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Citations de Jhumpa Lahiri (67)


Derrière le restaurant il y avait une petite plage, et quand ils eurent fini de manger ils se promenèrent un peu le long du rivage, dans un vent si fort qu'ils devaient marcher à reculons. Mrs Sen montra la mer et dit qu'à un certain moment chaque vague ressemblait à un sari séchant sur une corde à linge.
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Je regarde le ciel renfrogné qui couvre la mer, qui se confond avec l'horizon, la paix au-delà de cette confusion. Je suis frappée que personne à part moi ne s'aperçoive de la splendeur de la mer.
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Ils ne sont pas d'ici. Ils ont beau travailler toute la journée dans une ruelle bruyante, ils demeurent des insulaires, ils ont dans leurs os la brûlure du soleil, des collines arides remplies de moutons, des rafales de mistral.
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Le trottoir, d’où jaillissent les racines des arbres, n’est pas pratique. À cause de ces racines, certains tronçons sont presque impraticables, et de fait, moi aussi, j’ai tendance à marcher au milieu de la rue.
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Il est en train de traverser un pont, il arrive d’un côté, moi de l’autre. On s’arrête au milieu pour regarder les ombres des passants projetées sur le mur qui longe le fleuve. On dirait des fantômes qui avancent en file indienne, des âmes obéissantes qui passent d’un monde à l’autre. Le trajet du pont est plat, et pourtant on a l’impression que les ombres – silhouettes dépourvues de substance contre le mur solide – montent, et ne cessent de s’élever. On a l’impression de voir des prisonniers qui avancent en silence vers un but néfaste.
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Je vais vérifier le livre qu’il avait envie d’emporter. J’espère qu’il n’y a pas une tache de confiture ou de chocolat sur la couverture. Mais non, heureusement il n’a pas laissé de traces. Sans aucun doute il a dû penser : Cette femme possède des milliers de livres et elle n’est même pas capable de m’en prêter un. Mais ce livre m’est précieux, et je crois que ce type serait incapable de saisir la signification du moindre mot.
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Dans l’eau je m’éloigne totalement de mon existence. Les pensées se confondent, elles filent sans obstacle. Tout – le corps, le cœur, l’univers – me paraît supportable parce que l’eau me protège et rien ne m’atteint.
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Au milieu de cette pièce se trouvent deux banquettes moelleuses, en cuir noir. Je m’assois pour observer le soleil. Il traverse le toit vitré et filtre la lumière, modifiant les teintes des arbres et des buissons. La lumière changeante éclaircit et assombrit ce jardin continuellement. Cette scène terrestre m’évoque pourtant la mer, quand on nage sous l’eau dans une tache de bleu.
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Aussi agréable avait-elle été, cette semaine passée à Seattle n'avait fait que lui confirmer son refus de rejoindre une autre famille, de s'intégrer au désordre, aux tensions, aux exigences, à la dépense d'énergie que supposait la vie d'un noyau familial. Il ne voulait pas vivre encore une fois dans une trop grande maison qui se remplirait forcément d'objets inutiles les années passant, au fur et à mesure que les enfants grandiraient, tous ces papiers, ces livres, ces vêtements, ces souvenirs que l'on se croit obligé de conserver et dont il venait tout juste de se débarrasser...
...
Il s'est souvenu de Romi et de Rouma revenant de leur camp de vacances, agacés par leurs parents, passionnément attachés à leur toute fraîche indépendance, pressés de repartir. Sa femme en avait été blessée et lui aussi, il en avait éprouvé de la peine même s'il n'avait jamais voulu l'admettre. Il ne pouvait s'empêcher de repenser au temps où ils étaient si petits et fragiles, où ils gigotaient dans ses bras inquiets, où leur survie ne dépendait que de lui, où ils ne connaissaient personne d'autre que sa femme et lui, tout leur univers... Et puis cette dépendance avait fini par s'émousser, par se réduire à un fil ténu, mal défini, toujours près de se rompre. C'était cette sensation de perte qui attendait Rouma au tournant : ses enfants deviendraient aussi des inconnus qui chercheraient à l'éviter, et c'était parce qu'elle était sa fille qu'il désirait tant la protéger de ce revirement, tout comme il avait si souvent essayé de lui épargner ce que la vie a de plus pénible. Il voulait la sauver de l'usure inévitable que connaît toute relation conjugale, et d'une conclusion qui lui apparaissait trop souvent incontestable : toute l'entreprise de fonder une famille, de donner le jour à des enfants, aussi gratifiante qu'elle puisse parfois paraître, était viciée dès le départ.
