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Critiques de Jean-Paul Mari (24)
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Oublier la nuit

COUP DE COEUR ET GROSSE CLAQUE.



Jean-Paul Mari nous raconte ici sa vie de reporter avec comme Point central la violence.

Il est né dans la violence, celle de l'assassinat de son père et de son grand-père à Alger un 14 février 1962 lorsqu'il avait 11 ans.

Il nous emmène avec lui à la rencontre de la violence pure. Cette violence brute qu'il a côtoyée lors de ses reportages pendant la guerre au Liban, en Palestine à Gaza. Cette violence ultime croisée lors d'un reportage au Rwanda, en plein génocide.

La violence sociale, celle que subissent des êtres humains sans domicile au pas de nos portes.

La violence écologique, celle qui tue ceux qui veulent protéger leur environnement.

La violence de l'indifférence, celle qui laisse crever des migrants en mer Méditerranée, celle qui laisse des gosses se faire violer en Asie.

Toute cette violence qui a la lecture donne la nausée. Toute cette violence qui a fini par l'emporter et dont il a du revenir.

Et parallèlement, il nous présente aussi des gens ordinaires, des gens de bien, qui dans l'ombre se battent pour contrer cette violence.



Il faut avoir le coeur bien accroché pour lire ce bouquin, mais c'est ce que j'ai lu de mieux sur cette rentrée littéraire.

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Il faut abattre la lune

En 2003, ce récit paraît chez le même éditeur sous le titre

"La nuit algérienne".



Récit des atrocités commises de 1954 à l'après indépendance par l'OAS.

Bouleversant, des scènes de tortures insoutenables.

Mais aussi des souvenirs d'enfance à Alger, la beauté de la lumière et ds paysages.

Le tout porté par le talent d'écriture de l'auteur.
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Sans Blessures apparentes

Si vous connaissez ce regard vide qui ne se pose nul part durant de nombreuses minutes parce que c'est celui d'un proche, que vous avez entendu les râles durant le nuit, que vous sentez que quelque chose s'est brisé sans savoir de quoi il s'agit alors lisez ce livre...

Aborder le sujet que le soldat n'aborde pas, le traumatisme tabou, l'auteur ose le faire. Et il nous livre de précieuses réponses pour comprendre une bribe de ce qui est incompréhensible à quiconque n'a pas connu la guerre.

Un livre que l'on ne peut oublier, dont on parcours régulièrement certains passages, une clef pour tenter de guerir les blessures invisibles de tant d'autres.
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Sans Blessures apparentes

Reçu grâce à une masse critique, cet opus était bien difficile à lire.



L'auteur, grand reporter nous raconte la guerre, les guerres d'un point vue journalistique.

Mais surtout d'un point de vue humain.



Chaque page est une épreuve pour ma part. Même si les médias nous partagent leur point de vue des différents conflits mondiaux, on nous parle moins souvent voire pas du tout de l'après.



Stress post traumatique, prise en charge pas l'état des blessés de guerre non seulement physiquement mais à jamais psychiquement.



Loin d'être une lecture d'été :

Les chapitres sont longs, denses et lourds.

L'écriture n'y est pour rien selon moi, mais les mots pèsent tellement.



Impossible de définir ce livre; à mi-chemin entre un journal intime et un recueil d'histoires personnelles?



Le format est plaisant en main, vachement moins à la lecture ; petit serré et pas assez aéré.



Mais le tout est à lire pour réaliser que la guerre ce n'est absolument pas ce qu'on voit à la télé;...



Merci à Babelio et aux Editions Libretto. Vraiment Merci.





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Sans Blessures apparentes

Jean-Paul Mari est grand reporter, et ce depuis de longues années. Il parcourt le monde en quête de papiers, suit les guerres qui éclatent de partout, qui massacrent, qui tuent, qui torturent. Un jour, à Bagdad, logé dans un hôtel réservé à presse, il assiste aux dégâts que provoque un obus envoyé par les alliés, et plus particulièrement à la mort d'un de ses confrères, fasciné par la tâche blanche et nacrée qui a remplacé son ventre. Il ne sait pas que le mal est entré en lui, ce mal qui ronge ces hommes que la guerre rend fou, ce mal devenu sujet tabou, couvert par les décorations et les éloges héroïques... Sans blessures apparentes est le résultat d'une enquête de longue haleine, menée contre l'horreur pour la guérison et la légèreté...



