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Citations de Jean de Tinan (29)


Chère petite vie variée va ! ... Allez donc en faire des romans autobiographiques ! C'que ça se suivrait !"
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- Pourquoi disais-tu que les Clarisses sont des soeurs qui n'ont pas de frères ?
- Parce que, lorsqu'on manque de pain de seigle, elles mangent de la miche, parce qu'elles dorment pendant qu'on veille, parce qu'elle ne font rien pendant qu'on travaille, parce qu'elles vivent pendant qu'on crève, parce qu'elles espèrent pendant qu'on souffre, parce qu'elles ont le ciel, tandis que, pour l'avoir mérité, ce ciel, nous avons, nous, l'enfer !

Catulle Mendès, Le Chercheur de tares
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La belle Chimère a été violée par le Réel, comme une vierge par un ignoble amant gangrené d'un mal infâme ; et, gagnant le mal, elle a enfanté la vie ataviquement pourrissante. Il n'a servi à rien de trancher le cordon ombilical. La Tare est le nombril de l'humanité.

Catulle Mendès, Le Chercheur de tares
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Le poète est vil par essence, par nature, par définition. Il ne peut ni cultiver le sol, ni augmenter la prospérité publique, ni contribuer au bien, ni museler le mal, ni procréer des enfants dans la patrie ; il s'affale dans le plus inutile des métiers, affiche son intime vie comme une grosse femme, trafique de ce que les hommes ont la pudeur de dérober à tous les regards ; il ne connaît que lui, ne voit que lui, ne veut que lui ; son orgueil surpasse encore son insuffisance, et il n'est pas loin de se croire le premier des mortels, pour employer les heures du jour à l'arrangement méthodique et puéril de mots qui ne servent à rien et n'ont d'autre avantage que de présenter le même son. C'est un dégoûté tombé dans l'enfance ; un innocent et un gâteux. La virilité lui fait défaut : impuissant, il n'a pas le courage de se taire ; il pousse de vagues plaintes, qui seraient pitoyables si le ridicule ne les rendaient grotesques.

Louis Dumur, Albert
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C'était la dèche, l'affreuse dèche, celle à qui on n'échappe pas, une fois qu'elle a saisi : la dèche, qui semble un monstre vivant, acharné sur sa victime, tant il entre de complexité diabolique, d'astuce, de maléficieux instinct, de haine, de volonté du funeste, de stratégie dans ses griffes. Il faut plus d'audace, de prudence, de génie pour la vaincre, que pour gérer vingt fortunes.

Louis Dumur, Albert
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Amsterdam, c'est toujours de l'eau et des maisons peintes en blanc et noir, tout en vitres, avec pignon sculpté, et des rideaux de guipure ; du noir, du blanc se dédoublant dans l'eau. Donc c'est toujours de l'eau, de l'eau morte, de l'eau moirée et de l'eau grise, des allées d'eau qui n'en finissent plus, des canaux gardés par des logis pareils à des jeux de dominos énormes : ça pourrait être funèbre et pourtant ça n'est pas triste, mais c'est un peu monotone à la longue, surtout quand il gèle et que l'étain figé des canaux ne mire plus les belles maisons de poupée, perron en l'air et tête en bas.

Jean Lorrain, Monsieur de Bougrelon
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Moi – je suis en train de « me détruire ». Tout le long des pages griffonnées ce sont les mêmes désespoirs qui reviennent, et les mêmes espoirs. – Je me secoue pour « lâcher tout cela », et je ne peux pas, je ne peux pas – je sanglote toutes les nuits dans mon oreiller chiffonné…

« C’est fini – c’est fini ! »

Et le lendemain :

« Je l’adore je l’adore ! »…

Ah ! cela n’est pas varié !
Je relis toutes ces pages. Vraiment – ce n’est pas parce qu’il s’agit de moi – mais c’est à dégoûter à jamais de la sentimentalité…
Qu’est-ce que je veux ? – Je ne sais pas.
Où est-ce que je vais ? – Je ne sais pas.
Je sais que je me suis trompé – qu’elle n’est pas « celle que je croyais » – j’ai même à son service, les jours de réaction, toute une collection d’épithètes méchantes… et injustes…
Mais le lendemain, cela me reprend :

… Je ne peux pas. Je ne peux pas…

Je suis une pauvre loque ballottée…
Il y a des phrases d’un égoïsme touchant :

« Ah ! si elle était morte avant que je la revoie ! »

Je songeais aussi au suicide, périodiquement.

« Mourir ! Ah mourir ! »

Mais je ne mourais pas. Cela dura… ! Il y a pourtant une bien jolie phrase de Dowson : « It is so much easier to die for the woman you love than to live with her.”

