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Critiques de Juan Carlos Onetti (35)
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A une tombe anonyme

Un bien étrange petit bouquin que voilà... Issu de mes achats frénétiques de Folio 2e d'il y a quelques années, il était temps de l'évincer de ma PAL, et de découvrir par la même occasion son auteur.



Dans une ville d'Amérique latine, Santa María, notre narrateur, un médecin, croise un cortège pour le moins étrange: un jeune homme et un bouc suivant un cercueil sur son attelage. Et c'est l'histoire de la femme dans le cercueil, de sa vie et de son bouc, que l'on va découvrir par l'intermédiaire d'échanges entre le médecin et ce fameux jeune homme.



Le moins que l'on puisse dire, c'est que ce court texte est totalement décousu. Par une volonté de l'auteur, tout d'abord, le jeune Jorge morcelant son histoire au travers d'échanges espacés de plusieurs mois, mais pas que. On perd pied parfois, peinant à suivre les nombreuses digressions de l'auteur, du conteur, et du narrateur. Une accumulation assez néfaste impactant le rythme et la fluidité de l'oeuvre, et évidemment notre plaisir de lecture.



C'est dommage, car beaucoup de points positifs ressortent malgré tout de cette lecture. Un style très intéressant tout d'abord, mêlant une plume poétique à des réflexions philosophiques et sociétales plutôt bien orientées. Les personnages, également, sont intéressants par bien des aspects. L'aura mystérieuse émanant d'eux inspire au récit une touche particulière, mais le potentiel semble au final mal exploité. On ne s'accroche pas à eux et les interrogations qu'ils provoquent resteront pour beaucoup sans réponses.



Une lecture bizarre donc, frustrante même, que ce soit dans le développement ou à la conclusion, mais la découverte d'une plume envoûtante, dépeignant à sa façon une Amérique du sud crue et enivrante. Je laisserai probablement une seconde chance à Onetti, et si vous avez des suggestions, d'ailleurs, je suis preneur!
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A une tombe anonyme

Un livre intriguant pour le début. Un médecin assiste par inadvertance à un enterrement bizarre. Le cercueil d'une femme est suivi par un jeune homme et un vieux bouc attaché à une corde.



Le temps fera le reste créant de bref instant d'amitié entre le docteur et le jeune homme. Ce dernier se sentant obligé de raconter son histoire, ou plutôt l'histoire dans lequel il a participé, pour en finir une bonne fois pour toute.

Ce n'est pas peu dire puisque l'on découvre un jeune homme tourmenté perfectionniste ; comme il le dit lui même : " je veux faire les choses bien du premier coup car je ne serait pas satisfait si je les réussit seulement au bout de plusieurs fois". Sa personnalité et son caractère l'ont conduis à vivre une drôle d'histoire avec une jeune femme et un bouc. Ce bouc même qu'il affuble de tout les sentiments méprisables et absurdes de l'histoire qu'il raconte.

Heureusement qu'il y a toujours un ex meilleur ami pour rajuster les quelques petits détails qui font toute la différence.



Une histoire que j'ai moyennement aimé. Toute l'histoire du récit du jeune homme est un peu confuse et mélangée, comme quand on raconte quelque chose et que l'on ne sait pas par quoi commencer. Le jeune homme s'attarde des fois sur de longues phrases pas toujours utiles. Par moment on perd un peu le but des révélations, tellement certains détails sont trop dilué. En cela l'auteur s'est bien approprié le personnage de son anti-héros.

Malgrès ça, une écriture bien romancé. Cet auteur vaut la peine d'être découvert.
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A une tombe anonyme

Un peu glauque cette ville de Santa Maria....
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A une tombe anonyme

A une tombe anonyme est une nouvelle étonnante, déroutante, où l'on suit un médecin racontant son lot quotidien dans la ville de Santa Maria, où les enterrements suivent une scénographie bien précise et respectée par tous...Jusqu'au jour où il doit accompagner le cortège funéraire d'une femme, d'un jeune homme et d'un bouc.



Tableau macabre ou comique ? Le narrateur tente de démêler les fils de l'histoire (des histoires !) que lui raconte celui qui décide de payer l'enterrement, et l'on navigue entre Buenos Aires et Santa Maria, entre propriétaires terriens et prostituées, entre gares et chambres obscures, entre étreintes volées et frustrations non assumées.