Contre toutes attentes, j'ai beaucoup aimé ce livre, presque un récit d'utilité publique. Jean-Paul Mari a un talent évident, celui d'écrire remarquablement bien, celui aussi de nous transmettre son sujet sans lourdeurs, avec imprégnation. Ecris comme un roman, hanté par des images fantômes, ce récit est une quête, une quête vers le bonheur, vers les autres, vers la paix, mais aussi une quête de soi. A travers les portraits de guerriers naufragés qu'il nous dresse, c'est un peu l'humanité perdue dont Jean-paul Mari nous parle, et les solutions pour la sauver nous paraissent soudain si simples et si lointaines à la fois... Un documentaire, riche en émotions et en subtilité, qui m'a passionné.


Lien : http://antigonehc.canalblog...
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Oublier la nuit

Jean-Paul Mari a 11 ans lorsque son père est assassiné. Ça marque ! Que ce soit dans la cour de récré, sur les rings de boxe ou au cœur des pays en guerre, notre auteur passera sa vie à être témoin de la violence des hommes.







Il devient kiné, puis se rêve reporter. C’est là qu’est sa place. Il aide toujours en quelque sorte. Il tente de libérer la douleur. Par les mots cette fois-ci.







𝗖𝗲 𝗹𝗶𝘃𝗿𝗲 ! 𝗖𝗼𝗺𝗺𝗲𝗻𝘁 𝗲𝗻 𝗽𝗮𝗿𝗹𝗲𝗿 ?



J’ai été émue, en colère, choquée, admirative. A travers ce récit, Jean-Paul Mari nous raconte sa vie, la vie sans fard. La vie dans ces pays où les Hommes sont à genoux, où la dignité n’a plus sa place.



Plus qu’un simple récit, l’auteur tente de nous expliquer les fondements de la violence.



Pourquoi des centaines de combats ont encore lieu à l’heure où vous lisez ces mots ? Pourquoi témoigne-t-on encore de génocides ? Qu’est ce qui justifie de tuer un enfant ? Est-ce que l’homme est naturellement violent ? Comment un droit bafoué peut devenir normalité ?



« Pourquoi est-ce que les hommes font la guerre ?



Parce qu’ils aiment cela bien sûr. »







Chaque chapitre va revenir sur une expérience, un conflit auquel l’auteur a assisté. Durant des décennies, Jean-Paul Mari est parti aux quatre coins de la planète pour tenter de retranscrire les vérités du monde.



Parfois, il nous redonne un peu d’espoir. Il nous parle d’une belle histoire, d’amour, on a envie de croire au happy end.



Mais la réalité revient au galop. Barbarie, souffrance, injustice. On a mal. Et nous sommes à des années lumière de ce que notre auteur a pu ressentir, voir et traverser. Le trauma, la recherche de la vérité, la disparition de ses confrères.







𝗖𝗲 𝗹𝗶𝘃𝗿𝗲 𝗲𝘀𝘁 𝘂𝗻𝗲 𝗰𝗹𝗮𝗾𝘂𝗲 ! 𝗨𝗻 𝘁𝗲́𝗺𝗼𝗶𝗴𝗻𝗮𝗴𝗲 𝗶𝗻𝘁𝗲𝗹𝗹𝗶𝗴𝗲𝗻𝘁 𝗲𝘁 𝗽𝗿𝗲́𝗰𝗶𝗲𝘂𝘅.



L’auteur donne un peu de lumière aux oubliés, aux migrants, aux souffrants et nous fait réfléchir à l’essence profonde de l’homme.







J’ai eu envie de pleurer à la fermeture de ce livre. De colère et d’incompréhension. J’ai préféré tenter de vous en parler, espérer que vous le lirez et surtout dire merci.
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Les bateaux ivres

Le journaliste Jean-Paul Mari, qui suit depuis plusieurs décennies les migrants, nous livre de poignants témoignages et d'incroyables récits des épreuves endurées.
Lien : http://www.lefigaro.fr/livre..
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Sans Blessures apparentes

En général, je suis plutôt déçu par les ouvrages de journalistes-écrivains. C’est la recommandation du Colonel Benoît Royal dans son excellent “L’éthique du soldat français” qui m’a amené à lire l’ouvrage de Jean-Paul Mari: Sans blessures apparentes.



Bien m’en a pris.



