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Citations de Jean Pérol (74)


QUI VOUS NOMME

Pourquoi gagner sa mort
si vite sous les cieux
un peu de temps encore
supplient les malheureux

moi qui suis justicier
leur répond le Bon Dieu
j'ai bien dû ne donner
à chaque homme qu'un peu

le temps était si grand
la liste était si longue
j'ai bien dû faire des plans
pour vos rounds et mes gongs

à chacun son morceau
son bout de vie et salut
à chacun son cadeau
puis de l'avoir dans le cul

à mon tour d'implorer
le pardon de mes hommes
à mon tour de pleurer
le mystère qui vous nomme.
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L’éternité

Les photos de nous s’éloignent
Elles retournent vers ce qui fut
Nous abandonnent à des présents
Qu’elles ignorent comme un refus

Dans le sépia elles s’éteignent
Privées du sang de ce qui fut
Elles regardent encore plus fort
De hauts soleils qui ne sont plus

Tu fus un jour sans le savoir
Sur un ciel clair cette ombre noire
Et sur tes lèvres je croyais voir
Rouge s’inscrire l’éternité.
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LOIN

Au plus près du plus près
de nos yeux à vos yeux
de nos peaux à vos peaux

au plus près du plus près
de vos langues dans nos bouches
de vos seins dans nos mains

au plus près du plus près
de satin à satin
de nos sexes dans le vôtre

comme on est encore loin !
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Et c’est mon tour comme il convient
Et comme vient celui de tous
Et moi aussi auprès de vous
Dans la même terre j’irai me coucher et toucher
La fin des rêves
Les mots rongés par le temps
La blancheur la plus vaste des indifférences sans pitié
Cet acide affamé dévorant sous la mousse
Nos orgueils nos écrits et nos cœurs inutiles
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Toute petite et puis si pauvre
misère humaine dans son coin
à regarder goutter le temps
sur le rebord de sa fenêtre

Toute petite et puis si pauvre
colère humaine dans le sang
à deviner mourir les mots
sous un ciel gris étourdissant

Si petite trop petite
une fois joie dans le matin
une fois pleur dans le soir gai
qui bat à peine sous la peau

Tandis que lunes et soleils
s'éloignent vite indifférents
tout juste un peu et si pareils
à tes grands cieux devenus blancs.
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Dans la solitude la plus grande, celle de la bête la plus seule, tu es. On peut admettre que c'est triste de n'avoir que çà à dire, quand on a tant rêvé de fraternité. Où sont les hommes, dit le solitaire malgré lui, pourquoi ne m'ont-ils pas appelé? Même pas la peine de poser la question au présent. C'est la fin du film, l'affaire est entendue, le monde a changé.

( Extrait de "L'abandon" )
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On sait bien que la mort
Aime cendres et vent
On sait bien que s’écharpe
Cette vie qui lacère
Mais c’est dur de sa chair
De la chair arracher
Et jour à jour rayer
Le nom que tu enterres
Où tu cherches pourquoi
Sous un ciel trop vidé
S’entête et se déchire
Le souffle de nos dires.
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C'ETAIT NOUS

Quand je suis las je repense au lisse de la mer. À l'aube qui montait sur la mer Intérieure, entre les îles endormies, parmi leurs mauves immobiles. Silence et fraîcheur parmi les temples cachés, vers les côtes, sous les frondaisons basses. Bonheur, c'était presque ton heure. L'étrave du bateau fendait précise l'or du monde et sa splendeur.

Et toi, salueuse de soleil, à l'avant me semble-t-il, qui n'avais pourtant vu aucun film de naufrage, chevelure qui battait à l'épaule, cou dressé de jeunesse vive, ton corps surpris par le matin écartait aussi la brise. J'avais décidé que l'amour nous mènerait. Pas toujours le monde noir.

Que d'autres épaules se haussent, qu'on grogne encore par-ci par-là: «l'amour, ah bon, l'amour!», que l'on émette plus retors des sifflements sur le je et le nous qui s'avancent, sur la chute que ça promet, qu'importe après tout, je passe, quelquefois la beauté nous tatoue, et plus rien ne s'efface. Étoile encore bleue parmi la mort qui vient, étoile au-dessus, étoile au-dessous. Jeunes, beaux, la chair souple : c'était nous.
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Bien sûr amour il faut compter
à s'en tromper le bout des doigts
nos beaux printemps bien trop moqués
par ceux plus jeunes qui se croient

nous sommes au bout de la vallée
si près déjà de l'embouchure
où notre vie va s'en aller
au goût de sang et de blessure

c'est encore toi c'est encore moi
ces splendeurs si tôt fanées
sous nos soleils si mal comptés
dans la nuit blanche sur nos doigts.

