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Citations de Jules Renard (989)


Ecrire, c'est une façon de parler sans être interrompu.
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Il voudrait donner à manger aux mots dans le creux de sa main.
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Histoires Naturelles

LE CHASSEUR D’IMAGES

II saute du lit de bon matin, et ne part que si son esprit est net, son cœur pur, son corps léger comme un vêtement d’été. Il n’emporte point de provisions. Il boira l’air frais en route et reniflera les odeurs salubres.

Il laisse ses armes à la maison et se contente d’ouvrir les yeux. Les yeux servent de filets où les images s’emprisonnent d’elles-mêmes.

La première qu’il fait captive est celle du chemin qui montre ses os, cailloux polis, et ses ornières, veines crevées, entre deux haies riches de prunelles et de mûres.

Il prend ensuite l’image de la rivière. Elle blanchit aux coudes et dort sous la caresse des saules. Elle miroite quand un poisson tourne le ventre, comme si on jetait une pièce d’argent, et, dès que tombe une pluie fine, la rivière a la chair de poule.

Il lève l’image des blés mobiles, des luzernes appétissantes et des prairies ourlées de ruisseaux. Il saisit au passage le vol d’une alouette ou d’un chardonneret.

Puis il entre au bois. Il ne se savait pas doué de sens si délicats. Vite imprégné de parfums, il ne perd aucune sourde rumeur, et, pour qu’il communique avec les arbres, ses nerfs se lient aux nervures des feuilles.

Bientôt, vibrant jusqu’au malaise, il perçoit trop, il fermente, il a peur, quitte le bois et suit de loin les paysans mouleurs regagnant le village.

Dehors, il fixe un moment, au point que son œil éclate, le soleil qui se couche et dévêt sur l’horizon ses lumineux habits, ses nuages répandus pêle-mêle.

Enfin, rentré chez lui, la tête pleine, il éteint sa lampe et longuement, avant de s’endormir, il se plaît à compter ses images.

Dociles, elles renaissent au gré du souvenir. Chacune d’elles en éveille une autre, et sans cesse leur troupe phosphorescente s’accroît de nouvelles venues, comme des perdrix poursuivies et divisées tout le jour chantent le soir, à l’abri du danger, et se rappellent aux creux des sillons.
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Par principe, je dénigre tous les hommes de talent, un ou deux exceptés, les plus vieux, les plus inaccessibles, ceux qui se trouvent trop loin et trop au-dessus de moi pour être mes rivaux, et que je vénère à l'égal de demi-dieux, les lèvres remuantes. Mais, mon acte de foi terminé, qu'on ne me parle plus de ces hommes ! Ils montrent, à vivre, une obstination indécente, ils absorbent toute l'admiration disponible dans l'air ; et, sans jalousie mesquine, par simple humanité, je leur souhaite ce qui leur manque pour être complets dans l'absolu : une rapide mort.
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C'est ce que je vous reproche, Honorine. Entendez-moi. Je ne dis pas que vous vous relâchez, j'aurais tort; je ne connais point de femme au pays qui vous vaille par l'énergie; seulement vous vieillissez. Moi aussi, je vieillis; nous vieillissons tous, et il arrive que la bonne volonté ne suffit plus. Je parie que des fois vous sentez une espèce de toile sur vos yeux. Et vous avez beau les frotter, elle reste.
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Un salon de campagne, fenêtres sur jardin, porte à droite et à gauche.

Pierre se promène d’une fenêtre à l’autre.

Marthe est assise près d’une table à thé.

MARTHE. Elle a la figure étonnée et rieuse d’une femme qui ne veut pas croire ce qu’on vient de lui dire :

Comment ! Depuis que vous êtes marié, vous n’avez jamais eu de maîtresse?

PIERRE : Jamais.

MARTHE : Vous pouvez bien me le dire, puisque nous causons librement. N’ayez pas peur qu’on vous entende !... (Elle désigne un des côtés du chalet.) Votre femme veille près de sa petite fille qui était toute grognon au dîner ; elle craint une mauvaise nuit, mais ce ne sera rien.

PIERRE : Je l’espère.

MARTHE : Les dents, peut-être ?

PIERRE : Sans doute, je ne sais pas.

MARTHE : Chère petite ! Sa maman ne la quitterait pas pour vous surprendre aux pieds d’une autre femme.
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- Personne ne m'aimera jamais, moi !
Au même instant, madame Lepic, qui n'est pas sourde, se dresse derrière le mur, un sourire aux lèvres, terrible.
Et Poil de Carotte ajoute, éperdu:
- Exepte maman.
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Amuse-toi, tu ne t'amuseras jamais plus jeune.
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Le Paon
Il va sûrement se marier aujourd'hui.
Ce devait être pour hier. En habit de gala, il était prêt. Il n'attendait
que sa fiancée. Elle n'est pas venue.
Elle ne peut tarder.
Glorieux, il se promène avec une allure de prince indien et porte sur Le Paon
Il va sûrement se marier aujourd'hui.
Ce devait être pour hier. En habit de gala, il était prêt. Il n'attendait que sa fiancée. Elle n'est pas venue.
Elle ne peut tarder.
Glorieux, il se promène avec une allure de prince indien et porte sur de la journée, il se dirige vers le perron. Il gravit les marches, comme des marches de temple, d'un pas officiel.
Il relève sa robe à queue toute lourde des yeux qui n'ont pu se détacher d'elle.
Il répète encore une fois la cérémonie.
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LE CHERCHEUR D'OR



