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Citations de Jeroen Brouwers (63)


Il s'était répandu à profusion, à Rotterdam comme dans toute l'Europe. Une bestiole noire aux pattes cassées, à l'intérieur d'un cercle blanc se détachant sur un fond rouge sang. Emblème conçu par le Fürher en personne. La voracité insatiable en marche sur ses pattes qui, dans un bruit de fer, écrasait, broyait, pulvérisait tout sur son passage, ne laissant derrière elle que l'épouvante.
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Et dans ce chenre, le reste est encore bien pire! Des bandes dessinées! Pour ceux qui sont trop flemmards pour lire fraiment. Fatras d'enfantillaches qui ramolissent le cerfeau. Et ça encore, autre exemple d'abomination: un album de Tintin, le Temple du Soleil, qui, froissé comme il l'est, a circulé de mains en mains! Inepties! Coup sur le pupitre. Blasphémie! Re-coup sur le pupitre. C'est faire outrache à Dieu! Lire pareil chose est un péché! Autre coup sur le pupitre. Il faut punir! Et nouveau coup sur le pupitre!
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Le célibat, a-t-elle dit en grimaçant, comme si elle allait vomir. Nous en avons nous-mêmes un qui est comme ça dans la paroisse. Le père Glaudemans. Il fait venir les enfants de chœur au presbytère, leur offre une cigarette, une tasse de chocolat et se met à les tripoter.
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C’est à qui est le plus gros et crie le plus fort que reviennent pouvoir et autorité.
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Je constate la même érection qu’hier. Bien sûr, ce n’est pas la même, mais une nouvelle, tout comme à la boulangerie le pain vient toujours de sortir du four. Une érection fraîche, chaude comme un petit pain dans ma main refermée sur elle. Juste pour la fierté de la sentir, rien qu’un instant, car le temps me manque, ce matin — il est cinq heures et demie —, pour faire plus. Elle se relâche aussitôt que tout ce qui s’est produit hier me revient en trombe à l’esprit.
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Les comics sont donc complètement tabous dans notre institution. Même l’innocent hebdomadaire pour enfants, paraissant depuis peu, dans lequel un canard en maillot de marin, mais dont tout le bas du corps est dévêtu, vit des aventures en compagnie de trois de ses neveux représentés de façon identique. Je me souviens des histoires illustrées plus ancienne d’un ours en veston à carreaux qui laisse la nudité du reste de sa personne apparaître. Il a pour ami un chat qui vit sa vie totalement dévêtu. Tarzan, l’homme-singe issu d’un autre comic, vagabonde presque nu à travers la forêt vierge, le bas-ventre couvert d’un simple lambeau de peau de léopard. Il est capable de pousser un cri jusqu’au tréfonds de la jungle dont les vibrations envahissent dix images consécutives. Ce qui ne peut inspirer que des pensées néfastes à la jeunesse.
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Qu'avec moi, qui n'ai pas de nostalgie, la littérature des Indes néerlandaises prenne fin.
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Tôt ou tard il faudra bien que tout soit pardonné, mais les remords demeurent et prolifèrent en moi telle une plante cancéreuse répugnante et exhalant une odeur pestilentielle. Ces remords se manifestent lorsque s'imposent à votre mémoire des souvenirs qui ont été évoqués non sciemment, vous submergeant tout à coup comme parfois, la douleur.
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A partir de ce moment-là, je suis égaré. Mon dégoût de la vie et mon désir de ne pas être présent.
A partir de ce moment-là, je sais que dorénavant, désormais, je préférerais toujours être seul et ne pas devoir m'attacher à quelqu'un ou à quelque chose car je ne veux pas voir mon amour et la beauté que je chéris être ravagés ou abîmés.
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Je pense que je serais un mauvais écrivain si j'étais " heureux " : les écrivains heureux n'ont rien à raconter.
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Il m'a dit : il faut accepter que la vie soit de temps à autre d'une idiotie à mourir, il faut pouvoir lui foutre parfois un coup de pied au derrière pour que tout aille de traviole, sinon on se retrouve devant une terne succession de dates sans signification aucune qui, au final, ne laissent aucun souvenir, bribes arbitraires d'existence sans la moindre cohérence, la vie comme enchainement d'anecdotes fortuites. De temps à autre, il faut oser, tu es d'accord avec moi?
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et je ne suis pas non plus aussi courageux qu'elle la été, en réalité je suis au contraire assez peureux, pire : il m'arrive de temps à autre d'être à moitié fou d'angoisse... Mon angoisse est parfois si forte que j'ai la sensation que mon visage s'est transformé par liquéfaction en une sorte de bouillie et qu'il dégouline en grumeaux le long de mon corps
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un écrivain comme moi vit sa vie deux fois - la seconde fois quand il décrit ce qu'il a vécu la première fois"..... "La haine de la vie, la misanthropie et la misogynie me rendent malade. L'angoisse me rend malade... Écoutez moi ... Ayez pitié de moi"
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J’essaie de ne pas bouger et de faire en sorte que la tente en poil de chameau entre le moins possible en contact avec ma chair, chair méprisable, que je devrais flageller avec la corde à nœuds. Ce dont je me garde bien.
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Le froc dépenaillé de François est ceint autour de la taille par une corde blanche à trois nœuds rappelant les grands principes qui ont guidé sa vie. Premier nœud: pauvreté. Deuxième nœud : obéissance. Troisième nœud : abstinence ou chasteté.
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Personne n’a ri, alors que tout, dans notre existence quotidienne strictement réglementée, pourrait prêter à rire, ne serait-ce que du bout des lèvres, car comment supporter sans cela la vie en communauté. Le rire n’avait désormais plus droit de cité, et il ne devait plus jamais l’avoir.
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On ne peut fumer que dans la salle de détente et dans le jardin, à des heures définies, en dehors des jours de jeûne, d’abstinence et de la semaine sainte. Jamais dans la cour de récréation. Les élèves n’ont pas le droit de fumer, ce qui, bien sûr, ne les empêche pas de le faire en cachette, dans les chiottes. Les péchés de Wiro sont multiples.
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En tant que professeur d’allemand, j’avais comme par instinct remarqué la faute qu’il avait faite en employant mich au lieu de mir ainsi que la construction incorrecte de sa phrase : il aurait dû dire mir gegenüber. Le couloir au carrelage blanc et noir. Je le suivais, dans mes chaussures ferrées, ayant alors encore des chaussures normales aux pieds, mais j’étais en train d’entrer dans le monastère au lieu d’en sortir. Côté jardin, deux pigeons sur la pelouse. Si le gris s’envole en premier, je sais ce qu’il me reste à faire. Pourquoi ne pas l’avoir su immédiatement, ni plus tard, d’ailleurs.
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À propos ces livres tous ces livres à quoi bon lire tout ça disons cette littérature moderne en quelque sorte, a-t-il fait en affichant une moue renfrognée. Puis, continuant à compter sur ses doigts : avec ça une chambre particulière pourvue d’un bon matelas et de draps le linge blanchi par notre frère Plechelmus c’est, je veux dire quand même.
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J’ai confié mon secret à Theo, qui me méprise parce que je ne cesse de tergiverser, de ruminer, de remettre à plus tard, de ne rien faire, de me montrer pusillanime. Il suffit de franchir la porte d’entrée et de tourner à droite, dit-il. Si tu attends encore, tu vas perdre le pot. Je perds le pot si j’attends encore.
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