L'auteur suscite avec brio un malaise chez son lecteur, tant du point de vue de l'histoire qui ne semble pas tenir debout que dans la saleté et la misère qu'il décrit ; la symbolique autour du personnage du bouc est tout aussi dérangeante, sans que l'on ne parvienne à savoir qui personnifie l'animal : les hommes qui exploitent les prostituées ? Le vice en lui-même ? Un cocktail plutôt décousu et difficile à lire, et un récit dans lequel, peut-être par défense, on répugne à entrer. Drôle d'expérience !
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Cuentos completos

Dès les années trente naît, en Amérique latine, une nouvelle littérature issue d'un espace socio-économique neuf : la grande ville, accaparée par une haute bourgeoisie, concentrant réfugiés, exilés, étrangers, paysans sans terre, marginaux et hors la loi.

Si Roberto Arlt scrute les bas-fonds et ses exclus absolus de Buenos Aires, avec une énergie atomique, la conclusion de cette dissection menant à la folie et la dépossession de soi, Juan Carlos Onetti décortique ici magistralement les mêmes recalés sociaux, mais à Montevideo.

Dans une écriture lapidaire et élégante, Onetti aborde la déshumanisation des exclus et des marginaux en une série de quinze nouvelles, où la décadence gangrène les âmes, les coeurs et les destinées : une humanité autant anéantie par la vie que par le recours au rêve. Eternelle voie sans issue.

Juan Carlos Onetti n'est pourtant pas pessimiste, mais déconcerté et inquiet. Et fasciné de cette inquiétude. Onetti disait : ma littérature est une littérature de bonté. En effet, sous le cynisme et la vénalité de ses personnages aux défaites interchangeables, pointe la compassion d'un auteur toujours en quête d'une « écriture innocente », subjective, où les liens tissés entre auteur, narrateur et personnages sont étonnamment emmêlés de complexité : Onetti est décoiffant.
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Demain sera un autre jour

Dès les années trente naît, en Amérique latine, une nouvelle littérature issue d'un espace socio-économique neuf : la grande ville, accaparée par une haute bourgeoisie, concentrant réfugiés, exilés, étrangers, paysans sans terre, marginaux et hors la loi.

Si Roberto Arlt scrute les bas-fonds et ses exclus absolus de Buenos Aires, avec une énergie atomique, la conclusion de cette dissection menant à la folie et la dépossession de soi, Juan Carlos Onetti décortique ici magistralement les mêmes recalés sociaux, mais à Montevideo.

Dans une écriture lapidaire et élégante, Onetti aborde la déshumanisation des exclus et des marginaux en une série de quinze nouvelles, où la décadence gangrène les âmes, les coeurs et les destinées : une humanité autant anéantie par la vie que par le recours au rêve. Eternelle voie sans issue.

Juan Carlos Onetti n'est pourtant pas pessimiste, mais déconcerté et inquiet. Et fasciné de cette inquiétude. Onetti disait : ma littérature est une littérature de bonté. En effet, sous le cynisme et la vénalité de ses personnages aux défaites interchangeables, pointe la compassion d'un auteur toujours en quête d'une « écriture innocente », subjective, où les liens tissés entre auteur, narrateur et personnages sont étonnamment emmêlés de complexité : Onetti est décoiffant.
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Demain sera un autre jour

Me voilà très ennuyée pour commenter ce recueil de nouvelles : il m'a glissé comme l'eau sur les plumes d'un canard. Je sens que, pour en parler, pour que me revienne en mémoire le souvenir d'un seul de ces textes (finis hier soir), il me faudra rouvrir le livre... Je m'y résous. Ma nouvelle préférée est sans doute "Ki No Tsurayaki" (mais je n'aurais pas retrouvé de mémoire le titre) car elle est un peu plus développer, j'ai eu le temps d'accrocher ma mémoire à une trame narrative à renversement. J'ai eu l'impression qu'il y avait des clins d’œil culturels perceptibles par des sud-américains ("Elle" évoque-t-elle la fameuse Evita ?) mais ma squelettique culture hispanique ne pouvait m'être d'aucun secours pour les saisir.



