Avec autant d’attentions, Sherlock Holmes est habillé pour l’hiver !
Les éditions Baker Street nous proposent avec Le détective détraqué ou les mésaventures de Sherlock Holmes un recueil de vingt nouvelles, des pastiches plus au moins inspirés se moquant gentiment du célèbre détective. C’est grâce à l’équipe de Babelio et à l’éditeur que j’ai pu découvrir ce corpus dans le cadre de la dernière édition de l’opération Masse Critique. Merci !
Les remerciements s’imposent, d’abord, parce que l’auteur a eu des égards pour l’envoi et ensuite parce que très honnêtement je n’aurai pas acheté ce livre en librairie. La faute en renvient à une pile à lire trop abondante (entraînant une résolution de ne plus fréquenter temporairement les lieux de tentation) et à un prix prohibitif pour un format qui n’est pas celui d’un beau livre. L’édition justifie-t-elle le prix ? La réponse doit être nuancée, dans le sens où nous avons affaire ici à une nouveauté, à un éditeur peu connu, un papier de qualité, une mise en page aérée et surtout quinze illustrations en noir et blanc.
D’emblée, il est surprenant de constater qu’il n’y pas d’introduction (ni de conclusion d’ailleurs) expliquant les choix qui ont été opérés. Pour cela, il faudra attendre les introductions des différents récits qui nous présentent l’auteur et parfois le texte qui va suivre. Ces présentations sont synthétiques, efficaces et appuyées par quelques notes de bas de page. Dans deux cas (Le vol du coffret à cigares et D’un cheveu), des révélations intempestives viennent gâcher notre plaisir. Ce sont d’ailleurs celles-ci qui resteront en mémoire et de nombreuses interrogations relatives à la sélection qui est opérée.
La sélection est riche et pertinente. Elle balaie un spectre large (de 1892 à 2012), fait appel à des auteurs classiques (Arthur Conan Doyle en personne, Jean Giraudoux, Maurice Leblanc, Jack London) des apocryphes connus (René Reouven, Jacques Fortier) et bon nombre d’autres, connus pour leur savoir faire ou leur engagement dans les milieux spécialisés. Les émules de Sherlock Holmes sont presque aussi nombreux que leurs auteurs : Picklock Holes, Herlock Sholmès, Oilock Combs, Shamrock Jolnes…
Trois récits retiennent particulièrement l’attention. Le grand mystère de Pegram et La beauté secourue sont de beaux exemples d’humour anglais avec une chute improbable et hautement réjouissante. Il fallait y penser ! L’aventure du banquier pervers est peut-être un peu datée (ah le diktat de l’actualité), elle n’en demeure pas moins amusante et jouit d’un regain d’intérêt dans le contexte pré-électoral actuel.
Quatre pastiches sortent également du lot. Les aventures des deux collaborateurs se moque gentiment d’Arthur Conan Doyle et fera rire plus d’un holmésien. Scotland Yard est également amusant avec un fil rouge engagé qui nous amène à réfléchir sur le système judiciaire. L’aventure de l’éditeur de livres d’art assassinée est le prétexte trouvé pour pourfendre les éditeurs. D’un cheveu restera dans les mémoires comme un pastiche drôle et tendu, conçu de manière à susciter l’intérêt jusqu’à la dernière ligne.
Avec La kermesse du terrain de cricket, Arthur Conan Doyle propose un pastiche qui se laisse apprécier mais est victime aujourd’hui de nombreuses contrefaçons ou copies. Le cambriolage d’Umbrosa déçoit par manque d’intérêt tout comme Les aventures de Shamrock Jolnes trop étasuniennes… La confrontation entre Herlock Sholmès et Arsène Lupin ne révèlera son potentiel que trop tardivement. Le comptable pressé et Épinglée au mur se révèlent également comme des approches moins immersives et trop courtes.
Le Meurtre de la cathédrale de Canterbury est le prétexte de lire la résolution d’un mystère conduit par la fille, Shirley, de l’illustre détective. L’aventure de l’héboniste chronique est un pari osé, dont l’approche communautariste pourra décevoir, même si l’humour reste au rendez-vous. La plus grande machination du siècle tente une approche originale du grand hiatus. En revanche, malgré un titre prometteur, L’autre défenestration de Prague reste décevante par manque d’originalité.
