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Citations de John Crowley (66)


Là-bas vers le couchant, Hugh O'Neill deviendrait un jour un grand chef; [...] Dans quelques années, les petits chefs et les vieux seigneurs pousseraient Hugh à unir en un seul royaume l'île qui n'en avait jamais été un pour en chasser les Anglais une fois pour toutes. Mais Hugh O'Neill - qu'il en soit conscient ou non-etait comme attaché au bout d'une longue laisse, une extrémité autour de son cou, l'autre serrée dans la main de la reine...
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Et puis tout cela s'est passé il y a très, très longtemps ; le monde, nous le savons à présent, est comme il est, et pas différent ; s'il y a jamais eu une époque où existaient des passages, des portes, des frontières ouvertes qui pour beaucoup se croisaient, cette époque est révolue. Le monde est plus vieux qu'il ne l'était autrefois. Même le temps n'est plus ce qu'il était, si l'on en croit nos souvenirs si limpides ; jamais plus on ne voit un jour d'été pareil à ceux dont nous nous souvenons, jamais plus de nuages aussi blancs, jamais d'herbe aussi parfumée ou d'ombre aussi fraîche et pleine de promesses que ceux dont nous nous rappelons encore, comme ils l'étaient une fois.
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C'est pour cette raison que je me suis lancé dans les feux d'artifices, (...), parce qu'une fusée, ça a la même forme qu'un acte : mise à feu, combustion, explosion, extinction. Seulement des fois, cette fusée, cet acte, déclenche une autre mise à feu, combustion, et explosion, et ainsi de suite, tu vois le tableau? Et comme ça tu peux préparer un spectacle qui a la même forme que la vie. Des actes, des actes, rien que des actes tout ça. Des cartouches : à l'intérieur d'une cartouche, tu peux en caser un paquet d'autres, qui éclateront après la grande, rangées comme une poule dans un oeuf, et dans cette poule il y a d'avantage d'oeufs avec dedans encore plus de poules, et ainsi de suite, ad vitam infinitum. Des gerbes : une gerbe a la même forme que la sensation d'être en vie : un tas de petites explosions et combustions qui se succèdent tout le temps, s'éteignant, s'allumant, s'éteignant, et qui toutes ensemble forment un tableau, comme la pensée trace des tableaux au milieu des airs.
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L'amour : c'est un truc personnel. Je veux dire, mon amour n'a rien à voir avec elle – pas avec la véritable elle. C'est juste quelque chose que je ressens. Je crois que ça me relie à elle. Mais il n'en est rien. C'est un mythe, un mythe que j'ai fabriqué ; un mythe qui parle d'elle et de moi. L'amour est un mythe.
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Il y a des choses dans le monde qui ne sont pas inventées sans pour autant être absolument vraies.
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Les livres! S'ouvrant avec de petits craquements de vieille colle, libérant leur parfumé; se refermant avec un solide choc sourd. Il les aimait gros; il les aimait vieux; (...). Ceux-là – les gros, les très vieux – contenaient des secrets par leur simple nature; à cause de son âge (...), il ne pouvait vraiment percer ces secrets, ni s'apercevoir que le livre était (comme la plupart des livres, au fond) ennuyeux, daté, stupide. Ils gardaient leur magie, pour la plupart.
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"C'est comme si chaque jour était un pas, dit Daily Alice, et que chaque pas vous éloignait un peu plus de – eh bien, de l'époque où les choses avaient davantage de sens. Quand les choses étaient toutes vivantes, et vous faisaient des signes. Et on ne peut pas davantage s'empêcher de faire un pas de plus que de vivre une journée supplémentaire. (...) Ça ne se résume pas simplement au fait que je suis trop grande maintenant. (...) Ce que je me demande, c'est si le monde n'est pas en train de vieillir. S'il ne devient pas moins vivant, en somme. Ou est-ce seulement moi qui vieilli?"
"Tout le monde fini par se poser cette question. Au fond, je ne pense pas que quiconque puisse sentir le monde vieillir. Sa durée de vie est bien trop longue pour ça. (...) Ce qu'on apprend peut-être en vieillissant, c'est que le monde est vieux – très vieux. Quand on est jeune, le monde le paraît lui aussi. C'est tout."
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Leurs vies abondaient en petits événements dramatiques, en signes vagues mais passionnants que la vie n'était pas ce que la plupart des gens croyaient; ils faisaient partie de ces individus qui regardent la vie comme un grand rideau morne qui bientôt, forcément, se lèvera sur quelque spectacle exquis et formidable; et même s'il ne se levait jamais vraiment, ils savaient se montrer patients, remarquaient avec excitation chaque petit mouvement du rideau tandis que les acteurs prenaient leurs marques, tendaient l'oreille pour entendre déplacer l'inimaginable décor qu'il cachait.