Des êtres désespérés, à bout, avilis, racontés avec une sorte de sourire amer. La nature est souvent, par contraste, splendide.
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La vie brève

LA VIE BRÈVE de JUAN CARLOS ONETTI

La vie est brève, « et le pire n’est pas qu’elle refuse ce qu’on désire, c’est que l’ayant donné, elle le reprend «

Un homme, Braumsen, dans sa chambre attend sa femme qui va revenir de l’hôpital après l’ablation d’un sein. Encore une trahison de la vie.

Dans la chambre contiguë, vit une prostituée qui travaille chez elle, la cloison est si mince que Braumsen a déjà l’impression de la connaître bien qu’il ne l’ait jamais vue.

Braumsen hésite entre suicide et meurtre; pour essayer de s’en sortir, il va progressivement créer un personnage qui va prendre vie et devenir plus vivant que lui, Diaz Grey.

Le roman va évoluer sur ces trois plans, Braumsen et sa femme, la putain et Ernesto, Diaz Grey, le médecin, sa création. Les trois vont s’imbriquer de façon inextricable au point de n’a plus savoir qui existe ou qui est une illusion.

Incroyable roman qui nous emporte dans un tourbillon créatif, où nous perdons rapidement nos repères dans ce pessimisme ambiant.

Ce livre fait partie avec Ramasse-Vioques et Le Chantier d’une trilogie romanesque dans laquelle Onetti crée la ville de Santa Maria, le Médecin Diaz Grey et d’autres intervenants.
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La vie brève

D’accès difficile tous les ans j’en reprends sa lecture mais à chaque fois il me tombe des mains.
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La vie brève

Onetti place au centre de son récit un protagoniste-narrateur qui s'invente un monde imaginaire pour mieux transcender sa propre vie, monde fictif qui devient le seul lieu où il lui est possible d'exister. Le lien de cause à effet qui le relie au réel finit par s'inverser jusqu'à ce que fiction et réalité se prolongent l'une et l'autre.



Trois temps rythmés par la désolation et la désespérance structurent le récit : la première partie évoque un publicitaire dans la ville de Buenos Aires au printemps, songeant en même temps à sa femme amputée d'un sein et à un film, alors qu'une tempête menace. La seconde concerne un généraliste installé dans une ville proche de la frontière argentine, et dont l'une des patientes est le double de l'épouse du publicitaire. le troisième temps narre l'histoire d'un client d'une prostituée, dont le pseudonyme cache l'identité du publicitaire de la première histoire, et qui prémédite d'assassiner la fille de joie. Il est cependant devancé dans son projet par un client de la dame.

Trois temps narratifs s'entrecroisent jusqu'au double dénouement final : certains fuiront vers Santa Maria, ville rêvée, donc vers la fiction, d'autres vers le réel. La ligne de démarcation entre fiction et réalité étant mouvante, elle rend possible la suite du cycle romanesque qu'Onetti poursuivra dans trois autres romans.



Paru en 1950, cette oeuvre inaugure le cycle de la ville portuaire fictionnelle de Santa Maria. Indubitablement influencé par Céline, Hammet et Faulkner, Onetti joue à intriquer le réel dans la fiction. On retrouve dans ce récit fondateur l'errance, la solitude, la nostalgie et l'abandon qui ont marqué la vie intime tumultueuse de l'auteur, sa façon inimitable de plonger dans le désarroi par le biais de la fiction, son obsession des mondes parallèles aux dédoublements coupables pour mieux se fuir soi-même.

C'est ardu et magnifique.
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La vie brève

Onetti est vu par beaucoup comme un des fondateurs du nouveau-roman latino-américain. Cela en dit long à la fois sur l'originalité indéniable de construction de l'intrigue mais également sur l'aridité épuisante de sa déconstruction. Des perles de beautés semées ici ou là, des analyses psychologiques parfois très fines, mais la lecture est dans l'ensemble extrêmement laborieuse. le souvenir qu'il en reste quelques semaines après est semblable à celui d'un rendez-vous amoureux aux promesses chatoyantes mais auquel l'élue ne se serait jamais présentée, laissant au fil des heures la soif se dissoudre dans le sable du désert...
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Le Chantier