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Si je disais à ma mère que j'aime être seule et me sentir maîtresse de mon temps et de mon espace, malgré le silence, malgré les lumières que je n'éteins pas en sortant de chez moi, ni même la radio, elle me regarderait sans y croire, elle dirait que la solitude est un manque, rien d'autre.(p32)
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Faire la solitaire est devenu mon métier. Il s'agit d'une discipline, je m'efforce de la perfectionner mais pourtant j'en souffre, la solitude a beau être une habitude elle me désespère. (p31)
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Lors de chaque séance, il fallait raconter quelque chose de positif. Malheureusement mon enfance me fournissait peu d'exemples. Alors je parlais du balcon de mon appartement, les jours de grand soleil, quand je prends mon petit-déjeuner. Et je lui racontais le plaisir d'avoir un stylo tiède à la main, en plein air et d'écrire, pourquoi pas, quelques lignes. (p38)
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Désormais ma mère est attachée à la vie comme un morceau de scotch jauni, dans un album de photos, qui peut lâcher à tout instant en accomplissant sa tâche. Il suffit de tourner la page pour qu’il se détache en laissant derrière lui, sur le papier, une tache claire, carrée.
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Mes étudiants ne savent quasiment pas écrire à la main, il suffit d’appuyer sur des touches pour s’informer, pour s’aventurer dans le monde. Leurs pensées surgissent sur l’écran, elles habitent dans un nuage dépourvu d’existence, disponible à tout le monde.
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La solitude exige une évaluation précise du temps, j’en ai conscience depuis toujours, comme de l’argent dans le porte-monnaie : la quantité qu’il faut tuer, la quantité qu’il reste avant le dîner, avant d’aller au lit.
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Faire la solitaire est devenu mon métier. Il s’agit d’une discipline, je m’efforce de la perfectionner mais pourtant j’en souffre, la solitude a beau être une habitude elle me désespère, sans doute à cause de l’influence de ma mère. Ma mère a toujours eu peur de la solitude et désormais sa vie de vieille l’accable, au point que quand je l’appelle pour avoir de ses nouvelles, elle se contente de répondre : Plutôt seule. Elle manque d’occasions amusantes et surprenantes, bien qu’en réalité elle ait de nombreux amis qui l’aiment, une vie sociale plus complexe et mouvementée que la mienne. La dernière fois que je lui ai rendu visite, par exemple, le téléphone n’a pas arrêté de sonner. Il n’empêche qu’elle me paraît toujours en attente, de quoi, je l’ignore, le passage du temps est devenu son fardeau.
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Je ne parviens pas à répondre. Je ne suis pas capable d'avoir la moindre conversation. J'écoute. Ce que j'entends, dans les magasins, dans les restaurants, suscite une réaction instantanée, intense, paradoxale. La langue semble déjà être à l'intérieur de moi et, en même temps, tout à fait extérieure. Elle ne semble pas être une langue étrangère, bien que je sache qu'elle l'est. Elle semble, si étrange que cela puisse paraître, familière. Je reconnais des choses, bien que je ne comprenne presque rien.
Ce que je reconnais ? C'est une belle langue, certes, mais ça n'a rien à voir avec la beauté. Il me semble que c'est une langue avec laquelle je dois avoir une relation. Il me semble que c'est une personne que je rencontre un jour par hasard, à laquelle je me sens tout de suite liée, attachée. Comme si je la connaissais depuis des années, même si tout est encore à découvrir. Je sais que je serai insatisfaite, incomplète, si je n'apprends pas cette langue. Je me rends compte qu'il existe un espace à l'intérieur de moi où elle sera à son aise.
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Moi, à l’âge adulte, j’ai appris à accepter certaines habitudes, je comprends la nécessité de partir et de ralentir. Ça ne me déplaît pas, une fois par an, de changer d’air. Je ne retourne jamais au même endroit, je préfère ne pas créer de liens, de dépendances. Le problème, c’est que je me sens moins loin de ma vie quotidienne qu’étrangère à ma famille d’origine, et à ma jeunesse. Une distance aussi voulue que décourageante.
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Mon père, par sagesse peut-être, ou par entêtement, considérait qu’il valait mieux se détendre chez soi sans faire les valises, sans devoir s’acclimater pour peu de temps dans un endroit inconnu. C’est ainsi qu’on perd la moitié des vacances, disait-il. Par conséquent, chaque année, durant la période où l’on ne devait pas travailler, il restait à la maison. Il restait tard en pyjama, descendait sans se presser acheter les journaux et saluer les voisins déjà à la retraite, réunis sur les bancs. Puis il s’allongeait sur le canapé, devant un ventilateur, pour lire les journaux et écouter un peu de musique. Il ne recherchait pas les montagnes, la mer, face aux spectacles de la nature il n’éprouvait aucune émotion. La tranquillité, à ses yeux, consistait à s’enfermer, sans bouger, dans l’endroit où il vivait d’habitude, son seul ermitage.
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Elle dit qu’elle connaît le peintre personnellement. Elle affirme qu’il a beau avoir du talent, il est surévalué. Chacune de ses opinions me heurte, me semble toujours erronée, voire un peu mal élevée. Et néanmoins son tempérament impétueux m’intrigue, c’est une femme un peu magicienne, elle serait capable de haranguer les foules.
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