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Critiques de Joffrine Donnadieu (69)
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Chienne et louve

Romy a vingt ans et, originaire de Toul, elle « monte » à Paris pour s'inscrire au Cours Florent et réaliser son rêve de devenir comédienne. Dénuée de toute ressource financière, elle est obligée de travailler dans un club de strip-tease à Pigalle où parfois les danses dans des salons privés se transforment en passes. Lassée de squatter à droite à gauche, elle réussit à se faire colocataire d'Odette, une quasi-nonagénaire confite en dévotion et à l'esprit devenu fragile. Les deux femmes cohabitent de façon chaotique, tressant leurs névroses dans des rapports où l'humiliation règne, dans un sens ou dans l'autre. ● La description des rapports entre les deux femmes, notamment par l'intermédiaire de petis animaux en cristal avec lesquels elles « jouent », est remarquable. Ces rapports oscillent entre le plus mauvais, les humiliations, les rosseries, les coups bas, de part et d'autre, et des moments d'apaisement. La narration de ces fluctuations est remarquablement maîtrisée. ● Parallèlement, on mesure les sacrifices auxquels doit consentir la jeune provinciale pour réaliser son rêve de théâtre, alors que pour d'autres élèves du Cours Florent, il suffit que les parents signent un chèque. ● L'investissement dans un rôle est lui aussi très bien décrit. On voit combien un rôle ne se limite pas à des mots à apprendre mais doit emporter le corps entier, la chair, le sang. ● le style est très dynamique et il n'y a pas un seul moment d'ennui à la lecture de ce roman, alors que l'histoire aurait pu donner lieu à des répétitions ; l'autrice sait avec brio éviter cet écueil. ● La sincérité du propos est déconcertante, c'est là un roman écrit avec ses tripes et qui emporte le lecteur avec une force singulière. Seule la fin, trop floue, m’a un peu moins plu. ● Je n'avais pas lu l'année dernière le premier roman de l'autrice, Une histoire de France, ne souhaitant pas lire une nouvelle histoire de pédophilie, mais devant la puissance de son écriture, je vais le lire. ● Je recommande chaudement Chienne et louve.
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Une histoire de France

Ce livre a reçu « Le Prix Feuille d'or » de la ville de Nancy lors « du Livre sur la place », Première manifestation littéraire de la rentrée, le 13 septembre 2019 et le Prix DES Médias 2019 , France trois Lorraine etc....



Je l'ai acheté comme je l'avais fait pour «Leurs enfants après eux » de Nicolas Mathieu , qui avait reçu les mêmes prix l'an dernier avant , lu bien avant qu'il ne soit consacré par le prix Goncourt ....



Je viens de recevoir un coup de poing en pleine face, tranchant, IMPLACABLE, RADICAL, dur,cru, sans concession , cet ouvrage claque et dérange! Il glace ! Fait froid dans le dos....

Au début , le lecteur se dit «  Vais- je continuer ? »



Qu'est ce que l'amour ?



On VIOLE Romy , enfant de neuf ans, visage d'ange, fille d'Hélène, caissière au Cora à Toul, en 1999 , atteinte de la maladie de Crohn, de temps en temps à l'hôpital, son père Philippe , militaire souvent en mission, « Epervier,Tempête du désert,Manta, etc,... » ...grand alcoolique, indifférent.....

Il n'aime que la guerre et les missions .

Qui viole Romy ?



France , femme d'Eric , militaire , ami de Philippe et d'Hélène, s'occupe de Romy lors des absences forcées de sa mère ....en quelque sorte mère de remplacement, monstre redoutable, perverse, bourreau féminin, manipulant le corps et l'esprit de la fillette jusqu'à plus soif ....à sa merci..





Et personne ne suspecte ces horreurs !









Dans cette région de Meurthe et Moselle, étouffante d'ennui, ce quartier dévolu aux militaires de la base et aux usines Kléber, des zonards du canal , tout le monde se connaît , s'épie, médit , ment ,se cache, sauve les apparences...



Hélène ne comprend pas sa fille et pour cause ...



De 9 à 19 ans Romy luttera contre l'attachement invivable qu'elle ressent pour France .

Elle se contrôle, alterne boulimie , anorexie, passe sa vie à vomir, à se vider, se remplir, perdue, confuse, déteste son corps de femme, se détruit en silence , entre TS et prostitution , —-s'auto—-détruit —— Apprend à se faire toute petite, à s'effacer et se faire oublier , crève de vivre .....Un ENFER..Son corps devient son ennemi principal.



.Elle s'appelle alors : « La fille du canal. »



«  La fille du canal est bonne a être souillée , dégradée , humiliée , salie, insultée, prise, la fille du canal n'est qu'un trou , un puits sans fond . »



Elle haïra la femme .C'est tout ce qu'elle exècre : mensonge, jalousie , trahison....séduire , jouer, manipuler , tuer à petit feu, répandre son venin longtemps après son départ( France et sa famille sont partis à la Réunion pour cause militaire ) .



Et Personne n'a rien vu !



L'amour n'existe pas !





L'auteur montre avec une force et une rigueur implacable, une minutie sourcilleuse , ce milieu géographique et social.



Comment un acte pédophile détruit une vie , détraque, salit à jamais , fait perdre tous les repères , infecte l'innocence? .....

Un roman terrible , abouti, Social et Radical, qui déchire, touche et révolte .

J'avoue que j'ai longtemps hésité avant d'écrire ce billet .

Fallait - il l'écrire ou pas ?

Dur !

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Chienne et louve

Romy, 20 ans, s’effeuille chaque soir dans un club pour payer ses cours de théâtre et survivre. Après des années d’errance, elle pose ses valises chez Odette, 89 ans qui demande un peu de compagnie en échange d’un loyer modéré.

