On a beau dire “qui ne dit rien consent”, je restai bouche close, je n’avais pas envie qu’on sache comment j’avais obtenu cet appartement. On était censé remplir un tas de paperasses et prier tous les saints, d’abord pour qu’un des locataires meure, ou pour qu’il soit déclaré inapte à vivre sans assistance, et ensuite pour que les bureaucrates sortent de leur léthargie millénaire et lancent la procédure.
L’exigence de complète responsabilité des œuvres d’art accroît le poids de leur faute ; c’est pourquoi il faut la mettre en contrepoint avec l’exigence antithétique de l’irresponsabilité. Celle-ci fait penser à l’élément ludique sans lequel ni l’art ni la théorie ne peuvent être conçus. Un ton solennel condamnerait autant les œuvres au ridicule qu’une allure de puissance et de majesté. L’abandon sans réserves de la dignité peut devenir, dans l’œuvre d’art, l’instrument de sa force.
Je dessinais et écrivais, jusqu’à ce que le crayon me tombe des mains et que moi je tombe de sommeil dans les draps. Mais de là à écrire un roman, il y avait du chemin, un abîme qui ne pourrait être franchi qu’avec beaucoup de bonne volonté et de naïveté.
Nous devons découvrir ce qui s’est passé. Il y a une explication à tout.
« Pour cette raison je savais que personne n’avait enlevé les jumeaux pour de faux, qu’ils avaient simplement décidé de se tirer, d’échapper aux limites de notre existence claustrophobe. Jarek n’aurait jamais envisagé de se sauver de chez lui, même si à la télé on disait que les riches pleuraient aussi, je les voyais ravis, tout contents, très satisfaits d’avoir l’exclusivité de la joie. »