Jean-Paul Mari nous emmène au pays de la guerre et de la mort. Rwanda, Bosnie, Irak, Algérie, Vietnam, Liban,…



Son sujet est d’aller à la rencontre de ces hommes en guerre qui ont rencontré, voire “traversé” la mort et qui sont revenus à la vie civile avec un mal terrible qui les ronge. Voyage au coeur de l’homme face...



.../...
Lien : http://www.bir-hacheim.com/q..
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Oublier la nuit

Dans ce livre, l’auteur, grand reporter à L’Obs, nous livre une série de souvenirs et de réflexions personnelles sur des faits et rencontres qui ont jalonnés une vie riche et mouvementée.



Assassinat de son père en Algérie, conflit israélo-palestinien, enquête sur l’assassinat d’un militant écologiste en Amazonie, génocide rwandais, immersion parmi les SDF à Paris…



Tout est présenté et analysé avec une plume délicate et subtile.



Un regard et un livre très personnels, pertinents et percutants.



Une lecture passionnante !

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Oublier la nuit

Alger, c’est là qu’il naît et vit jusqu’à 11 ans. 1962. Le sang, les armes, les bombes, les nuits de terreur. Un jour d’hiver 1962, son père est assassiné, une balle dans le dos. « le bleu ne fait pas ce bruit là »

Un enfant ne devrait jamais voir la mort en face.

C’est l’exil, l’exode ?

En France Il lui faudra vendre des glaces à 12 ans, son premier amour finira brûlée vive, déjà ! Sa scolarité est chaotique, le coup de poing facile. Mais il découvre que, oui, peut-être c’est la philo et les femmes qui peuvent sauver le monde. « On en discute ?» Il devient un homme qui doute.

L’hôpital, réparer les corps, kiné de choc, c’est sa came mais le cabinet c’est trop tranquille.

Alors partir, toute sa vie il part. est-ce qu’il fuit ? il se fuit ? Il fuit la nuit de l’enfance détruite.

Toute une vie au plus près de la mort c’est ce qui lui aura fallu pour trouver la lumière, neutraliser sa violence, « Oublier la nuit ».

Beyrouth, Damas, l’Amazonie, Israël, Palestine, Rwanda, Bosnie, Cambodge, et comme si les guerres au-delà de nos frontières ne suffisaient pas, la zone parisienne devient son nouveau terrain à explorer. Devenant lui aussi l’invisible sale qui a froid, faim et connaît les planques à dormir dehors sans se faire voler par plus pauvre que lui. Et puis les femmes, les violées, les prostitués, et puis le terrorisme islamiste, toute la violence du monde il la veut sous sa plume, la raconter comme pour la re – porter plus loin, l’exorciser peut-être ?

Des phrases courtes, percutantes comme des poings

Ecrire pour donner un sens dans un monde saturé d’images. Croit-il un temps que la guerre est une rédemption ? Il rend compte du sang hors des veines, de la mitraille, de la peur, des massacres, sans s’arrêter, inlassablement, il se met en danger pour écrire.

Ecrire pour donner à comprendre, pour ouvrir les yeux d’un lecteur qui n’en sort pas indemne. Ecrire pour donner à se comprendre ?

C’est le combat de Jacob avec l’ange qui vaincu, au bout de la nuit, lui donne sa bénédiction.

Le combat de Jean-Paul Mari avec l’ange de la mort, dure bien plus longtemps. Et au bout du tunnel de cet homme hectique, l’enfant peut enfin pleurer et oublier la nuit.

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Oublier la nuit

Le 14 février 1962, à Alger, le père et le grand père de l'auteur ont été assassinés.



Trois mois plus tard, avec sa mère et ses deux frères, il débarquait à Marseille.



Son arme les poings, mais si c'était acceptable à Alger, ça le fut un peu moins dans les collèges et lycée français. de ville en ville, au fil des emplois trouvés par la mère, d'emplois d'été sur les plages qui permettaient de compléter les faibles revenus le narrateur grandit dans la débrouillardise. Une prof de philo le marque à jamais, il devient kiné, un kiné très doué, qui assiste le service de neurochirurgie de l'hôpital Purpan à Toulouse, fait un stage en cabinet de ville ....



Avant de tout plaquer pour devenir journaliste, puis grand reporter, toujours parti sur tous les fronts : Liban, Palestine, Syrie, Koweït, Balkans, Afrique, Roumanie, Egypte mais aussi les rues de PAris en immersion avec des SDF ...