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Rien de tout cela n'était vrai. (...) De telles choses étaient vraies seulement lorsqu'on les disait aux enfants, comme lorsqu'on dit "Grand-Père est parti" à un enfant quand son Grand-Père meurt, quand il n'y a plus de Grand-Père pour aller et venir. Et l'enfant dit : Où est-il parti? On invente alors une réponse un peu moins vraie que la première, et ainsi de suite. Pourtant on a parlé sincèrement, et l'enfant a compris ce que vous vouliez dire, au moins autant que vous-même.
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Je sais cependant que tout ce qui arrivé n'est pas dû au seul hasard ni à la seule fatalité, mais est le fruit d'intelligences soumises à des contraintes - ainsi qu'à des désirs profonds.
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Les Corneilles finirent par beaucoup s'amuser de ces mannequins; bien qu'elles n'identifient pas les multiples représentations que les humains se donnent eux-mêmes, le recours à l'épouvantail est tellement évident qu'elles ne se trompent pas, et il produit le même effet sur leur sens de l'humour qu'une blague sur certains individus. Elles se plaisent à feindre au début un brin de frayeur avant d'aller se percher sur les bras écartés du faux paysan et lui croasser à la figure - car les Corneilles croassent de plaisir en cas de drôlerie et de surprise : un cri qu'on finit par reconnaître à force de les étudier.
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De la compassion. Voilà ce qu'il ressentait dans la poitrine et derrière les paupières quand il allait se percher, bien caché, pour dormir. Il n'avait pas de mot dans la langue du Kra pour ce sentiment; il n'en existait pas parce qu'il était la première Corneille à l'éprouver. De la compassion pour ces âmes aux prises avec les complications terribles de l'existence qu'elles s'étaient donnée, qui s'étaient échinés avec autant de constance et d'acharnement que les Abeilles en mettent à construire leurs ruches, sauf que les ruches de ces âmes-là ne recelaient pas de miel. Des vies de labeur, des batailles et des morts, tout ça en vain, pour rien, voire pire : sans raison.
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Oiseau de mort. Memento mori, comme l'appelait parfois le Frère dans l'autre langue, la langue spéciale. Mais c'étaient eux, les Humains, qui s'intéressaient à la mort. Ce que voulait une Corneille, c'était vivre : elle le voulait dans un repli si profond de son être qu'on ne pouvait ni le trouver, ni le nommer, ni en parler.
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Je te connais, dit-il. Je t'ai vu, là en dessous. Pourquoi n'es-tu plus en Enfer?

Parce que c'est ici, l'Enfer, répondit le brigand sans lèvres; et j'y suis toujours.
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Pour ces animaux-là, il était difficile de comprendre ce que faisaient les Humains. Les Humains leur paraissaient aimer la mort : ils chérissaient les cadavres de leurs semblables et s'évertuaient à en augmenter le nombre, pour les traiter en bien ou en mal.
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Mais ceux-là ne se comportaient pas comme des Corneilles. Les défenseurs combattaient comme s'ils avaient affaire à des intrus, mais tuaient comme s'ils s'agissaient de proies.
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C'est de cette façon qu'opère un Faucon : piquer à une vitesse hallucinante, fendre le crâne de sa victime d'un coup de tarse, puis s'en saisir alors qu'elle tombe morte ou étourdie vers le sol. Il procède rarement autrement. Les Faucons sont puissants et féroces, mais pas inventifs. Ils n'en ont pas besoin. C'est à leur proie de réfléchir.
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Pourquoi suis-je allé au Parc, cette première fois ? Surtout parce que j’avais oublié. Recevoir cette clef par le courrier, ce fut comme de tomber, par hasard, sur une pile de vieilles photos qui ne vous ont pas intéressé à l’époque, mais qui, après avoir vieilli, renferment plus de passé qu’elles n’ont jamais renfermé de présent.
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Il s’aperçut, juste au moment où il s’installait sur un tabouret, au milieu du bar, qu’on venait de lui octroyer un sujet. Une idée sur la nature des choses qu’il tournait et retournait dans sa tête depuis quelque temps était devenue, sans qu’il l’ait jamais décidé, le sujet d’un livre. Il s’était « mis en place », comme on dit, telles les gorges d’une serrure qu’un perceur de coffre-fort écoute, et avec le même petit cliquetis doux – du moins est-ce ainsi qu’il le ressentit. Le sujet, c’était l’homme tiraillé d’une manière contradictoire entre la Nouveauté et la Sécurité.
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Juste avant l’aube, le président pro tem s’accouda sur un parapet de pierre ouvragé qui donnait sur le terminus d’un tramway. L’un des véhicules venait d’y terminer son parcours, le conducteur et le receveur en descendirent, hominidés courtauds en manteaux et casquettes à visière. Leurs longs bras vigoureux commencèrent à faire tourner le tramway pour son trajet de retour. Le président pro tem regardait ce spectacle banal ; son nez semblait connaître l’odeur de l’intérieur du véhicule, et son postérieur, la sensation de ses sièges lustrés. Mais il savait aussi qu’hier, il n’y avait pas de tramway dans cette ville. Aujourd’hui, ils y circulaient depuis des dizaines d’années.
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