Ce récit va donc alterner entre la difficile cohabitation entre ces deux êtres que tout semble opposer et les cours de théâtre. Chacun des trois chapitres correspond à une année que Romy, apprentie comédienne, passe au cours Florent. C’est sans aucun doute pendant ces répétitions que le livre prend son envol, tant l’auteur sait nous immerger dans la passion de Romy pour le théâtre, elle nous décrit parfaitement le fastidieux travail où le comédien doit s’imprégner de son texte, devenir son personnage, jusqu’à oublier sa propre personnalité. Par petites touches, Joffrine Donnadieu fait remonter les douleurs du passé ; séjour en psychiatrie, tentatives de suicide, abus sexuel.



Ce roman est troublant, l’écriture est superbe, le sujet abordé très intéressant et pourtant je n’ai pas réussi à entrer dans la douce folie d’Odette.

Merci infiniment aux éditions Gallimard et à Babelio pour leur confiance.

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Chienne et louve

J'ai publié cette critique avant la date de sortie et je m en excuse une fois de plus, elle a été retirée, je la remets ce jour, il est donc normal que certains aient l'impression de l'avoir déjà lue.

Je ne serais pas allée spontanément vers ce livre je remercie donc encore plus sincèrement les éditions Gallimard et babelio (MCP) pour l envoi de ce roman qui m'est allé droit au coeur.

L écriture très dynamique nous fait entrer avec une facilité déconcertante dans l'histoire de Romy et Odette.

C'est un roman que l'on vit autant qu'on le lit.

Romy rêve de jouer sur scène, les cours Florent sont chers elle va alors travailler en tant que strip-teaseuse la nuit puis va être hébergée chez Odette, vieille dame de 90 ans en échange d'un petit loyer et surtout d'un peu de temps passé ensemble.

Parallèlement elle suit avec beaucoup d'acharnement les cours Florent qui sont dispensés.

Voilà pour le pitch qui ne reflète pas toute la richesse de ce livre. Parce que oui ce livre est riche en thèmes, riche en émotion, riche de par son écriture.

Comme ce livre ne sort officiellement qu'en août, je ne veux pas trop en dire mais je souhaite vraiment qu'il se retrouve en tête de gondole car il le mérite et peut séduire un large public. En tout cas c'est un coup de coeur pour moi.

Je suis curieuse maintenant de me procurer le premier roman de Joffrine Donnadieu, auteure que je ne connaissais pas.

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Une histoire de France

J'ai eu la chance de recevoir "Chienne de Louve" que j'ai beaucoup aimé, d'où mon envie de connaître le premier roman de Joffrine Donnadieu " Une histoire de France ". Celui-ci est beaucoup plus dur. Tout le début est malsain et laisse une impression poisseuse. Les descriptions sont crues, dérangeantes. J'ai toutefois poursuivi ma lecture car je voulais savoir comment Romy, victime d'abus sexuel de la part d'une voisine et vivant dans une famille peu propice à un épanouissement et une enfance joyeuse et sereine allait évoluer et devenir ce qu'elle est devenue dans "chienne de louve ".

Joffrine Donnadieu, arrive avec une psychologie fine à nous faire comprendre le cheminement intellectuel de la petite Romy qui au départ de ce roman a 9 ans.

On ressent tout à fait le malaise, le mal être et toute l'ambiguïté. Elle montre également avec un réalisme percutant la façon dont Romy perd son innocence et entre dans un état dépressif.

La souffrance de Romy fait mal et dénonce la pedocriminalité qui fait des ravages et détruit durablement la victime qui ne peut que s'interroger sur sa sexualité et son identité.

On sent , à travers la plume précise de l'auteur, sa grande connaissance des problèmes de ces enfants victimes, emmurés.

Le thème de l'abus sexuel est rarement traité sous cet angle, le bourreau étant généralement l'homme, cela nous interpelle donc peut-être encore plus.



Je suis contente d'avoir découvert cet auteur. Je vais dorénavant veiller à la sortie de ses prochains romans
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Une histoire de France

Coup de poing dans l'estomac.

Penché sur la cuvette à se vider les tripes.

Dès les premières lignes Joffrine Donnadieu vous saisit par le bras et vous oblige à regarder.

C'est une enfant qu'on viole.

C'est une enfance qu'on vole.

1999, dans l'est de la France.

Romy a tout juste 9 ans.

Sa mère, Hélène, souffre de la maladie de Crohn, elle est régulièrement hospitalisée.

Son père, Philippe, est militaire et part fréquemment en mission.

Il faut trouver quelqu'un pour s'occuper de Romy pendant ces absences.

Pas de soucis, Éric, un copain de garnison de Philippe, propose France, sa femme, elle a ses deux garçons à gérer mais la fillette est la bienvenue.

Très vite, entre les bras de France, Romy va perdre son innocence.

Murée dans son silence, la petite fille subit.

Et quand France part sous d'autres cieux, la vie de Romy bascule.

Les années qui suivent sont une lente agonie, une descente aux enfers.

Joffrine Donnadieu ne brode pas.

Elle vous décrit la souffrance, elle vous fait vivre au plus près l'horreur d'une vie brisée.

L'incompréhension autour de celle qui grandit sans en avoir envie.

L'impuissance des proches.

L'abandon de Romy qui s'offre à qui veut d'elle, mais attention, à ses conditions.

On lui a volé son enfance ?

Elle offre son adolescence.

C'est quoi l'amour ?

Jusqu'à ses 9 ans, elle croyait savoir.

Après ce jour funeste elle pensait avoir compris.

Maintenant elle sait.

L'amour n'existe pas. Pas pour elle en tout cas. Elle n'y croit plus. Elle ne croit plus en rien d'ailleurs.

Elle fuit.

Personne ne peut comprendre parce que personne ne sait son terrible secret.

Sa mère voudrait l'aider.

Son père refuse de voir et sombre dans l'alcool.

Et pourtant, peut-être existe-t-il une lumière d'espoir.

