Citations de Jeanne Desaubry (20)
[...] Le couple Markievicz-Rollin est au centre de l'affaire. C'est le seul moyen de faire correspondre les morceaux de ce drôle de puzzle qui rassemble un voyeur, un rôdeur, un cadavre, un incendie. Mais elle a rarement rencontré le cynisme qu'elle devine dans l'agencement des pièces. L'innocence de Duchamp se déduit de l'absence de preuves directes. Quant aux preuves indirectes ... Elles leur ont été offertes comme sur un plateau. Qui leur a servi le plateau ?
Elles sont dans la dèche, guère possible de descendre plus bas.
Des heures de chien, un mal de chien, une paie de chienne […]
Tu veux quoi en échange ? Élisabeth secoue la tête. Rien, elle ne veut rien. Rendre service à plus mal barrée qu’elle. L’autre, avec ses galères, c’est elle, en pire. Oui, ça pourrait être elle, en pire. Oui, ça pourrait être elle, avec encore un peu moins de pot. Oui, elle, dans un an demain. Une femme comme elle, en galère, comme elle. Comme elle.
L’une des deux lui a explosé la tête quand il s’est précipité pour me défendre. Rex, c’était mon chien. Un berger allemand de huit ans, super affectueux. C’est trop cruel. Inhumain !
Ces femmes sont des assassins
Elle savait déjà, depuis longtemps, qu’elle ne l’aimait plus. Elle sait maintenant qu’elle veut le voir mourir.
Elle veut le tuer.
Elle va le tuer.
Il faut qu’elle le tue.
La soirée avait été parfaite. Il aurait pu en profiter sans le regard avide qui gelait le visage de Sylvianne.
Et le beau-frère qui en rajoutait avec ce monologue sur la sécurité, la permissivité des juges, les zones de non droit… Sans doute voulait-il se montrer aimable. Il n'était qu'exaspérant de condescendance avec ses âneries de magazine pour classe moyenne.
En bruit de fond, il entendait la conversation de sa femme et de sa belle-sœur. Elles bavardaient à la cuisine après en avoir chassé les maris. Elles avaient sans doute besoin de se faire quelques confidences. Sylvianne, sa femme, riait !!
Marc Perrin une fois de plus relégué sur le mauvais matelas de la chambre d'ami, avait passé une nuit détestable.
Rasoir en main, il se jetait des regards furieux dans le miroir en se remémorant la péroraison de son beau-frère, installé au coin de sa cheminée cossue à l'issue du dîner de la veille.
Il avait contenu une sourde irritation, les dents cramponnées sur un cigare de fin de repas. L'affectation avec laquelle l'autre le lui avait offert avait eu le don d'achever de l'exaspérer.
De l’ouverture béante du blockhaus, sort un air froid et humide, porteur d’une puanteur d’urine repoussante. L’homme tombe à genoux. Les frissons qui parcourent sa chair nue ne sont pas dus au froid. Tout, en lui, crie qu’il ne doit pas pénétrer dans l’obscurité menaçante.
— Avance !
Comme il tarde à se relever, le canon d’une arme vient se loger dans sa nuque. La voix qui lui ordonne de se relever est calme, plus glaçante que l’arme elle-même.
— Entre là-dedans.
La lumière est pauvre. Elle suffit à distinguer les détritus accumulés au pied des murs au long des années et au centre, un bidon rouillé ; sa base est enfoncée de guingois dans le sol. Au-dessus, presque à l’aplomb, pend une corde à peine agitée par le vent du dehors. Un bout, rongé par les embruns, qui a séjourné longtemps dans la mer, échappé d’un chalut quelconque. Un nœud coulant à son extrémité.
— Grimpe !
Le vieil homme grelotte. De longs frissons agitent sa peau flasque. Il avance péniblement dans le sable mou. Là-bas, à la lisière lointaine des flots, la mer entraîne sa veste rouge, ses vêtements épars.
C’est Sand qui a eu l’idée géniale du mioche. Sa sœur fait du baby-sitting, il n’y avait qu’à emprunter le môme pour avoir la couverture idéale. Sauf qu’il y a quelque chose qui ne va pas avec ce mioche-là ! Il hurle sans arrêt depuis qu’elle traîne dans les rayons. ...
C’est son tour de « faire les courses ». Avant-hier, Sand a dit qu’elle n’irait plus. Elle avait réussi encore à passer, mais c’était parce que le nouveau vigile était occupé. Il avait plaqué un jeune black contre le pilier de l’entrée en lui plaçant une clef au bras, et il prenait un plaisir pervers à appuyer. Le gars hurlait. Le vigile suait du front, complètement allumé. Les caissières faisaient comme si de rien n’était mais une cliente est allée protester. Une vieille à cheveux blancs. Elle s’est fait jeter tellement grossièrement qu’elle a juré qu’elle ne mettrait plus les pieds au SuperN. Sand avait pété de trouille jusqu’à ce qu’elle soit loin.
Elle a une bouteille de vodka et une bouteille de whisky dans son blouson, et sous les fesses du mioche, il y a deux dvd. Dans le panier du dessous, elle a collé quelques provisions : une bouteille de coca, des biscuits, deux barres de céréales, des trucs à poser sur le tapis roulant pour endormir la caissière.
Léa se retient. Le mioche hurle dans sa poussette ; si tout le monde ne regardait pas déjà de leur côté, elle lui balancerait un bon coup de pied.
Elle qui ne lisait que des classiques, du théâtre, s’est mise aux polars.
Mais aujourd’hui, tout est différent. Elles ont des armes, et Paloma se fait fort de décider Élisabeth à aller chercher le fric là où il est.