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Citations de Jean Pérol (74)


D'où vient le vent ?


Extrait 2

j'aime paysan ton sourire de complice
ton clin d'œil qui se fige où tu scrutes le ciel
tes propos avec lui à nuages couverts
debout à la proue casquette rejetée
tu détermines les bons vents

alors viens dans mes terres
parcours mes simulacres d'horizon :
d'où vient le vent ? que faut-il faire ?
sous mes côtes aujourd'hui
mes bêtes tirent leur licou.
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On le sait


On le sait par cette écume
où frissonnent nos poitrines
par ce phare qui s’allume
cette voile qui s’incline

le vent glisse sur la toile
bruit de sable qui s’écoule
on le sait qu’on va chez toi
l’acharnée où mon sang roule

sur la côte tremble un feu
on le sait qu’on nous attend
vague à vague creux par creux
que s’affale cet élan.
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Milieu de la vie


Côté ombre côté flamme
tu traverses la vallée
tant de nuit qui te réclame
accélère ta foulée

et ton sang tu le surprends
au delta des tempes folles
dérouté car il comprend
quelle terre à ton pied colle

le soleil tombe plus vite
chaque soir dans son mystère
une sève en toi gravite
une graine encor se terre.
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Le cœur au bord des lèvres…


Le cœur au bord des lèvres
les lèvres au bord tendre du néant
le néant près du cercueil
par un beau jour d’enterrement

ah fanaison tragique
des plus lointaines choses
au bas du jour s’écoule un fleuve
dont aucun pont ne bêle plus

temps amours
la vie s’élève et la mort plane
le sein pavane et puis se fane

les joyeux parlent comme des ânes
les tristes se trompent tout le temps.
Tout le temps
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la France est le seul pays du monde où l'on veut que tout aille mal dans l'égalité. Dans un maquis de lois multipliées en barbelés autour des citoyens, pour les mettre de plus en plus en infraction et a l'étroit dans une liberté qui n'en est plus une, en ce pays qui s'en déclare sans cesse pourtant le plus zèlé défenseur, autre marotte nationale, mais dans lequel, depuis soixante ans, chaque année, on est de moins en moins libre d'être libre. (Page 44)
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Rien. Aucune trace de passage : seul le parfum de sa chair dans le futon froissé, et la porte coulissante laissée à peine quelques centimètres entrouverte, sur sa disparition.

La terre était déjà devenue une orange, c’est bien qu’elle devienne enfin une agate, verte et bleue, lancée dans la cour d’école de l’enfance du monde.

Un saute-mouton diabolique avec le péché.

Contrairement à tous ceux qui disent que partir ne change rien, et qui le disent parce qu’ils ont toujours été des paresseux ou des peureux, il sait de plus en plus que le bonheur de l’ailleurs, c’est qu’il volatilise.

Et plus que jamais notre sourire perpétuel doit demeurer notre politesse envers la fatalité. Être léger, c’est notre flottement victorieux sur les forces maléfiques du monde, les nôtres et celles des autres.

Le sport, cet ersatz de raison de vivre pour cervelles élémentaires…

Si vieillir est rouspéter et se plaindre, manière de gratter ses nostalgies, il va falloir que je commence à me surveiller et à me soigner.

Pour venir au Japon, il fallait maintenant prendre l’avion. Ça vous raccourcissait la terre et vos rêves d’enfant. On l’avait privé du plaisir des préliminaires. « On ne voyage plus, on arrive ».

Son visage à la fenêtre lui permettait de percevoir et recevoir la nuit veloutée de Tokyo et son tiède crachin, mais aussi ses lumières bariolées et ses lueurs douces de lanternes de papier. Calé sur la confortable banquette arrière, il se laisse dériver dans l’engourdissement causé par le décalage horaire et cette moiteur dont il a l’impression qu’elle est en train de lui changer la peau, de le faire déjà glisser, il le sent, sous d’impalpables influences.

Leurs pieds, chaussés, pour ne pas dire gantés, de tabi en tissu blanc au seul gros orteil détaché, avaient glissé à petits pas chuintants entravés, sur des planchers sombres, tout au long de couloirs obscurs, où régnait le silence. Ces pieds de tabi blancs des servantes, après les mains gantées de blanc du chauffeur, lui avaient semblé continuer de dérouler, dans la pénombre de l’hôtel, les rites feutrés de l’accueil du plus lointain des pays lointains.

On procède au vide pour accueillir l’oubli. Le soulagement des idiots quand le passé les juge. C’est encombrant la mémoire, vous savez, encombrant, pesant…

Son sourire, encore plus rapide que le silence, s’est fait cruel.