Après être revenu à Santa Maria – ville imaginaire du Rio de la Plata – c’est à Port-Chantier que débarque Larsen, une ville fantôme dont la prospérité semble avoir été liée à celle de la compagnie de Jérémias Pétrus, laquelle n’affiche plus, en attendant un improbable salut, qu’une activité dérisoire. Port-chantier est une ville des espoirs déçus, où la vie s’écoule, cependant, avec ses illusions et ses désirs, au milieu de mauvaises herbes et de la rouille qui ont repris le dessus. Et c’est là que Larsen, désabusé, vieillissant, marqué par l’embonpoint et les ans, sorte d’exilé sinon d’étranger, espère se refaire, en acceptant un poste de sous-directeur dans ladite compagnie, tandis que Pétrus recherche les fonds qui lui manquent. Le Chantier est présenté par l’auteur lui-même comme une farce, un roman de l’absurde à l’atmosphère pourtant envoûtante, rythmée par quelques airs de tango.
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Le Chantier

Fantôme à soi-même, étranger à un monde d'une onirique dilapidation, comme flottant entre deux sentiments, trois adjectifs inaptes à saisir un état d'âme oscillant entre haine, incompréhension et dégoût, Juan Carlos Onetti plonge le lecteur dans un univers irrésolu, irritant, inquiétant. Le chantier, à travers les déambulations de Larsen dans la ville imaginaire de Santa-Maria, dépeint des êtres en quête d'un visage d'eux-mêmes, d'une certaine sincérité dans la complexité de la dissimulation qui nous tient lieu, tous, de rapport au monde.
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Le Chantier

Un chantier qui n'en finira jamais, c'est le triste constat d'une société sans but, sans objectif précis, sans axe de réussite. Le détournement du chantier se veut l'allégorie du silence porté par la dictature et la répression. Des vies enchaînées à leur sort politique sans issue possible, sans procédés pour mettre fin à cet infini chantier.
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Le Chantier

Au cours d'une carrière de 50 ans, Onetti a dépeint l'Uruguay dans des nouvelles et des romans comme un endroit marqué par la mesquinerie, l'idiotie et la misère - une province gogolienne sous les tropiques - et peuplé de personnages généralement déséquilibrés. Aussi peu flatteur soit-il, le portrait de son pays est celui dans lequel les Uruguayens se reconnaissent. Comme le disait le président Sanguinetti, résigné au refus d'Onetti de rentrer chez lui après son exil, en 1985, "Heureusement, il y a de nombreuses années, nous, les Uruguayens, sommes entrés dans ses romans, sommes devenus ses personnages et nous nous lisons en lui".

La plupart des nouvelles et romans se déroulent à Santa María, une ville fictive - vaguement imitée de Montevideo, mais incorporant des éléments d'autres endroits de la région du Río de la Plata.



Santa María est une sorte de ville fantôme hantée par tout ce qui lui manque : une histoire, de grandes familles, des rêves et des passions, une politique qui a du sens, une source viable de développement.



Cette apathie est son grand thème, et elle donne à ses histoires leur forme insolite. Plutôt que de dramatiser les événements, Onetti montre des personnes se remémorant et réfléchissant sur les non-événements de leur vie, ou, plus généralement, sur la vie des autres, en essayant de leur donner un sens et du glamour.

Comme l'observe Larsen, l'anti-héros d'Onetti , aucun des citoyens de Santa María n'a "le temps de vivre parce qu'ils regardent toujours tout le monde vivre".



Lorsque Onetti a commencé à publier dans les années 1930, la fiction en Amérique du Sud était en grande partie axée sur l'intrigue, bourrée d'actions, se déroulant dans les provinces.

Une partie de ce qui rendait ses livres si excitants pour ses contemporains était qu'il s'était détourné de ce genre de drame pour se concentrer sur la réflexion et l'humeur.

Il s'intéresse particulièrement à la psychologie des citadins aliénés, et le malaise de ses personnages frise souvent l'existentiel. "Il n'y avait plus d'expériences", raconte le narrateur à propos d'un homme âgé qui a gâché une rencontre amoureuse ratée depuis sa jeunesse.



C'est une langue foisonnante dans un monde désespérant,

tous les livres d'Onetti sont grands...