Un roman d'une violence inouïe.

Un roman d'une vérité éprouvante.

Le père et le grand-père que je suis, révoltés, ont souffert avec ce personnage entraîné dans une chute vertigineuse. J'aurais voulu être là pour l'aider.

On ne touche pas aux enfants.

Et pourtant, dans ce monde, dans notre monde, il en existe qui souffrent et malheureusement, ceux qui les aiment le plus, ceux qui sont au plus près d'eux, ne comprennent pas toujours d'où vient leur détresse.

Il y a des caresses empoisonnées.

Parfois, la main qui se pose sur l'enfant ne lui veut pas que du bien et parfois, cette main elle a du vernis sur les ongles.

Ce livre va vous déranger.

Ce livre va vous choquer sans doute.

Ce livre est un miroir de notre société.

Ne cherchez pas à l'éviter.

Ne fermez pas les yeux.

Allez au-delà des premières lignes.

Bravo à l'auteure et à l'éditeur qui ont pris le risque de se faire détester.

Un premier roman percutant pour une jeune romancière qui a de l'avenir.









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Chienne et louve

Romy a 20 ans et quitté sa famille pour rejoindre Paris et tenter de devenir comédienne et pour cela elle est prête à tout. Elle est entrée au célèbre cours Florent et afin de payer ses cours, elle occupe un emploi  de strip-teaseuse à Pigalle où elle s'offre aux regards des hommes en s'effeuillant et davantage pour quelques euros supplémentaires. Jusqu'à maintenant elle squattait à droite et à gauche mais lui est offert l'opportunité d'occuper, contre une présence et une aide, une chambre dans l'appartement d'Odette, 89 ans. La cohabitation va alterner entre rapprochements et confrontations durant les trois années où elles vont vivre côte à côte devenant tour à tour chienne ou louve. Romy est prête à tout pour réaliser son rêve de comédienne et tourner la page d'une enfance martyrisée.



Je n'ai découvert que presqu'arrivée à la fin du roman qu'il était finalement la suite d'un précédent roman de Joffrine Donnadieu, Une histoire de France, qui évoquait l'enfance douloureuse de Romy, alors âgée de 9 ans et subissant de la part d'une voisine, France, d'abus sexuels, partagée entre son attachement à sa tortionnaire et l'indifférence de ses parents.



Chienne et Louve peut se lire sans pour autant avoir lu le précédent, comme je l'ai fait, car Romy évoque de temps à autre son passé qui peut d'ailleurs éclairé sur son comportement que ce soit dans la manière "extrémiste" de trouver de quoi payer ses cours mais également dans sa manière de vivre que ce soit à travers l'anorexie dont elle souffre mais également dans son rapport aux hommes et à son corps.  Mais un jour, Jean, la soixantaine va croiser sa route...



"Je ne suis vraie que lorsque je me tiens sur le plateau ou que je m'y projette. le reste du temps, je me mens et je mens aux autres. (p192)"



L'amour du théâtre et à travers lui vivre d'autres vies que la sienne, être prête à tout pour assouvir sa passion comme une bouée de sauvetage après une enfance abusée et entre une mère caissière, malade et un père militaire et alcoolique, tel est le but de Romy, acceptant de se vendre pour pouvoir assouvir sa passion, pour pouvoir endosser d'autres identités comme celle de Blanche dans Un tramway nommé désir, de Mirandoline dans La Locandiera ou en Sabina Spielrein, pionnière de la psychanalyse et qui entretint une relation avec Jung.



"Je joue comme je fais l'amour, avec la même intensité, la même urgence. J'épouse un texte à la façon d'un corps pour ne faire plus qu'un. Si j'y arrive mon visage recouvre alors toute sa pureté, toute son innocence d'une fillette. Les vagues dans mon ventre se soulèvent, je jouis. Là, je sais que j'ai tout donné. (p98)"



Joffrine Donnadieu possède une écriture de grande qualité pour traduire les situations et états d'âme de Romy avec une précision pour relater ce qu'elle vit, voit, ressent et ce en particulier dans les deux premières parties : Blanche, Mirandoline chacune relatant une année à la fois au cours Florent mais également chez Odette.



Je dois avouer que je me suis laissée entraîner dans le devenir de cette jeune femme "paumée" relaté sans artifices restituant ce que l'on imagine être la vie des filles s'exhibant dans les pool dances et l'acharnement dont fait preuve Romy pour atteindre son but. Le duo formé par Odette et Romy passe d'opprimé à oppresseur, chacune fourbissant ses armes et ruses, transformant l'appartement en ring ou refuge, chacune jouant le rôle de chienne ou de louve (surnoms qu'elles se donnent), luttant ou s'adoucissant, ignorant parfois le lien qui les unit, leurs solitudes.



J'ai été un peu déstabilisée dans la dernière partie que j'ai trouvé un peu trop rapide, Romy devant faire face à une nouvelle épreuve et de retour sur les traces de son passé mais il y a un indéniable travail d'écriture et de restitution d'ambiance même si parfois les scènes sont très crues.



Même s'il peut apparaître beaucoup d'affrontements, de conflits entre les deux femmes, ce sont deux générations qui s'affrontent, l'une totalement investit dans son devenir, l'autre dans la solitude de son isolement de fin de vie, l'une et l'autre s'ancrant à l'autre pour survivre.



Merci à Babelio et aux Editions Gallimard pour cette découverte de la rentrée littéraire 2022;
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Chienne et louve

Joffrine Donnadieu m'avait bouleversé avec son premier roman, Une histoire de France.

Inutile de dire que lorsque j'ai appris la sortie de ce Chienne et louve j'étais impatient de le découvrir.

Je ne suis pas déçu.

Ce livre m'a touché, peut-être pas autant que le premier dont le sujet était particulièrement violent, mais quand même.

Romy.

Ah ! Romy...

