AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de John Thomas Sladek (13)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées
Black Alice

« -A vrai dire, j'ai tellement changé depuis ce matin que je ne saurais plus dire qui je suis… » dit l'Alice de Lewis Caroll. L'Alice de Thomas Disch et John Sladek pourrait en dire autant: de riche petite fille blanche scolarisée dans un établissement huppé de Baltimore, elle est devenue noire, pauvre, et recluse dans une maison de passe afro-américaine de Virginie, alors qu'à l'extérieur, la bataille pour les droits civiques fait rage et que le Ku Klux Klan rôde…



Comment Alice Raleigh, onze ans, blonde aux yeux bleus, héritière des Duquesne, est-elle arrivée là? Kidnappée par de mystérieux ravisseurs qui demandent un million de dollars à ses parents, elle a été grimée en noire afin de passer inaperçue, et placée sous la surveillance de Betsy, une mère maquerelle. Un exemple de « Passing » racial comme le nomment les nord-américains, mais aussi social. Recluse, Alice le devient dans le bordel, sous la garde des pensionnaires qui ignorent sa véritable identité, mais recluse elle l'est aussi dans la banlieue de Norfolk, petite fille, noire d'apparence, dans le quartier défavorisé à la merci des suprématistes qui s'opposent, dans le Sud des années 60, à toute velléité d'émancipation.



Ce très bon roman noir, caustique et cru, est le fruit de l'imagination de deux auteurs de S.F, Disch et Sladek. Leur thriller, classique, un kidnapping, une rançon, l'enquête, prend un virage à 90 degrés, et leur permet grâce à une traversée du miroir, raciale, sociale, politique, de dresser un état des lieux de la ségrégation.



Les personnages sont aussi fantasques et cruels, qu'une Reine, un Chapelier fou, et un chat souriant. « Mais je n'ai aucune envie d'aller chez les fous ! - Oh ! vous ne sauriez faire autrement, tout le monde est fou, ici… » Autour de Black Alice aussi, tout le monde ou presque est fou… Heureusement que cette petite fille intelligente et sensible est dotée d'une grande capacité de résilience. Que ce soient ses parents (indignes), surtout son géniteur, Roderick Raleigh, un raté geignard et dénué de morale qui aime à citer Shakespeare, ou les débiles du KKK qui se cachent derrière des « Grand Cyclope »  et « Grand Dragon du Royaume Virginie », mais qui aiment coucher avec des filles de couleur de chez Betsy… Ce roman d'apparence foutraque est fort bien écrit . Grâce à l'imagination débridée de ses auteurs et à leurs innombrables trouvailles, il nous plonge avec violence dans la schizophrénie américaine.
Commenter  J’apprécie          6910
L'invisible monsieur Levert

D'abord, merci à François Guérif -maître ès-polars- pour avoir accueilli dans la collection Red Label l'extraordinaire et Invisible Monsieur Levert ( Invisible green, dans le titre original).

Ce livre dormait sur mes étagères et au court de mes déménagements depuis le début des années 90. Il n'était pas enfoui, ce polar, mais faisait partie de ces ouvrages que je comptais lire un jour toujours de plus en plus lointain... C'est le sort de maints opus de mon "wagon" à lire.

N'ayant pas ouvert ce bouquin, dont je possède la deuxième édition de 1987 chez Clancier-Guénaud, je me figurais son écriture remontant aux années de l'âge d'or du polar classique des années de l'entre-deux guerres.

... Et puis, décidant que j'en voulais savoir d'avantage sur cet Invisible Monsieur Levert, j'entame enfin ma première lecture de John Sladek.

Surprise: L' oeuvre date de 1977 et met en scène les personnages d'un ancien Crime-Club so british des années 30!.. Mais le récit est contemporain, et un véritable détective privé (américain, of course) mène une enquête aussi retorse que passionnante. Enquête où ne manque rien du polar classique, ni chambre close, ni fausses pistes, ni flic sceptique, ni armes du crime... Bref, tout ce qui fait le délice d'un polar respectueux des règles du genre et présentant tous les éléments du problème au lecteur qui se dit, la dernière page tournée: Ah, mais bien sûr!.. Et qu'on est vexé mais ravi de n'avoir rien deviné.