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Le Chantier

Il paraitra totalement logique de dire que Onetti a une place à part dans l'Histoire du boom latino-américain. Logique puisque chaque écrivain a une place à part. Ce qui fait le statut de quasi-miracle de l'explosion littéraire simultanée dans une demi-douzaine de pays qui partagent une langue et, parfois, une Histoire commune.



Stoppons là tout net les conneries sur le contexte, le porqué du cómo, du comment en est-on arrivés là, d'où vient ce personnage, où est-on exactement, etc.

Ce livre est un chantier. Une vaste farce absurde, où l'on aura très peu la chance de voir ce qu'on pense être la couleur locale de l'Amérique du Sud. Tout est gris, pluvieux, sombre, pessimiste.



Larsen (ça ne s'invente pas) survit dans un chantier permanent qui, s'il existe bel et bien factuellement (chantier d'une ville fantôme dont il devient sous-directeur), est surtout celui de sa vie, des personnages infâmes qui la peuplent, des sourires mensonger, des bouches difformes que l'on voit tantôt suçant jusqu'à la sécheresse le contenu d'une calebasse à mate, tantôt fixant béatement les autres sagouins qui peuplent Santa-Maria (la grossièreté de l'espoir, comme dirait Larsen).

La grande nouvelle que nous amène ce roman, c'est que si tout est absolument idiot, insane et vulgaire, c'est que le pessimiste a pour lui la révolte. Il est mouvant. A force de côtoyer la rouille, on finit par vouloir se faire équarrir ou, au mieux, dans un futur pas trop lointain, se dégourdir les jointures.

L'optimiste, lui, dans sa grande bêtise, il lui reste la surprise (mauvaise, évidemment).



Attention. Une forme de lyrisme confinant au beau se dégage de l’œuvre. Ce n'est pas un hymne avilissant. Pas Drieu la Rochelle, pas les Canti de Leopardi. On retrouve avec Onetti ce qui fera le sel du projet de Roberto Bolaño quelques décennies plus tard. Ou dans ses poèmes. quelques années plus tard, je n'en sais rien. Ils sont hors de prix.

A savoir qu'à force d'accumuler, touche après touche, des aplats de gris foncé et de de noir un peu partout, à force de se faire Soulages et non pas Gustavo Ortiz (je sais pas, là. J'aime bien ce qu'il fait), quand arrive du gris clair, on a tout le spectre lumineux qui apparait fugacement. C'est ce qui fait la force de la chose que vous aurez entre les mains si je vends bien la chose.

On parle de boue, de pluie, de gris, de rouille, de paperasse a n'en plus finir, de collection idiote de timbres, d'amour de façade, de paraitre, de demeurer, de décadence, et pourtant, pas de malaise, pas de vertige. Une envie d'être du côté du moins con. De celui qui sait ce qu'il ne sait pas, qui ose pleurer quand il est perdu, comme dans un Pynchon, mais qui réagit. Qui différencie la malchance du malheur.



En agissant, il conjure le mensonge. Car c'est celui-là qui confine au néant. Au désespoir total. A la déliquescence physique, mentale et morale.
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Le Chantier

Il fait chaud et moite dans Le chantier. Santa Maria, en Amérique du Sud. Dans le port, dominé par le chantier, les activités se meurent. Seuls Galvez et Kunz y demeurent quand les rejoint Larsen, qui devient sous-directeur du chantier. Les trois hommes continuent de travailler, maintenant l'illusion de la réalité de cet endroit, plein de boue et d'eau, où ils s'embourbent pourtant. Larsen se permet même de courtiser la fille de Jeremiah Petrus, patron du chantier. La fille, Angelica, est débile, mais le père est riche. Larsen peut aussi maintenir ses habitudes héritées d'une bonne éducation mais, là aussi, c'est une illusion.

Galvez, lui, détient un papier prouvant les agissements délictueux de Petrus. Ce papier est comme une vengeance de la vie gâchée que Galvez, pourtant, n'utilise jamais.

