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Citations de Joachim Du Bellay (185)


Je ne veux point fouiller au sein de la nature,
Je ne veux point chercher l'esprit de l'univers,
Je ne veux point sonder les abîmes couverts,
Ni desseigner du ciel la belle architecture.
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Tristes désirs, vivez donc contents
Si le temps finit chose si dure
Il finira la peine que j'endure
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Sonnet 12

Vu le soin ménager dont travaillé je suis,
Vu l’importun souci qui sans fin me tourmente,
Et vu tant de regrets desquels je me lamente,
Tu t’ébahis souvent comment chanter je puis.

Je ne chante, Magny, je pleure mes ennuis,
Ou, pour le dire mieux, en pleurant je les chante,
Si bien qu’en les chantant, souvent je les enchante :
Voilà pourquoi, Magny, je chante jours et nuits.

Ainsi chante l’ouvrier en faisant son ouvrage,
Ainsi le laboureur faisant son labourage,
Ainsi le pèlerin regrettant sa maison,

Ainsi l’aventurier en songeant à sa dame,
Ainsi le marinier en tirant à la rame,
Ainsi le prisonnier maudissant sa prison.
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Au Roi

Ne vous pouvant donner ces ouvrages antiques
Pour votre Saint-Germain ou pour Fontainebleau,
Je vous les donne, Sire, en ce petit tableau
Peint, le mieux que j’ai pu, de couleurs poétiques :

Qui mis sous votre nom devant les yeux publiques,
Si vous le daignez voir en son jour le plus beau,
Se pourra bien vanter d’avoir hors du tombeau
Tiré des vieux Romains les poudreuses reliques.

Que vous puissent les dieux un jour donner tant d’heur,
De rebâtir en France une telle grandeur
Que je la voudrais bien peindre en votre langage :

Et peut-être qu’alors votre grand Majesté,
Repensant à mes vers, dirait qu’ils ont été
De votre monarchie un bienheureux présage.

(Les Antiquités)
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Si notre vie est moins qu’une journée
En l’éternel, si l’an qui fait le tour
Chasse nos jours sans espoir de retour,
Si périssable est toute chose née,

Que songes-tu, mon âme emprisonnée ?
Pourquoi te plaît l’obscur de notre jour,
Si pour voler en un plus clair séjour,
Tu as au dos l’aile bien empanée ?

Là, est le bien que tout esprit désire,
Là, le repos où tout le monde aspire,
Là, est l’amour, là, le plaisir encore.

Là, ô mon âme au plus haut ciel guidée !
Tu y pourras reconnaître l’Idée
De la beauté, qu’en ce monde j’adore.
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Et si notre langue n'est pas aussi abondante et riche que la grecque ou latine, cela ne doit pas être imputé comme un défaut congénital, comme si d'elle-même elle ne pouvait jamais être que pauvre et stérile ; c'est dû à l'ignorance de nos ancêtres, qui ayant (comme le dit [Saluste], parlant des anciens Romains) en plus grand recommandation le bien faire que le bien dire, et aimant mieux laisser à leur postérité les exemples de vertu que les préceptes, se sont privés de la gloire de leurs belles actions, nous privant par là du fruit de l'imitation [de la narration] de celles-ci. Mais qui oserait dire que les langues grecque et romaine ont toujours été dans l'état d'excellence où on les a vues du temps d'Homère et de Démosthène, de Virgile et de Cicéron ? Et si ces auteurs avaient jugé que jamais, quelque effort qu'on eût fait pour les soigner et pour les cultiver, elles n'auraient su produire meilleurs fruits, se seraient-ils tant efforcés de les amener au point où nous les voyons maintenant ? Aussi en dirai-je de même de notre langue qui commence seulement à fleurir sans encore fructifier ; ou plutôt elle ressemble à une plante qui, n'ayant pas encore fleuri, n'en est pas moins susceptible d'apporter tout le fruit qu'elle est promise à produire.
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Chaque langue possède un je-ne-sais-quoi qui lui est propre : si vous vous efforcez d'en exprimer le génie naturel dans une autre langue en suivant la loi de la traduction, qui est de ne point s'écarter des termes employés par l'auteur, votre style restera contraint, froid et disgracieux. Ainsi, demandez qu'on vous lise un Démosthène ou un Homère en latin, un Cicéron ou un Virgile en français, afin de voir s'ils susciteront en vous les mêmes impressions que dans l'original : vous vous sentirez comme un Protée se métamorphosant de différentes façons, car vous n'éprouverez point la même chose qu'en lisant ces auteurs dans leur langue. Il vous semblera passer de l'ardente montagne de l'Etna à un froid sommet du Caucase.
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Je ne te prie pas de lire mes écrits,
Mais je te prie bien qu’ayant fait bonne chère,
Et joué toute nuit aux dés, à la première,
Et au jeu que Vénus t’a sur tous mieux appris,

Tu ne viennes ici défâcher tes esprits,
Pour te moquer des vers que je mets en lumière,
Et que de mes écrits la leçon coutumière,
Par faute d’entretien, ne te serve de ris.