C'est elle que l'on retrouve ici.

Elle a 20 ans.

Son rêve ?

Devenir Blanche.

Blanche Dubois, l'héroïne d'un tramway nommé Désir.

Romy, elle veut faire du théâtre, elle veut jouer, mettre en scène.

Elle a quitté sa famille, tout plaqué.

Elle est venue à Paris.

Cours Florent.

Il n'y a pas mieux.

Pour se payer ses cours ?

Elle se donne, corps et âme.

Pole dance, striptease, prostitution s'il le faut.

Elle s'en fout.

Mais de squats en hébergements précaires, pas facile la vie parisienne.

Alors quand une amie lui propose une colocation, elle dit banco.

Le deal est simple. le gîte et le couvert pour un modeste loyer et quelques heures à consacrer à Odette, sa colloc.

Problème ?

Odette. 89 ans. Vieille fille à forte personnalité. Très croyante. Aime les petits animaux en verre.

Chienne et louve, c'est la cohabitation de ces deux personnages que tout oppose.

Chienne et louve, c'est une jeune fille d'aujourd'hui, prête à tous les sacrifices pour réussir.

Chienne et louve, c'est une vieille dame au caractère bien trempé, possessive, castratrice, fragile et forte tête à la fois.

Deux êtres qui s'opposent.

Un jeu du chat et de la souris, où les rôles s'inversent au fil des pages, c'est à qui dominera l'autre, à qui s'imposera.

Attention aux coups de griffes ou aux morsures...

Romy, si jeune, si forte, si libre et pourtant si fragile, ne nous laisse pas indifférent.

Parviendra-t-elle à réaliser son rêve ?

Joffrine Donnadieu nous offre là un nouveau roman coup de poing.

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Chienne et louve

Lorsque l’on m’a demandé si je souhaitais lire le nouveau roman de Joffrine Donnadieu, j’ai accepté avec enthousiasme. Je n’imaginais pas qu’il s’agissait de la suite de son premier roman « Une histoire de France » dont la lecture m’avait profondément ébranlée tant le contenu et le style cru, direct relataient avec force les abus et les viols dont Romy avait été victime à l’âge de 9 ans de la part de sa voisine, France.



Abîmée, meurtrie, survivante de l’inqualifiable, Romy laisse Toul et monte à Paris, squatte, danse nue, boit trop, s’affame, se vend pour payer le Cours Florent. Elle sera comédienne : « Je joue pour ne pas me buter. Je joue pour ne pas commettre un meurtre. Je joue pour ne pas me frapper jusqu’au sang. Je joue pour ne pas hurler. Je joue pour donner une forme à ma rage. Je joue pour trouver une vérité. Je joue pour ne plus avoir de sexe. Je joue pour disparaitre, pour m’oublier, pour me trouver… » Odette devient son salut, sa misère, l’ancre à laquelle s’accrocher quand tout part en vrille. La vieille dame lui partage une chambre, un abri, sa folie. Toutes deux se tiennent et se maintiennent dans les mouvances d’un quotidien chaotique où se côtoient deux mondes semblables et contrastés.



Romy m’avait bouleversée enfant, elle m’a retournée adulte. Fiction ? Autofiction ? … Ce texte se dévore laissant en tête la rage de Romy pour s’en sortir coûte que coûte, son courage, son spleen, son âme de fillette à fleur de femme. Les mots restent sans fard, le récit prend aux tripes. On s’accroche.



Un livre sombre, un livre lumineux, une lecture forte.
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Une histoire de France

Implacable et dérangeant. Que se passe-t-il quand le démon a le visage de l’ange ? On sombre. Un clown peut tuer, une mère peut commettre un infanticide, un individu à l’apparence inoffensive peut blesser à mort. Dans le livre de Joffrine Donnadieu, l’improbable s’appelle France et personne ne la suspecte. Et pour cause. C’est une femme, une amie, une mère de remplacement. On ne se méfie pas des figures maternelles. On a tort, ce sont des monstres redoutables parce que la société les place au-dessus de tous soupçons et qu’elle refuse de leur attribuer le visage du mal. Comment s’en méfier ? Romy n’y prend garde. Plus son père s’éloigne et plus sa mère est malade, plus elle se rapproche de cette France, incarnation totale et fascinante de la perversité. Le bourreau féminin manipule l’âme autant que le corps à un âge où la traduction physique des sentiments s’avère hors de contrôle, où la frontière entre l’éveil de la sensualité et la sexualité prématurée est indicible, où l’enfant ne sait pas donner un sens aux gestes qu’on lui prodigue. Dans cette Meurthe-et-Moselle qui étouffe, qui confit, qui macère dans son ennui, les psychopathes s’épanouissent, les victimes sont à portée de main. Ce livre est une réussite en ce qu’il montre avec force, réalisme et subtilité comment un acte pédophile détruit la vie d’un être humain. Pour prendre une analogie informatique, les agressions de France agissent comme un virus dans l’esprit de la petite Romy. Elles détraquent son système, en détruisent tous les repères, en infectent l’innocence. Pour quels résultats ? Prostituée, criminelle, pédophile à son tour, Vous le saurez en lisant ce premier roman très abouti.

Bilan : 🌹🌹

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Une histoire de France

Un roman non pas sur un pays mais sur une femme

Un roman sur un sujet doublement tabou. La pédophilie d’une part et surtout la pédophilie féminine d’autre part. Une triste réalité qui existe et qui est encore plus méconnue que la pédophilie masculine.

Attention il s’agit d’un roman au vocabulaire très cru et explicite ou les scènes de sexe sont narré sans aucun tabou .Cela rend le récit très réelle et donc assez sordide. On sent que l’auteure veut d’emblée choquer sont lecteur pour le plonger dans un univers incestueux avec une ambiance pesante. Je dois dire que ce point est assez bien réussi .La victime perd alors les repères qu’elle devrait avoir à son âge et souffre même plus tard de troubles alimentaire et sexuel assez grave.

