AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Juan Gabriel Vásquez (138)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Le bruit des choses qui tombent

A l’aube de ses quarante ans, Antonio Yammara se souvient de Ricardo Laverde, un homme très secret qu’il a fréquenté dans une salle de billard à Bogotá. Un soir, alors qu’ils marchent dans la rue, deux hommes à moto abattent Laverde et blessent grièvement Antonio.



A la suite de cet épisode traumatique, Antonio n’est plus le même, il a peur de tout, du noir, de la ville. Deux ans plus tard, il reçoit l’appel d’une femme qui dit s’appeler Maya et qui serait la fille de Ricardo Laverde. Comprenant que pour pouvoir se débarrasser de son angoisse, il doit résoudre l’énigme Laverde, il décide de la rejoindre. Ensemble ils vont remonter le fil du passé et des souvenirs. A travers le témoignage de Maya et les lettres de ses parents, Antonio découvre peu à peu le passé de cet homme qui l’obsède tant.



Le titre énigmatique de ce roman m’a tout de suite attirée. En l’ouvrant, j’ai fait une plongée vertigineuse dans la Colombie à la fin des années 60, tiraillée par les trafics de drogue et la corruption. On suit le narrateur dans les ruelles de la Candelaria, au cœur de Bogotá, cette ville où la nuit tombe en quelques secondes, et sur les routes poussiéreuses de La Dorada, dans la vallée de Magdalena.



Dès les premières pages, j’ai été intriguée par cet homme, Ricardo Laverde : il parle peu, se confie rarement. Le narrateur ne sait pas grand chose de sa vie et nous non plus. On a envie d’en savoir plus.



L’écriture de Juan Gabriel Vásquez est sensible, très évocatrice : les mots nous transportent immédiatement. J’ai été fascinée par sa façon de raconter les histoires, la puissance poétique de ses mots et la beauté de certaines réflexions sur la mémoire, le souvenir et l’être humain en général.
Lien : https://folavrilivres.wordpr..
Commenter  J’apprécie          50
Le corps des ruines

Il va être difficile de rendre compte de ce roman tant il est tentaculaire, intelligent, maîtrisé, tant le roman et le non-roman y sont étroitement intriqués au bénéfice de l'esprit et d'une certaine générosité.



Juan Gabriel Vasquez s'y montre  écrivain à l’œuvre, s’appropriant peu à peu un sujet qui l'a initialement rebuté, à l'écoute des signes qu'au fil des années celui-ci peut lui envoyer, l'amenant à accepter de douter, de se remettre en question pour finalement se l'approprier au prix d'un itinéraire affectivo-intellectuel traversant le temps et les continents.



Ce sujet lui est apporté/imposé par une espèce de complotiste exalté, monomaniaque et  agaçant, Carlos Carballo, fasciné par deux assassinats politiques qui ont été  des tournants majeurs dans l'histoire de la Colombie:  celui de Rafael Uribe Uribe en 1914, et celui de Jorge Eliécer Gaitán en 1948, deux figures de l'opposition libérale. Pour ces deux assassinats,  les exécutants ont été châtiés, et Carballo soutient que la justice s'est refusée à remonter le fil des vrais commanditaires. La juxtaposition de ces deux affaires est l'occasion  d'interroger la société colombienne, pervertie d'avoir toujours frayé avec la violence,  de réfléchir au lien que celle-ci entretient avec le mensonge et la dissimulation, et de montrer comment la quête de la vérité, si elle est vouée à l'échec, permet cependant d'interroger sa propre intimité, mais aussi tout le corps social  notamment dans sa  dimension  politico-judiciaire.



On est  dans une démarche assez curieuse (et plusieurs fois revendiquée) qui mêle sciemment l'autofiction et  l'histoire d'un pays, mais aussi l'Histoire et la fiction  pour produire une œuvre protéiforme, mi-polar politique, mi-réflexion et quête de sens. Dans cette démarche qui n'est pas sans rappeler Cercas, mais portée ici par une écriture fluide et pleine de vivacité, parfois à la limite de la faconde, Juan Gabriel Vasquez communique, par un montage époustouflant,  sa passion, ses émotions  et son érudition. il tire un fil qui en révèle un autre, suggère sans imposer, les longueurs sont très rares (et sans doute indispensables), c'est de la belle ouvrage.