Je te prierai encor, quiconque tu puisse être,
Qui, brave de la langue et faible de la dextre,
De blesser mon renom te montres toujours prêt,

Ne médire de moi : ou prendre patience,
Si ce que ta bonté me prête en conscience,
Tu te le vois par moi rendre à double intérêt.

155 – [Le Livre de poche n° 2229, p. 169]
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AU LECTEUR.

Amy Lecteur, tu, trouverras étrange (peut estre) de ce
que j'ay si brevement traité un si fertil & copieux argument,
comme est l'illustration de nostre poésie Francoyse, capable
certes de plus grand ornement que beaucoup n'estiment.
Toutes/ois tu doibz penser que les Arz & Sciences n'ont
receu leur perfection tout à un coup & d'une mesme main :
aincoys par succession de longues années, chacun y conferant
quelque portion de son industrie, sont parvenues au
point de leur excellence. Recoy donques ce petit ouvraige,
comme un desseing & protraict de quelque grand & laborieux
édifice, que j'entreprendray (possible) de conduyre, croissant
mon loysir & mon scavoir, & si je congnoy' que la nation
Francoyse ait agréable ce mien bon vouloir, vouloir (dy-je)
qui aux plus grandes choses a tousjours mérité quelque
louange. Quant à l'orthographe, j'ay plus suyvy le commun
& antiq' usaige que la raison : d'autant que cete nouvelle
(mais légitime, à mon jugement) façon d'ecrire est si mal
receue en beaucoup de lieux, que la nouveauté d'icelle eust
peu rendre l'œuvre non gueres de soy recommendable, mal
plaisant, voyre contemptible aux lecteurs. Quand aux
fautes qui se pouroint trouver en l'impression, comme de
lettres transposées, omises ou superflues, la première édition
les excusera, & la discrétion du lecteur scavant, qui
ne s'arrestera à si petites choses.

A Dieu, Amy Lecteur.
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(Les Antiquitez de Rome)

XXXII

Esperez vous que la postérité
Doive (mes vers) pour tout jamais vous lire ?
Esperez vous que l'œuvre d'une lyre
Puisse acquérir telle immortalité ?

Si sous le ciel fust quelque eternité,
Les monuments que je vous ay fait dire,
Non en papier, mais en marbre et porphyre,
Eussent gardé leur vive antiquité.

Ne laisse pas toutefois de sonner,
Luth, qu'Apollon m'a bien daigné donner :
Car si le temps ta gloire ne desrobbe,

Vanter te peuls, quelque bas que tu sois,
D'avoir chanté, le premier des François,
L'antique honneur du peuple à longue robbe.
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(Les Antiquitez de Rome)

XIII

Ny la fureur de la flamme enragee,
Ny le trenchant du fer victorieux,
Ny le degast du soldat furieux,
Qui tant de fois (Rome) t'a saccagee,

Ny coup sur coup ta fortune changee,
Ny le ronger des siecles envieux,
Ny le despit des hommes et des Dieux,
Ny contre toy ta puissance rangee,

Ny l'esbranler des vents impetueux,
Ny le débord de ce Dieu tortueux,
Qui tant de fois t'a couvert de son onde,

Ont tellement ton orgueil abbaissé,
Que la grandeur du rien qu'ilz t'ont laissé
Ne face encor' esmerveiller le monde.

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(Les Regrets)

IV

Je ne veulx feuilleter les exemplaires Grecs,
Je ne veulx retracer les beaux traicts d'un Horace,
Et moins veulx-je imiter d'un Petrarque la grace,
Ou la voix d'un Ronsard, pour chanter mes regrets.

Ceulx qui sont de Phoebus vrais poëtes sacrez,
Animeront leurs vers d'une plus grand' audace :
Moy, qui suis agité d'une fureur plus basse,
Je n'entre si avant en si profonds secretz.

Je me contenteray de simplement escrire
Ce que la passion seulement me fait dire,
Sans rechercher ailleurs plus graves arguments.

Aussi n'ay-je entrepris d'imiter en ce livre
Ceulx qui par leurs escripts se vantent de revivre,
Et se tirer tous vifs dehors des monuments.
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(Les Antiquitez de Rome)

IX

Astres cruelz, et vous Dieux inhumains,
Ciel envieux, et marastre Nature,
Soit que par ordre ou soit qu'à l'aventure
Voyse le cours des affaires humains,

Pourquoy jadis ont travaillé voz mains
A façonner ce monde qui tant dure ?
Ou que ne fut de matiere aussi dure
Le brave front de ces palais Romains ?