Dans cet ouvrage, Jean Paul Mari partage ces aventures de vie, sous forme de chapitres courts à l'écriture vive et rapide, une écriture de journaliste. Un peu perdue au départ par le non respect de la chronologie, j'ai ensuite apprécié le fil conducteur des expériences plus que des dates.



Un ouvrage lu d'une traite mais un sentiment étrange d'avoir découvert un parcours de vie d'un spectateur, d'un témoin , d'un homme qui a eu de la chance quand tant de ses collègues se trouvaient sur le chemin d'un char, d'un obus, d'une maladie ...



Scènes vues, récit des conflits des dernières décennies par un observateur non artisan ...



Et une question qui me grattouille depuis cette lecture : Quel est le but de ce genre d'ouvrage : entre voyeurisme et besoin de s'épancher, de se montrer différent des autres journalistes, de montrer qu'on a pi avoir raison trop tôt en dénonçant le tourisme sexuel en Thaïlande ...



Et ai-je envie de cautionner ces interrogations en lisant ces récits ?



A suivre, ou pas, si je m'abstiens à l'avenir !



Livre reçu de la FNAC dans le cadre de la sélection en tant qu'adhérent membre du jury du Prix 2022.
Lien : http://les-lectures-de-bill-..
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En dérivant avec Ulysse



Mon Dieu quelle dérive !!

Dans l'espace et dans le temps Jean Paul Mari nous transporte selon son bon vouloir à travers les âges, les guerres et leurs conséquences, nous balade parmi les dieux grecs, les dictateurs turcs , la Cosa Nostra, nous bouscule dans les vagues de la méditerranée à la recherche d'Ithaque ou des migrants éjectés de Libye, nous secoue au gré des vents mythologiques ou réels, nous interroge : qu'auriez vous fait si vous aviez été Ulysse ou Priam ? Auriez vous suivi Ata Turk dans sa quête de démocratie ou fait route avec Erdogan , jamais cité ??

Auriez vous péri tel le soldat d'Ulysse, celui des dardanelles pour vérifier la phrase célèbre :

«  la chose est universelle et éternelle. D’Héraclite à la Rochefoucauld, les anciens le savaient : ni le soleil ni la mort ne peuvent se regarder en face ».

Ou bien la leçon d'Achille : «  rien ne vaut la lumière de la vie et il faut en jouir maintenant ! »



Qu'a t'il fait lui..le migrant de 11 ans en 1961, forcé de quitter l’Algérie et toute sa vie pour «  rentrer » en France qu’il ne connaissait pas ..

C'est sans doute le migrant qu'il est resté qui a fait de lui le traqueur de vies, décrypteur d’événements, poursuiveur de malheurs et l'écrivain qu'il est devenu.

Certes s' il est d'abord journaliste, cela se sent dans sa façon d'analyser les faits, de les décortiquer et de les rendre au plus près de la réalité, se cache également un excellent connaisseur de la mythologie et surtout un remarquable écrivain, s'appuyant sur des passages de l'Odyssée mais y ajoutant sa patte, sa langue, sa façon de percevoir la mer, les vents, les hommes, les mouvements humains et raconter ses rencontres .

Il est né de la méditerranée, y vit, y revient, tel Ulysse.

Merci Monsieur Mari
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Les bateaux ivres

"Libération". La cité des livres

"Migrants : les vérités désagréables" par Laurent Joffrin



Chronique du livre "Les bateaux ivres". L’odyssée des migrants en Méditerranée.



Jean-Paul Mari nous fait vivre l’Odyssée des migrants venus d’Afghanistan, d’Irak ou d’Afrique en évitant tous les pièges du « politiquement correct ».



Ce livre dérangera tout le monde : voilà pourquoi tout le monde doit le lire. Jean-Paul Mari roule sa bosse depuis de longues années sur les théâtres de guerre, d’Irak au Liberia, du Rwanda à l’Afghanistan. Cette fois, il s’est passionné pour une autre guerre, économique et démographique, celle qui transforme la Méditerranée - Mare Nostrum - en piège ensoleillé pour des centaines de milliers de migrants et, au bout du compte, en cimetière marin. Ecrivain au long cours, Mari est remonté jusqu’au bout des filières, il a parcouru la route qui relie le village afghan, le faubourg africain, au bidonville grec ou à la jungle de Calais. Il a fait de chacun des migrants, dont il raconte l’histoire, le personnage d’un roman vrai, qu’on voit vivre, souffrir et parfois mourir, comme dans une intrigue dont il serait le héros.