Commenter  J’apprécie          54
Le corps des ruines

Retour de vacances, pas le temps de lésiner avec la lecture de ce roman profondément détaillé et fourmillant d'anecdotes sur l'histoire politique et sociale de ce pays qui ne peut laisser personne indifférent : la Colombie.



L'auteur, Juan Gabriel Vasquez, qui est aussi le narrateur du livre, nous livre ici une enquête politico-historique aux allures de roman policier sur des faits pourtant bien réels qui se sont déroulés au sein de sa patrie de naissance depuis le début du 20ème siècle.



C'est un livre exigeant, de par son érudition des faits politiques et de leurs acteurs, brillamment référencé, et je dois dire que c'est une somme pour qui ne s'est jamais plongé dans les méandres de ce pays tiraillé par les assassinats politiques, les guérillas urbaines, les narcotrafiquants et les magouilles de toutes sortes.



Portrait assez négatif mais pour le moins réaliste d'une société colombienne qui a notamment vécue sous le joug de nombreux leaders politiques autoritaires (le mot est faible), qui a (parfois) rêvé d'obtenir un dirigeant digne et honnête mais dans ce pays ils finissent (souvent) assassinés (Uribe Uribe en 1914, Jorge Eliecer Gaitàn en 1948), qui a tremblé et subie les caprices du terrorisme des narcos qui n'hésitaient pas à tuer policiers, juges et bien malheureusement de nombreux civils qui n'avaient bien entendu, (comme toujours), rien à voir avec cette guerre.



Juan Gabiel Vasquez, est donc confronté directement, en tant que narrateur, à cette histoire qu'il croit connaitre par cœur tant elle est ancrée dans la tête de chaque Colombien, il sera cependant obligé, attiré mystérieusement par un certain Carballo, dans les profondeurs de l'histoire politique de son pays et des ses rouages, de ses manipulations et complots.

Quelle meilleure matière pour un écrivain que les élucubrations d'un soit disant spécialiste des assassinats politiques? Quel meilleur moyen d'attirer l'attention sur ce pays qu'il aime tant et où il n'a pas grandi?

On pourrait dire, c'est faire la part belle aux partisans de ces théories fumeuses, dans le fond peu importe, ce qui compte c'est que l'on ressors de ce livre avec une admiration et un profond respect pour ce peuple digne et fier, qui malgré les innombrables coups de boutoirs, est toujours debout !



#JuanGabrielVasquez #Lecorpsdesruines #vivaColombia
Commenter  J’apprécie          50
Le corps des ruines

Autant l’avouer, je ne suis pas férue de littérature étrangère. Je n’en ai par ailleurs que très peu de connaissance. Peut-être par crainte d’un décalage lié à la traduction je privilégie, en effet, la lecture d’ouvrages d’auteurs français. Mais il se trouve que j’ai eu à lire, dans le cadre de la rentrée littéraire, le dernier roman d’un auteur colombien, Juan Gabriel Vasquez, "Le corps des ruines".



Je remercie très sincèrement les Editions du Seuil.



Juan Gabriel Vasquez, l’auteur, est aussi le narrateur. Il raconte sa rencontre, un soir, chez son ami le Docteur Benavides, d’un certain Carlos Carballo. Cet homme particulier a tendance à voir dans l’assassinat de chaque homme politique célèbre la "patte" de puissances obscures. Et, quand il parle notamment des meurtres du sénateur colombien Rafael Uribe Uribe tué en 1914 à coups de hachette par deux menuisiers, du leader libéral Jorge Eliecer Gaitàn en 1948 ou encore de celui de John Fitzgerald Kennedy, il n’y voit qu’une série de complots. Si Vasquez considère d’abord les propos de ce Carlos comme pures divagations, il va petit à petit se poser des questions et tomber dans le piège de son interlocuteur… et y entraîner la lectrice que je suis.



Je dois reconnaître que la lecture de cet ouvrage m’a demandé du temps, beaucoup de temps. On ne se plonge pas dans le texte comme un nageur en eau tranquille. Il m’a fallu souvent m’interrompre pour faire des recherches. Je ne connaissais rien de l’histoire politique de la Colombie et si l’assassinat de Kennedy reste parfaitement ancré dans ma mémoire, j’ai dû relire certains articles pour m’assurer de n’avoir rien oublié des circonstances et de ce qui en fut relaté par la suite. Aux confins de l’autobiographie – je l’ai dit, l’auteur est en même temps le narrateur – de l’enquête à la fois politique et policière, il s’agit pourtant bien d’un roman : "Mais moi, c’était la seule chose que je trouvais captivante dans les romans : l’exploration de cette autre réalité ; non la réalité des faits ni la reproduction romancée des événements véritables … qui poussent le romancier vers des endroits interdits au journaliste ou à l’historien."



