Citations de John Agard (75)
Évoluer et évolution sont de la même famille. J'aime cette idée. Quelles étranges créatures sont les mots, avec leur façon de semer des graines !
"Là où l'on brûle des livres, on finit par brûler des hommes."
(Heinrich Heine, poète allemand d'origine juive)
Aucune frégate ne vaut un livre
Pour nous mener en terre lointaine,
Aucun alezan ne vaut une page
De poésie au pied dansant.
Le plus pauvre a droit au passage
Sans le fardeau du péage ;
Qu'il est frugal le chariot
Qui porte l'âme humaine !
Les Sumériens nommaient cet endroit " maison de la mémoire " ; les Égyptiens, " lieu des soins de l'âme " ; les Tibétains, "océan de joyaux ".
Je parle ici, bien sûr, des bibliothèques. Aussi loin que je me souvienne, elles ont toujours existé. Elles sont nées avec l'écriture, ont grandi avec elle.
Avant moi, Livre, il y eut la Voix.
Il y a bien longtemps, autour du feu, les humains contaient des histoires. Ils chantaient et dansaient, fêtaient les saisons, et les aïeux transmettaient aux plus jeunes les récits des temps anciens. Tout passait par la voix. Par la mémoire. En fait, j'existais déjà : dans les têtes. Je vivais de bouche à oreille, transmis " par cœur " indéfiniment.
Et quand la Seconde Guerre mondiale éclata, déclenchant l'horreur et le chaos, plus d'un soldat m'emporta dans sa poche de veste. J'étais son compagnon de papier pour le terrible voyage. Hélas, oui ! moi, Livre, j'ai vécu en direct bien des adieux au monde.
"Laissez-moi vous poser une devinette :
Que peuvent avoir en commun le dieu égyptien Thot, le dieu grec Hermès, le dieu scandinave Odin et le dieu irlandais Ogma ?
Réponse : chacun d'eux a inventé un alphabet."
Si quelqu'un
dérobe ce livre, qu'il périsse
de mort violente.
Qu'il soit rôti dans
la poêle.
Que la fièvre et le haut mal
le rongent.
Qu'il soit roué et pendu.
Amen.
- inscription sur une bible du XIIe siècle -
(p. 58-59)
Je connais un verger
où se gorger de fruits
puis les remettre intacts sur la branche
Je connais un jardin
où cueillir mille fleurs
sans couper une seule tige
Je connais une maison
qui résonne de voix vives
même lorsqu'il n'y a pas un chat
Je connais une salle close
aux fenêtres sans vue
et cependant ouverte à tous les horizons
Je connais un endroit
où se plonger dans le passé
et puis en émerger, le cœur ragaillardi
Où est-ce ? A la bibliothèque
Venez, la porte est grande ouverte !
Étonnez-vous si j'étais alors [au Moyen Âge] jugé si précieux qu'on me tenait sous clé, quand ce n'était pas enchaîné à un lourd bureau en bois massif !
Oui j'étais jalousement surveillé. Vous ne connaissez pas votre chance, vous qui me prenez à votre guise. Là ! une fois de plus, votre pouce sur ma tranche fait défiler mes pages à toute vitesse ! Qu'auraient pensé les moines de ces familiarités ?
Quand j'étais tablette d'argile, n'étais-je pas minéral ? Quand j'étais papyrus, n'étais-je pas végétal ? Quand j'étais parchemin, n'étais-je pas animal ? Pourquoi m'inquiéterais-je de devenir digital ?
Il semble que les humains ne résistent pas au plaisir de faire défiler mes pages à toute vitesse sous leur pouce.
Ici, je vais vous faire une confidence inédite. Chaque fois qu'on me feuillette de la sorte, un frisson d'émoi me parcourt. Va-t-on me lire ? Ou simplement faire bruisser mes pages et se contenter d'un coup d’œil ou deux ?
J'ai un peu le cœur gros pour tous ces animaux. Surtout à la pensée qu'une seule Bible nécessitait la peau d'au moins deux cents moutons. Imaginez ce que représentait une bibliothèque entière !
Si tu ne connais pas les arbres, tu risques de te perdre en forêt; si tu ne connais pas les histoires, tu risques de te perdre dans la vie.
Un vieux Sibérien
"Il y a (à Paris) des librairies exquises, plus aromatiques que des échoppes d'épices..." Richard de Bury (écrivain anglais)
"Gravée dans l'argile, l'écorce, l'ivoire ou l'os, l'écriture en images fut un immense pas vers cette magie qu'est l'alphabet - et vers notre humble serviteur, le Livre."
"Entendons-nous bien. J'aime touts les lettres de l'alphabet. Sans elles, comment les écrivains me nourriraient-ils de belles grandes phrases ? Mais j'avoue sans pudeur un penchant particulièrement prononcé pour le P, présent dans tant de grands moments de ma vie :
Papyrus
Parchemin
Papier
Presse d'imprimerie
Poche (livre de)
Publication
voyez ? Bon, ce n'est pas très sérieux. J'essayais simplement de composer un Poème sans prétention. (Pardon, je n'ai pas pu me retenir.)"
« Si tu ne connais pas les arbres, tu risques de te perdre en forêt ; si tu ne connais pas les histoires, tu risques de te perdre dans la vie. »
— Un vieux sibérien
Quand j'étais tablette d'argile, n'étais-je pas minéral ? Quand j'étais papyrus, n'étais-je pas végétal ? Quand j'étais parchemin, n'étais-je pas animal ? Pourquoi m'inquiéterais-je de devenir digital ?
Pourquoi étais-je enroulé ainsi ? C'est simple : je n'avais pas de pages. Durant tout ma période papyrus, je n’ai existé que sous cette forme de rouleau.
A la réflexion, de nos jours, lorsqu’on me lit sur un écran, on me déroule tout pareil, non?
C’est de haut en bas et de bas en haut, mais le principe est le même.
Parfois, l’histoire tourne en rond…