Sur nos doigts

(p. 24)
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Le couloir silencieux


Prunelle noire couloir patient
mon beau silence tu sens le gaz
ton sifflement me cerne un peu plus chaque soir
mon beau silence passe tes algues
sur mes mains engourdies qui s’enfoncent encore
tous les pas se sont tus dans ma nuit de village
et le dernier juron s’éteint contre l’église
mon beau silence d’algues
de sifflement de crosse froide
tu t’épaissis.
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Jean Pérol


Je serai tu le sais ton enfant éternel
celui qui surgira de l'épais de la nuit
celui qui vint serrer à ta chaleur ses froids
je serai tu le sais ton enfant éternel
casseur
cruel
maudit
ricaneur quelque peu au coin de sa blessure
celui qui dans le non avance vers ce qu'il dit
celui qui retourna les pierres pour savoir
celui qui lacérait la haine avec des oui
celui qui —
dans le blanc tu mettras ce que tu hais de moi.
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Annoncez…


Annoncez les couleurs du soleil étouffé
annoncez l’incendie du blanc déjà tué
annoncez le roi nu
annoncez quatorze heures à midi
annoncez sur le seuil la venue des maudits
la neige des pétales sur l’hiver qui s’est tu
annoncez j’aime dans leurs palais de sang
annoncez pile et deux fois face
sur les linges qui savent quelle face ils essuient
annoncez l’impossible multiplié par tous
ne vous laissez pas questionner
ne vous laissez pas déséquilibrer
ne vous laissez pas séduire
annoncez.
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Ma silhouette se détachait sur une terre et un ciel enfin libres. Plus rien. Un désert de débris.
(…) Je tournais les pages, la page ; et sur cette dernière, d’un grand blanc à piéger le temps, il n’y avait plus rien d’écrit. Je fixais en grand angle cette espèce de mort et de disparition dans le dépouillement. Loin.
Loin du Bosphore et des scintillements de la mer de Marmara encore aux portes de l’Europe ; loin, après Trabizon, la mer Noire, et les ultimes âpretés des montagnes turques ; loin après Babol-Sar, ses plages molles et rases de la mer Caspienne, son hôtel blanc tchékhovien aux hautes baies ouvertes sur un ciel diaphane et gris qui étendait sur une mer tout aussi grise ses airs d’aquarelles douces et fanées ; loin après Méshed et ses mosquées iraniennes enflammées ; loin après Hérat et ses murs blancs et bleus, et ses roses afghanes rouges fleurissant en gouttes de sang sur le bas-côté de la route le long de la « djouille », ce caniveau des rues et des irrigations, cette rigole à l’air libre à travers les villages, où l’eau court au bord des maisons, des chemins, vers les champs, vers l’aridité du monde, vers le dénuement, loin, comme un retour et un murmure vers des temps plus anciens, où tout fut déjà consumé et le sera encore, plus loin, où l’occident, fatigué de ses fausses prouesses et de ses vaines querelles, ne semble plus capable que de s’évaporer avec elles, comme une éternelle armée d’Alexandre qui s’entêterait, fantomatique, au fil des siècles, à revenir s’y dissoudre. p 11 12
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Jean Pérol
DANS L'ÉPAIS DE LA NUIT



La vie lèche la page et se retire blanche
vaste mer incertaine aux hommes qui l'attendent

me manquent tes photos tes lèvres tes pointes dures
me manque ton passage portant cette cambrure

bonjour encore    soleil étrange aux longues mèches noires
que tu vives que tu meures : toujours lumière et désespoir

vivace te voici pendant que se déhalent
les images gravées des chagrins enfouis

toi visage du passé dont pâlira le hâle
parure qui s'affale dans l'épais de la nuit.
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Ils peuvent t'emmenerI
Ils peuvent te lier
Ils peuvent t'arracher aux nuits où je suis né
Ils peuvent m'arracher aux nuits où tu es née
s'acharner sur nos aubes
couper les ponts t'ensevelir
écarteler nos lèvres
t'emporter silencieuse au fond de leurs voitures
te bâillonner de villes t'égarer dans la pluie
tu restes vive dans ma nuit
je reste pur ô ma fragile...
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Passé un certain âge, ce qui nous plombe et nous empêche de réaliser quoi que ce soit, c'est la perception claire, aiguë, fusillante, lancinante, crépitante, de l'inutilité de tout. (Page 67)
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Corps ouvert


Vie et mort chacune tire
sur l’étoffe de mon corps
cette peau qu’on sent frémir
va craquer sous leurs efforts

on verra parmi tant d’os
et de nerfs mal assemblés
le silence les yeux clos
le soleil qui l’a comblé.
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L'attente


Salut au matin même le plus pauvre
tout taché de neige et de forêts noires
changeant l'horizon en mur décrépi
où le plâtre bis des longs champs s'écaille

salut au matin posé sur ma table
à sa joue frottée sur le papier blanc
à la plaine creuse où peinent les hommes
aux collines fades pliant sous la brume

chaque aube rapproche l'homme que j'attends
la montée du jour au fond de mes paumes
les raisons tombées leurs faisceaux formés
et celui qui dit : voilà, c'est là, c'est là !
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Douceur qui encombra



Comme tout alla vite
                                        les rivières coulèrent claires
n'importe où s'arrêter fraîchissait en baignades
longs zigzags sur la route en vélo en silence
vallons comme ignorés perdus dans le grand monde
sous l'alcôve des saules flambaient les caressades
c'était hier et fraternel     c'était la vieille France
comme sans loi sans auto     les fruits dans les vergers
se dévoraient sans crainte dans l'herbe sans barrière
la terre s'écoutait sans radio sous le bras
et dans les baies la mer semblait ignorer l'homme
la lumière tremblait sans poison insidieux
la lune au bord du soir n'appartenait qu'aux dieux

oui comme tout alla vite      douceur qui encombra.


Douceur qui encombra
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Il nous faudra répondre
de hargne de feu ou de sang
dans les échardes les creux et le temps
il nous faudra noyer il nous faudra bâtir
à la force des mots revenir vers l'élan
comment comment sentir claquer
dans le palais verbal la langue de l'amour
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