Citations de Josette Chicheportiche (25)
« Hum, elle est belle, l’étoile de ma petite-fille. Elle brille bien. »
- Lola, est-ce que tu sais comment on appelle les hommes qui vivent avec d'autres hommes?
- Non. Ils ont un nom ?
- Bien sûr qu'ils ont un nom ! Même que c'est homosexuels ! s'était exclamé Théo.
- Et les hommes qui vivent avec des femmes, comme papa avant avec maman?
Théo avait regardé sa soeur, interdit. A quoi bon essayer de lui faire comprendre ? Dans le monde de Lola, les mots qui faisaient mal, c'étaient sorcière, monstre et démon.
Un nouveau silence s'est installé. Trop de secrets, trop de mensonges et de non-dits émaillaient le cours de nos vies, à ma mère et à moi. Il était temps d'y remédier, ou du moins d'essayer de lever quelques voiles.
L'attirance que l'on éprouve pour un être, lorsqu'elle est sincère, n'est pas dicté par la morale, la société, la mode ou que sais-je encore. Elle ne répond qu'à la loi du coeur. Alors, écoute ton coeur, Théo, c'est la meilleure chose que tu as à faire, car c'est lui qui te donnera la réponse à ta question.
Oui, deux hommes vivant ensemble, c'était possible, et cela valait mieux qu'un homme et une femme qui se déchirent et ne se supportent plus.
Il n'y a pas de fatalité, Théo. Ce n'est pas parce que son père ou son frère est homosexuel qu'on l'est soi-même. (p.160)
« Pour que ton étoile brille, il faut d’abord que tu dormes. »
« Personne ne peut éteindre le soleil. Le soir, il disparaît simplement derrière la forêt, et la nuit tombe. »
Ce n'est pas parce que d'autres souffrent qu'on a moins mal. Quand on souffre, la souffrance des autres n'a jamais fait que la sienne soit atténuée. Ceux qui disent le contraire n'ont jamais souffert. Quand on souffre, on se fiche de la souffrance des autres. On est seul, et ce qu'on vit est unique.
" Les hommes qui vivent avec des femmes ? avait-il fini par répéter. On les appelle des papas quand ils ont des enfants.
- Alors, tu diras à ceux qui t'ont embêté que papa, c'est un papasexuel, vu qu'il nous a nous et qu'il vit avec Seamus. " avait-elle déclaré en s'asseyant au bord de son lit.
Théo n'avait pu s'empêcher de sourire.
L'avantage, quand on est un garçon manqué, c'est que pour partir en week-end, on ne met pas des heures à faire son sac : un pantalon et un t-shirt de rechange, des sous-vêtements, et le tour est joué.
Etant donné que je reçois rarement du courrier - je ne suis abonné à aucun magazine, je ne fais partie d'aucun organisme, je n'ai pas de téléphone portable donc pas de factures à mon nom, et j'appartiens à une génération où le mot "épistolaire" évoque plus une partie du programme de français qu'à une correspondance amicale ou amoureuse-, je me suis empressé d'ouvrir l'enveloppe.
Lui, c'est l'aîné, il peut tout comprendre. On le lui répète assez. Alors, au moins, que ça lui serve à asseoir sa supériorité sur sa soeur.
- Évidemment que je sais, puisque aujourd'hui on est le 13 .
- Ce que tu peux être bête! Le 14 février, c'est le jour de la Saint-Valentin.
- Et alors? Tu ne t'appelle pas Valentin que sache?
- Mes parents, ils disent que c'est ce qui manque à mon oncle. L'expérience. Et que c'est parce qu'il n'a pas d'expérience qu'il ne trouve rien.
- Ils sont drôles ! Faut bien commencer un jour ! Comment tu veux avoir de l'expérience quand tu n'as jamais travaillé ?
Je ne suis pas naïf, il y aura d'autres attaques. Il faut qu'on leur donne les armes nécessaires pour lutter contre tous ceux qui, comme la mère de Tom, véhiculent des a priori, sont bourrés de préjugés et se permettent de juger les autres sans les connaître. Pendant la guerre ce sont des gens comme elle qui ont dénoncé les Juifs. Et les homosexuels ! Ce sont eux qui les ont envoyés dans les camps de la mort. (p.108-109)
- Oui, tu as raison, il est différent des pères de tes copains, mais tu auras beau déchirer toutes les étiquettes qu'on lui collera, il sera toujours ton père. (p.128-129)
Théo se tient contre le montant de la porte.
Il fixe son grand-père. Le mot qu'il a crié résonne dans sa tête. Pédé. Mais de qui parle-t-il ? Il ne peut pas s'agir de son père. Gilles lui a dit qu'il avait rencontré quelqu'un avec qui il voulait vivre. Ça ne peut être qu'une femme qu'il a rencontrée. Un homme ça vit avec une femme, pas avec un autre homme. (p.63)
Pédé. La pire insulte dans la cour de récréation, même s'il ne sait pas exactement ce que cela recouvre – deux hommes ensemble, mais qui font quoi ? Qui s'embrassent ? Qui s'aiment ? Qui s'aiment comment ?
Un jour, Tom et lui ont vu dans la rue un homme en pantalon de cuir et débardeur qui parlait fort dans son téléphone portable en faisant de grands gestes avec ses mains. Tom lui a glissé à l'oreille que c'était un pédé et ils ont gloussé tous les deux. Ils se sont même amusés à l'imiter, mais longtemps après, parce qu'ils ne savaient pas trop si c'était bien de faire ça.
Son père n'avait rien à voir avec cet homme-là. D'abord, il ne s'habillait pas comme ça. Gilles portait toujours des costumes, et le week-end, quand il ne travaillait pas, il mettait un jean et un tee-shirt. Pourquoi son grand-père avait-il dit ce mot-là, alors ? (p.64-65)
Et il voyait ses réponses filer par la fenêtre entrouverte, comme des éphémères qui se sauveraient pour ne pas finir leur vie entre les quatre murs d'une cuisine.