Le charme discrètement rétro de cette enquête "à détective amateur" et son anachronisme apparent (apparent seulement) dans le Londres des années 70, m'a entièrement conquis... Et certains dialogues entre journaliste et détective sont particulièrement savoureux!

Décidément, cet Invisible Monsieur Levert est une découverte d'un auteur

( John Sladek ) à côté duquel il serait fort dommage de passer et dont je vais chercher d'autres ouvrages.
Commenter  J’apprécie          210
Black Alice

Dans le Maryland, dans les années 60. Alice Raleigh est une petite fille de 11 ans. Elle est l’héritière de la grande fortune de son grand-père, gérée par son oncle Jason. Ses parents s’intéressent plus à son héritage qu’à elle. Mais, un jour, elle est enlevée et déguisée en Noire pour être cachée aux yeux de tous…

Je ne suis pas fan des romans policiers mais l’intrigue avait l’air intéressante. Une fois, l’histoire se lit bien mais mon intérêt pour le livre était un peu retombé. Je m’attendais à autre chose. Mais le contexte est captivant, l’Amérique, le Ku Kux Klan et le racisme. C’est effrayant de voir à quel point, à quel point il était présent à cette époque.

Ce n’est pas souvent que je lis un quatre mains mais l’ensemble est assez cohérent même si j’ai eu du mal à rappeler quelques personnages. J’ai bien aimé le ton humoristique malgré le contexte un peu rude. Je lirais bien les autres œuvres des auteurs !

Commenter  J’apprécie          70
Black Alice

Thomas Disch est bien connu des amateurs de Science Fiction. On lui doit dans ce domaine deux forts romans, très personnels : Sur les Ailes du Chant et Le Businessman. Il est également l'auteur d'un recueil de nouvelles intitulé 334, dont chaque texte concerne un habitant de l'immeuble n°334. Ces livres témoignent de la grande érudition de son auteur, de son humour subtil et d'une vision très noire mais très réaliste d'un futur proche. Ils témoignent aussi de la qualité d'écriture de Thomas Disch, aux phrases ciselées, aux formules incisives. Thomas Disch a un talent monstre. Dommage qu'il soit si discret.



Associé à John Sladek, il aborde ici le monde du polar. Mais il le fait à sa manière, évite détectives classiques, duo d'inspecteurs ou serial killer, pour transposer le thème d'Alice au Pays des Merveilles dans les années soixante et nous écrire une histoire originale et drôle. On retouve dans ce roman les caractéristiques de l'auteur décrites plus haut : humour raffiné qui sied si bien à son sujet, style parfait, art de la nuance et du détail qui fait mouche. Il nous brosse aussi quelques savoureux portraits de personnages dont émerge un couple irrésistisble : Roderick (Rodipou pour les intimes), si fabuleusement, si naturellement égocentrique, et son épouse Delphinia, qui ne lui cède en rien.



On pourra reprocher à ce livre charmant sa légèreté et considérer qu'il est surtout un exercice d'écriture. Sans doute. N'empêche qu'un sourire amusé nous accompagne tout au long de ses 296 pages. Alors on ne va pas bouder son plaisir.

Commenter  J’apprécie          60
Tik-Tok

Tik-Tok, robot cynique et meurtrier, est une dégénérescence des lois de la robotique d'Asimov. Car les fameuses lois semblent n'avoir aucune emprise sur cette drôle de boîte de conserve : il tue, il ment, il manipule, le tout dans le but à peine caché de détruire la race humaine.

Sladek pousse ici le raisonnement jusqu'à l'absurde, imaginant son robot psychopathe gravissant les échelons du pouvoir, jusqu'aux portes de la maison blanche. Avec un humour grinçant et narquois, il rappelle les grandes heures de la SF engagée (celle des Ballard, Spinrad et autres Brunner), le tout baignant dans une atmosphère moquant souvent celle du grand Isaac.

Un régal, malheureusement épuisé depuis quelque temps, mais qui mérite que l'on se donne la peine de le chercher en occasion.
Commenter  J’apprécie          60
Black Alice

Il était une fois une petite fille blonde aux yeux bleus, potentiellement riche héritière, qui avait beaucoup d'imagination et qui s'ennuyait ferme.