De manière assez soudaine la femme qui abusait d’elle sort totalement de sa vie, et il s’ensuit alors une espèce de flottement émotionnelle ou la jeune vie éprouve en quelque sorte un manque assez morbide.

Ce qui est intéressant dans ce livre, c’est que l’auteure arrive à totalement supprimer un personnage principal sans jamais y revenir et en donnant au lecteur le même sentiment de manque que la personne abusée. On a envie de savoir ce qu’elle est devenue, mais on n’obtient jamais réponse.

En plus de la déviance sexuelle ce livre parle aussi de solitude, de pauvreté, d’alcoolisme, de maladie. Bref un mélange sur une réalité méconnue mais bel et bien réelle.

A réservé à un public très averti.



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Chienne et louve

C’est un roman intense et bouleversant !

Joffrine Donnadieu m’a encore bien secoué, même si j’ai trouvé son récit un petit peu moins trash que le premier. Mais peut-être que je m’habitue au style vif, parfois cru et sans fioriture de l’auteure.

*



Pour moi, « Chienne et louve » ne peut pas être lu indépendamment du premier roman « Une histoire de France ». Il en est indissociable.

Parce qu’il faut lire le premier roman « coup de poing » et déchirant de Joffrine Donnadieu. Déjà pour en apprécier et en apprivoiser son style moderne, sans tabou, très percutant et son histoire des plus audacieuses et des plus dérangeantes.

Il permet aussi de connaitre et de mesurer, ce que furent les drames épouvantables que Romy le personnage principal, a vécu dans son enfance et son adolescence.

*



Avec « Chienne et louve » , Joffrine a gardé toute la force dans ses mots et décoche toujours des uppercuts avec ses descriptions imagées. L’auteure a continué aussi de creuser davantage et admirablement bien, la personnalité troublée et troublante de Romy.



Lire le premier roman, permet aussi de comprendre ce qu’est devenue Romy aujourd’hui, avec ses choix d’une vie parfois débridée, ses attitudes parfois irresponsables et irrationnelles.

Il m’a permis, une fois de plus, de me projeter et me placer au plus près de la jeune fille, pour vivre avec elle ses joies mais aussi ses peines.

*



J’ai donc retrouvé la petite fille Romy qui a bien grandi. Qui est devenue une jeune femme de dix-neuf ans, mais qui demeure encore fragile, encore déstructurée et désordonnée dans sa tête et dans son cœur. Romy est surtout très marquée par son passé tenace qui refait souvent surface.

J’ai frissonné lorsque j’ai entrevu en Romy, les dégâts irréversibles et leur ampleur, ceux qui furent causés par France, ce personnage cruel et pervers apparu dans le premier roman.



La jeune fille m’a semblé par moment, au bord de la rupture.

*



Romy qui continue de maltraiter son corps, comme si c’était lui le responsable de ses maux et de ses angoisses intérieures, a quitté Toul et ses parents.

Elle est venue « s’installer », qui est un bien grand mot, à Paris pour étudier au Cours Florent. Car la jeune fille en quête d’identité, a peut-être trouvé son échappatoire comme un gros pansement à ses blessures à l’âme. Elle rêve de devenir comédienne.

Romy rêve d’incarner celle qu’elle n’est pas, celle qu’elle ne sera jamais, celle qu’elle ne veut plus être, ou celle qu’elle espère devenir un jour, à travers différents personnages de théâtre qu’elle admire.



La jeune fille s’acharne chaque jour à répéter ses rôles, s’use à se glisser dans la peau de ces personnages fictifs, dont certains sont déjà eux-mêmes bien perturbés, parfois au bord de la folie.

J’ai cru par instant, que Romy l’instable, allait se perdre dans ces rôles miroir si déstabilisants à jouer.

*



Mais le rêve a un prix et les cours Florent ont un coût. Un rêve qui pousse Romy à avoir une double vie.



Lasse de sa vie de bohème et pour continuer à payer régulièrement ses cours, Romy va donc chercher une colocation.

Elle trouvera l’endroit où poser enfin ses valises, chez d’Odette.

Odette est une vieille dame étrange de quatre-vingt-neuf ans qui vit seule. Elle proposera à Romy qu’elle lui tienne compagnie en échange de partager l’appartement où elle vit, avec un loyer modéré.





Et c’est à ce moment que Joffrine Donnadieu donne de la magie à cette rencontre improbable entre ces deux êtres que tout oppose.

La cohabitation entre la jeune fille et la vieille dame m’a semblé être une autre représentation théâtrale. Celle du théâtre de la vie, celle du théâtre d’improvisation où chacune devait par moment, se réinventé, adapter son rôle et son jeu en fonction du jeu aussi imprévisible que pervers qu’adoptait l’autre.

C’était comme une étrange chorégraphie où Romy la louve et Odette la jument, s’épiaient, se toisaient, se défiaient, parfois s’insultaient doucement, se brusquaient.



C’était comme une danse quotidienne, sur un fond d’une musique désaccordée, par des notes rauques de chantage, des notes éraillées d’humiliation, des notes enrouées de petites vacheries.

L’une et l’autre inséparables dans leur duo, avançait de quelques pas, sous l’impulsion des sentiments d’amour qui les traversaient parfois.

A d’autres moments, c’était des pas en arrière qui étaient effectués, lorsque se dressaient entre Romy et Odette, des sentiments de haine, de colère, de jalousie, de rancœur ou de convoitise.

*



Il y a tout ce que j’aime dans les romans comme ceux qu’écrit Joffrine Donnadieu et qu’écrivent bien d’autres talentueuses auteures de sa génération.

Des histoires fortes, sombres, mais écrites avec une grande luminosité.

Des histoires qui me troublent, qui me font vibrer et qui me transportent dans une autre dimension par la beauté et la force de leur écriture.



