Jordan Tannahill on Declarations
La chose que j'ai encore du mal à comprendre, c'est comment une chose aussi bénigne, aussi inoffensive, a pu mettre ma vie sens dessus dessous.
En fin de compte, il semble que la croyance commune en un toi essentiel et immortel, dont la destinée est déterminée par les actions posées au cours de cette vie, constitue un point commun beaucoup plus profond entre les différentes formes de foi que les déviations superficielles de dogmes et de coutumes qui les séparent. En revanche, la non-croyance en l’âme et en la vie après la mort est quelque chose de complètement différent. D’insurmontable. C’est comme si tous les croyants du monde étaient dans une fête en train de s’engueuler au sujet de la couleur du chapeau de fête qu’ils devraient mettre, pendant que les athées font leur propre fête dans la pièce voisine en dansant sur du Madonna.
Maman, j’ai peur que nous soyons dans deux fêtes fondamentalement différentes.
Que tu soies endormie est assurément la plus probable des deux possibilités. Après tout, toutes les autres fois où j’ai pénétré dans ta chambre pour te retrouver dans ton lit, tu étais vivante, tu respirais, dormais, rêvais, ou étais assise en train de lire, de parler au téléphone, de pleurer, de te couper les ongles, ou simplement perdue dans tes pensées. À tous les autres moments de ma vie, tu étais vivante, un nombre infini de moments vivants, pourquoi celui-ci devrait-il être l’exception ?
Je regarde ton corps et suis incapable de le concevoir. Pourquoi ? Il est dans un entre-deux. Je n’arrive pas à la comprendre parce qu’il est pris entre deux possibilités distinctes :
a – Tu es endormie ;
b – Tu es morte.
mère monoparentale. Survivante d’un cancer de sein. Membre d’un club de lecture. Inconditionnelle de la radio de CBC. Abonnée du magazine Maclean’s. Chrétienne aux tendances New Age. Humaniste. Membre du parti libéral. Force gravitationnelle d’une petite galaxie d’amies. Dure à cuire proclamée
le soir de la première de Giselle [où] le danseur qui jouait le duc Albrecht est entré avec un godemiché mauve géant dans son cul ». D’ailleurs « le spectacle s’est terminé avec Giselle soufflant dans son vagin avec un cor français
Tandis que je me tiens ici […], toi dans ton lit, moi dans l'embrasure de la porte, dans un moment de contemplation, quelque chose - peut-être toute chose - est dévoilé. Et je deviens dé-fixé. Mais je ne comprends pas encore
Je suis dans le moment entre la conscience et la compréhension. L'intervalle entre la main qui touche l'eau bouillante et la douleur de la brûlure. Entre sens et sensation
J’ai commencé à faire une fixation sur l’idée que j’étais génétiquement prédestiné à être soit un perdant, soit un pervers
C'est une ecchymose pressée.
C'est le sourire de Greta Garbo.
C'est l'odeur de Windex
désolé (jlvlivres)