici sans doute un chef-d'œuvre de l'étrange belge.
Commenter  J’apprécie          130
Histoires singulières

"Le fantastique s'offrait à moi comme l'envers étrange du quotidien." Une phrase issue de la nouvelle "L'iguane", qui est une sorte de manifeste littéraire. Jean Muno, un écrivain bruxellois un peu oublié, heureusement réédité dans la belle collection Espace Nord, livrait en 1979 un étonnant recueil "Histoires singulières", dont le titre est un clin d'œil à Edgar Allan Poe. Sauf que nous baignons ici dans l'étrange belge le plus subtil. Les récits sont souvent situés au bord de la mer du Nord, le long des plages, au bout de digues plongées dans la brume. Les narrateurs mènent une existence morose, jusqu'au jour où leur quotidien se voit transfiguré. Ils arpentent alors des tableaux surréalistes (la première nouvelle est dédiée à Magritte), rencontrent des objets fantastiques (un gant de velours très sensuel, une chaise malicieuse). La porosité entre le réel et l'imaginaire est naturelle, on passe sans cesse de l'un à l'autre. L'humour s'invite quand un vampire s'inquiète pour l'héritage familial ou quand une victime d'un meurtre, un rondouillard dénommé Spirou, demande la justice. Mais c'est la poésie qui prime, les jeux du langage qui permettent ce glissement si élégant et si agréable vers l'inquiétante étrangeté.

Merci à Lucas Mommer pour cette découverte. J'y ai en effet trouvé d'étonnantes résonnances avec mes propres écrits :)
Commenter  J’apprécie          70
Histoire exécrable d'un héros brabançon

Le petit Papin vit entouré de son père, Clauzius, et de sa mère, Clauzia, en Belgique. De son enfance à l’âge adulte, il raconte son histoire et par la même occasion l’histoire de son pays et de sa littérature, la pauvre petite malheureuse.

Jean Muno, de son vrai nom Robert Burniaux, nous livre un roman partiellement autobiographique, dont il modifie certains détails afin que son histoire apparaisse comme une métaphore bien élaborée de l’histoire de la littérature belge. En effet, dans les années 80, apparaît chez les écrivains belges un sentiment de belgitude. Désormais, ils ne cherchent plus à écrire de la littérature française, et assument leur singularité. J’ai adoré cet aspect métaphorique et poétique, amené de manière si subtile et délicate.

Muno raconte l’histoire de la littérature belge, mais également celle de son pays. Ainsi, il parle avec ses yeux d’enfants de la seconde guerre mondiale (qu’il décrit comme un événement plutôt palpitant, dont il n’a pas vraiment souffert), puis avec ses yeux d’adultes les sixties, l’évolution de l’enseignement, les problèmes linguistiques, l’évolution des mentalités.

Mais Histoire exécrable d’un héros brabançon n’est pas qu’un manuel d’histoire de la littérature, c’est aussi un livre plein de tendresse qui m’a beaucoup émue. En effet, la relation de Papin avec son père est très particulière et à la fois tellement authentique. On remarque également une évolution dans la manière dont il le décrit. Au début, alors que le petit Papin est enfant, son père est un dieu vivant, l’homme le plus intelligent et le plus sage à ses yeux. Mais malgré ce sentiment d’admiration pour son père, qui cherche avant tout à l’éduquer et à faire de lui l’homme le plus instruit possible, ils cultivent tous deux une sorte de distance. Puis, lorsqu’il rencontre Sinovie, les failles de ses parents apparaissent, et il commence à s’en affranchir.

J’ai également tout particulièrement apprécié le style de cet auteur, très particulier. En effet, Jean Muno a développé sa propre manière d’écrire, faisant violence à la langue. Ce style est élégant et sophistiqué sans être pédant. Il est également plein d’humour et d’ironie.

J’ai aussi aimé l’effet de flash-back après la préface, à l’aspect volontairement obscur à la première lecture, et qui se doit d’être relue après avoir terminé le livre pour être comprise.

Par ailleurs, la fin du roman m’a beaucoup plu, car elle est très originale et inattendue. Elle n’est pas marquée par l’une ou l’autre action, comme c’est le cas de nombreux livres, mais par un texte tout à fait surprenant, puisque Papin semble y perdre la tête. En effet, Clauzius vient de mourir et Papin ne sait plus où il en est. Il s’écrit des lettres à lui-même, ne sait plus s’il est Muno ou Papin, sachant qu’aucun de ces noms n’est véritablement le sien. Il divague, tourne en rond, prend sa retraite et se retrouve pour la première fois de sa vie sans son fidèle cartable.

En conclusion, je vous recommande vivement cette Histoire exécrable. Il m’a fallu quelques pages pour m’habituer et pour apprendre à apprécier cette manière d’écrire assez singulière, mais je ne regrette pas d’avoir persévéré, car il s’agit d’un des meilleurs livres que j’aie pu lire.


Lien : https://elise-et-rapha.weebl..
Commenter  J’apprécie          30
Histoire exécrable d'un héros brabançon

Quel roman! Rarement avons-nous rencontré de personnage aussi sympathique. Ce roman nous prouve hors de tout doute que rire et réfléchir ne sont pas incompatibles et que des sujets délicats tels le voisinage des peuples et les langues peuvent être traités avec tact et humour.
Commenter  J’apprécie          10
L'hipparion

Ce livre aurait pu s'intituler "Illusions perdues" ou "Enfance perdue". L'hipparion, ancêtre du cheval, que découvre un vieil archéologue amateur n'est que le prétexte au déploiement de ces thèmes ou que le représentant de ceux-ci. Au début, le vieil homme conserve le secret de sa découverte pour lui seul, ou presque. Au fur et à mesure que d'autres interviennent et la partagent jusqu'à ce qu'elle devienne publique, le rêve qu'elle représentait s'effrite et s'écroule peu à peu pour aboutir à la désillusion finale. Heureusement, parmi les visiteurs et "intrus" se trouvait également un enfant qui continuera à y croire et à rêver.

Une fin entre mélancolie et espoir, en demi-teintes comme les dunes qui constituent le décor de ce récit.
Commenter  J’apprécie          10
L'hipparion

J'ai lu ce livre par une journée chaude et ensoleillée. Une journée magnifique telle qu'on en espère pas trop là où j'habite. Pourtant, ce livre m'a plongée sans mal dans une mélancolie profonde, lui qui n'aboutit qu'à une chose : la destruction de tous les espoirs du personnage principale, le professeur Van Aerde qui ne parvient pas à se faire reconnaître dans le milieu scientifique, même lorsqu'il a chez lui un hipparion (ancêtre du cheval normalement disparu depuis le pliocène).

Et ce, sans passivité, mélodrame ou tire-lame. Une écriture simple, directe et efficace, qui vaut la peine d'être lue au moins une fois.
Commenter  J’apprécie          00


Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Jean Muno (55)Voir plus


{* *}