Il était une fois des parents complètement nuls. Une mère nombriliste et dépressive, un père hâbleur et dépensier, vivant tous deux aux crochets du richissime oncle Jason.

Il était une fois une préceptrice afro-américaine élégante et avisée, embauchée par l'oncle pour remettre de l'ordre dans les idées d'Alice, suite à une crise de schizophrénie embarrassante .

L'appât du gain, la ségrégation raciale dans l'Amérique des années 60, l'appel du rêve et la candeur de l'enfance: tous les éléments sont réunis pour faire de ce livre un bon moment de lecture. Une histoire haletante, autour d'un enlèvement d'enfant, mais pas seulement . Une histoire qui montre les profondeurs de l'âme humaine, la bêtise des mouvements de foule, la vérité brutale d'un pays désaxé.
Commenter  J’apprécie          50
Tik-Tok

L’année 2021 sera pour moi, celle d’Isaac Asimov, puisque je suis inscrit à un challenge qui lui est en partie allouée (merci au passage Fifrildi). Bien que John Thomas Sladek ait pris comme personnage central un robot défaillant sur les trois lois de la robotique, je n’ai pas choisi ce livre pour le lien obscur qui l’unis à Isaac Asimov, mais bien parce que j’avais envie de lire de la SF en ce moment et pour la collection « Présence du futur » dont je trouve les couvertures, pour la plupart, magnifiques.



Je vais humaniser Tik-tok comme l’a voulu l’auteur dans ce court roman. C’est un personnage odieux, perfide, malsain. Sous le ton d’un journal intime, on suit l’ascension d’un simple androïde ménager jusqu’aux plus hautes sphères de la société. Le hic, c’est que notre petit robot est quelque peu détraqué et s’est pris pour passion le meurtre, qui par ailleurs a réveillé chez-lui un autre passe-temps la peinture.



Si les quatre-vint première pages sont plutôt plaisantes, le reste a été pour moi un chemin de croix. En fait, j’ai perdu pied quand notre tas de ferraille devient une sorte de parrain du grand banditisme. Au début, il évolue de famille en famille jusqu’à devenir indépendant. Il passe dans l’art du meurtre et ses assassinats mutent de la simple pulsion à celle de masse.

L’auteur a fait le pari de narrer son histoire de façon loufoque, détaché, absurde, le tout à la première personne. Si ça m’a fait rire au début et sur quelques scènes, j’ai trouvé le reste trop lourd et indigeste. L’ensemble du livre n’est pas structuré et je l’ai trouvé un peu fourre-tout. Un humour bien particulier qui a su séduire les british, car ce livre est auréolé « British Science-Fiction » en 1983. Ce n’est pas très étonnant que je n’ai pas trop apprécié ce livre, puisque je n’ai pas beaucoup d’affinités avec nos voisins du nord. Je leur laisse volontiers leur climat, leurs nourritures, leur sortie de l’Europe.
Commenter  J’apprécie          40
Tik-Tok

Voici le récit, épique et gratifiant, de l'irrésistible ascension du robot Tik-Tok. Esclave à tout faire des hommes, Tik-Tok sera tour à tour cuisinier, majordome, homme de ménage, passager d'un vaisseau pour Mars, avant que les aléas de la vie et son bagout n'en fasse un peintre célèbre et que les sirènes de la politique ne l'interpellent. Protégés qu'ils sont par les circuits asimov intégrés à tous les robots, les hommes ne se méfient pas de l'étrange réussite de cette boîte en fer-blanc, réussite pourtant jonchée de mystérieuses morts et de beaucoup de violence. Ce qu'ils ne savent pas, c'est que les circuits asimov de Tik-Tok ont grillé depuis longtemps et que ce dernier s'est découvert une appétence pour le meurtre, les expériences sur les êtres vivants et l'absence de remords.



Le grand Isaac Asimov a, avec ses lois sur la robotique, ouvert tout un champ de réflexion et d'expérimentation pour les auteurs de SF, mais aussi imposé des limites et borné la thématique sur les robots. Si beaucoup d'auteurs se sont essayés à poser des problèmes éthiques aux robots, peu ont osé ignorer volontairement ces trois lois. Pour cela, John Sladek a attiré mon attention : aller ainsi à l'encontre des règles imposées me paraissait faire montre de beaucoup d'effronterie et d’irrévérence ! Et quand en plus le robot décide de faire du meurtre un terrain d'expériences, cela m'a semblé un sujet de roman des plus aguicheur.