Jack London réussit à introduire un hommage à Arthur Conan Doyle sous la forme d’une biographie comparée avec sa propre autobiographie. La démarche, aussi originale que risquée, apporte un peu de dépaysement. L’on pourra toutefois s’interroger sur l’opportunité de sa présence ici.
Vous l’aurez sans doute compris : les pastiches les plus anciens seront sans doute les meilleurs et parviennent à voler la vedette de récits qui se veulent plus sérieux ou plus canoniques. Et là réside tout le sel de ce recueil qui nous propose de mettre la main sur un certain nombre de pépites en langue française. Autrement dit, il s’agit ici d’un livre à réserver aux adeptes du célèbre détective.
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Comme toujours chez Baker Street Editions, je découvre une petite pépite d'originalité et d'humour.
Nous connaissons tous le célèbre détective Sherlock Holmes, qui nous a toujours épaté par son sens de la déduction. Nous le découvrons ici , sous les traits de la parodie légère et de la douce dérision, tout cela dans le respect de l'oeuvre de l'auteur ainsi que des personnages. Car il faut dire que Sir Arthur Conan Doyle a lui même participé à certaines de ces petites histoires qui se moquent gentiment de notre cher Sherlock en ne forçant qu'à peine les traits et les manières.
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Voilà un livre qui a le don d’attiser la curiosité, mêlant hommages et parodies de grands noms tels que Maurice Leblanc, James M. Barrie, Jack London, Jean Giraudoux... et Arthur Conan Doyle lui-même ! L’objet est très soigné, et chaque nouvelle est intelligemment précédée d’une note sur son auteur, son contexte, et souvent d’une agréable illustration.
Le livre a un bel intérêt littéraire, puisqu’en plus de cette réunion d’auteurs, les textes sont classés par ordre chronologique, ce qui permet de noter une évolution dans le traitement du célèbre enquêteur.
Pour une histoire d’autorisation d’Arthur Conan Doyle, nous avons d’abord droit à toute une ribambelle de pseudonymes du grand détective : Sherlaw Kombs, Picklock Holes, Hemlock Jones, Oilock Combs, Herlock Sholmès, ainsi que Shamrock Jolnes et son compagnon Whatsup. Les premières nouvelles sont principalement des parodies, et lorsque le nom de Holmes est bien orthographié, il sert à ses emprunteurs à régler leurs comptes (James M. Barrie, Alceste, l’illustrateur Frederic Dorr Steele), ou à réaliser l’un des plus grands hommages à Arthur Conan Doyle (Jack London).
Heureusement, avant que la lassitude ne vienne, ces nouvelles font rapidement place à des enquêtes de plus en plus consistantes. L’ensemble est très moderne et facile à lire, bien qu’un tiers de ces œuvres seulement nous soit contemporain. Si cet ouvrage semble tout droit adressé aux fans de Sherlock Holmes pour qui l’achat semble évident, les néophytes n’en sont pas en reste, et chaque lecteur y trouvera son compte.
Ma sélection de nouvelles :
- Le grand mystère de Pegram (une jolie fin)
- Scotland Yard (une jolie parodie)
- Herlock Sholmès arrive trop tard (la grande rencontre avec Arsène Lupin)
- Le meurtre de la cathédrale de Canterbury (une rafraîchissante enquête de sa fille Shirley Holmes)
- Le comptable pressé (imprimé sur un marque-pages de bibliothèque)
- Épinglé au mur (de fausses lettres à l’attention de Sherlock Holmes)
- L’autre défenestration de Prague (du vrai faux Conan Doyle)
- L’aventure du banquier pervers (un vrai tour de maître, sur un sujet contemporain assez sensible)
Livre découvert à l’occasion d’une opération Masse critique.
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Je tiens tout d'abord à remercier Babelio ainsi que la maison d'édition.
J'ai reçu ce livre grâce à l'opération Masse Critique, et lors de la reception, il y avait un petit mot écrit à la main. Rare sont les maison d'édition qui le font, c'est plutôt par ordinateur. Cette petite attention m'a donc beaucoup touché, encore une fois, merci.
Etant une addict de Sherlock Holmes depuis peu, environ quelques mois, j'ai sauté sur l'occasion et j'ai eu de la chance : le hasard m'a choisi. Des reception, je l'ai commencé, étant impatiente.