J’ai trouvé ce roman exigeant, fouillé, érudit où les références littéraires sont pléthores qui citent Gabriel Garcia Marquez, mais aussi Thémistocle et Cicéron. Et je ne parle de Carlos Gardel le célèbre chanteur et compositeur de Tango, dont la mort est également présente. Les personnages fourmillent et les détails sont légions. Comme l’auteur, je me suis sentie emportée par les propos de ce Carballo qui mène la danse et fait vaciller la raison. Et si ce qu’il avance était vrai ? Et si derrière chacun de ces crimes existait une autre vérité ? Ces questions présentes au fur et à mesure de l’avancée du récit le rendent envoûtant et m’ont fait oublier les quelques longueurs que je pourrais lui reprocher. Il est vraisemblable que quelques pages en moins – il y en a tout de même 500 – n’auraient en rien nui à son intérêt.



Pour autant, j’ai été emballée, admirative de tant de connaissances et de talent d’écriture. J’ai ouï dire par une Colombienne qu’il n’était pas particulièrement connu dans son pays natal mais il faut dire qu’il a plus vécu ailleurs. En tous les cas il est évident que l’histoire de son pays d’origine lui tient à cœur.

Commenter  J’apprécie          51
Les amants de la Toussaint

Les écrivains « locaux » sont-ils les mieux placés pour parler de leur pays, de leur région ou de leur ville ? Bonne question que Juan Gabriel Vásquez m’offre l’occasion d’approfondir. Né à Bogota, il a passé en 1999, à l’âge de 26 ans, une année en Belgique et a publié un recueil de nouvelles intitulé « Les amants de la Toussaint (Los Amantes de Todos los Santos) » dont la majorité se passe dans les Ardennes belges. C’est une région que je connais relativement bien et j’étais donc curieux de voir comment elle apparaissait sous l’œil d’un jeune auteur colombien.

Plusieurs nouvelles du recueil ont comme décor la vallée de l’Ourthe, au sud de Liège. Elles se déroulent dans un milieu rural aisé, amateur de chasse. Les hommes se retrouvent dans les brumes de l’automne pour le rond matinal au départ de la battue. Les rituels semblent immuables, les familles sont liées depuis des générations.

Dans ce monde plein de traditions, mais parfois rude, Vásquez décrit avec un œil très précis les gestes, les objets et les ambiances : un verre de porto servi, un lièvre que l’on dépiaute, un Browning que l’on charge. L’autorité dans la voix d’un chef de famille qui ne souffre pas d’être contesté. Son regard aigu lui permet aussi de percer, au-delà des non-dits et des bienséances échangées entre voisins, les rancœurs, les secrets et les trahisons. Accidents déguisés, maris trompés, suicides ou meurtres : les vertes vallées ardennaises cachent de nombreux drames sous le couvert feutré de leurs forêts et derrière leurs imposantes demeures de pierre grise.


Lien : http://www.lecturesdevoyage...
Commenter  J’apprécie          50
Les Réputations

L’auteur nous plonge au cœur de la société colombienne, à Bogota. Javier Mallarino est caricaturiste dans un quotidien réputé. Chaque jour, il croque les hommes politiques, les acteurs et autres célébrités afin de dénoncer ou mettre en lumière un problème de société. Malgré les lettres de menace déjà reçues, Mallarino est un homme qui n’a pas peur et qui va jusqu’au bout de son art. La caricature est un don qu’il met au service de la société. Ainsi, l’homme se sent utile.



Lors d’une soirée dans laquelle il reçoit un prix venant couronner sa carrière, une jeune femme, Samanta, lui demande une interview. Mallarino fixe un rdv à la jeune femme dès le lendemain. Chez lui, Samanta lui avoue le véritable motif de sa venue. Elle n’est pas journaliste. Elle veut savoir la vérité. Que lui est-il arrivé un soir, alors qu’elle n’avait que 7 ans, lors d’une soirée chez Mallarino? Le caricaturiste lui raconte ce qu’il s’est passé et les conséquences de cette douloureuse soirée…



En 200 pages, l’auteur parvient à immerger son lecteur au cœur d’une histoire forte et dérangeante. Il y a d’abord le récit de cette fameuse soirée chez Mallarino. Mais qu’ont véritablement vu les gens? Et puis il y a les conséquences d’une caricature de Mallarino sur le député colombien Adolfo Cuellar. Mallarino a-t-il eu raison? Est-il allé trop loin ou a-t-il seulement révélé la vérité?