Je ne dy plus la sentence commune,
Que toute chose au dessous de la Lune
Est corrompable et sugette à mourir :

Mais bien je dy ( et n'en veuille desplaire
A qui s'efforce enseigner le contraire )
Que ce grand Tout doit quelquefois perir.
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(Les Antiquitez de Rome)

III

Nouveau venu, qui cherches Rome en Rome
Et rien de Rome en Rome n'apperçois,
Ces vieux palais, ces vieux arcz que tu vois,
Et ces vieux murs, c'est ce que Rome on nomme.

Voy quel orgueil, quelle ruine : et comme
Celle qui mist le monde sous ses loix,
Pour donter tout, se donta quelquefois,
Et devint proye au temps, qui tout consomme.

Rome de Rome est le seul monument,
Et Rome Rome a vaincu seulement.
Le Tybre seul, qui vers la mer s'enfuit,

Reste de Rome. O mondaine inconstance !
Ce qui est ferme, est par le temps destruit,
Et ce qui fuit, au temps fait resistence.
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(Les Antiquitez de Rome)

II

Le Babylonien ses haults murs vantera
Et ses vergers en l'air, de son Ephesienne
La Grece descrira la fabrique ancienne,
Et le peuple du Nil ses pointes chantera :

Le mesme Grece encor vanteuse publira
De son grand Juppiter l'image Olympienne,
Le Mausole sera la gloire Carienne,
Et son vieux labyrinth' la Crete n'oublira :

L'antique Rhodien elevera la gloire
De son fameux Colosse, au temple de Memoire :
Et si quelque œuvre encor digne se peult vanter

De marcher en ce ranc, quelque plus grand' faconde
Le dira : quant à moy, pour tous je veulx chanter
Les sept costaux Romains, sept miracles du monde.
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(Les Regrets)

I

Je ne veulx point fouiller au seing de la nature,
Je ne veulx point chercher l'esprit de l'univers,
Je ne veulx point sonder les abysmes couvers,
Ny desseigner du ciel la belle architecture.

Je ne peins mes tableaux de si riche peinture,
Et si hauts argumens ne recherche à mes vers,
Mais suivant de ce lieu les accidents divers
Soit- de bien, soit de mal, j'escris à l'adventure.

Je me plains à mes vers, si j'ay quelque regret,
Je me ris avec eulx, je leur dy mon secret,
Comme estans de mon coeur les plus seurs secretaires.

Aussi ne veulx-je tant les pigner & friser,
Et de plus braves noms ne les veulx deguiser,
Que de papiers journaulx, ou bien de commentaires.
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Si je n’ai plus la faveur de la Muse,
Et si mes vers se trouvent imparfaits,
Le lieu, le temps, l’âge où je les ai faits,
Et mes ennuis leur serviront d’excuse.

J’étais à Rome au milieu de la guerre,
Sortant déjà de l’âge plus dispos,
À mes travaux cherchant quelque repos,
Non pour louange ou pour faveur acquerre.

Ainsi voit-on celui qui sur la plaine
Pique le bœuf ou travaille au rempart
Se réjouir, et d’un vers fait sans art
S’évertuer au travail de sa peine.

Celui aussi, qui dessus la galère
Fait écumer les flots à l’environ,
Ses tristes chants accorde à l’aviron,
Pour éprouver la rame plus légère.

On dit qu’Achille, en remâchant son ire,
De tels plaisirs soulait s’entretenir,
Pour adoucir le triste souvenir
De sa maîtresse, aux fredons de sa lyre.

Ainsi flattait le regret de la sienne
Perdue, hélas, pour la seconde fois,
Cil qui jadis aux rochers et aux bois
Faisait ouïr sa harpe thracienne.
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(Les Regrets)

XXXI

Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,
Ou comme cestuy-là qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d'usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge !

Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m'est une province, et beaucoup davantage ?

Plus me plaît le séjour qu'ont bâti mes aïeux,
Que des palais Romains le front audacieux,
Plus que le marbre dur me plaît l'ardoise fine :

Plus mon Loir gaulois, que le Tibre latin,
Plus mon petit Liré, que le mont Palatin,
Et plus que l'air marin la doulceur angevine
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(Les Regrets)

IX

France, mère des arts, des armes et des lois,
Tu m'as nourri longtemps du lait de ta mamelle :
Ores, comme un agneau qui sa nourrice appelle,
Je remplis de ton nom les antres et les bois.

Si tu m'as pour enfant avoué quelquefois,
Que ne me réponds-tu maintenant, ô cruelle ?
France, France, réponds à ma triste querelle.
Mais nul, sinon Écho, ne répond à ma voix.

Entre les loups cruels j'erre parmi la plaine,
Je sens venir l'hiver, de qui la froide haleine
D'une tremblante horreur fait hérisser ma peau.

Las, tes autres agneaux n'ont faute de pâture,
Ils ne craignent le loup, le vent ni la froidure :
Si ne suis-je pourtant le pire du troupeau.
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