Allons réveiller le soleil est la suite de «Mon Bel Oranger », roman autobiographique que j’avais lu à l’âge de huit ans et qui m’avait profondément bouleversé, autant dans ma sensibilité et ma vision du monde que dans mes intérêts littéraires et même culturels. C’est seulement adolescent que j’ai eu l’envie de découvrir, non sans une certaine appréhension, la suite de ces aventures. Et je n’ai pas été déçu.
Alors que Zézé était âgé de cinq ans dans le premier roman, on le retrouve ici à onze ans, pas tellement changé de ces six années. Il a été confié à une famille riche (qu’il n’affectionne pas plus que la précédente) afin de pouvoir réussir ses études et rapporter de l’argent à sa famille biologique qui vit toujours dans la misère.
Si le roman est globalement moins brillant que son prédécesseur, il en reste exceptionnel et porteur d’une émotion unique, propre à son auteur.
La poésie est encore plus présente qu’auparavant – et quelle poésie ! - . Ces métaphores pleines de tendresse, déjà présentes dans « Mon Bel Oranger » avec notamment ce pied d’oranges douces symbole de l’insouciance et la tendresse, sont de retour : Personne ne restera insensible à la relation entre Zézé et Adam, le crapaud cururu qui a mangé si gentiment son cœur afin de prendre sa place, et aider le petit garçon à ne plus avoir peur de la vie. Le monde des rêves est complété par la présence fictive – et si réelle dans l’âme de cet enfant ! – de Maurice (Chevalier) que Zézé considérera comme son père. On ressent la peine infinie causée par la mort du Portuga, et la volonté d’une présence paternelle aimante et durable.
Tout cela avec une grande subtilité, délivrée par le style limpide et touchant de Vasconcelos, ainsi que par des phrases et des situations que l’on n’oublie pas.
Alors certes, l’on pourra reprocher au roman de s’étirer un peu en longueur, surtout dans la seconde partie de l’œuvre. L’on critiquera aussi la difficulté, inexistante dans « Mon Bel Oranger », à suivre l’auteur tant il part parfois loin dans des sensibilités d’enfant qu’il ne clarifie pas toujours au lecteur. Enfin, les personnages et situations n’équivalent pas ceux de mon Bel Oranger, à l’exception du crapaud Adam et de sa relation avec Zézé, qui marqueront à jamais les lecteurs de ce livre.
Mais l’on est si transporté, émerveillé par cette histoire poétique d’un réalisme et d’un imaginaire exceptionnels que lorsque l’on referme cette œuvre sur son final d’une émotion incroyable (probablement les meilleurs lignes tirées par Vasconcelos), l’on ne peut que pleurer de chaudes larmes sur notre sensibilité irritée, et prendre conscience que l’on tient entre nos mains un de ces livres qui marquent une vie.
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Lumineux, ! Triste mais doux, tragique mais plein d'espoir, beau tout simplement! "Allons réveiller le soleil" est la très belle suite du magnifique roman "Mon bel oranger", et une fois n'est pas coutume, elle est tout à fait à la hauteur de son prédécesseur et le termine à merveille!
Après avoir suivi l'enfance de Zeze, dans "Allons réveiller le soleil" nous allons suivre son entrée dans l'adolescence avec tous les grands changement que celle-ci augure... Touchant au possible, Jose Mauro de Vasconcelos m'a ici encore totalement éblouie! A lire à tous enfants... Même à ceux qui dorment encore dans nos cœur d'adultes!
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Un récit émouvant sur la volonté de trouver des raisons d'espérer malgré la maltraitance, la solitude affective, les deuils... Un récit autobiographique qui montre comment l'imagination, une vie intérieure très riche aident à affronter la réalité. Zézé, enfant maltraité, abandonné et "mal adopté", se croit mauvais parce que turbulent ; il cherche dans ses rêves et dans l'affection que lui porte le moine Fayolle des figures paternelles réconfortantes. Petit à petit, celles-ci l'aideront à grandir mais certaines blessures peuvent-elles vraiment disparaître?
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Eh bien, j'y suis donc arrivée, à relire ce livre qui a tant marqué mon adolescence, et qui m'a précipitée dans un maelström d'émotions contradictoires, car je n'en faisais plus la lecture au premier degré comme autrefois, mais avec un recul de quarante ans.
J'ai du mal même à évoquer de manière détachée mes impressions de lecture, tant j'ai pris conscience au fur et à mesure que des images fortes du roman m'avaient marquée jusqu'à s'immiscer dans mes propres souvenirs, comme si j'avais réellement vu les mêmes scènes. J'avais tout oublié, mais des épisodes étaient restés échoués là, dans des recoins obscurs de ma mémoire, comme une barque retournée sur la plage.