J’ai voulu fuir qui j’avais été, et tout un pays qui chaque jour un peu plus me semblait de moins en moins le mien. J’ai voulu lâcher la France, et me quitter, ensemble.

Il n’y aura plus que du quantifiable, des chiffres, ou du froid, dans les rouages glacés des cervelles impassibles. Qui tourneront sans fin, en nous et au dehors, enserrant la terre de leurs petits comptes. Tout sera chronométré, mesuré, pesé, opposé : des olympiades perpétuelles, le cauchemar ! Le muscle et le chiffre ! Le corps et l’objet ! Les deux veaux d’or des temps qui viennent ! On va les retrouver souvent devant nous, nos deux ennemis les plus terribles… Et les hommes seront comme des chiens malheureux, vous savez, comme ces chiens du Grand Nord, aux vastes yeux bleus élargis de manque, qui vous fixent, muets, moitié perdition et moitié envie de mordre, par manque d’espace, de neige, de tourbillons, d’horizons.

Les clichés défilent comme dans une soirée diapos mais, pour l’écouter, ma politesse est sans faille.

Enfant solitaire, infime vie arrimée au flanc d’un paquebot de l’histoire, il en percevait vaguement les rumeurs.

Tout au bout de la vallée, au plein sud, où la lumière tendait son grand transparent, le train n’était plus que ce panache oblique de fumée transpercée de rayons.

Il avait choisi, pour sa santé mentale, et l’accompagner dans ce long voyage, Mallarmé, Cocteau, Nerval, Michaux, tout ce qui pouvait se situer au plus loin de l’air qui circulait dans les casernes. De l’esthétisme. Du précieux. Du maladif. Du nerveux. De l’anti muscle. Du vrai désespoir d’adjudant.
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D'où vient le vent ?


Extrait 1

La porte tournante du soir
les visages emportés vers la salle inconnue
le bruit huilé du jour qui vire
et mon torse de chair tout fléché d'hirondelles
envahissent ma demeure

bidons-plastique de la vieille fermière
bidons-plastique aux cognements mats
finis les tintements des heures crépusculaires
vampire électrique sous le ventre des vaches
la trayeuse boit
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Parmi de perfides poses


Visage de la vie essaie un peu tes poses
mets ton masque de Nô
dans le tunnel des paroles
dans l’imprécis dramatique des mains
file ma clarté j’ai déjà compris
le sang s’explique dit la santé
trois veines à gauche le cœur s’arrête
une bouche prouve dans l’air
l’indomptable étalon d’un splendide mystère
je n’ai qu’à tendre la main
je saisis aussitôt le mors et un baudet
ah j’ai honte on me lie de mes torts
je le sais je conviens de mon tort j’ai tort
d’attendre la musique d’attendre le miracle
la joie à sept étages qui m’enlèvera
un jour pour ne plus revenir.
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Je parle


Je parle
non je nage dans le sang
non je marche sur les toits
non je siffle dans la mer
non je joue de la raison
c’est la neige qui m’enroule
c’est la glace qui me griffe
des lueurs et des lumières
non je souffle sur mes manches
tant de craie qui nous salit
tant de bleu qui m’envahit
non je dors dans la prairie
non je branche des rêves
non je parle
devant des têtes qui s’alignent
devant du sable qui m’écoute
qui me file entre les doigts
des galets qui ont compris
des filets qui s’en balancent
devant la mer qui me regarde
oui je parle
je souffle du vent je siffle du chant
six étoiles qui sommeillent
j’ouvre ma cosse adieu les graines
c’est l’heure
rangez vos livres.
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Où vont les soleils…


Où vont les soleils
sous les cieux coupés
par les branches basses

l’enfant sous la treille
l’avenir loupé
l’amour qui tabasse

enfant qui s’efface
sous les couperoses
le pas chaloupé

où c’est les qui-sait
où c’est les jamais
où c’est les temps roses

où c’est ?

