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Citations de José Manuel Fajardo (21)


Tu sais, mon frère, que je ne suis pas partisan des violences, bien que je ne refuse pas le combat s'il est nécessaire. La vie en mer m'a enseigné que la force est souvent aussi indispensable que l'intelligence, mais je n'ai jamais aimé le spectacle des pendaisons et des bûchers d'hérétiques, car, tout pécheur qu'il soit, l'accusé est sans défense et je ne vois aucun honneur à torturer qui ne peut se défendre. Bien au contraire, je trouve que c'est commettre une vilénie indigne d'hommes de bien, et outrager si fort la bonté de Dieu et les enseignements chrétiens que je ne comprends pas pourquoi notre Sainte-Eglise peut y recourir, si ce n'est parce que en fin de compte nos prélats sont aussi des hommes, et donc des pécheurs.
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Je me demande sur quelle terre nous sommes arrivés, mais je suis certain que c'est la plus perdue des possessions du Grand Khan, car la langue de ces Indiens est complètement inconnue et, en dépit des bons offices de notre traducteur, Luis de Torres, aucun d'eux n'entend l'arabe, le chaldéen ou l'hébreu, qui sont pourtant des langues orientales.
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L'eau était tiède et pure, et d'une telle transparence qu'elle était parfois verte, parfois jaune, selon les variations des fonds. Je vis près de moi un Indien qui, après avoir déposé le poisson capturé dans son canoé, se disposait à replonger. J'en fis autant et tu ne peux imaginer ce que virent mes yeux. Sous les vagues régnait une lumière douce sillonnée par des poissons de toutes formes et de toutes couleurs. Petits et plats, rouges et argentés, à rayures jaunes sur tout le corps, à taches blanches sur écailles noires, la bouche allongée comme une trompette, ronds comme des melons et hérissés de piquants, longs comme des dagues, de la taille des sardines ou de celle des morues, mais tous étranges dans leurs formes comme dans leurs manières.
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Les bateaux sont partis hier. La nef de l'amiral a été la dernière à quitter la plage, au point du jour, et les deux caravelles ont hissé les voiles et se sont éloignées dans le temps de retourner trois fois l'ampoulette. Je crois les voir encore, ancrées dans la baie à moins d'une brasse du tas de de bois que nous récupérons sur l'épave de la Santa Maria et que nous transportons depuis des jours de la Santa Maria jusqu'à l'éminence où nous sommes en train de construire la palissade d'un fortin.
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Sa haine était devenue aussi naturelle que sa respiration, un sentiment dépourvu de toute connotation morale, une seconde peau dont il n’avait même pas conscience.​
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La trahison, c’était impardonnable.
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Ma mère adorait les "hoyos de aceite". C'était le plat des pauvres en Andalousie. On prenait un morceau de pain, encore mieux si c'était le quignon, et on enlevait la mie. Dans le creux ainsi ménagé on versait un peu d'huile et une pincée de sel ou de sucre., en fonction des goûts de l'époque. Puis on remettait la mie en place après l'avoir bien imprégnée d'huile, et on mangeait cela comme un sandwich. Rien de rien. Pure illusion. Mais un délice! Mes frères et moi n'avons jamais connu la faim, bien sûr, car nos parents veillaient au grain. Comme tous ceux qui ont connu la guerre, une idée les obsédait : ne plus jamais avoir faim. Et pourtant, nous adorions aussi les "hoyos de aceite". Ce n'était plus une question de survie, mais un vrai régal.
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Le plus absurde était que les incendiaires, au lieu de mettre le feu aux voitures des quartiers riches, brûlaient celles de leurs voisins quand ce n'étaient pas les leurs (...) parce qu'ils crachent sur le ciel, m'interrompis Tiago; c'est de la fierté désespérée des anges déchus qui se rebellent contre le pouvoir. Ils ne sont pas considérés comme des personnes à part entière, comme les égaux de autres, pourquoi devraient-ils encore adorer la voiture, cette sorte d'idole de l'individualisme? Quand ils brûlent leur voitures, ils reconnaissent qu'ils ne sont rien, par conséquent il peuvent faire n'importe quoi, ils n'ont ni lois, ni ordre, car ces lois et cet ordre les condamnent à vivre en enfer.
