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Critiques de José Maria Ferreira de Castro (8)
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Forêt vierge

Un joli cadeau de la littérature mondiale, ou quand un écrivain-voyageur, Blaise Cendrars, nous offre ce qui se fait de mieux en roman sur la jungle amazonienne, loin de l’habituel exotisme ou des représentations tronquées.

C’était — il nous l’explique dans sa préface — une demande de longue date de son éditeur, qu’il finira par honorer après être tombé sur ce roman largement autobiographique de ce portugais, José Maria Ferreira de Castro, parti à l’adolescence trimer au fond de l’Amazonie brésilienne pour une poignée de reais, orphelin qui ne céda pas aux sirènes de l’aventure, mais à l’écho d’occasions rêvées de l’autre côté de la colline, comme tant d’autres avant et après lui.



Son récit est limpide, de son départ forcé des côtes brésiliennes, en passant par le long voyage le menant au fond du Rio Madeira, jusqu’à entamer les choses sérieuses, on se familiarise avec cet anti-héros dont l’auteur ne fait rien pour le racheter à nos yeux, évidente franchise du romancier exorcisant une expérience traumatique.



La jungle y est fascinante, repoussante, mystérieuse et brutale, révélant le caractère des hommes, ne pouvant le dissimuler au milieu de ce lieu si loin des conditions d’épanouissement sociétal habituelles, où seule une longue adaptation permet d’y évoluer sans trop de difficultés, tels les Parintintin, peuple dont la sourde menace plane sur le livre, eux qui semblent avoir la bonne idée de tenir à distance le matérialiste, et à l’occasion lui trancher la tête pour la rapporter chez eux et danser en cercle tout autour.



L’histoire donne aussi un petit aperçu de lutte des classes, d’intacte morale prolétarienne et de capitalisme criminel, exacerbée façon moiteur, bien que soluble dans ces eaux boueuses, le commerce des hommes y semblant si dérisoire…



On en profitera également pour répondre à une critique qui, avant même de nous parler du contenu de ce roman, souligne au gros feutre « le caractère suranné » de certains mots employés par Cendrars, sans vraiment s‘interroger s’il ne fait que les traduire du Portugais, ou bien s’il emploie simplement le vocabulaire propre à son époque ; bref ce babéliote au pseudo redondant confirme bien cette tendance, en même temps que son nom, pour les surfaces propres et plates, remplies de séparations, catégories et intercalaires, chacune se réservant ou non l’utilisation de certains mots, « ce mot en N.. » dont la part concernée s’est réservé l’utilisation, forcément subversive et discriminante, mot historique et vilain certes, mais éradiqué des livres et des usages secondaires de manière si vaine…

( « ghost writer » ça vous plait davantage ? moi non… et comment appelez-vous cette grosse casserole à panier utilisée pour la friture ? )



On ira bientôt retrouver Blaise vers d’autres horizons…

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Terre froide

C’est par hasard que je suis tombée sur ce bouquin, je chercher un court roman portant dans son titre un mot hivernal pour mon Cold Winter Challenge. Et en fouillant dans ma bibliothèque, j’ai ressorti ce petit livre que j’avais totalement oublié.

Maintenant je me rappelle pourquoi, je l’avais acheté à l’époque. Une ancienne collègue nous en avait parlé avec passion lors de nos réunions polar.

Mais alors que nous raconte cette « Terre Froide »

C’est à la pointe du Portugal, dans la région de Barroso, que l’auteur situe son roman. Dans cette région reculée, Léonardo, vendeur de journaux mais aussi de peaux de renards, ici c’est grâce à la contre bande et la débrouille que l’on gagne un peu d’argent, mène une existence pourtant misérable. Il faut dire qu’ici la vie est rude. Léonardo a épousé la belle Ermelinda.

Oui mais voilà la jeune femme tombe sous le charme de Joaquim Santiago, un homme d’affaire parvenu qui rentre d’Amérique où il est devenu riche. Mais Santiogo n’est pas un honnête homme, aujourd’hui on le traiterait de gros porc et encore on serait gentilles…

Un jour pas fait comme un autre, jalouse et humilié par ce grossier personnage, Ermelinda prend une fourche et le tue.

Leonardo s’accuse du crime pour sauver sa femme et l’enfant dont il croit être le père.

Nous sommes là dans un drame passionnel mais pas que.

Ce roman écrit en 1934 et publié pour la première fois en France en 1947 décrit avant tout la misère du monde rural. A travers l’histoire de ce crime, il dénonce le sort réservé au gens les plus humbles, travailleurs acharnés pour une vie de misère.

J’ai aimé la façon sensible et originale avec laquelle notre auteur évoque ce drame des laissés pour compte.