Nous retrouvons Zézé sur une période assez longue, de ses 11 ans à 15 ans, durant le temps où il vit chez l'oncle qui l'a adopté et lui paie ses études, dans un collège de frères maristes, à Natal, ville du Nordeste du Brésil. Zézé - je dis Zézé, mais il a quantité de surnoms selon les personnes : Zé, Zéca, Chuch, Monptit... - n'a rien perdu de sa sensibilité ni de sa précocité. Mais il est adolescent, et la révolte devant les injustices vient s'ajouter à ses moments de désespoir et lui rend la vie compliquée. On ne compte plus les "guerres" qu'il mène au collège, il a toujours l'art d'écouter "la voix du diable" comme autrefois. du reste, je trouve qu'il a beaucoup de voix cet enfant, de dissociations en personnalités différentes, qui lui apparaissent tel son coeur sous l'aspect d'un crapaud-cururu, Adam, ou encore la figure du père idéal sous les traits de Maurice Chevalier. Je me suis demandé si ces personnalités ou amis imaginaires étaient le résultat d'une schizophrénie ou plus simplement d'un mécanisme de défense dû aux traumatismes vécus.
Zézé se sent mal dans sa famille, qu'il ne comprend pas et qui ne le comprend pas. Les reproches tombent, il est souvent privé d'événements dont il se faisait une joie, il se sent méprisé. Lui-même reconnaît avoir un caractère difficile, sauvage, ombrageux ; ainsi passe-t-il un bon mois sans adresser la parole à son père adoptif qui a été injuste envers lui. Heureusement, en plus de ses amis imaginaires, il peut compter sur plusieurs frères bienveillants au collège, qui l'aident à grandir droit et lui apprennent tout en même temps l'indulgence, la patience envers les bêtises de l'enfant, parce qu'il grandira et apprendra. On le couvre même pour satisfaire sa plus grande passion : nager. Ah ! l'épisode du requin... Je ne l'ai jamais oubliée de ma vie, cette "odeur de pastèque" !
C'est tout de même une des sources de ma gêne que l'attitude de Zézé envers les personnes qui le comprennent et l'aident : il est prompt à manipuler son entourage, à présenter les choses sous un jour avantageux (même s'il brille aussi par sa sincérité), voire à exercer une forme de chantage au suicide assez fréquente. L'auteur (ou narrateur) n'a pas pris assez de distance, il sombre parfois dans l'auto-complaisance, cela peut être agaçant ou désagréable. Je m'en suis presque voulu d'avoir autant aimé ce livre, de m'être tant identifiée à Zézé, comme si cela faisait de moi une personne qui avait été également complaisante envers sa jeunesse, et ses souffrances d'enfant. Vu de l'extérieur, si l'enfant précoce est touchant, l'adolescent suscite moins la compassion ou la compréhension, c'est peut-être le drame de nombre de jeunes, à qui l'on ne pardonne pas grand-chose, et à qui l'on demande d'entrer durement dans un monde dont ils ne veulent pas.
Il reste néanmoins ces évocations magnifiques qui ont marqué mes souvenirs, que j'ai retrouvées avec émotion (et tâché de communiquer dans les citations choisies) : grâce à Zézé, ou plutôt José Mauro de Vasconcelos, j'ai un peu grandi au Brésil, sentiment que j'ai retrouvé en marchant sur les plages de Rio il y a vingt ans. C'est toute ma jeunesse qui remue entre ces lignes, et ce n'est pas une mince affaire que de clore ces chapitres.
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Toujours la même émotion à la lecture de la suite de "mon bel oranger".........
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la suite de mon bel oranger, il est pas mal un bon livre quand on est adolescent.
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Ayant adoré @Mon bel oranger lorsque j'étais petite, la relecture n'avait pas la même saveur à l'âge adulte et je n'ai même pas eu envie de lire la suite. Mais j'étais intriguée par @Le palais japonais, entre merveilleux et fantastique, la nostalgie et la tristesse du personnage de Pedro et la maladie du Petit Prince ont quelque chose de beau. Et même si les personnages se confondent je n'ai pas retrouvé ce coup de coeur que j'espérai.
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La rencontre entre un brésilien et un prince japonais. Une rencontre chargée en amitié et très touchante... Un beau conte
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C'est LE livre que j'emporterais sur une île déserte (même si le choix serait difficile), le livre qui fait pleurer (beaucoup), le livre qui fait sourire, un livre d'enfance mais à garder toute sa vie...
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Touchée! je me suis laissée surprendre par ce roman certes étiqueté jeunesse mais qui mérite d'être lu sans restriction d'âge.
Zézé a 5 ans, il vit dans la banlieue de Rio de Janeiro à Bangu. Sa famille est très pauvre, il est le garnement de la rue et les coups pleuvent sans arrêt, il n'y a qu'à l'école qu'il se sente heureux. Il a appris à lire seul, et partage ses aventures bonnes ou mauvaises avec Minguinho, son oranger. Il est bien seul , se sent mal-aimé jusqu'au jour où il fait la connaissance de Portugâ.
Zeze est un petit garçon inoubliable d'une intelligence précoce et hors norme, d'une sensibilité extrême dont le coeur est gros comme cela..
Voilà je referme ce roman le sourire aux lèvres, la larme au coin de l'oeil et plein de soleil dans le coeur ...
