Citations de Jessica Moor (27)
Katie se penche par dessus le bar. Elle hurle sa commande à l'oreille du serveur à l'air las, dont la longue queue-de-cheval paraît aussi coquette et soyeuse que celle d'une petite fille . ça fait à peine une heure qu'elle et ses amies sont rentrées dans le club ; la ruisselante agression des sens et l'euphorie calculée ont commencé à s'émousser, sans qu'elles soient encore suffisamment ivres pour se calfeutrer dans leur générosité et que l'argent cesse de compter. quelle plaie de devoir brailler une commande pour sept...
Des notions flottent dans sa tête comme des méduses.
Elle doit les repousser, observant leur dérive dans de lents mouvements atones.
La peau vieille et contusionnée s'entasse dans ses replis, comme un tas de journaux mouillés qui se désagrège sur le bitume.
Même une horloge arrêtée donne l'heure exacte 2 fois par jour.
Proverbe chinois
- (...) j'imagine que vous ignorez qu'une femme battue retourne en moyenne entre cinq et sept fois chez son bourreau, avant d'être finalement capable de partir pour de bon.
(p. 278)
- Y a-t-il un type particulier de personnes qui se suicident ?
(...)
En son for intérieur, il sentait une réponse s'esquisser - "Oui, il y a un certain type, en effet, et ce sont les égoïstes, mais ça ne se dit pas."
Whitworth se demandait à quel point il serait plus facile de faire son travail [de policier] s'il n'avait pas à dépenser autant d'énergie à essayer de se souvenir de toutes ces choses qu'on était censé dire ou pas.
- Oui.
Ce "oui" était supposé signifier : "Oui, les personnes déprimées. Les gens qui ont juste besoin d'en finir, qui ont besoin que la douleur s'en aille. Le suicide est un remède qui les tue." Mais il n'alla pas plus loin.
(p. 171)
- Je ne parle pas à la légère, dit-il. Tu es vraiment géniale. Et tu mérites d'être bien traitée. Prends-le comme un compliment.
[Il] a tendance à diviser le monde des hommes en deux - celui de ceux qui traitent bien les femmes et l'autre. Les premiers comptent le temps en bouquets et fleurs, en petits cadeaux, en dépenses qui n'attendent rien en retour.
A quoi ressemblent ceux qui maltraitent les femmes ? Elle l'ignore, elle sait seulement que [lui] n'en fait pas partie. Inutile de creuser davantage.
(p. 129)
- Nous ne sommes pas imprudentes, inspecteur. (...) J'ignore si vous savez quelles pensionnaires se retrouvent dans ce genre de refuge, mais soyez bien conscient que notre priorité absolue est de les protéger contre des menaces réelles de féminicides. Nous faisons attention. (...) Elles comptent sur moi pour ça, pas sur vous. Pas sur la police ou les tribunaux.
(p. 46)
Whitworth [policier] trouvait que les mecs jeunes chialaient trop, de nos jours.
(p. 27)
Petit à petit, elles sont toutes rentrées au bercail [après leurs études]. Chaque jour, elles font le trajet jusqu'à la City pour remplir des tableurs Excel dans différents services, en se disant que cela doit bien avoir un lien avec leurs compétences, ou, simplement, que ça leur fait de "l'expérience".
(p. 14)
On aurait dit qu’elle essayait d’établir une espèce de sororité.
C’est ce qu’il y a de pire, quand on est victime. On n’arrive plus à regarder personne d’autre que soi.
Aimer quelqu’un est important - ça lui donne le sentiment qu’où qu’elle aille, il y aura toujours une courroie élastique pour la ramener vers une base ferme.
Il ne faut pas faire de généralités, bien sûr, mais que serait l’instinct d’un flic sans ce genre de généralisations occasionnelles?
Avec un témoin de ce genre, il fallait se montrer aimable, lui faire croire qu’elle parlait de son plein grès.
Il n'avait jamais personnellement eu affaire à Valerie Redwood, la directrice du refuge pour femmes où avait travaillé Katie jusqu'à sa mort, mais tout le commissariat la savait aussi coopérative qu'un sac de ciment.
C’est à ce moment-là qu’il avait compris : il ne faut jamais présumer de ce qui se passe dans les relations d’autrui.
Quand les gens ne se donnent pas la peine de répondre à tes messages, c’est que tu ne comptes pas pour eux. Pourquoi t’en faire ?
L’idée que n’importe qui pouvait être identifié et coincé en deux ou trois clics était censée représenter une aubaine pour les policiers. Mais, en réalité, ça lui faisait surtout froid dans le dos.
Personne ne peut vous faire ressentir quoi que ce soit, lui avait affirmé l’un de ses psys. Vous éprouvez quelque chose parce que d’une certaine façon, c’est vous qui l’avez choisi.