J’ai aimé les personnages complexes, ni complètement bons ni complètement mauvais notamment Léonardo, ce mari sensible mais blessé dans son orgueil et partagé entre le besoin de survie et le désir de vengeance. Et puis lui comme les autres qui oscillent entre ambition, pouvoir, passion, trahison, amertume et désespoir…

J’ai aimé aussi la manière dont l’auteur nous fait ressentir cette terre ingrate et inhospitalière. J’ai ressenti comment le décor, influer sur le comportement des hommes. Cette terre froide et désolée qui met les plus pauvres à la merci des plus riche.

Nous sommes bien ici dans un roman social. Ferreira de Castro est un auteur réaliste. Il est question ici d’adultère, mais celui-ci n’est que le prétexte à nous montrer une réalité bien plus cruelle, où les femmes sont les premières victimes, le corps soumis à la volonté des hommes, la servante n’est au regard de son employeur qu’une putain dont il peut abuser à sa guise. Il est question ici, dans ce roman noir, de l’exploitation du corps des femmes mais aussi des relations entre patrons et employés. Le plus humble soumis au plus riche…

Mais pour autant notre auteur ne fait pas dans le déterminisme, et la fin de cette intrigue devrait vous plaire, elle est belle et intelligente.

Voilà donc un classique à découvrir ou redécouvrir. Un grand roman, indéniablement.
Lien : https://collectifpolar.blog/..
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Forêt vierge

Un pur moment de bonheur à lire dans sa langue originelle le portugais et par défaut dans une traduction soignée du sieur Cendrars Blaise, écriture généreuse, crue, au scalpel, tous les ingrédients du néoréalisme portugais transpirent à chaque page, souffrance, isolement, solitude, rêves irréalisables, vie d'esclave qu'Alberto va partager pendant une année, au milieu de la folle mêlée des troncs, des lianes, des herbes, dans la chaleur écrasante, environné de serpents d'un nombre et d'une variété infinis. A cette existence désespérée, Alberto réussira-t-il à échapper, avant d'être vaincu par la maladie, vaincu par la solitude, par la peur, vaincu par la forêt amazonienne qui n'accepte pas les blessures faites à son flanc par l'homme ...
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Forêt vierge

Alberto, jeune portugais en exil au Brésil, loge chez son oncle Macedo à Bélem. Sans travail depuis quelques mois, il se retrouve à la charge de son parent qui voit d’un mauvais œil l’inactivité de son neveu. Profitant du passage dans la ville de Baldino, contremaître d’une plantation de caoutchouc dans la forêt amazonienne, à la recherche de main d’œuvre, Macedo suggère à Alberto de tenter sa chance. Humilié par la démarche de son oncle, le jeune homme accepte de partir. Après une remontée mémorable du Rio Madeira jusqu’à la plantation « le Paradis », Alberto est associé à Firmino, un mulâtre qui récolte le caoutchouc depuis des années pour le compte de Juca Tristao, propriétaire de l’exploitation. La chute du prix du caoutchouc condamne les « seringueiros » au labeur à vie pour pouvoir rembourser les dettes contractées à l’embauche : prix du voyage, de l’équipement et des denrées alimentaires. Entre la chaleur, la jungle oppressante et la menace des indiens, la vie des « seringueiros » est un enfer auquel très peu échappent. Plongé dans cet univers déshumanisant, le jeune homme perd peu à peu ses repères et se laisse gagner par le désespoir. Ce roman aux descriptions hallucinantes d’un univers totalement hostile à l’homme et d’un réalisme bouleversant s’inspire de l’expérience de l’auteur qui a quitté le Portugal à l’âge de 12 ans pour aller au Brésil y trouver du travail. Engagé comme « seringueiro », il s’est enfui au bout de 4 ans. Blaise Cendrars, séduit par la richesse linguistique et le réalisme de ce roman, décida de le traduire afin d’en faire connaître l’auteur.
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Forêt vierge

La traduction de Blaise Cendrars offre assez souvent, au détour d'une phrase des mots totalement surannés. Roman inspiré des expériences de l'auteur portugais immigré dès l'âge de 12 ans au Brésil, l'écrit laisse trop de place à l'évolution des personnages et ne se concentre pas sur le point de l'Histoire de l'exploitation du caoutchouc. Il n'a pas ni force ni l'exhaustivité de "Seringueros" ("Manaos" titre original) d'Alberto Vasquez-Figueroa ni même de "La révolte des pendus" de B.Traven qui eux, d'emblée se placent sur le plan humain et humaniste de la dénonciation de l'exploitation éhontée de l'homme par l'homme dans les plantations de caoutchoucs pour "Seringueiros" ou dans les latifundios du Mexique pour "La révolte des pendus".
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Forêt vierge

Encore une lecture de voyage.



Noyé sous une pile de thrillers en anglais, c'était l'unique bouquin en français disponible dans la petite bibliothèque gracieusement proposée aux hôtes de cette guesthouse au bord du lac Toba.



Une édition ancienne du Livre de Poche, jaunie mais bien conservée.

L'aurais-je lu, en aurais-je eu connaissance sans ces circonstances particulières ? J'en doute.