Merci Joffrine Donnadieu.







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Chienne et louve

Joffrine Donnadieu s'était emparée d'un sujet tabou, la pédophilie féminine dans son premier roman, très remarqué, Une histoire de France paru en 2019 mais découvert par nos soins l'été dernier .



On retrouve la même héroïne de ce premier roman, à savoir, Romy, qui, à 20 ans, essaie de survivre après des années de trauma et thérapies plus ou moins efficaces.



Tentant de noyer ces traumatismes d'abord par l'alcool, elle va trouver dans le théâtre un moyen de se reconstruire . Sauf que la précarité va la faire recourir au strip tease et à la prostitution occasionnelle.



Alors qu'elle semble prête à tout pour réaliser ses rêves elle va se retrouver vivre avec Odette, une vieille dame exigeante et manipulatrice qui refuse de voir les effets du temps sur sa personne



Est on continuellement rattrapée par son enfance et la violence qui en découle?



La romancière sonde avec une approche clinique, parfois malsaine, la violence des rapports sociaux au travers d'une relation de dépendance.Joffrine Donnadieu réussit à donner une incarnation forte à ses personnages et livre une réflexion singulière sur le rapport au jeu, aux rôles feminins, à ce qu'il faut piocher en soi pour être une autre sur le plateau de théâtre ou dans la vie.



Avec le duo formé par Romy et Odette, , l’auteure nous fait découvrir d’une manière inédite une relation remplie de violence et de tendresse, de haine et d’amour dans laquelle les rôles ne cessent de changer et de s’échanger.



Une plume aiguisée pour un roman puissant et âpre!
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Une histoire de France

Ames sensibles s'abstenir.

Ce n'est pas un thriller noir, mais une histoire de vie dont on pense qu'elle n'arrivera qu'aux autres enfants, mais pas aux siens.

C'est très violent, c'est brut, c'est cru !

C'est une histoire qui dérange.

C'est une énorme claque que j'ai reçue et dont mon coeur garde encore l'empreinte des doigts.

Mais c'est à la mesure du sujet qui est traité.

*



Joffrine Donnadieu n'a pas été avare de mots, surtout pour décrire l'immonde.

J'ai pensé m'arrêter au début du roman, tellement ses propos m'étaient presque insupportables.

Puis l'idée saugrenue m'a pris d'aller lire des commentaires sur Babelio, sur ce livre. Ce que je ne fais jamais d'habitude, car il y a vraiment beaucoup trop de gens qui spoilent les livres en déposant leurs commentaires.

Là, le spoil m'a plutôt servi car j'ai appris un évènement qui allait me permettre de continuer ma lecture.

*



Pour un premier roman, Joffrine Donnadieu a tapé terriblement fort, en évoquant le sujet tabou et brutal de « la pédophilie féminine », dont on parle très peu en France.

Son récit est si puissant, est si sauvage qu'il m'en fut fascinant. J'ai lu ce livre, une fois de plus en apnée.

La jeune auteure a pris aussi un risque insensé de décrire toute la cruauté des faits et des événements, sans jamais travestir ni enjoliver la réalité des choses.

Et en conséquence, elle a pris le risque de s'exposer, dès le départ, à des critiques virulentes et désapprobatrices, émises par des lectrices et des lecteurs choqués par la rédaction du roman.

*



Je me suis moi-aussi interrogé pourquoi Joffrine Donnadieu s'était attardée dans les détails sordides et scabreux du viol.

Peut-être était-ce un moyen pour expurger certains mots et certains maux. Pour les consigner et les utiliser pour envoyer très fort un message ou un témoignage.

J'avais ouvert ce livre pour venir à la rencontre d'une histoire et non pour en juger l'auteure.

*



C'est dans la première partie du livre que nous faisons connaissance de Romy, neuf ans.

Cette petite fille qui est en manque évident d'amour, avec un père militaire autoritaire et distant, qui est souvent en mission et une mère fragile et malade, qui passe beaucoup temps à l'hôpital et ne peux s'occuper pleinement de sa fille. Même les grands-parents de Romy manquent d'un vif d'intérêt pour leur petite-fille.



C'est ainsi que Romy sera le plus souvent confiée au couple d'amis de ses parents dont le père est militaire et ami de son papa. Et que l'enfant trouvera de la chaleur, de l'attention et de l'amour en la personne de France, l'épouse et mère de deux enfants.

France semblait en apparence être une femme au-dessus de tous soupçons. Mais sous ses gestes de tendresse et de sensualité, elle se révélera être une impitoyable prédatrice. Une âme noire prête à imposer avec douceur, à la petite Romy, des jeux et des attouchements des plus pervers.



Romy qui ne connaît pas encore son corps, prendra les caresses sexuelles de France pour un trop plein d'amour.

*



La seconde partie du roman, écrite avec une grande efficacité, est pour moi encore plus frissonnante, encore plus déchirante.

France qui va suivre son époux muté, disparait entièrement et soudainement de la vie de Romy

Le monde de Romy alors s'écroule. le manque et l'absence de France vont avoir un effrayant effet dévastateur sur la petite fille.



Joffrine Donnadieu raconte alors, toujours avec ce réalisme qui glace le sang, et qui a encore eu une grande résonance en moi, la lente et longue descente en enfer de l'enfant Romy.

La détresse moral et psychologique de la petite fille est si bien décortiquée et si bien décrite, que l'auteure m'a fait oublier que ce roman était en partie une fiction.



J'étais avec la petite, j'avais mal pour elle de la savoir abandonnée, de la sentir livrée à elle-même, sans plus aucun repère, sans soutien.

Une petite fille qui allait très vite sombrer dans le désespoir, dans l'incompréhension.

Une petite fille qui allait s'effondrer dans le monde lugubre de la solitude, du désamour, de la détestation de son propre corps.