  Harpagonnet avait dans sa bourse deux pièces d'or volées à son père. Fréquemment il tâtait sa poche, sentait les pièces, et, fidèle gardienne, sa main ne s'éloignait pas. Bientôt il n'y tint plus ; il voulut les contempler, ouvrit la bourse et les mania.

  Et voici que les deux pièces d'or tombèrent, roulèrent, folles, dépistèrent ses yeux lancés à leur poursuite, disparurent.

  Harpagonnet, sans bouger de place, les pieds collés, s'accroupit et chercha. Il tremblait et suait, malade d'angoisse. Il épluchait le sable comme un plat de lentilles. Il eut ainsi retourné la Terre.

  Quand il trouva la première pièce, son cœur battit moins fort. Il trouva la seconde et son cœur se tut. Il les compta, fit la preuve. Il les ravait bien toutes les deux, celle-ci, celle-là. Il les rentra dans sa bourse, serra les cordons comme on étrangle, et souffla.

  Puis il ne se releva pas.

  L'endroit était bon.

  Et râtelant encore le sable avec ses ongles, Harpagonnet se met à chercher d'autres pièces d'or.
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   LES HIRONDELLES DE CHEMINÉE



   Elles me donnent ma leçon de chaque jour.
      Elles pointillent l'air de petits cris.
      Elles tracent une raie droite, posent une virgule au bout,
et, brusquement, vont à la ligne.
      Elles mettent entre folles parenthèses la maison où j'habite.
      Trop vives pour que la pièce d'eau du jardin prenne copie de
leur vol, elles montent de la cave au grenier.
      D'une plume d'aile légère, elles bouclent d'interminables parafes.
      Puis, deux à deux, en accolade, elles se joignent, se mêlent, et,
sur le bleu du ciel, elles font tache d'encre.
      Mais l'œil d'un ami peut seul les suivre et si vous savez le grec et
le latin, moi je sais lire l'hébreu que décrivent dans l'air les hirondelles
de cheminée.
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Il faut savoir s'embêter, pour que la vie ne paraisse pas trop courte.
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Le vent souffle de douces haleines, retourne les minces feuilles de luzerne, en montre les dessous pâles, et le champ tout entier est parcouru de frissons.
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Les grives, de retour des prés, fusent avec rapidité entre les chênes. Il les ajuste pour se faire l'oeil.
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Grand frère Félix et Poil de Carotte travaillent côte à côte. Chacun a sa pioche. Celle de grand frère Félix a été faite sur mesure, chez le maréchal-ferrant, avec du fer. Poil de Carotte a fait la sienne tout seul, avec du bois. Ils jardinent, abattent de la besogne et rivalisent d'ardeur. Soudain, au moment où on s'y attend le moins (c'est toujours à ce moment précis que les malheurs arrivent), Poil de Carotte reçoit un coup de pioche en plein front.
Quelques instants après, il faut transporter, coucher avec précaution, sur le lit, grand frère Félix qui vient de se trouver mal à la vue du sang de son petit frère. Toute la famille est là, debout, sur la pointe du pied, et soupire, appréhensive.
- Où sont les sels ?
- Un peu d'eau bien fraîche, s'il vous plaît, pour mouiller les tempes.
Poil de Carotte monte sur une chaise afin de voir par-dessus les épaules, entre les têtes. Il a le front bandé d'un linge déjà rouge, où le sang suinte et s'écarte.
Monsieur Lepic lui a dit :
- Tu t'es joliment fait moucher !
Et sa soeur Ernestine, qui a pansé la blessure :
- C'est entré comme dans du beurre.
Il n'a pas crié, car on lui a fait observer que cela ne sert à rien.
Mais voici que grand frère Félix ouvre un oeil, puis l'autre. Il en est quitte pour la peur, et comme son teint graduellement se colore, l'inquiétude, l'effroi se retirent des coeurs.
- Toujours le même, donc ! dit Mme Lepic à Poil de Carotte ; tu ne pouvais pas faire attention, petit imbécile !
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La rêverie est le clair de lune de la pensée.

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Excellente nouvelle année à vous tous lecteurs et lectrices passionnés! Je nous souhaite de belles lectures encore et encore!!
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Amitié, mariage de deux êtres qui ne peuvent pas coucher ensemble.
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«  Le bonheur, c’est de le chercher. »
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Il ne fait que cracher, et pourtant il ne méprise personne: il est asthmatique.
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Ce que je recherche avant tout dans un roman, ce sont des curiosités de phrase.
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