Cependant la lecture de « Tik-Tok » n'a pas répondu à mes attentes. C'est effectivement effronté et drôle, mais le roman est aussi très vite lassant... Lassant au niveau de l'écriture que j'ai trouvée plutôt creuse, mais aussi au niveau des péripéties qui se déroulent toujours plus ou moins de la même façon. De plus, les différents paragraphes de flash-back, où Tik-Tok revient sur des faits, des expériences, des souvenirs passés, m'ont déstabilisée et il me fallait parfois un moment avant de comprendre que nous étions passés à autre chose...

Le livre m'a semblé bien brouillon et même si c'est volontaire, cela n'a pas facilité ma lecture et mon adhésion. De plus, je n'ai pas vraiment trouvé trace de la satire que la quatrième de couverture évoque. Oui, il y a bien quelques caricatures du genre humain et de ses mœurs, mais je n'y ai vu aucune critique franche et acerbe. Par contre, il me semble plus juste de dire que « Tik-Tok » est un roman de l'absurde, où un robot, afin de s'approcher au plus près de la liberté humaine, expérimente ce que les hommes s'interdisent de faire. À ce titre, quelques scènes de pur délire tranchent nettement dans ce roman, par ailleurs plutôt plat. Mais là encore, si la première de ces scènes amène le sourire, la troisième du même type est déjà beaucoup moins drôle...

Un titre à ne conseiller donc qu'aux aficionados.
Commenter  J’apprécie          40
Tik-Tok

Tik-Tok est un livre qui à tout pour plaire. C'est drôle, méchant, original et intéressant...

Méchant parce que finalement l'Homme est mauvais et chaque robot est appelé à lui ressembler. Nous sommes bien loin du Darell d'Asimov. Tik-Tok a l'instar du robot homonyme du magicien d'oz n'a pas de coeur, mais lui "est gentil" comme aime répéter les humains qui n'ont pas beaucoup de cervelle...

Ce livre est original parce que TIK-TOK est un robot différent de ceux des canons de la S-F, il ne cherche pas à ressembler aux humains, il ne cherche pas non plus à veiller sur nous et son intelligence est redoutable .

La meilleur définition du comportement du tik tok, se trouve dans le livre cité (conjoncture et rationalisme de karl popper): si tu ne peux pas t'entendre avec les humains autant les détruire par l'intimidation, la force, la menace et la propagande.

Ce livre soulève des débats sur la bonne pensée (souvent stupide des étudiants) la finance, l'art...

La bonne nouvelle est que TIK-TOK triomphe à la fin et tant pis pour les humains, de toute façon on est qu'une bande de dégénérés.



http://sfsarthe.blog.free.fr
Lien : http://sfsarthe.blog.free.fr
Commenter  J’apprécie          40
L'Aura maléfique

Ecrivain de science-fiction, John Sladek a écrit deux classiques du crime en chambre close : L’INVISIBLE MONSIEUR LEVERT et cette AURA MALEFIQUE, qui mettent tous deux en scène son détective excentrique au nom délirant de Thackeray Phin. Ce dernier, un Américain vivant à Londres au cœur des années ’70, possède suffisamment de biens pour vivre oisivement et s’adonner à ses passions, notamment la recherche de faux médiums qu’il aime démasquer. Il s’invite ainsi dans une communauté de « psychiques » dans laquelle on trouve un assortiment de personnages haut en couleur comme un prêtre, une star du rock, etc. Au cours d’une soirée de « recherches paranormales », Phin assiste à la disparition inexplicable d’un protagoniste qui pénètre dans une salle de bain pour ne plus en ressortir. Un prélude à un second tour de force puisque notre star du rock s’enferme à son tour sur un balcon avant de se mettre à léviter devant de nombreux témoins…puis de chuter sur le sol où il se tue. A Phin de résoudre cet impossible problème.