L’auteur plonge son lecteur au cœur d’une affaire sulfureuse où la force du dessin et de la caricature a toute sa place. A l’heure actuelle où le travail des caricaturistes, sans forcément penser à Charlie Hebdo, est fortement remis en question, Vasquez offre à son lecteur un roman dans lequel le dessin a toute sa place, car finalement c’est lui le véritable protagoniste du roman. Les Réputations c’est en somme l’histoire d’une caricature et de ses conséquences, de son impact. Mallarino est tantôt adulé, tantôt critiqué mais toujours respecté car ses dessins ont plus de force qu’une bombe.



Les Réputations posent aussi la question de la légitimité du caricaturiste. Jusqu’où peut-il aller? A-t-il tous les droits? Y-a-t-il des tabous? Mallarino a conscience de son art comme une arme et l’affaire Cuellar va provoquer chez lui un examen de conscience douloureux.



Avec Les Réputations, Vasquez signe un roman fort et pertinent et met en lumière la force de la caricature qui reste bien réelle.
Lien : https://carolivre.wordpress...
Commenter  J’apprécie          50
Histoire secrète du Costaguana

Pour écrire Nostromo, histoire qui décrit les remous politiques du Costaguana, petit état fictif d'Amérique centrale, Conrad s’est basé sur la connaissance superficielle qu'il y a acquise lors d'un bref passage en 1876, ainsi que sur de nombreuses lectures.

Juan Gabriel Vasquez, qui y lit la transposition de l'histoire colombienne, imagine qu'il s'est inspiré du récit que lui en fit le héros de son roman, José Altamirano, de la construction du Canal de Panama à la sécession du Panama. Seulement la « vérité » de Conrad n'est pas la vérité de José Altamirano - qui n’est pas non plus la vérité historique objective, mais l'image de celle-ci, vécue par un antihéros amoureux vaguement transparent .



«  (Oui, chers historiens scandalisés : la vie des autres, même des personnages les plus éminents de la politique colombienne, dépend elle aussi de la version que j'en donne. Dans ce récit, c'est ma version qui compte. Pour vous, chers lecteurs, ce sera la seule. J'exagère, je déforme, je mens et je calomnie à outrance ? Vous n'avez pas moyen de le savoir.) »





Trois axes donc, essentiellement,

Une relation historique avec en toile de fond les coups de force militaires, les dictatures alternantes, les guerres civiles qui opposent au fil des années conservateurs et libéraux, factions opposées mais inséparables de cette nation « schizophrénique » ; et en plat de résistance l’imposture magistrale de la construction du Canal de Panama, ouvrant la porte à la sécession de l'Etat, et à l’immixtion des Etats-Unis d'Amérique.

Un roman malin mêlant intimement réalité et fiction, où l'auteur, s’adressant directement à son lecteur, commentant son procédé d'écriture, se référant à d'autres écrivains, interroge sur les droits et devoirs de l'écrivain, le sens de l’adaptation romanesque.

Un hommage à Joseph Conrad, le Grand Romancier, dont on suit les épisodes de vie qui répondent à ceux d'Altamirano



Cela donne un ouvrage foisonnant, plein d'enseignements quoique ludique, souvent brillant, mais parfois aussi confus et qu'on lit donc avec un intérêt qui s’estompe par moment. Comme si d'en vouloir trop faire, Vasquez s'était interdit l'approfondissement.
Commenter  J’apprécie          50
Le bruit des choses qui tombent

J’avais peut-être trop d’attentes vis-à-vis de ce roman. J’avais surtout envie de quelque chose de plus linéaire, et sa construction en tiroirs gigognes ne m’a pas convaincue. J’ai fini le livre rapidement, mais sans m’être vraiment intéressée aux personnages, et sans y avoir été séduite par l’écriture. Seul le souvenir que les personnages ont du conflit armé à Bogota,dans les années 70-80 où ils étaient enfants, a retenu mon attention.
Lien : https://lettresexpres.wordpr..
Commenter  J’apprécie          50
Les Réputations

La couverture intrigante avec cette plume trempée dans le sang pourrait à elle seule donner envie d'en savoir plus. Un polar ? Non, pas vraiment même si le romancier prend plaisir à faire monter le suspense et à entraîner le lecteur dans sa quête de réponses. Pas un polar, non. Plutôt une réflexion élégante sur le pouvoir de la chose imprimée et sur ce que cela représente pour ceux qui l'exercent autant que pour ceux qui en sont les victimes à tort ou à raison.



