Jonathan Dee a répondu à nos questions sur son roman "
Sugar street", sorti en librairie début février.
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SugarStreet
le monde extérieur parvenait de temps en temps à toucher votre quotidien d'une façon qui n'était pas imaginaire.Ces points de contact avaient du bon et du mauvais car ils servaient à la fois à vous relier au dynamisme plus vaste dont vous rêviez, mais également à vous rappeler combien vous en étiez coupés.
Le problème, ce n'est pas que l'amour t'aurait détruite. Le problème, c'est que tu ne te vois pas comme quelqu'un qui mérite d'être aimé. Du coup tu gaspilles tes dons.
"Le chant d'amour. 1914. A propos, Magritte disait de ce tableau, qu'il avait vu jeune homme en visitant un musée en 1922, qu'il constituait un des événements les plus importants de sa vie. En effet, disait-il, dans un monde de cubistes et autres manipulateurs timorés de la surface plane de la toile, il avait enfin découvert quelqu'un qui rêvait, non pas d'une manière de peindre, de ce qu'il fallait peindre."
Notre culture ne propage aucune valeur hormis cet étrange autodénigrement suggéré par ce perpétuel sourire d'ironie : nous nous abstrayons de nous-mêmes pour mieux nous protéger du terrible vide de l'existence que nous menons aujourd'hui.
La population étudiante a en permanence entre dix-huit et vingt-deux ans ; seuls ceux qui pourvoient aux besoins de cette multitude – les commerçants, les logeurs, les professeurs titulaires – sont autorisés à se regarder vieillir mutuellement
Bien sûr il est possible que ce soit la définition même d'un grand amour. Un amour si grand que tu ne réussis pas à le vivre, que les ressources dont tu disposes se révèlent dérisoires à côté de lui. Rester à la hauteur de cet amour, de manière soutenue, s'avère être un casse-tête qui dépasse tes capacités.
Le problème, c'est qye dès qu'on commence à voir à quel point tout est répétitif et sans vie, on ne peut plus s'aveugler.
- Parce que tout est tellement prévisible, ajouta Ben, absolument comme si aucune autre voix ne s’était exprimée. Cela me terrifie. Le moindre petit détail de ma journée me terrifie. Le repas que je prends, le client que je rencontre, chaque fois que je monte en voiture ou que j’en descends. Ca me fout la trouille. N’avez-vous jamais éprouvé une lassitude telle que, littéralement, elle vous épouvante ? C’est ce que je ressens, tous les jours. C’est que je ressens, assis là, en ce moment précis, à cette seconde précise. C’est comme une putain de condamnation à mort, de revenir dans cette maison tous les soirs. Enfin, sans vouloir vous offenser.
N'avez-vous jamais éprouvé une lassitude telle que, littéralement, elle vous épouvante ? C'est ce que je ressens tous les jours.
"La vie était traversée par un courant rapide et une fois qu'on l'avait quitté, [...] personne ne vous accueillait avec des cris de joie quand vous vouliez replonger."