Zachiel, Robiel, Tarek ou Mohammed, tous ont une histoire unique, singulière, à nulle autre pareille. Si bien que le procédé littéraire - faire vivre et parler au jour le jour ceux qui sont en général des visages anonymes sur des écrans de télévision, perdus au milieu d’une foule entassée sur un bateau ou courant vers une frontière - donne à celui qu’on appelle migrant, un mot froid, toute sa chaleur humaine. Zachiel était imam, il prêchait un islam de paix en Afghanistan. Pourchassé par trois talibans tueurs, il s’évade avec sa famille pour un voyage qui est un film d’aventures, haletant et tragique. Même saga pour l’Erythréen qui fuit un régime orwellien et sanglant, ou pour le footballeur africain qui rêve seulement d’un avenir dans son sport, dont le motif paraît plus mince, mais qui prend des risques aussi grands. Restitué d’une plume à la fois classique et riche, chaque migrant est un monde qui reflète la tragédie du monde.



Ainsi, ceux qui disent sans y réfléchir « nous n’en voulons pas, un point c’est tout ! » doivent soudain entrer dans leur intimité, dans leur vérité, quitter les clichés dispensés par les prophètes de l’intolérance. A moins d’être dénué d’humanité, le lecteur le plus prévenu comprend l’incroyable ténacité, l’indomptable audace qui anime des hommes et ces femmes quand ils s’embarquent sur une pirogue étroite ou sur un cargo dangereux pour une traversée qui est comme une épreuve de roulette russe. Hormis des murs hermétiquement clos, hauts et longs, hérissés de barbelés et coupés de miradors, comme celui de Ceuta ou bientôt celui de Hongrie, rien n’arrêtera ces évadés de l’enfer. L’immigration est l’indissociable corollaire de la mondialisation. On n’échappera pas, en Europe, à ceux qui s’échappent d’un destin désespérant.



Mais Mari n’a rien d’un Bisounours de l’immigration. Les migrants sont une part de l’humanité. Comme elle, ils ont leurs duretés et leurs égoïsmes. Sur un bateau ballotté par les vagues au sud de Lampedusa, ceux qui ont payé le prix fort sont sur le pont, les autres, à fond de cale. Quand le gaz d’échappement se répand dans les fonds à cause d’un moteur vétuste, ceux d’en bas veulent remonter à l’air libre. Craignant le chavirage, ceux d’en haut ferment l’écoutille ou bien poignardent et jettent à la mer les récalcitrants de l’asphyxie. Cent quarante migrants assassinés par leurs compagnons d’infortune.



Dans le Sinaï, les Bédouins misérables enferment les réfugiés misérables dans des chambres de tortures pour rançonner leur famille en Europe. Pour faire pression, ils appellent les parents sur des téléphones mobiles et leur font entendre les cris insoutenables des fils et des filles qu’on charcute ou qu’on viole.



Aux avocats de l’ouverture indistincte des frontières, l’auteur décrit Athènes submergé par quelque 700 000 migrants venus de l’est et du sud, ces quartiers entiers transformés en cloaques dangereux, cette administration qui n’en peut plus, cette population exaspérée, ces classes riches ou moyennes qui fuient pour laisser les pauvres entre eux, ce parti néonazi qui progresse en raison du nombre d’immigrés qui arrivent. La fermeture des frontières est inhumaine et illusoire. Leur ouverture à tous vents irresponsable et nuisible. On comprend que pour maîtriser cette question, les sentiments, bons ou mauvais, ne suffisent pas. Il y faut une politique. Décidément, cette lecture déplaira à tout le monde.



Laurent Joffrin
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La tentation d'Antoine

L'exploration de la mémoire.

Antoine a perdu une partie de sa mémoire, celle du moment ou il était en Afghanistan en tant que grand reporter. Depuis qu'il a perdu cette partie de mémoire, il ne comprend plus le monde et ne reconnait plus les personnes qui l'entourent à Paris. La seule façon de s'en sortir c'est de partir à la recherche de ses souvenirs perdus et il entreprend un voyage à travers la Méditerranée, de la Turquie, du nord de la Grèce, de la Tunisie, de la Sicile, des Îles éoliennes, de l'Italie continentale, de la côte romaine jusqu'à Naples, de Corfou à Ithaque, chaque lieu, chaque rencontre vont lui apporter quelque chose et lui permettre de retrouver cette mémoire, toutefois, ces rencontres, ces lieux vont le modifier, il ne sera plus le même.