Javier Mallarino est l'un de ceux qui détiennent ce pouvoir. Célèbre caricaturiste colombien, il publie chaque jour depuis quarante ans des dessins capables de renverser des hommes politiques et de défaire des réputations. On le craint, on l'évite parfois, il a déjà subi des menaces. Heureusement a-t-il coutume de dire, les menaces et la haine sont les garantes d'une certaine indépendance. Un métier à risques donc, qui lui offre un parfait prétexte pour s'éloigner de la capitale et goûter à la tranquillité de sa grande maison isolée. Là, il se fait livrer les journaux dans lesquels il puise son inspiration, coupé du monde, éloigné de sa famille. Et voilà qu'on décide de l'honorer, de lui rendre hommage, de célébrer son art. L'ironie de la chose ne lui échappe pas bien entendu mais il décide de se plier de bonne grâce à la cérémonie comme si finalement, une certaine fierté prenait le dessus. Pourtant, ce soir-là, ses certitudes vont être solidement ébranlées lorsqu'une jeune femme fait appel à sa mémoire et l'oblige à revivre un événement survenu vingt-huit ans auparavant. Que c'était-il réellement passé à cette époque ? Il n'avait fallu que quelques heures, des perceptions, des évaluations, des déductions pour que les destins des protagonistes soient marqués à tout jamais.



Pouvoir des médias, importance de la réputation, volatilité de la mémoire, ce court roman questionne sur le poids des actes de chacun et l'illusion qu'il peut avoir de détenir la vérité. Un examen de conscience décortiqué avec beaucoup de style et d'intelligence, qui invite le lecteur à s'interroger, encore et toujours sur le sens de ses actes.



Aussi élégant qu'efficace.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
Commenter  J’apprécie          50
Le bruit des choses qui tombent

La rencontre avec ce livre se fit d’abord par sa couverture. Elle m’évoquait un autre roman, policier celui là, de Tonino Benacquista “Trois carrés rouges sur fond noir”. Hormis les boules, une rouge, une blanche et une queue de billard, la comparaison entre ces deux romans s’arrête à la couverture mais c'est quand même pour elle que j'ai choisi ce livre. Pour Benacquista, le billard était la raison de vivre de son personnage principal, pour Juan Gabriel Vasquez (normalement, sur Vasquez le a est avec avec accent aigu mais je ne sais pas le faire sur mon clavier - je sais, j'aurais pu chercher sur Internet mais je préfère m'en remettre à vous), c’est dans une salle de billard que se rencontre les protagonistes : le narrateur, Antonio, la quarantaine (mais seulement 26 ans lors de la rencontre), professeur d’université et Antonio, d’une bonne vingtaine d’années son aîné, homme secret et dont on pressent un lourd passé.



C’est en lisant dans la presse la mort d’un hippopotame ayant fait partie du zoo mégalo de Pablo Escobar qu’Antonio se remémore, quelques années auparavant, le germe d’une amitié qui le noua à Ricardo Valverde. Avant que celui ci ne soit assassiné en pleine rue de Bogota en compagnie d’Antonio qui lui, sera blessé. Les éléments pourraient être en place pour un roman policier mais cela n’intéresse pas l’auteur.



Il se penche sur le ressenti d’Antonio qui s’il se remet peu à peu de ses blessures sombre dans une dépression liée bien sûr à l’attentat qu’il vient de subir mais également à cette jeunesse dans laquelle la violence était partout, ses anniversaires marqués par les meurtres commis par Escobar et par la guerre des cartels. A travers son personnage, Vasquez s’interroge sur les répercussions subies par quelqu’un qui naît en même temps que le trafic de drogue. Antonio est persuadé qu’il doit comprendre la mort de Ricardo pour comprendre pourquoi il est si difficile pour lui de se remettre de cet acte terroriste. Avec Maya, la fille de Ricardo, qui cherche à réunir le maximum de témoignage sur son père, il va enquêter sur le passé, sur l’histoire de son pays pour essayer de décoder sa propre vie.