Ce lieu sans vie emprisonne ceux qui y posent le pied. L'avenir s'y résume au lendemain, ou à la soirée, souvent passée chez Galvez. Dans ce désespoir constant, les hommes finissent par détruire ce qu'ils veulent sauver et, par là-même, se sabotent eux-mêmes.
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Le Chantier

Quand on parle d'armée mexicaine on évoque des régiments avec plus de généraux que de soldats, quand on parlera de chantiers argentins il faudra désormais les imaginer avec des directeurs mais sans ouvriers.

Le héros Larsen est embauché comme sous-directeur d'un chantier à l'arrêt depuis des années, il est affublé d'un directeur technique et d'un directeur administratif qui n'ont pas plus de travail que lui et qui eux non plus ne touchent pas de paie. Mais ce petit monde travaille avec ardeur ou plutôt fait semblant avec acharnement, notant consciencieusement les montants qui leur seront surement versés un jour à la reprise du chantier. En attendant comme il faut vivre les subordonnés de Larsen vendent sous le manteau ce qu'il reste de ferrailles rouillées.

Larsen cherche aussi mollement l'amour auprès de la fille du propriétaire du chantier dont la santé mentale est fragile et en tournant autour de la compagne d'un de ses employés, sa quête sera aussi efficace que son labeur au chantier.

Larsen croise du monde, les personnages parlent, ils semblent échanger mais chacun reste dans son univers fermé aux autres, ce ne sont que des monologues partagés.

On l'aura compris il s'agit d'une parabole sur la vie humaine, passer son temps à travailler même pour un salaire est ce moins absurde que de faire semblant ? Comme Larsen nous sommes tous dans l'attente de quelque chose qui ne viendra pas ou trop tard. Il ne se sépare pas d'un révolver, la tentation du suicide n'est jamais loin, c'est la porte de sortie de chacun mais il est difficile de quitter son chemin solitaire et tout tracé.



Le problème c'est que l'on s'ennuie ferme tout au long de ce roman de l'échec qui n'aurait dû être qu'une nouvelle. Une fois la métaphore éventée il ne reste plus grand-chose si ce n'est attendre la fin, après tout, la vie aussi est fastidieuse mais dans cet esprit il vaut mieux relire le désert des tartares.

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Le Chantier

LE CHANTIER de JUAN CARLOS ONETTI

Larsen, personnage principal de ce roman, revient à Santa Maria, la ville référence d’ ONETTI dans ses œuvres romanesques. Plus exactement, il revient à Port Chantier, société en faillite depuis plusieurs années. Il va prendre contact avec Petrus, le patron, persuadé que le tribunal va statuer pour la reprise d’activité et que des actionnaires vont injecter 30 millions de pesos dans l’affaire. Larsen rencontre les 2 survivants de l’entreprise, Gálvez et Kunz qui survivent en vendant ce qui reste de la faillite, et Larsen se fait nommer sous directeur à 5000 pesos mensuels. Salaire virtuel bien sûr, qui s’inscrit dans une colonne comptable dont chacun sait qu’aucun peso ne sortira jamais. Et puis il y a les femmes, deux femmes, Angelica, gravement débile, mais qui croit que Larsen va l’épouser et sa domestique qui rêve de coucher avec lui. Dans cet univers glauque et poisseux, désespéré où tout n’est qu’illusion et virtualité, entre une entreprise fantomatique et des personnages désabusés, ONETTI nous fait naviguer entre concret et absurde au sein d’une vie irréelle.

Un auteur à découvrir.
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Le puits

Dans ce premier roman, publié en 1939, Onetti prend le ton de la confession, celle du narrateur, Eladio, qui préfère les rêves qui surgissent la nuit à une existence qui le laisse indifférent. Le style d’Onetti est souvent déroutant, sinueux et fantomatique, créant une sorte de dédale où les choses présentent plusieurs facettes tout en conservant une part d’ambiguïté, comme s’il appartenait au lecteur d’en reconstituer les éléments ou d’en dénouer les fils. Et si le ton est souvent amer et cinglant, une tendresse émerge cependant, au milieu d’un monde hostile et étrange, fait de solitude et d’errance, avec ses personnages fardés, outranciers, tels que ces prostituées qu’ Eladio fréquente, entre marins et truands, dans un bar du port, ou simplement pathétiques comme Eladio lui-même, qu’emporte la puissance de ses rêves.
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