Citations de Joanna Smith Rakoff (13)
C'est l'acte d'écrire qui fait de toi un écrivain...si tu te lèves pour écrire tous les matins, alors tu es un écrivain. Ca n'a rien à voir avec la publication. Ca, c'est juste du commerce.
Mais, Dave, qu'est-ce qui ne va pas chez toi? Et il n'avait rien à leur répondre, si ce n'est peut-être qu'il entretenait une idée perverse, dont il ne savait pas à quand elle remontait, peut-être à la nuit des temps, mais décidément fausse -il le savait, il le savait!- à savoir que le génie authentique devait se révéler accidentellement, et non à la suite de manœuvres habiles d'autopromotion ou même de simple suggestion. S'il demandait cela, s'il l'obtenait, le triomphe qui en résulterait aurait moins de valeur, il serait entaché d'effort. Ou était-ce seulement qu'il avait peur de l'échec, une fois de plus?
Salinger n'était pas mièvre. Son œuvre n'était pas nostalgique. Il ne s'agissait pas de contes de fées racontant les histoires de petits génies arpentant les rues du New York d'antan. Salinger ne ressemblait pas du tout à ce que j'avais imaginé. Pas du tout.
Salinger était brutal. Brutal, drôle, précis. Je l'aimais. Tout, j'aimais tout.
Les vrais amis vous inspirent et vous mettent au défi.
Peut-être qu'il va mourir, me dis-je. Peut-être qu'il se sent seul. Peut-être que maintenant, il veut attirer l'attention. Peut-être qu'il s'est aperçu que ce qu'il croyait vouloir, ce n'était pas du tout ce qu'il voulait.
Parce que lire une histoire de Salinger, c'est moins lire une nouvelle qu'entendre Salinger vous la chuchoter à l'oreille. Il crée un monde à la fois incroyablement réel et terriblement plus intense que la réalité, comme s'il parcourait la terrer les nerfs à vif. Lire Salinger, c'est une expérience tellement intime qu'à certains moments, cela vous met mal à l'aise. Chez lui, les personnages ne restent pas assis à envisager le suicide. Ils prennent une arme et se tirent une balle dans la tête.
Écoute. Si on donne de l'argent à un auteur, il va le dépenser. C'est dans la nature des écrivains. Si on lui donne une grosse avance, il va la dépenser entièrement, c'est sûr. Mieux vaut lui donner une petite avance. Assez pour vivre, mais pas assez pour qu'il se croie riche. Juste assez pour qu'il ne mette pas une éternité à écrire le bouquin suivant.
La lecture de manuscrits se situait aux antipodes de la lecture universitaire : c'était du pur instinct, avec en prime une dose d'émotion et d'intelligence. Est-ce que ce roman fonctionne? Sinon est-il possible de le faire fonctionner? Me captive-t-il?
Pour attirer les autres, il faut être content de soi, certain de pouvoir supporter indéfiniment la solitude. Mais dès qu'on s'est fixé quelqu'un, on perd le sentiment de satisfaction et la confiance qui l'avaient attiré. On commence à s'inquiéter de son bonheur à lui, de ses objectifs, de ses désirs, au point de les intérioriser et de refouler en soi ses propres buts et ses envies.
Je ne voulais pas que l'on me divertisse. Je voulais qu'on
me provoque.
p. 63.
Salinger n'était pas mièvre. Son œuvre n'était pas nos-
talgique. Il ne s'agissait pas de contes de fées racontant
les histoires de petits génies arpentant les rues du New
York d'Antan. Salinger ne ressemblait pas du tout à ce
que j'avais imaginé. Pas du tout.
Salinger était brutal. Brutal, drôle, précis. Je l'aimais.
Tout, j'aimais tout.
p. 278.
…, des écrivains dont le style aus-
tère, implacable, se situait aux antipodes de l'idée que je
me faisais de Salinger : d'une mièvrerie insupportable,
d'une excentricité accrocheuse, affecté.
p. 62.
Le génie authentique devait se révéler accidentellement, et non à la suite de manoeuvres habiles d'autopromotion ou même de simple suggestion.