Où c’est
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C'est vous jeune homme
Vous errez sans savoir que les dieux vous regardent
qu'ils tiennent la ficelle liée à votre cou
et même qu'ils la tirent et même qu'ils la serrent
pour mieux voir vos efforts et rire des écarts
et des bonds de caprice qui prouvent dites-vous
la liberté majeure régnant dans vos artères
tandis que vos mains raclent la terre qui se pare
des ronces et des pierres qu'ils jettent devant vous.
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Où tes racines plongent



Merveille plate tranquille qui m'exile
la terre à parcourir l'ardeur de ses déserts
la prolifération des chairs sous la lumière
on voudrait s'écarter de tes mois qui défilent

de tes mois de tes morts du jeu des avrils
des saisons et des phrases qui entre elles s'annulent
laisser partir ta vie qui devant nous recule
les formes s'en aller de nos mains immobiles

mais nous voilà rivés au chaos de tes forces
rongés parmi nos mots rongés sous notre torse
pierre en sable limée dans la marée des songes

et malgré nous roulés nous faudra-t-il alors
nous débattre à saisir cet insondable morse
des sèves et des cris où tes racines plongent

                               
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Propos du prisonnier


Raies de lumière sur nos murs
coincées dans l’ombre des barreaux
vous expliquez cette aventure
où tout l’amour semble de trop

nuit verrouillée sans ouverture
tu régnerais dans nos cachots
rien que la nuit la nuit qui mure
battant du pas de nos bourreaux

la moindre fente qui répand
cette chaleur d’un monde clair
vaudra toujours tout le ciment
où tourne en rond notre colère.
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Je te parle


Je te parle dans la colle
au milieu d’une méduse
dans la poche glauque et molle
où les jours m’engluent et m’usent

je te parle à bouche close
sous le sparadrap des mots
je te parle à douleur close
qu’une main maintient sous l’eau

je te parle ne sais d’où
d’un vieux rêve qui s’enkyste
de la cave qui résiste
quand tout croule sous les coups.
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L’attente


Salut au matin même le plus pauvre
tout taché de neige et de forêts noires
changeant l’horizon en mur décrépi
où le plâtre bis des longs champs s’écaille

salut au matin posé sur ma table
à sa joue frottée sur le papier blanc
à la plaine creuse où peinent les hommes
aux collines fades pliant sous la brume

chaque aube rapproche l’homme que j’attends
la montée du jour au fond de mes paumes
les raisons tombées leurs faisceaux formés
et celui qui dit : voilà, c’est là, c’est là !
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Au tourne-temps


Tourne-vis de mon silence
tourne-vie jusqu’à la mort
tourne-lance dans la vie
mon tourne-temps mon tourne-colle
tout le temps tourne à l’entresol
et tu le sais je t’obéis sous toi je tourne
vis sans fin qui ne se visse en rien
cherchant parfois à voir quelque part cette main
qui varie l’horizon de mes lentes saisons.
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Coups et couleurs


Moi aussi je suis l’orange
pas le fruit mais la couleur
dans la flamme qu’on me range
dans la suie de la douleur

sous la trique qui me ploie
je me dresse en mon plus haut
uppercuts crochets au foie
les pieds lourds et le cœur gros

chaque fois un peu plus haut
chaque fois un peu plus bas
ça se tend dessous la peau
l’âme cède au prochain pas

dans la suie de la douleur
dans l’éclat de la blancheur
s’est rongé le cœur des heures.
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Entre force et fatigue


La pierre cède les ongles cèdent
les forces meurent pour s’accrocher
ah lâcher tout et ricocher
de pierre en pierre vers la douceur

vers la douceur des grandes nuits
vers la toilette de la pluie
vers la candeur des lèvres closes
vers le repos sous les paupières

donner courage c’est fini
et le grand jeu du cœur d’ici
pas de ce monde je t’en prie
pas de ce roc de cette farce
je lâche.
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Pourtant chaque jour plus seul


Homme ouvre le seuil de ta demeure
femme ouvre ta chambre ouvre tes jambes
enfant ouvre la salle de tes jeux
parlez-moi embrassez-moi dites un peu
montrez-moi les photos les cicatrices les secrets
la solitude me maçonne
chaque jour elle jette sur moi d’un geste sec
sa truellée de ciment noir
elle me crépit elle vise mes yeux
elle monte son mur autour de moi
elle épaissit ma peau toujours sa trahison
quand l’envie de brûler me parle
quand l’envie de parler me brûle
quand l’océan des autres me lèche
quand cet homme qui passe je voudrais l’arrêter
et cette femme lui sourire poser ma main sur son épaule
pourtant chaque jour plus seul isolé contre moi
moi qui ai le goût des bonjours
des braises du cœur dans les yeux
des mots
des mains
du verre de vin sous les platanes.
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L’entaille


Toujours trop purs et cette fièvre
tant de douceur qui nous dit bois
et quand la peur dénoue ses doigts
le verre éclate dans nos lèvres

ce sang sur le dos de la main
depuis longtemps sait le chemin :
de la caresse vient la gifle
l’entaille noire en haut du cœur.
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