Antoine se pose des questions, que fait on de sa mémoire retrouvée ? Est-ce qu'une identité retrouvée peut nous changer ?.

Ce voyage va aussi lui permettre de chercher la femme de sa vie partie sur un voilier autour de la Méditerranée.

Roman très intéressant sur la mémoire, un agréable voyage à travers la méditerranée. Un livre qui passe inaperçu et qui pourtant mérite d'être lu.
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Les bateaux ivres

Cet excellent livre raconte l'odyssée des migrants dans différentes parties du monde. L'auteur, grand reporter au Nouvel Observateur témoigne de son vécu . Chaque chapitre correspond à un pays ou une zone de migrations . On découvre des situations qu'on ne connaît pas pour certaines. Un fort moment de lecture qui montre que la question de l'immigration doit faire l'objet d'un vrai débat et d'une recherche de solutions communes au moins aux pays d'Europe, voir à kl'échelle du monde .
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Carnets de Bagdad

L'auteur est un grand reporter au Nouvel Observateur, donc connait bien et maitrise parfaitement le sujet.

D'une écriture cinématographique, il nous livre une position du journaliste impartial, tout en se révoltant parfois contre l'action des militaires américains.

Certaines pages nous perdent dans les détails technique et politiques un peu embrouillés, mais le reste demeure quand meme fort et percutant pour qui s'interesse au sujet et sont admiratif du travail de ces reporters de guerre.
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Sans Blessures apparentes

"Affirmer l'humanité malgré l'horreur du monde, dire haut et fort ce qui nous relie, nous les Hommes : les mots"



C'est dans le cadre d'une MC non fiction de Babelio que j'ai pu découvrir sans blessures apparentes.

J'ai tout de suite été attirée par cet ouvrage car il donne la parole aux personnes de l'ombre. Ceux qui traversent et côtoient la misère et la mort pour que nous puissions nous indigner de la situation devant nos écrans... Et ici nous prenons pleinement conscience que la réalité est bien loin de ces images.



Il a été très compliqué pour moi de venir à bout de cet ouvrage inclassable qui m'a totalement sorti de ma zone de confort.

Bien entendu, je ne m'attendais pas à un texte joyeux au vu du sujet traité. Mais je ne m'attendais pas non plus à être face à un texte si dense et lourd avec des chapitres, qui pour certains, m'ont semblé interminables...



Il n'en demeure que le côté psychologique de la guerre abordé dans ce texte reste un sujet très intéressant et qui est surtout très bien transmis car la tâche n'était pas simple...

Bravo au travail de journalisme et d'auteur qui est énorme !

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En dérivant avec Ulysse

Je publie des chroniques littéraires sur lavisqteam.fr et celle de ce roman est présente au lien suivant : http://www.lavisqteam.fr/?p=42101



J'ai mis la note de : 13/20



Mon avis : En dérivant avec Ulysse est un livre à la fois magique et plein de noirceur. Le lecteur voyage avec Ulysse ainsi qu’avec son temps et les malheurs qui lui sont associés. Cette époque, celle des migrations, des disparités sociales, des guérillas, des affrontements sanguinaires et des génocides, est la nôtre, même si l’on voudrait souvent l’oublier. L’auteur nous dépeint ici une comparaison des plus funestes et qui n’est pas à conseiller aux âmes sensibles. La méditerranée d’Ulysse et celle d’aujourd’hui regorgent de différences territoriales, politiques et économiques mais se regroupent sur la mentalité humaine et ses dérives.



L’auteur nous raconte les péripéties de certaines régions et elles ne paraissent jamais bien roses. Les meurtres, combats, destitutions, manifestations, tueries ou traumatismes apparaissent comme les héros d’un passé qui ne nous parlent plus vraiment, à moins que l’on soit un passionné d’Histoire ou un habitant du coin. Nombreux sont les noms inconnus, les lieux dont on n’a jamais entendu parler ou les évènements qui nous rappellent vaguement quelque chose. Pour des néophytes, peu au courant des actualités politiques de ces villes d’Orient, le roman manque d’explications détaillées et de notes ou, au contraire, va bien trop loin et nous perd. Tous les titres et patronymes débités s’agglomèrent en une masse informe qui ne marque ainsi pas comme le roman l’aurait souhaité. Ce qu’on en retient reste tout de même suffisant pour pouvoir appréhender la suite.