Les choses qui tombent ce sont avant tout les avions puisque Ricardo, pilote, est doublement touché par des accidents d’avions mais c’est surtout, pour l’auteur, les répercussions que le terrorisme lié au marché de la drogue, ont sur la vie privé des gens, sur l’éducation de leurs enfants pendant les années 80 en Colombie. Comment peut-on grandir, devenir adulte, dans un pays où la terreur est omniprésente ?
Lien : http://avelbre.fr/2012/10/le..
Commenter  J’apprécie          50
Une rétrospective

Un biographie romancée sur Sergio Cabrera, cinéaste colombien, ça vous dit?

Présenté comme ça, je ne m'y serais probablement pas arrêté mais le parcours de ce réalisateur pour le moins atypique ainsi que les divers avis

élogieux ont suscité un vif intérêt chez moi...



...et j'ai bien fait puisque j'ai beaucoup aimé ce roman.



Le point de départ est une rétrospective, organisée à Barcelone, en l'honneur du réalisateur, Sergio Cabrera, qui y sera présent pour rencontrer son public mais aussi pour faire le point sur sa vie.



En alternant entre le présent et le passé, l'auteur va ausculter à la loupe la branche paternelle de S.C. On remonte jusqu'à son grand père, Domingo Cabrera qui sera obligé de fuir l'Espagne de Franco pour se réfugier en Colombie en passant par la République Dominicaine.



Son père, Fausto, quant à lui, acteur et maoïste convaincu, emmènera sa femme, son fils Sergio et sa fille Marianella en Chine pour parfaire leur éducation communiste.

C'est à mon sens la partie la plus réussie du roman car j'ai appris pas mal de choses sur la révolution culturelle ainsi que sur la vie des expatriés en Chine.

Fausto fera tout pour que ses enfants soient des révolutionnaires convaincus en leur refusant le confort d'expatriés et en les obligeant à aller travailler avec la population chinoise.

Fausto ira même jusqu'à laisser ses enfants seuls en Chine pendant 2 ans (l'endoctrinement n'ayant pas encore touché à sa fin) tandis que lui et sa femme s'enrôleront dans la guérilla colombienne.



Sergio et Marianella intégreront à leur tour les forces armées révolutionnaires de Colombie...

... mais la révolution colombienne n'est pas la révolution chinoise et les convictions laisseront petit à petit la place aux désillusions.

J'ai un peu moins aimé cette partie que j'ai trouvé un peu longue bien qu'intéressante sur le fond.



L'histoire se termine par un retour en Chine pour Fausto, sa femme et Sergio. Ce sera également l'heure du bilan pour ce dernier et de régler ses comptes avec son père pour enfin commencer une nouvelle vie pour son futur métier de cinéaste



Au final, un excellent roman malgré les quelques longueurs.



C'est un travail remarquable qu'a réussi l'auteur et comme il le précise dans sa postface, 7 ans de rencontres et 30 heures d'enregistrements ont été nécessaires de même que cette fiction ne contient aucun épisode imaginaire. Bref, je recommande chaleureusement.
Commenter  J’apprécie          40
Histoire secrète du Costaguana

Charmée par le talent de Juan Gabriel Vásquez, j'enchaîne sur un second roman qui, cette fois, nous entraîne dans la Colombie du XIXe siècle. Miguel Altamirano, un personnage idéaliste et fantasque pris dans les remous des guerres civiles qui s'enchaînent en Colombie depuis l'Indépendance espagnole, décide de s'installer au Panamá, alors province colombienne, dans la ville de Colón où il fera la connaissance de son fils José, le narrateur parti à sa recherche. Le choix d'Altamirano n'est pas fortuit. C'est qu'à cette même époque, le début des années 1880, les travaux du canal de Panama sont en plein essor sous l'égide du célèbre Ferdinand de Lesseps. Fasciné par ce Français et son projet grandiose, Miguel se fait par voie de presse le porte-parole du Progrès et des avancées du chantier, toujours positives, destinées à rassurer les actionnaires. Il n'hésite pas à falsifier la réalité jusqu'au scandale qui vit s'arrêter les travaux en 1889 et Miguel courir à sa perte. La communauté française est très présente et c'est en son sein que José rencontrera son épouse, Charlotte. La débandade française qui succéda au scandale, les catastrophes naturelles, les maladies, laissent la ville de Colón exsangue et peu à peu désertée. Seul, José persiste à y vivre alors que se déclenche en 1899 1a guerre des Mille Jours qui voit s'affronter une fois de plus les libéraux et les conservateurs. Elle prendra fin en 1902. L'année suivante, l'Indépendance du Panamá sera acquise à coup de dollars par les Etats-Unis qui lorgnent sur le canal qu'ils achèveront en 1914.