Romy qui à neuf ans, commencera pour une dizaine années, son vrai chemin de croix, à vivre dans cette cruelle ambivalence entre le plaisir charnel et le dégout sexuel.

Romy qui cherchera en vain des échappatoires à ses souffrances. Romy, une jeune fille à l'abandon qui passera par différents stades d'autodestruction, qui lui causeront des dégâts irréversibles.

*



C'est un message très fort que l'auteure nous envoie à travers son roman.



Nous devons tous prendre conscience que notre responsabilité d'adultes envers toutes les petites filles et tous les petits garçons, est une charge considérable, importance et cruciale.

Nous nous devons d'être irréprochables et être sans aucune équivoque envers tous les enfants.

C'est notre devoir moral, c'est notre premier devoir d'humain, car c'est leur avenir et leur équilibre vital que nous possédons entre nos mains.



Une pulsion non maitrisée, une caresse anodine trop appuyée et cela sera peut-être l'engrenage.

Un engrenage qui glissera vers l'ignominie et qui deviendra ce monstre au pouvoir démesuré, celui de détruire des chemins de vie.





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Chienne et louve



Deux femmes que tout oppose doivent cohabiter.

L’une est jeune, fougueuse, passionnée de théâtre. Elle a un parcours très chaotique et traumatisant. Elle se produit dans un club de strip-tease et se livre à la prostitution pour financer les 3 années du Cours Florent. C’est Romy.

L’autre est une femme âgée de 89 ans qui n’a plus toute son autonomie. Elle est imprégnée de sa foi et fréquente l’église de son quartier tous les dimanches. Contre un loyer « modeste » et un « peu » d’attention, elle accueille Romy dans son logis délabré du 9e arrondissement de Paris. C’est Odette.

Comme le dit la 4e de couverture, « String à paillettes et crucifix devront faire bon ménage. ».

Autant dire tout de suite que ce ne sera pas aussi facile. Mais si la guerre est vite déclarée, chacune ressortira gagnante d’avoir trouvé son alter ego.

J’ai beaucoup, beaucoup aimé ce roman. Aucun des deux personnages principaux n’est « aimable », elles sont toutes les deux inconcevables au quotidien. Mais leur profondeur, leur paradoxe, leurs exigences, le feu qui les anime les rendent très attachantes.

Le tour de force de l’autrice est de parvenir à les transcender pour en faire une femme unique à plusieurs facettes.

C’est bien écrit, bien rythmé. Les différentes étapes de la relation sont accompagnées de surprises, de coups de poing à l’estomac. Le lecteur remet en question ses certitudes et ses préjugés au bénéfice d’une aventure humaine donnant la part belle à la rencontre et l’apprivoisement.

Ces deux-là sont passionnées et sacrifient la bien-pensance à l’exacerbation de leurs désirs.

C’est beau, c’est fort.

Je souhaite à ce roman de cette rentrée littéraire 2022, le succès qu’il mérite.

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Chienne et louve

Merci à Babelio et Gallimard pour l'envoi de Chienne et louve de Joffrine Donnadieu.



Un titre accrocheur féminisée…

Entre chien et loup évoque le moment crépusculaire ou les silhouettes se confondent, où notre vue perd de sa précision.

Un duo improbable : qui est chienne ? Qui est louve ? le titre nous laisse entendre que les deux personnages le seront alternativement, ensemble, en opposition, en symbiose.



Romy, vingt ans, arrive à Paris avec le rêve d'être comédienne. Pour subsister et payer le Cours Florent, elle travaille dans un club de strip-tease à Pigalle. Odette, vieille fille de quatre-vingt-neuf ans, la loge contre un loyer modique et un peu de compagnie.

Les deux femmes cohabitent, s'opposent et s'apprivoisent… Dans ce roman, Joffrine Donnadieu décline toute une gamme de sentiments et de situations : fascination, dégoût, emprise, solitude…

C'est théâtral par le profil de Romy, par la précision des décors autour de l'appartement d'Odette, du Cours Florent, du club de striptease, des hôtels, des rues et par le déroulé des dialogues et les différentes postures mises en avant par les deux protagonistes. Certains échanges passent par la médiation de figurines en cristal comme dans un spectacle de marionnettes. L'ossature de la narration s'articule autour des trois années d'études de Romy, des rôles qu'elle doit peaufiner pour réussir ses examens de passage.

L'écriture est intéressante, surtout au niveau de la mise en scène des corps : corps théâtralisés, poussés dans leurs limites, corps exhibés, corps bousculés, corps avilis, corps vieillissant, corp fertile…



Ce roman rencontre visiblement un bon accueil… Encore une fois, je me retrouve un peu à contre-courant.

J'ai mis beaucoup de temps à lire ce livre, presque un mois. Je n'ai absolument pas réussi à m'attacher aux personnages même si je reconnais que Joffrine Donnadieu a travaillé les traits, les travers, toute la psychologie de Romy et Odette.

Tout est parti d'un malentendu autour du prénom de Romy. Quand Babelio m'a proposé de participer à cette opération de Masse Critique privilégiée, fleurissaient encore, ici ou là, des articles évoquant de quarantième anniversaire de la mort de Romy Shneider… Mon cerveau (fatigué ?) a fait une association d'idée plutôt malheureuse, le personnage et l'actrice ayant réellement existé n'ayant rien en commun si ce n'est un prénom iconique.

En outre, la fin du livre qui dévoile un pan du passé de Romy et renvoie, ainsi que je l'apprends en lisant d'autres chroniques, au premier roman de Joffrine Donnadieu, Une histoire de France, m'a paru un peu bâclée ; il faut dire qu'il était temps d'en finir !



