Ce roman faisait partie de la sélection pour les prix Fémina et Médicis du roman étranger.
Il a obtenu le prix Roger Callois 2012 de littérature latino américaine.
Pourtant, il semble avoir été un peu boudé par les lecteurs et par la presse et je trouve ça bien injuste.
Voilà donc ma très modeste contribution (même si mes lecteurs sont fort peu nombreux...) pour tenter de le faire sortir de l'ombre.
Vous n'êtes pas très amateur de littérature policière? Moi, non plus.
Vous redoutez le genre livre à sensations sur le trafic de drogue? Rassurez vous. Il ne s'agit pas de cela.
Juan Gabriel Vàsquez évoque, à travers une histoire intime, celle d'Antonio Yammara, la malédiction d'un peuple, victime dans son propre pays, des narcotrafiquants.
Antonio est professeur de droit. Il fréquente un club de billard où il se lie à Laverde, un homme secret dont il connaît peu de choses.
Leur destin se scelle le soir où Laverde est assassiné et où Antonio, victime collatérale de cet attentat est blessé.
Sa vie en est bouleversée. Il tente alors de percer le mystère Laverde.
Le roman prend la forme d'une quête et d'une enquête qui nous fait traverser l'Histoire de la Colombie, une histoire désespérée où les victimes sont nombreuses et les cicatrices difficiles à refermer.
L'auteur s'interroge sur la transmission, comment chaque génération a marqué l'histoire du pays et celle de ses enfants.
"L'âge adulte nous donne l'illusion pernicieuse de contrôler notre vie et sans doute dépend-il de ce leurre. Je veux dire par là que ce mirage nous incite à nous sentir adulte, car nous associons notre maturité à l'autonomie, au droit souverain de décider de notre avenir proche. Le désenchantement se produit tôt ou tard, mais il finit toujours par arriver et ne rate jamais le coche. Nous l'accueillons sans grande surprise, car l'expérience nous enseigne à ne pas nous étonner de voir notre existence modelée par des évènements lointains, des volontés en partie ou totalement étrangères à nos propres décisions. Ces longs processus qui finissent par croiser notre vie - tantôt pour lui fournir l'élan dont elle avait besoin, tantôt pour réduire en pièces nos projets les plus magnifiques - sont invisibles, comme les courants souterrains ou les infimes déplacements des plaques tectoniques, et quand le séisme a eu lieu, nous employons les mots que nous avons appris pour nous tranquilliser et parlons d'accidents, de hasards ou de destin. (page 241)"
Il exprime aussi la nécessité de connaître le passé pour pouvoir expliquer le présent , et enfin construire un avenir.
C'est un livre intime captivant, formidablement construit et écrit dans un style limpide.
Ne soyons pas nombrilistes. La littérature non francophone nous réserve de belles découvertes.
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