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Le désir de l'or est une liqueur plus puissante que la plus âpre des eaux-de-vie, et son ivresse égare les sens dans son brouillard doré
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Tais-toi, tais-toi, tais-toi, en l’écoutant je ne cessais pas de me répéter ces mots, tais-toi, car je ne pouvais plus le supporter, moi aussi je devenais folle, Tiago s’était mis à parler en judéo-espagnol, l’espanyoliko de la grand-mère Ada, de ma famille, la vieille langue que pour comble il ne parlait même pas correctement, tais-toi, et j’étais épouvantée de l’entendre dans sa bouche, disloquée et rageuse, cette langue qui avait été un refuge contre la douleur et la brutalité, la langue d ‘amour des miens, c’était comme de voir qu’on arrachait sa langue à ma propre mère, il n’avait pas le droit de s’approprier ainsi la vie des autres, c’était une imposture, une insulte, rt aucun folie pouvait le justifier.
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J'ai décidé d'être un tigre, de combattre bec et ongles toute cette injustice qui m'entoure, de prendre parti pour les victimes et de crier la vérité même s'il elle dérange.
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Sa haine était devenue aussi naturelle que sa respiration, un sentiment dépourvu de toute connotation morale, une seconde peau dont il n’avait même pas conscience.​
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Nous sommes juste un point dans la phrase infinie de la vie.
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Le hasard n’existe pas, Dana, il n’existe pas, il n’y a que des cercles qui se referment.
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(Mais) le désir de l'or est une liqueur plus puissante que la plus âpre des eaux-de-vie, et son ivresse égare les sens dans son brouillard doré.
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Ville de la Navidad
Vendredi, quatrième jour du mois de janvier, de la mille quatre cent quatre-vingt-treizième année de la naissance de Jésus-Christ Notre Seigneur
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La grand-mère Ada me le répétait toujours, même si son opinion dérangeait beaucoup: Ne te laisse pas enfermer dans le rôle de victime, sinon tu en seras une à ton tour.
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Santiago Boroni est devenu fou quelque part entre Tel-Aviv et Safed, je ne sais pas exactement où, et je n'ai pas cherché à le savoir, au fond peu importe.
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« Vous avez fini votre travail, inspecteur ? » Ma mère s'était levée et elle regardait le policier droit dans les yeux. Elle était plus petite que lui, mais elle avait un air tellement résolu qu'elle imposait le respect. L'inspecteur recula de quelques pas et répondit :
- Oui, madame, je vous souhaite de bonnes fêtes et prenez soin de vos enfants, ce serait dommage qu'ils tournent aussi mal que leur père.
La réplique de ma mère fut immédiate, comme si elle avait attendu toute sa vie le moment de la placer :
- Mes enfants vont vivre dans un monde où il n'y aura pas de place pour des gens comme vous, inspecteur.
Le policier ne parut nullement impressionné. Il fit signe aux autres de quitter la maison et, avant de leur emboîter le pas, il lança à ma mère :
- Les gens comme moi sont toujours nécessaires, madame, et quand viendra cette démocratie qui semble tellement vous plaire, vous aurez encore besoin de personnel pour que l'ordre règne. En attendant, tâchez de ne pas faire de bêtises, quelqu'un pourrait vous voir. Nous traversons une période troublée et un accident est si vite arrivé !
Lorsque la porte se referma, ma mère serra les poings et revint s'asseoir à la table. « Connard ! » Sa voix était à peine un murmure, mais elle vibrait de fureur. Elle poussa un profond soupir, prit une gamba avec les doigts et nous dit : « Si l'un d'entre vous décide un jour d'être policier, je le tue. » Et elle arracha la tête de sa gamba d'un coup sec.
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Nous échangeons peu de mots et beaucoup de regards : mauvaise farine, car si l'excès de paroles a coutume de lâcher la bride aux idées sottes et aux malentendus, le silence nourrit les rancœurs et les pensées noire, ce qui est pire.
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