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Citations de Jules Vallès (302)


Il m'emmène quelquefois à la prison, parce que c'est plus gai. C'est plein d'arbres ; on joue, on rit, et il y en a un, tout vieux, qui vient du bagne et qui fait des cathédrales avec des bouchons et des coquilles de noix.
A la maison l'on ne rit jamais ; ma mère bougonne toujours. - Oh ! comme je m'amuse davantage avec ce vieux-là et le grand qu'on appelle le braconnier, qui a tué le gendarme à la foire du Vivarais !
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Il y a beaucoup de choses qu’il faut garder avec soi, dis ma mère. Et elle a gardé beaucoup de choses, on les entasse sur moi.
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Le sentiment du repos et le désir de l’existence calme sous la charmille ou au coin du feu ne me sont pas venus ! – Sacrebleu non !
J’ai d’abord à briser le cercle d’impuissance dans lequel je tourne en désespéré!
Je cherche à devenir dans la mesure de mes forces le porte-voix et le porte-chapeau des insoumis. Cette idée veille à mon chevet depuis les premières heures libres de ma jeunesse. Le soir, quand je rentre dans mon trou, elle est là qui me regarde depuis des années, comme un chien qui attend un signe pour hurler et mordre.
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J’ai toujours étouffé dans des habits trop étroits et faits pour d’autres, ou dans des traditions qui me révoltaient ou m’accablaient. Au coup d’Etat, j’ai avalé plus de boue que je n’ai mâché de poudre. Au lycée, au Quartier latin, dans les crémeries, les caboulots ou les garnis, partout, j’ai eu contre moi tout le monde ; et cependant j’étreignais mon geste, j’étranglais ma voix, j’énervais mes colères …
Mais nous ne sommes que deux à présent ! … Il y a plus. Ma balle, si elle touche, ricochera sur toute cette race de gens qui, ouvertement ou hypocritement, aident à l’assassinat muet, à la guillotine sèche, par la misère et le chômage des rebelles et des irréguliers …
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Huit jours après je reçus avis que tout cautionné et tout républicain qu'on fût, on ne pouvait se hasarder à publier mon travail. Je ferais condamner le journal.
Alors l'empire a peur de ces quatre feuilles que j'ai écrites dans mon cabinet de dix francs !
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Je dois avoir l'air vieux que je reprochais à mes amis; j'ai vieilli, comme eux, plus qu'eux peut-être, parce que j'étais monté plus haut sur l'échelle des illusions !
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J'ai quelquefois pleuré étant petit ; on a rencontré, on rencontrera des larmes sur plus d'une page, mais je ne sais pourquoi je me souviens avec une particulière amertume du chagrin que j'eus ce jour-là. Il me sembla que ma mère commettait une cruauté, était méchante.
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Lorsqu'elle entend ma mère me dire : " Jacques, je vais te fouetter !
- Madame Vingtras, ne vous donnez pas la peine, je vais faire ça pour vous.
- Oh ! chère demoiselle, vous êtes trop bonne ! "
Melle Balandreau m'emmène ; mais, au lieu de me fouetter, elle frappe dans ses mains ; moi, je crie. Ma mère remercie le soir, sa remplaçante.
" A votre service " , répond la brave fille, en me glissant un bonbon en cachette.
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Des Femmes partout. - Grand signe !
Quand les femmes s'en mêlent, quand la ménagère pousse son homme, quand elle arrache le drapeau noir qui flotte sur la marmite pour le planter entre deux pavés, c'est que le soleil se lèvera sur une ville en révolte.
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Postface 1987 par Roger Bellet

Le livre voulait répondre aux exigences d'une jeunesse qui monte, que représenta Vallès en sa propre jeunesse et qui reste vivace dans le presque quinquagénaire de 1879; d'autant que ce Vallès de 1879, Londonien de force et Parisien problématique, devait alors, comme il le montrera après 1880, être plus proche d'une Révolution "culturelle" en marche que d'une Révolution politique. Lemer a raison d'invoquer dans sa préface la liberté absolue de penser et d'écrire, -je pense, donc je suis; je suis, donc j'écris. (...) Cette liberté contre le pouvoir, contre les censures, mais aussi contre les traditions, contre le poids et les chaînes du passé, ne pouvait, selon Vallès, être portée que par le Peuple et ses enfants; par les fils du Peuple, et non les pères du Peuple. La première liberté de penser : pouvoir penser -contre-; le -pour-, selon Vallès, vient après le contre. (p. 253-254)
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J' ai eu faim si longtemps !
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Je sens bien au fond de moi même que je ne suis pas né pour écrire.