Voici donc l'histoire que nous livre José Altamirano. S'il tient à le faire, c'est surtout pour rétablir une vérité et révéler la trahison dont il s'estime victime de la part du célèbre romancier Joseph Conrad, trahison qui porte le nom de Nostromo, roman paru en 1904. Conrad y raconte l'histoire du Costaguana, un état imaginaire caribéen, qui lui a été inspirée par le récit d'un exilé colombien...



out au long de Histoire secrète du Costaguana plane l'ombre de Conrad, dont l'auteur nous distille des éléments biographiques répondant comme en miroir à ceux de José Altamirano. D'hypothétiques correspondances qui liaient inexorablement les destins des deux hommes jusqu'au dénouement final. Une jolie trouvaille littéraire de la part de l'auteur qui non seulement rend hommage au célèbre écrivain voyageur, mais se réapproprie son histoire et venge ainsi son héros, José Altamirano !



Mêmes éloges de ma part que pour le précédent titre présenté. Un auteur qui tourne résolument le dos au réalisme magique sud-américain pour plonger sous les oripeaux d'une réalité historique où se dissimulent à la fois la force et la fragilité des personnages, de la Colombie et de son peuple. J'en redemande !
Lien : http://moustafette.canalblog..
Commenter  J’apprécie          40
Le bruit des choses qui tombent

Le jeune auteur colombien Juan Gabriel Vásquez se présente volontiers comme prenant le contre-pied du réalisme magique de la génération qui l’a précédé. Son argument est qu’en Colombie, depuis des décennies, la réalité n’a vraiment rien de magique. Il est né et a grandi pendant les années où Pablo Escobar et les luttes entre les cartels de narcotrafiquants semaient la peur parmi la population de Bogota, Medellin et Cali. Son excellent roman « Le Bruit des Choses qui Tombent (El ruido de las cosas al caer) » nous fait revivre cette période douloureuse à travers le personnage d’Antonio qui s’est lié d’amitié avec un certain Laverde en jouant avec lui au billard dans un bar. Laverde se fait descendre en pleine rue, dans le quartier de la Candelaria à Bogota, sous les yeux d’Antonio. Celui-ci veut en savoir plus. Il apprend que la victime était un pilote condamné pour avoir transporté de la drogue et qu’il venait de sortir de prison après 20 ans. Il retrouve sa fille, Maya, qui vit isolée dans une ferme dans les montagnes, à mi-chemin entre la capitale et Medellin. Plongeant dans le passé du père et de sa fille, il découvre que la mère de celle-ci est américaine arrivée en Colombie dans les années 60 comme volontaire du « Corps de la Paix » avant de rencontrer le jeune aviateur Laverde. Plus tard, après de longues années aux USA, elle a péri dans un crash aérien alors qu’elle retournait en Colombie.
Lien : http://www.lecturesdevoyage...
Commenter  J’apprécie          40
Les Réputations

L'actualité récente a alimenté un débat important sur le rôle public du caricaturiste et de la satyre. De quoi peut-on rire et avec qui?

Dans ce roman, ce sont les responsabilités privées qui sont abordées. Dans quelle mesure l'oeuvre satyrique doit-elle se censurer, non pour épargner les susceptibilités mais pour garantir à ses proches une vie sociale décente? Aucun compromis, dirait sans doute Javier Mallarino, le protagoniste des Réputations. Et sans doute n'a-t-il pas tort puisqu'il s'apprête à recevoir un hommage pour l'ensemble de son travail. Mais voilà, Javier est un homme seul. Séparé de sa femme, avec une fille qui ne lui donne pour ainsi dire pas signe de vie, il vit reclus à la montagne et se rendre en ville est pour lui une véritable épopée. A quoi a-t-il renoncé? A quoi a-t-il obligé les autres à renoncer?



