Si l’on est entré dans une réalité, il ne faut plus se soucier le moins du monde des commentaires qui vont leur train au-dehors. Puisqu’ils sont en dehors.
En très peu de temps ils oublièrent ce qu’ils avaient été tout au long de la guerre, des Français comme presque tous qui avaient enduré une condition austère, contraignante avec un courage sans grandeur, ce qui veut dire un courage neutre, terne, mais qui constitue la masse isolante entre l’héroïsme et toutes les turpitudes. Derrière cette masse qui fait mur, la résistance peut s’organiser et dynamiter le crime.[..]Comment pouvait-on discerner dans l’amalgame des peurs, des désirs incertains, des bonnes volontés réelles, des naïvetés, les bons des médiocres ? On ne le pouvait pas. L’univers s’était singulièrement rétréci autour des assiettes, des casseroles, du combustible, du savon, et chacun ressentait l’humiliation après coup.