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« La charité, s’il vous plaît ! » Oh ! mendiant, qui ne lâches pas ta sébile même sous le canon ! Mécanique montée pour la lâcheté, qui as l’impassibilité d’un héros ! et dont le cri guttural sort, monotone parmi cette tempête humaine, impitoyable dans cette lutte sans pitié ! Il est là, contre la colonne de l’église, comme une statue –la statue de l’infirmité et de la Misère- debout au milieu d’un monde qui avait rêvé de guérir les plaies et d’affranchir les pauvres !
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J’ai, à la salle Desnoyers, la réputation d’un homme qui ne ferait pas « comme nos pères », qui reculerait devant les grands moyens, qui, au troisième tombereau, dirait à l’exécuteur d’aller casser une croûte et boire une chopine.
Mais Ducasse ferait « comme nos pères », lui, et apporterait en personne le déjeuner sur l’échafaud, pour qu’il n’y eût pas de temps perdu.
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La vie change tout à coup.
J'ai été jusqu'ici le tambour sur lequel ma mère a battu des rrra et des fla, elle a essayé sur moi des roulées et des étoffes, elle m'a travaillé dans tous les sens, pincé, balafré, tamponné, bourré, souffleté, frotté, cardé et tanné, sans que je sois devenu idiot, contrefait, bossu ou bancal,
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Ceux-là mêmes à qui je faisais l’aumône d’une gaieté qui cachait ma peine ou distrayait la leur, ceux-là, plutôt que de comprendre et de remercier, me traitaient d’Auvergnat et de cruel. Pouilleux d’esprit, lâches de cœur, qui ne voyaient pas que je jetais de l’ironie sur les douleurs comme on mettrait un faux nez sur un cancer, et que l’émotion me rongeait les entrailles, tandis que j’étourdissais notre misère commune à coups de blague, ainsi que l’on crève un carreau à coups de poing pour avoir l’air dans un étouffoir !
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On la tua tout de même. Elle mourut de douleur à dix ans. . . . . . . . . . . . . . . . . .
De douleur !... comme une personne que le chagrin tue.
Et aussi du mal que font les coups !
On lui faisait si mal ! et elle demandait grâce en vain.
Dès que son père approchait d’elle, son brin de raison tremblait dans sa tête d’ange. . . . . . . . . . . . . . . . . .
Et on ne l’a pas guillotiné, ce père-là ! On ne lui a pas appliqué la peine du talion à cet assassin de son enfant, on n’a pas supplicié ce lâche, on ne l’a pas enterré vivant à côté de la morte !
« Veux-tu bien ne pas pleurer », lui disait-il, parce qu’il avait peur que les voisins entendissent, et il la cognait pour qu’elle se tût : ce qui doublait sa terreur et la faisait pleurer d’avantage.
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Qu'est-il arrivé ? Je voudrais le savoir.
J'ai connu des situations douloureuses; mais je n'ai jamais tremblé comme je tremblais ce jour-là.(...) ! Et je frissonnais de tous mes membres... chose bizarre, - plus effrayé d'être gauche, d'avancer, de pleurer à faux, qu'effrayé du drame inconnu dont je ne savais pas le secret.
C'est ansi qu'on n'est point sûr du coeur des siens et qu'on craint de les irriter par les explosions de sa tendresse : instinctivement, on sent qu'il ne faut pas à ces douleurs un accueil cruel, le coeur ne saurait l'oublier et il garderait, noire ou rouge, une tache ou une plaie, une tristesse ou une colère.
Aussi, on hésite, on recule !
Ne rien dire ? - mais ils peuvent vous accuser d'être méchant, puisque vous ne semblez pas ému de leur douleur ! - Parler ? Mais ils vous en voudront de ce que vous avez le matin, réveillé par vos larmes - vos simagrées - des fantômes qui devaient mourir avec le dernier cri, le premier soleil !
Et je ne savais que faire !
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Je les aime tant avec leur grand chapeau à larges ailes et leur long tablier de cuir ! Ils ont de la terre aux mains, dans la barbe, et jusque dans le poil de leur poitrail ; ils ont la peau comme de l’écorce, et des veines comme des racines d’arbres.
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Je ne m’en suis ouvert à personne - J’emporterai ce secret avec moi dans la tombe - Mais, je le sens bien, je n’ai rien dans la tête, rien que mes idées ! voilà tout ! et je suis un fainéant qui n’aime pas à aller chercher les idées des autres. Je n’ai pas le courage de feuilleter les livres. Je devrais mettre de la salive à mon pouce, et tourner, tourner les pages, pour lire quelque chose qui m’inspire. Je ne trouve pas de salive, sur ma langue, et mon pouce me fait mal tout de suite.
Rien que mes idées à moi, c’est terrible ! Des idées comme en auraient un bon paysan, une bonne femme, un marchand de vin, un garçon de café !- Je ne vois pas au-delà de mes yeux, pas au-delà ma foi non ! Je n’entends qu’avec mes oreilles - des oreilles qu’on a tant tirées !
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