Il y a 20 nouvelles concernant le charmant Sherlock Holmes (qui change parfois de nom : Hemlock Jones, Picklock Holes, Sherlaw Kombs...) qui sont parfois très drôles, parfois un simple hommage, parfois une moquerie du monde.... Les toutes premières sont les plus drôles, je trouve. La première m'a fait beaucoup rire, finalement, celles où le nom changeait m'ont fais rire, je ne saurais expliqué pourquoi, mais voir Mr Holmes dans des situations ridicules, ou bien lui même étant ridiculement drôle... J'ai adoré !
J'ai beaucoup aimé celle écrite par J.M Barrie, puisque c'est l'un de mes écrivains préférés, avec son célèbre personnage Peter Pan. Dans cette nouvelle, il y a beaucoup d'auto-dérision (Arthur Conan Doyle l'a lui même qualifié comme "la meilleure de toutes les nombreuses parodies") son ami se moque de son personnage, mais aussi de Conan Doyle lui même, et c'est très drôle si on connaît le second degrés. Je pense que c'est ma nouvelle favorite dans ce reccueil de nouvelles.
Il y a même des parodies/nouvelles écrites par Conan Doyle lui même, qui sont aussi très drôles. J'ai aimé retrouvé sa plume particulière et avec Jack London, j'ai eu l'impression d'être au côté de ce jeune homme, et de lui ressembler un peu, aussi : j'ai un gros faible pour Holmes moi aussi, et je l'admire énormément !
Il y a des passages où Holmes soupçonne Watson et c'est tellement énervant mais aussi drôle! Monsieur est un peu parano sur les bords, Watson déboussolé, mais Holmes fait bien de se méfier, non ? Si vous souhaitez le découvrir, il vous faut ce livre !
"La beauté secourue : une aventure d'Oilock Combs" est l'une des plus drôles, elle tourne au ridicule un peu tous les personnages de cette nouvelle, la chute est surprenante : elle m'a fais éclaté de rire sur le coup.
La rencontre entre Arsène Lupin et Sherlock Holmes (ou plutôt Herlock Sholmès dans cette nouvelle) ne m'a pas vraiment plu, sûrement parce que je ne suis pas une grande fan de Lupin. Mais si vous souhaitez voir cette rencontre : Achetez ce livre.
La nouvelle de Frederic Dorr Steele est aussi une de mes préférées : il imagine un dessinateur devenu fou d'angoisse du fait d'être cantonné dans un certain genre. C'est le miroir de quelqu'un, je vous laisse deviner qui.
Il y a aussi la nouvelle de Frederic Arnold Kummer; d'après une pièce de Basil Mitchell, qui met en scène la fille de Holmes, qui est tout aussi douée que son père, voir plus, et qui m'a fait totalement tombé sous le charme. C'est un personnage très intelligent évidemment, et l'histoire, le crime est très intéressant. J'ai envie de lire plus sur elle, et je vous laisse deviner de qui est accompagnée la fille de Sherlock Holmes...
"Epinglé au mur : la correspondance restée sans réponse de Sherlock Holmes" est aussi très intéressante à lire, drôle parfois, triste parfois, on peut même ressentir de la peine pour certains personnages !
La nouvelle de Jacques Fortier est très récente, mais très réaliste donc. C'est ce qui peut se passer dans la vraie vie. Il y parle d'un sujet tabou, ce que j'ai donc aimé. Et puis, Prague et ses alentours m'a toujours fais rêver, alors le décor était bien posé !
Enfin, la dernière nouvelle est la plus récente : Elle a été écrite en 2012. C'est un petit clin d'oeil à un événement qui s'est passé en 2011, je vous laisse découvrir lequel.
Il y a encore une fois un sujet tabou, même deux.
En revanche, je n'ai pas beaucoup aimé la misogynie de Sherlock Holmes.
Pour terminer, je tiens à vous parler des illustrations, tous plus belles les unes que les autres. J'ai eu un petit coup de coeur pour les coups de crayon de Vlou.
En bref, un très bon reccueil de nouvelles qui m'a rendu encore un peu plus accro à Holmes, une Masse critique qui m'a permis de découvrir une super Maison d'édition, et un objet-livre qui m'a permis de découvrir des illustrateurs très doués !
Je ne donne pas de note, puisque c'est un reccueil de nouvelles et qu'on ne peut pas vraiment juger : il y a certaines nouvelles que j'ai adoré, et certaines nouvelles que j'ai moins aimé. Mais je pense que vous avez compris que j'ai tout de même beaucoup aimé ce livre, et que même si je ne donne pas de note, je vous invite à acheter ce livre.
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