Je me revois, en soirée sur la véranda, un bière tiédissant sur la table et lisant, entouré par la nuit moite et étouffante, harcelé par les myriades d'insectes qui virevoltaient sous le néon.



Cette atmosphère tropicale, similaire à celle du roman, favorisa sans doute mon immersion dans le texte.

Abordée sans convictions, cette lecture m'avait finalement régalé.



Avec le recul, les épreuves traversées par le personnage principal ainsi que certains événements me semblent très proches de la trame de "La révolte des pendus" de Traven.



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Forêt vierge

Voilà un livre qui est un document précieux sur le fonctionnement d’une plantation, à l’époque de la fièvre du caoutchouc en Amazonie. Ce roman, Forêt vierge, illustre la perversité avec laquelle la main-d’œuvre était exploitée.



Alberto avait soutenu la monarchie lors des troubles politiques qui ont conduit à l’instauration de la république au Portugal. Traqué, il s’est exilé à Belém, au Brésil. Le jeune homme est maintenant au chômage et demeure à la charge de son oncle. Celui-ci, qui n’apprécie guère la situation, saisit la première opportunité pour envoyer son neveu travailler dans une plantation de caoutchouc.



Après quelques semaines de traversée à bord du bateau Justo Chermont, Alberto arrive à destination, dans le domaine du Paradis. Étant donné son niveau d’instruction – il était étudiant en droit à Lisbonne –, il s’attendait à intégrer l’administration de la plantation de caoutchouc. Le propriétaire, Juca Tristão, n’en tient aucun compte. Il le prend comme seringueiro ; c’est-à-dire récolteur de latex.



Alberto est envoyé à Todos-os-Santos, une parcelle reculée de la concession. C’est sur ce site qu’il va travailler. On lui définit son parcours. Celui-ci est jalonné d’arbres à caoutchouc qu’il doit entailler pour faire sortir et récolter le latex. La tâche n’est pas évidente. Heureusement, il est supervisé par Firmino qui lui enseigne volontiers les bases de cette technique.



Comme la majorité des seringueiros du Paradis, Firmino est originaire du Ceará, dans le nord-est du Brésil. Dans cette région sévissait une sécheresse terrible qui les a fait tomber dans la misère. Pleins d’espoirs, ils ont accepté les offres de travail des exploitants de caoutchouc. Ils pensaient rester en Amazonie le temps de réunir un bon pécule et projetaient de retourner assez vite dans leur village. Une fois sur place, ils ont été confrontés à une autre vie de misère.



Le système de production, au sein de la plantation de caoutchouc, est organisé de telle façon que les gains des ouvriers compensent difficilement leurs charges. Les seringueiros paient un prix démesuré pour leur nourriture, leurs ustensiles et leur matériel de travail. Isolés dans la forêt amazonienne, ils ne peuvent se fournir ailleurs. Leurs revenus sont modiques, car ils sont basés sur le cours du caoutchouc. Et celui-ci a perdu beaucoup de sa valeur depuis que les Anglais se sont mis à l’exploiter. Tant qu’ils ne remboursent pas leurs dettes, les seringueiros ne peuvent quitter la plantation.



Ce procédé d’endettement présente de nombreux avantages pour Juca Tristão, le propriétaire du Paradis. Il a une main-d’œuvre permanente à disposition. En dépit de la chute du cours du caoutchouc, il dégage de bons bénéfices, grâce à la modestie des rétributions données aux seringueiros. Il n’est pas le seul à agir ainsi. Ce système a été adopté par l’ensemble des exploitants de caoutchouc.



Alberto réalise très vite quel est le sort d’un seringueiro. Il se sent pris en otage. Cela le met au désespoir. Lui le citadin, plus familier des bancs de l’université que de la forêt équatoriale, se retrouve à saigner des arbres ! Il se débrouille d’ailleurs moyennement dans cette tâche. Cela lui attire des ennuis avec les contremaîtres qui ont à l’œil ce jeune homme cultivé. Il risque en plus sa vie. Le seringueiro qui le précédait sur le même parcours s’est fait décapiter par les Indiens Parintintins. L’objectif d’Alberto est de rembourser sa dette. Va-t-il y parvenir ?



Si le système d’exploitation du caoutchouc est si bien décrit dans ce roman, c’est que José Maria Ferreira de Castro, l’auteur, l’a lui-même vécu. À 12 ans, il s’est embarqué pour le Brésil, loin de la misère de son Portugal natal. Pendant quatre ans, il s’est retrouvé à travailler comme seringueiro dans une plantation de caoutchouc. Comme le Paradis, elle était nichée en pleine la forêt amazonienne, sur les berges du Rio Madeira. Il a réussi à s’en échapper.


Lien : https://editionsbarometre.co..
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Forêt vierge

L’enfer amazonien du caoutchouc en 1900, beauté et cruauté cataclysmiques.



Sur mon blog : https://charybde2.wordpress.com/2017/07/04/note-de-lecture-foret-vierge-ferreira-de-castro/
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