Le sous-bois est frais, sombre et surtout calme, à l'exception de l'appel occasionnel d'un oiseau quelque part dans la canopée épaisse, un patchwork de nuances de vert émeraude, de lichen, d'avocat et d'un vert foncé, cuivré, presque irisé. Il s'agit d'une forêt tropical montagneuse typique de l'île de Grande Terre en Nouvelle-Calédonie, un archipel situé dans le sud-ouest du Pacifique, à mi-chemin entre l'Australie et les îles Fidji. Le parc des Grandes Fougères est ainsi dénommé en raison de ses fougères géantes atteignant plus de 20 m qui confèrent à cette forêt une allure véritablement primitive. Le chemin grimpe pendant un moment, puis descend vers un ruisseau où le chant et les appels des oiseaux deviennent plus forts.
Il y a ensuite le cas des "baisers" chez les freux. Ces membres suprêmement sociaux de la famille des corbeaux nichent au sein de colonies bondées où les occasions de prises de bec sont légion. Une étude a révélé qu'après avoir vu son partenaire engagé dans une querelle, le freux le réconforte en enroulant son bec autour du sien, durant une minute ou deux. Ce comportement est décrit par les chercheurs de façon un peu technique comme une "affiliation postconflit de tierce partie", ce qui signifie qu'après un affrontement un spectateur non impliqué (tierce partie) offre un tendre réconfort à la victime agressée dans l'altercation, en général son conjoint.
Aujourd'hui cependant, suggérez qu'un oiseau présente une attitude qui ressemble à l'intelligence humaine, à la conscience ou à un sentiment subjectif, et vous êtes tout de suite accusé d'anthropomorphisme : interprétation du comportement de cet animal comme s'il s'agissait d'un homme couvert d'un plumage. C'est une impulsion humaine naturelle de projeter notre propre expérience sur la nature des autres créatures ; néanmoins cela peut nous égarer. Les oiseaux, comme les êtres humains, appartiennent au sous-embranchement des Vertébrés dans l'embranchement des Chordés du règne animal, mais la partie commune s'arrête là. Les oiseaux sont une classe et les mammifères, une autre. Cette séparation implique énormément de disparités biologiques.
Puisque le chant des oiseaux est un comportement complexe et exigeant, il peut opérer comme un baromètre pratique et précis non seulement de la santé générale d'un prétendant, mais aussi de ses capacités intellectuelles.
L'utilisation d'outils n'est donc peut-être pas très différente du jeu : elle exige de l'intelligence et la nourrit.
Il est en général admis que des animaux confrontés à des environnements impitoyables ou imprévisibles développent des facultés cognitives accrues, parmi lesquelles des compétences supérieures en terme de résolution de problèmes et la faculté d'explorer de nouvelles choses.
L'autre théorie avance que les pressions sociales ont favorisé l'évolution d'un esprit flexible et intelligent : s'entendre avec les autres, revendiquer et défendre son territoire, prendre garde aux pilleurs et aux voleurs, trouver un partenaire, prendre soin de ses descendants, partager les responsabilités.
Les rapaces nocturnes sont difficiles à étudier dans la nature pour les raisons mêmes qui nous les font aimer : ils sont silencieux, méfiants, secrets et souvent insaisissables.
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Il existe aujourd'hui presque deux cent soixante espèces recensées de chouettes et de hiboux, et ce nombre ne cesse de croître. Ils vivent dans tous les types d'habitats sur presque tous les continents -du désert à la prairie en passant par la forêt tropicale, les pentes des montagnes, la toundra enneigée de l'Arctique.
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Ce sont les liens et les connexions entre les cellules du cerveau qui importent réellement en matière d'intelligence. Et à cet égard, le cerveau des oiseaux n'est pas différent de celui des hommes.
Observez les oiseaux pendant un certain temps, et vous verrez que différentes espèces font les choses, même les plus banales, de façon radicalement différente. Dans le langage, nous faisons un clin d’œil à cette diversité par la grande variété d’expressions utilisées pour décrire nos propres comportements et attitudes. Distraits, nous pouvons avoir une tête de linotte et nous faire prendre pour un perdreau de l’année, c’est souvent passer pour une bécasse, une buse ou une dinde. Il faut une cervelle d’oiseau, et spécifiquement de moineau, pour être fier, voire vaniteux, comme un paon, et, à tous les coups, on sera finalement le pigeon de l’histoire ou le dindon de la farce, donc inutile de monter sur ses ergots et de pousser des cris d’orfraie si on se laisse prendre au miroir aux alouettes, cela évitera des prises de bec. Quand on bâille aux corneilles, il est peut-être temps d’aller se coucher avec les mères poules. S’il fait un froid de canard, il convient d’être gai comme un pinson et de siffler comme un merle, à moins que ne vienne le moment de notre chant du cygne. Y penser donne la chair de poule, mais inutile de mener la politique de l’autruche et de faire le pied de grue, les rapaces et les vautours qui nous entourent pourraient en profiter. Mieux vaut rester bavard comme une pie et surveiller les alentours d’un œil d’aigle en attendant, malgré notre appétit d’oiseau, d’être ravitaillé par les corbeaux. Blanche colombe ou vilain petit canard, arrive toujours le moment où l’on se sent pousser des ailes, à moins qu’on ne nous les rogne. On veut tous, justement, voler de nos propres ailes sans se les brûler mais, quand on bat de l’aile, c’est peut-être qu’on a un coup dedans. On y laisse alors des plumes, lorsqu’on nous vole dans celles-ci, et on se sent comme un oiseau sur la branche ; on veut faire son nid, et on cherche l’oiseau rare en se gardant de ceux de mauvais augure. On l’attend, on se dit que le petit oiseau va finir par sortir, mais non, il s’est envolé, c’était un oiseau de passage. Et pourquoi donc, notre ramage ne valait-il donc pas notre plumage ?