L’auteur nous parle de Troie, de la Grèce et de l’Italie actuels, principalement d’une manière négative. Les expériences relatées, les témoignages rassemblés et les descriptions affectent le lecteur qui ne parvient pas à se dépêtrer de cette humeur accablante. Les passages sur Ulysse, extraits des poèmes d’Homère, sont heureusement plein de poésie et nous apaisent avant de repartir dans la tourmente. Les parallèles sont faits de manière intelligente et la vie de l’écrivain a été aussi périlleuse que celle de notre héros mythologique préféré. Ce voyage dans le sud lui a permis de faire le point et de se rappeler que la méditerranée a toujours été un lieu plein d’agitation mais un endroit qu’il aime et qu’il n’oubliera sans doute jamais, comme les aventures du rusé d’Ithaque.



L’auteur nous donne également son analyse du récit légendaire et celle-ci est très intéressante. Les aventures d’Ulysse seraient en fait un voyage spirituel qui aurait permis au héros de se retrouver, de redevenir lui-même après avoir passé 10 années sur les champs de bataille de la guerre de Troie, aux côtés d’Agamemnon et d’Achille. Effectivement, Ulysse a été traumatisé par ces nombreuses morts. La ville a brûlé par sa faute et son cheval ingénieux, souvenez-vous. Le guerrier a aussi vécu le choc, la douleur, et le tourment à cause de Polyphème, le cyclope, à qui il dit s’appeler « Personne », non par stratagème selon l’écrivain mais car il ne savait réellement plus qui il était, tant la violence du combat résonnait encore en lui.



Ulysse a aussi dû faire face à la tentation de l’amnésie avec la nymphe Calypso, la violence intérieure et les cauchemars obsessionnels, notamment chez Circé, l’attrait de la drogue, la déchéance, le face-à-face avec la mort, quand il doit aller parler à Tirésias qui se trouve aux Enfers, la période des limbes, la reconstruction… Ulysse a survécu aux mêmes phases que celles endurées par un survivant d’une des deux guerres mondiales dont le syndrome de stress post-traumatique est avéré. Cette revisite du mythe donne plus de force et de sens à ce récit épique qui apparait bien plus profond et complexe.



Le roman est aussi un chemin de reconstruction pour l’auteur, comme son Odyssée l’a été pour Ulysse. L’écrivain nous raconte quelques tranches de sa vie les plus périlleuses ou les plus dangereuses, et toutes ne sont captivantes, même si elles restent éprouvantes ou étonnantes. En effet, certains chapitres souffrent de longueurs, notamment quand l’auteur appuie lourdement sur ses sensations douloureuses ou ses moments à vide et qu’il se répète. Un des passages les plus prenants est sa discussion mouvementée avec un médecin avec qui il discoure sur la mémoire et les phénomènes d’oubli volontaire ou non. D’autres témoignages de vie sont attachants bien que la plupart soient plutôt ternes ou n’apportent finalement pas grand-chose au récit, si ce n’est une impression négative sur notre civilisation.



Le roman est loin d’être optimiste et nous décrit la vie mouvementée de Jean-Paul Mari dont la vie n’a pas été de tout repos. Exemplaire, ce héros des temps modernes est fascinant dans ses démarches et dans ses choix. Les parallèles avec Ulysse sont cohérents et enrichissent l’analyse décrite plus haut. Tel un documentaire, le monde d’aujourd’hui ne nous a jamais paru aussi fourbe et décevant. Une approche plus positive, ou du moins plus nuancée, avec une fin plus optimiste auraient été bienvenue.
Lien : http://www.lavisqteam.fr/?p=..
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Les bateaux ivres

Un témoignage et des rencontre exceptionnels pour mieux comprendre la vie des migrants et ce qui les pousse à fuir leur pays et traverser la mer méditerranée au péril de leur vie.
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Les bateaux ivres

Très beau livre...qui fait froid dans le dos. Comment ne pas rester insensible à toutes ces histoires d'hommes et de femmes qui fuient un pays au péril de leur vie ?

Ce livre, à mettre dans toutes les mains, est tellement d'actualité !
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