Un roman qui n'était pas pour moi…

Une rencontre pénible…


Lien : https://www.facebook.com/pir..
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Chienne et louve

Suite directe d'Une histoire de France, Chienne et louve suit le parcours de Romy, l'enfant violée et cabossée. Elle s'est enfuie de sa province pour tenter sa chance à Paris comme comédienne. Le Cours Florent où elle entame sa formation étant hors de prix, Romy enchaine les passes occasionnelles, le lap dance dans une boite de strip-tease et prend la décision de vivre en colocation avec Odette, catholique, fêlée, 89 ans. Et propriétaire d'un grand appartement où tout part à vau-l'eau.

De cette rencontre improbable pourrait naitre un roman vénéneux, organique, balançant entre cruauté et compassion. C'est hélas loin d'être le cas ici. Plus de 300 pages de remplissage au rythme sujet-verbe-complément, des listes dans le corps du texte, où il est difficile de comprendre où l'auteur veut en venir. En découlent des personnages qui s'agitent beaucoup, mais ont peu de substance. Qu'il s'agisse des scènes de sexe ou des répétitions de théâtre, tout est raconté sur le même ton blasé, sec et sans âme. Tous les passages qui supposeraient un peu de mise à nu, de perte de contrôle, se précipitent et laissent perplexe : cette jeune femme pourrait donc faire la toilette complète de cette vieille dame avec aussi peu d'affect que si elle était en train de faire la vaisselle (un exemple parmi d'autres) ? De fait en 300 pages, c'est le syndrome Netflix : tout se précipite, on multiplie les personnages secondaires réduits à des silhouettes, rien n'est approfondi, remplissage, remplissage, remplissage, à un rythme effréné. Et pourtant, qu'est-ce que ça tire en longueur ! Le coup de perruque "rose fuschia" et du rouge à lèvres "irisé noir" répétés ad nauseam, au cas où on aurait pas compris... Vraiment, de toute la sélection du Prix de Flore, il n'y avait rien d'autre à couronner que ce roman cliché, ennuyeux et bavard ?
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Une histoire de France

Pas de critique, juste quelques mots : première page, une femme en train de violer, pas pour la première fois, une enfant. Avec le moindre détail.

J'ai refermé, parce que j'ai failli vomir. J'ai JETÉ CE TRUC.
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Chienne et louve

Je découvre l'auteur avec ce récit et je vois également qu'il s'agirai ici plus ou moins d'une suite cela ne m'a pas gêné dans ma lecture.



La plume de Joffrine Donadieu est très fluide et agréable à lire et le personnage de Romy nous emmène d'entrée de jeux dans sa vie, le club de strip-tease ou elle travaille afin de pouvoir changer de vie et de payer ses cours Florent.



Afin de parvenir a réaliser son reve, elle vit avec Odette une personnage âgée vivant seule, le loyer est donc abordable pour Romy mais cela n'est pas évident chaque jour.



Petit a petit cette relation s'étiole et Romy va se comporter de facon de plus en plus étrange avec Odette qui devient de plus en plus difficle a vivre également.



A noté cependant qu'il y a pas mal de scènes de sexe dans ce récit qui parfois n'apporte pas vraiment grand chose au récit.



Ce récit en trois parties entre Chienne et Louve d'ou le titre est tres fluide et j'ai bien envie de lire le précédent opus que je decouvre en faisant cet avis afin d'en savoir plus sur l'enfance de Romy.
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Chienne et louve

Le précédent roman et le premier de Joffrine Donnadieu, « Une histoire de France » paru en mai 2021, m’avait tellement remuée par le thème, la pédophilie féminine et par son écriture acérée, au scalpel, qui ne nous épargne rien que je ne pouvais passer à côté de ce deuxième opus.

Il se trouve que c’est la suite du précédent, puisqu’on retrouve Romy, la petite fille de 9 ans, qui a subi des attouchements de sa voisine, France, qu’on a quitté à 19 ans alors qu’elle avait tenté de détruire ce corps qui la répugne et qu’elle est moralement saccagée. Mais les deux romans peuvent se lire indépendamment, l’auteure prenant soin de recontextualiser son personnage principal, Romy.

Romy est maintenant à Paris où son seul projet est de suivre la formation du prestigieux Cours Florent pour devenir actrice. Pour payer ses études, elle se produit dans une boîte glauque de striptease et se prostitue à l’occasion. Odette, 89 ans, célibataire, ancienne assistante sociale, accepte de l’héberger contre sa présence et quelques menus services. C’est la rencontre percutante de deux solitudes, de deux rages. Une relation en apparence malsaine s’installe entre les deux femmes, chacune essayant de prendre l’emprise sur l’autre, l’une voulant soumettre l’autre. Mais chacune dépend de l’autre (C’est Odette qui paie les cours de Romy et la loge gratuitement, tandis que Romy brise la solitude d’Odette et l’aide dans les gestes quotidiens qui lui deviennent difficiles). Une sorte de lien très fort finit par unir les deux femmes si opposées et elles se donneront l’une à l’autre l’envie de vivre et de vibrer.

Les seuls moments où Romy oublie le traumatisme de son enfance, où paradoxalement elle devient elle-même alors qu’elle incarne une autre, c’est sur les planches. Les passages où Romy répète son texte ou joue un rôle sont criants de vérité et pour cause, l’auteur a été elle-même élève du Cours Florent. Le théâtre est très présent dans ce roman où il joue un rôle de révélateur de soi.

Malgré des longueurs, J’ai à nouveau apprécié l’écriture incisive de l’auteure et son style épuré, qui nous propulse au cœur des émotions mais j’ai trouvé les personnages un peu trop extrêmes, peu crédibles, en particulier Odette, une sorte de Tatie Danielle odieuse, qui se déplace avec difficultés et a des vertiges mais se met à danser devant le mausolée où est enterré le cheval qu’elle a tant aimé, enfant.

Bref, moins enthousiaste et un peu déçue par ce deuxième roman.

Je remercie Babelio et les éditions Gallimard pour m’avoir permise de retrouver le personnage de Romy et son auteure.



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