Dans un récit subtil, alternant présent et passé, regrets et souvenirs, Juan Gabriel Vasquez amène Javier à s'interroger sur les conséquences de ses choix, à revenir sur le passé, un passé inaltérable avec lequel il faut vivre et faire vivre les autres.



Pas de temps mort, une lecture agréable, un phrasé impeccable.
Commenter  J’apprécie          40
Les Réputations

J'ai été un peu déçu à la lecture de ce livre même s'il soulève des questions intéressantes sur le pouvoir des médias. Les réputations racontent l'histoire de Javier Mallarino, célèbre caricature, qui par son talent parvient à faire et défaire une réputation. Mais ce pouvoir ne demeure pas sans conséquence sur sa vie et celles de ses proches.
Commenter  J’apprécie          40
Les Réputations

Mallarino est caricaturiste. Durant 40 ans ses dessins ont fait et défait les vies politiques de Bogota. C’est un personnage exotique attachant, une légende vivante qui va jouer de sa réputation dans une affaire dont il ne tire pas toutes les ficelles. Le pouvoir des médias, le sens de nos engagements, la mémoire qui entretient les haines tenaces … de beaux sujets de littérature, bien orchestrés, dans un roman sud-américain parfaitement bien écrit. Un roman qui se lit avec avidité et incite à découvrir l’œuvre toute entière de Juan Gabriel Vasquez, connu notamment pour « Le bruit des choses qui tombent ». On dirait du Garcia Marquez …
Commenter  J’apprécie          40
Les Réputations

Mallarino [...] devra réfléchir à son métier, à sa vie et à la portée de sa propre réputation. Juan Gabriel Vásquez en fait le personnage central d'un très beau roman sur le pouvoir des médias et ses conséquences imprévisibles.
Lien : http://www.telerama.fr/criti..
Commenter  J’apprécie          40
Les Réputations

Décevant en comparaison de son précédent (et excellent) roman : "Le bruit des choses qui tombent".
Commenter  J’apprécie          40
Les Réputations

Le romancier s’est inspiré de dessinateurs colombiens, espagnols, vivants ou morts. On retrouve l’un de ses thèmes : la manière dont la mémoire et l’oubli unissent et défont la collectivité et l’individu. Mais les Réputations vaut par le portrait de cet homme, Mallarino.
Lien : http://rss.feedsportal.com/c..
Commenter  J’apprécie          40
Histoire secrète du Costaguana

Après Les dénonciateurs, un premier roman prometteur, la lecture de Histoire secrète du Costaguana, nouvelle livraison de Juan Gabriel Vasquez, écrivain colombien de 36 ans, s'annonçait sous les meilleures auspices. Placée sous l'ombre tutélaire de Joseph Conrad, cette évocation de l'histoire colombienne au tournant du 20ème siècle ne pouvait être qu'échevelée et riche en rebondissements dans la plus pure tradition picaresque. Aux dires de la quatrième de couverture, c'est bien le cas, mais en réalité, si le roman galope à brides abattues, il n'en est pas moins fort confus et empêtré entre le destin d'un anti-héros (celui à qui Conrad a prétendument volé la mémoire pour écrire Nostromo) et la Grande Histoire, celle d'un pays schizophrène, la Colombie, qui finit par perdre sa province lointaine du Panama. Pour corser l'affaire, Vasquez conte avec force détails les déboires de Lesseps dans sa tentative de creuser le canal (de Panama) que les américains finiront par achever. Certes, le livre ne manque pas d'humour et de vivacité, mais il ressemble à une jungle où la chronologie est malmenée et où les personnages disparaissent aussi vite qu'ils sont entrés en scène, sans qu'on puisse s'y attacher. Devant la prose luxuriante de J.G Vasquez, que faire d'autre que déposer les armes ? Par lassitude, s'entend, pas pour saluer l'artiste. Pour plagier Salieri face à Mozart, on pourrait dire que ce roman a un gros défaut : il contient trop de mots.
Commenter  J’apprécie          40




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Juan Gabriel Vásquez (542)Voir plus

Quiz Voir plus

Quiz sur le passeur

Qui est Asher

Son meilleur ami
Son frère
Son chien
Ne sais pas !🤐

11 questions
81 lecteurs ont répondu
Thème : Le Passeur de Lois LowryCréer un quiz sur cet auteur

{* *}