J'ai employé le mot "complicité" tout à l'heure. J'aime ce mot. Une compréhension tacite entre deux personnes, une sorte de pré-sentiment si vous voulez : le premier soupçon que vous pouvez convenir, avant la tâche un peu fastidieuse et stressante de découvrir si vous avez des "intérêts communs", ou le même métabolisme, ou si vous êtes sexuellement compatibles, ou voulez tous les deux des enfants, ou quoi que nous puissions alléguer consciemment au sujet de nos décisions inconscientes. Plus tard, nous vénérerions et célébrerons le premier baiser, les premières vacances ensemble, mais ce qui compte vraiment, c'est ce qui s'est passé avant tout cela : cet instant, qui relève plus de l'instinct que de la pensée qui suggère : Oui, peut-être elle, et : Oui, peut-être lui.
Je trouve que le choix du titre français, "Une fille, qui danse" est vraiment très mauvais par rapport au titre original "The Sense of Ending".
Il y a deux sortes de femmes : celles qui sont « transparentes », et celles qui évoquent un certain mystère. Et que c’est la première chose qu’un homme sent, et la première chose qui l’attire, ou non. Certains hommes sont attirés par les premières, d’autres par les secondes.
I know this much : that there is objective time, but also subjective time, the kind you wear on the inside of your wrist, next to where the pulse lies. And this personal time, which is the true time, is measured in your relationship to memory. So when this strange thing happened - when these new memories suddenly came upon me - it was as if, for that moment, time had been placed in reverse. As if, for that moment, the river ran upstream.
Vous aurez compris que nous nous intéressions surtout au français. Nous aimions cette langue parce qu'elle avait des sonorités explosives et précises ; nous aimions cette littérature en raison surtout de son caractère pugnace. Les écrivains français se battaient sans cesse les uns contre les autres ; ils défendaient et purifiaient la langue, bannissaient les mots d'argot, élaboraient des dictionnaires ayant force de loi, se faisaient arrêter, étaient poursuivis pour obscénité, s'affichaient agressivement en tant que Parnassiens, faisaient des pieds et des mains pour entrer à l'Académie, intriguaient pour décrocher des prix littéraires, étaient parfois exilés. La notion de "dur à cuire cultivé" nous séduisait grandement.
"Certains disent que c'est la vie qui importe, mais je préfère lire" : nous aurions pu reprendre cette phrase à notre compte à l'époque, mais en nous sentant un peu coupables, car nous craignions que notre passion pour l'art ne fût la conséquence du vide de nos existences. Comment ces deux concepts influaient-ils l'un sur l'autre ? Où était le point d'équilibre ? Étaient-ils aussi distincts l'un de l'autre que nous le supposions ? Une vie pouvait-elle être une oeuvre d'art, ou une oeuvre d'art, une forme de vie plus haute ? L'art n'était-il qu'un divertissement chic dans lequel les incroyants avaient injecté une fausse transcendance ?