(Jeune homme qui me liras peut-être – j’étale devant toi mon ridicule d’alors, ma faiblesse, ma sottise… Il faut m’en savoir gré…
Je me montre à toi comme j’étais, sans style – je touche du doigt la disproportion grotesque entre mon rêve gonflé, mon rêve vide, mon rêve faux – et la réalité où je me désespère de ne pas pouvoir le faire entrer… Ce n’est pas la réalité qui a tort – c’est mon Rêve, c’est mon imprudence – toi, ne sois pas imprudent…
Cette petite Florence, un peu jolie, un peu gaie, un peu sensuelle, et qui voulait bien être gentille pour moi, je l’ai « collée » sur un piédestal de mauvais goût – elle « n’y fait pas bien » – alors je sanglote, je m’indigne, j’ironise et je menace les cieux… je suis un pauvre imbécile.
Ne fais pas comme moi.
Ce n’est pas de ma faute – on ne m’avait pas prévenu. J’ai cru que c’était cela l’amour. J’ai même été très fier de me faire si mal aux nerfs… et, parce que « la Réalité n’était pas la sœur du Rêve », j’ai pris des airs de génie méconnu… devant les glaces.
Il m’a fallu quatre mois de tortures pour découvrir que l’on s’était fichu de moi – et que je m’étais fichu de moi – et que pour fabriquer de l’Amour, il ne suffisait pas, comme cela, de deux jeunes échantillons de sexe différent et de beaucoup d’imagination…
Pour aimer, il faut être un peu plus prêt que cela… Sinon, on risque de ne plus pouvoir aimer jamais – je l’ai échappé belle !
C’est pour cela que je laisse dans mon livre ce chapitre ennuyeux et terne : si un seul enfant, frère de celui que je fus, peut être préservé par ces lignes de la maladie qui a failli me tuer le cœur, je n’aurais pas été inutile.
Encore ceci : Si tu ne peux pas – si malgré toi, faible de ton immense désir de tendresse que la « famille » n’aura pas satisfait, ni rien, tu es pris dans le tourbillon d’un faux amour sans cause, pour te ressaisir, pour te dépêtrer, fais ce que je n’ai pas fait :
Va voir des filles.
Sans cela tu n’échapperas pas à ce que je raconte dans ces pages : ta puberté deviendra de la sentimentalité – ta chair te chatouillera et tu croiras que c’est ton âme – tout cela « se portera au cerveau », tu ne sauras plus… alors… alors !
Va voir des filles.
Tu es très jeune, cela ne te dégoûtera pas trop. Aie pour elles, si tu peux, de la tendresse. Souffre déjà pour elles, si tu peux, de ton mieux, cela vaut mieux… et prends seulement quelques soins d’« hygiène »…
Tout ceci n’est pas poétique ! Je n’y peux rien – je ne connais pas d’autre remède…
Je n’en ai pas voulu pour moi. Avant Florence, j’avais connu des jeunes personnes… – Oh ! de « basses catégories » je sais bien, et avec « des corsets élimés »… qu’elles enlevaient – je t’ai déjà parlé de la petite Blanche-Marcelle…
Je n’ai plus voulu alors… je L’AIMAIS trop (ah malheur !) j’ai voulu rester « digne d’elle » – cela ne m’a pas réussi… et n’importe quelle fillette fiévreuse me l’eût fait oublier bien vite…
J’ai cru, malgré que je me débattis, au Rêve… à l’amour à vingt ans…
N’y crois pas – c’est de la blague.
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Le poète est vil par essence, par nature, par définition. Il ne peut ni cultiver le sol, ni augmenter la prospérité publique, ni contribuer au bien, ni museler le mal, ni procréer des enfants à la patrie ;il s’affale dans le plus inutile des métiers, affiche son intime vie comme une grosse femme, trafique de ce que les hommes ont la pudeur de dérober à tous les regards ; il ne connaît que lui, ne voit que lui, ne veut que lui ; son orgueil surpasse encore son insuffisance, et il n’est pas loin de se croire le premier des mortels, pour employer les heures du jour à l’arrangement méthodique et puérils de mots qui ne servent à rien et n’ont d’autre avantage que de présenter le même son. C’est un dégoûté tombé dans l’enfance ; un innocent et un gâteux. La virilité lui fait défaut : impuissant, il n’a même pas le courage de se taire ; il pousse de vagues plaintes. ("Albert", Louis Dumur)
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Il est étrange que nous aimions tant la pitié, nous à qui s'appliquerait si bien l'épithète de sans-cœur prise dans un sens de blâme par ceux qui l'emploient - ne nous blâmons pas d'être sans-cœur - en toute sincérité il bat éperdument, seulement il faut bien soigneusement le cacher, pour que l'on ne lui fasse pas de mal - pour que l'on ne se moque pas de lui.
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