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Un grand classique de la littérature jeunesse que je n’avais jamais lu et que j’ai décidé de lire pour le défi lecture lancé par « J’ai lu » pour l’année 2018. C’est à mon sens l’un des plus beaux livres, une leçon de vie et de littérature ! Tout y est : l’émotion, l’intelligence, le message, la poésie, la sensibilité. Pour moi, dans ce genre de « classique jeunesse », il surpasse le maître du genre, à savoir « Le petit prince » car il s’ancre dans la réalité et parle au cœur de chacun, petit ou grand.
Zézé est un petit garçon de 5 ans, très intelligent et sensible, énième enfant dans une famille brésilienne très pauvre. Son père n’a plus de travail, sa mère s’épuise au travail, ils mangent à peine à leur faim, doivent quitter leur maison pour un logement plus petit, ses frères et sœurs font des petits boulots, lui-même cire les chaussures, fait du troc de cartes ou de billes… Turbulent, il accumule quelques maladresses et bêtises et se fait battre sévèrement pour cela ; Il ne comprend pas les réactions des adultes autour de lui et s’interroge sur le monde qui l’entoure. Il partage ses réflexions avec son oranger, en lui parlant, en se confiant à lui. Alors que beaucoup le considèrent comme un « sale gosse », certains sont sensibles à son intelligence, à sa sensibilité : son oncle Edmundo aime sa compagnie et lui explique le mode autour de lui, Gloria sa grande sœur est la seule à le protéger contre les « raclées » de ses parents, sa maîtresse est charmée par son intelligence et sa sensibilité… Portuga, jeune homme riche, après une première rencontre « houleuse », va se prendre d’amitié pour ce jeune garçon extraordinaire pour finir par le considérer comme un fils.
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35 années se sont écoulées entre la première et la seconde lecture de ce livre. Mon premier souvenir de lecture, aux alentours de 7/8 ans, souvenir d'une émotion intense, qui est allée jusqu'aux larmes.
Je n'avais pas lu un livre, j'avais rencontré quelqu'un. J'avais vécu quelque chose de fort, j'avais partagé cela avec lui. Et c'est ce qui vient de se passer, une seconde fois.
Dans la solitude littéraire de mes 7 ans, si j'avais pu imaginer qu'à 40 ans je relirai Mon bel Oranger et que ... je serai toujours entourée de personnes qui n'ouvrent jamais un livre :D!
Je réalise que c'est peut-être ce livre qui a fait de moi une lectrice...
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J'avais lu Mon bel oranger étant jeune adolescente. Je sais que j'en avais beaucoup aimé la lecture, mais 18 ans plus tard, j'en avais peu de souvenirs... J'ai donc redécouvert ce livre avec bonheur !
Zézé, enfant d'une famille brésilienne sans le sou, battu à la moindre "bêtise", se réfugie dans ses rêves d'enfants, ses jeux imaginaires avec son petit frère Luis, trouve du réconfort auprès de Minginho et de son père de coeur... A chaque mésaventure, à chaque événement traversé, il nous montre toute la force et le courage dont peut faire preuve un enfant de 5 ans.
La pauvreté de Zézé et sa famille nous fend le coeur, mais nous rappelle merveilleusement à la valeur des choses simples : s'acheter un beignet, avoir un nouvel habit, offrir une fleur à sa maîtresse, rêver de noisettes pour Noël...
Un livre magnifique, à faire lire à tous nos enfants.
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Nous sommes au Brésil, Zézé a cinq ans, il vit avec ses parents et ses nombreux frères et sœurs.
Zézé est un petit diable, comme peuvent l'être les petits garçons à son âge. Il s'amuse, explore, fait des bêtises mais malheureusement tout le monde le bat pour ses bêtises, frères, sœurs, parents, personnes dans la rue... Il n'est aimé que par son petit frère Luis et sa grande sœur Gloria.
La famille étant pauvre, elle doit déménager dans une nouvelle maison. Dans le jardin de la nouvelle maison se trouve un jeune pied d'oranges douces. Se sentant seul et incompris, Zézé en fera son ami, son confident, son compagnon d'aventures imaginaires et rien ne l'atteindra tant qu'il aura son pied d'oranges douces à ses côtés.
Zézé n'est autre que le surnom de José. José Mauro de Vasconcelos. En effet cette histoire que nous conte l'auteur est en partie autobiographique.
Nous l'accompagnons donc dans les mémoires de sa cruelle et pauvre enfance teintée de violences tant physiques de psychiques.
Les scènes décrites sont atroces, inacceptables, elles font mal au ventre et sont tout simplement révoltantes ou déchirantes de chagrin(s).
C'est un livre fort et dur. Les drames qui s'y jouent vont bien au delà de ce qu'un si jeune enfant doit subir, c'est terrible. Il fait indubitablement partie des livres qui marquent des générations entières.
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Ce livre est un de mes souvenirs de lectures d'enfance enchantés. J'ai vu récemment le film qui en a été tiré par Marcos Bernstein en 2012 mais je n'y ai pas retrouvé la magie de ma lecture.
Dans mon souvenir, même si l'histoire de Zézé, petit garçon brésilien pauvre et battu par sa famille, était profondément triste, il y avait la magie de l'imagination de ce petit héros qui se confiait à un oranger dont il avait fait son ami secret.
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