Avec L’AURA MALEFIQUE (celle qui, selon les spirites, entoure les futurs défunts), Sladek propose un hommage distancié mais respectueux aux classiques de l’âge d’or du roman policier. Il se confronte ainsi à un des poncifs du « crime impossible » avec cette séance de spiritisme qui tourne mal devant des témoins plus ou moins crédules. L’auteur offre donc deux disparitions inexplicables et cet incroyable chute au cours d’une lévitation forcément expliquée de manière cartésienne (et fort convaincante) dans les dernières pages. Ce tour de force de rigueur reste évidemment mémorable et justifie à lui seul l’inclusion de ce roman parmi les classiques du crime impossible.

Mais l’énigme du « howdunit » n’est pas tout et, heureusement, Sladek ne se limite pas à fournir une explication élégante aux diverses impossibilités. Son whodunit se montre surtout bien mené, rythmé par des dialogues incisifs et ponctué de nombreuses touches d’humour bienvenues. Quelques légers défauts (l’enquête reste un peu lâche) n’entament pas la grande réussite de ce classique de la « chambre close ».


Lien : http://hellrick.over-blog.co..
Commenter  J’apprécie          31
Méchasme

En reclassant ma biblio de SF je suis tombé sur un bouquin de 1968 appartenant à un genre un peu oublié :la SF foutraque ! On pense un peu aux Monty Python , à Gotlib , beaucoup au Kubrick de « Dr Folamour » on rêve de ce que ferait Tarantino ou Rodriguez de cette histoire de savant fou (une psyché à faire gerber Sigmund issue d’une enfance pas piquée des hannetons) inventant la machine autoreproductrice pour solder ses comptes avec les femmes et l’Armée américaine. C’est joyeusement iconoclaste , ahhh ces soixante-huitards !
Commenter  J’apprécie          30
Mecasme

Peut être un premier livre sur les IA.

Ou le plaisir de retrouvé le style inimitable des anciens livres de SF.
Commenter  J’apprécie          20
Black Alice

Le personnage d'Alice n'est pas dénué d'humour, au sens où, d'après l'appli Robert Dixel, celui-ci est une « forme d'esprit qui consiste à dégager les aspects plaisants et insolites de la réalité, avec un certain détachement ». L'humour d'Alice est un humour d'enfant de 11 ans, où se mêlent logique, cruauté (tout d'abord, dans l'incipit, l'enlèvement - mais « avec précaution » - de la chenille pour répondre à une attente assommante) et une certaine empathie (qui tempère « un certain détachement »).

L'humour des auteurs, Thomas Disch et John Sladek, est un humour noir (dark), « qui s'exerce à propos de situations graves, voire macabres » (toujours le dico).

Il m'a fallu deux lectures pour pleinement apprécier les qualités de ce livre trouvé chez un bouquiniste il y a quelques mois (le titre me plaisait et je commençais à découvrir les romans de Thomas Disch - Génocides notamment, qui, bien qu'ayant un peu déçu mes attentes, vaut à mon sens la lecture pour au moins deux « scènes » : celle du banquet et la fin).

Dans un premier temps, lecture enthousiaste, je me suis laissé emporter, déborder par l'intrigue, avant de poser le livre et de le laisser prendre la poussière. Une seconde lecture (je relis plus que je ne lis, comprenne qui veut) m'a permis de mieux apprécier la finesse du récit ; la tension, le malaise instaurés dès les premières pages ; puis la folle accélération qui, annoncée dans le dialogue des dernières pages du chapitre 10, ravage tout à partir du chapitre 11 (le roman comporte 22 chapitres dont un épilogue), humour macabre et brutalité cathartique aux manettes.

États-unis, années 60. Famille, argent, délires raciaux, psychose(s)... Difficile d'en dire plus sans « trahir » l'intrigue.

Si ce n'est remarquer que Black Alice fait pour moi partie de ces récits (romans, BD) qui tendent vers un lieu où les personnages principaux cherchent à se protéger - provisoirement, de manière précaire - de la brutalité des autres, de la folie d'une société : avec les moyens qui sont les leurs, que leur accordent les auteurs (perversion ironique, désespoir et vivacité, modestie des anti-héros), les ratages que cela implique. Super (re)lecture.
Commenter  J’apprécie          00


Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de John Thomas Sladek (96)Voir plus

Quiz Voir plus

Quiz pour tous les Tintinophiles

Quel est le prénom du capitaine Haddock ?

Romain
Marin
Tancrède
Archibald

8 questions
89 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}