Citations de Julie Bradfer (205)
Un autre morceau de confiance en moi. Une miette d’égo. Un bout de fierté. Une once d’espoir. Un fragment de mon cœur. Un grain de mon âme. Pas grand-chose. Rien que je n’ai déjà perdu.
Un jour, on m'a dit que les tsunamis étaient les catastrophes naturelles les plus terrifiantes qui soient. Pas parce qu'ils laissent la côte qu'ils frappent aussi ravagée qu'une ville prise pour cible par des bombes en pleine guerre. Pas parce que les vagues qu'ils propulsent engloutissent des milliers de vies en l'espace de quelques secondes, comme des avalanches. Pas parce que les débris qu'ils abandonnent ravagent la terre encore plus violemment qu'un feu de forêt. Non. Ils sont terrifiants à cause de ce silence apaisant qui règne avant qu'ils explosent. Ils sont terrifiants parce que même si on les voir venir, on ne peut s'empêcher de se sentir attiré une seconde par le phénomène étonnant de la mer qui se retire et par le calme relaxant qui nous berce juste avant le retour des vagues.
- Tout va aller mieux maintenant, Katelyn. OK?
Parfois, il ne nous faut qu'un peu de chaleur et quelques mots. Juste une petite dose d'espoir et un fragment de certitude.
Comme une veilleuse chassant les ombres. Comme un phare ramenant au port.
- OK, m'entends-je leur promettre.
Ou plutôt, me promettre.
Pendant un bref moment, il m'a laissée penser que je ne serais plus jamais seule quand je tomberais. Il m'a laissée penser que mes chutes pouvaient être douces. Qu'aussi sombre l'obscurité, il y avait toujours un peu de lumière à trouver. Et j'y ai cru. J'y ai tellement cru que j'ai oublié.
À quel point le choc est violent quand personne n'est là pour vous rattraper.
- Je t'aime, Eden. Je sais que tu vas me dire que je ne devrais pas mais je... je t'aime. Depuis des semaines déjà.
Depuis un sourire en coin dans l'encadrement d'une porte. Depuis un regard tourmenté sous la pluie. Depuis un baiser désespéré dans une ruelle sombre. Depuis la première seconde. Et toutes celles qui ont suivi.
En un instant, je ne suis plus assise sur le banc. Je suis enfermée entre ses bras, ses lèvres pressées sur les miennes.
- Je mourrais dans un monde où tu n'existes pas, avoue-t-il contre ma bouche, vulnérable.
La douleur reste mais le tsunami s'éloigne, me laissant éreintée. Et enfin, la voix d'Eden, dévastée, traverse mon obscurité:
- Je suis là. Tout ira bien, Kate. Tout ira bien.
Un peu de lumière dans la nuit. Un peu d'espoir au fond du gouffre. Je ferme les yeux en me pressant davantage contre lui. Et je crois que c'est à ce moment que tout change. C'est ici, bercée par un peu de sa lumière, que je décide d'y croire de nouveau.
C'est ici que je décide de recommencer à vivre.
J'ai envie de le supplier de ne pas dire un mot de plus. Parce que je tombe. Je suis en train de tomber tellement fort pour lui que j'en tremble. Alors je l'embrasse encore, espérant le faire taire. Mais la boule de contentement ne fait que gonfler, gonfler, gonfler dans ma poitrine.
Surprise par l'émotion que je perçois dans son ton, je relève la tête et plante mon regard dans le sien. Une autre lueur se mêle à l'orage de ses iris, diluant la colère que j'y déchiffre facilement. Quelque chose de moins violent, de plus vulnérable. Comme une fissure dans l'acier.
— Pourquoi est-ce que je m'en irais ? murmure-t-il, en embrassant tendrement mon front. J'ai toujours été perdu sans toi.
(fin chap 15)
J'ai été fait pour toi, Tess.
Un chagrin immense me lacère la poitrine à cette idée. A l'idée que ce père, ce frère, soit tout ce à quoi il ait droit. À l'idée que ce mépris, cette indifférence, soit ce qu'il se contente de recevoir. A l'idée que sa solitude soit si grande qu'il pense que c'est tout ce qu'il peut mériter.
Je suis désolé.
J'ouvre la bouche mais aucun son n'en sort. Mes jambes se mettent à trembler, mon cœur à saigner et les larmes s'accumulent, s'accumulent derrière mes paupières, dans ma gorge, dans ma poitrine...
Je suis désolé.
Je ne veux pas qu'on soit désolé. Je veux qu'on me rende ma sœur.
- Vous avez conscience que je suis actuellement à deux doigts de me pencher par dessus cette table pour vous égorger avec le coupe-papier?
- Si gracile et pourtant scandaleusement féroce. Je ne vous ai jamais dit que votre fougue me plaisait?
- Je ne vous ai jamais dit que votre impertinence m'exécrait?
- Si, au moins trois fois par jour.
Je crois que je suis tombée amoureuse de Blake entre deux averses, entre deux villes, entre deux mondes. Et je ne parviens pas à le regretter.
Je ne le repousse pas parce que je ne le veux pas. Parce que, pour la première fois depuis trop longtemps, j'ai envie de faire quelque chose pour moi. Pas pour ma famille, pas pour mes amis, pas pour les autres. Pour moi.
Les mecs ordinaires ne méritent pas les filles extraordinaires.
Si mes plaies sont en train de guérir doucement à présent, c'est parce que mes cicatrices ont rencontré les siennes il y a un an et qu'elles se sont trouvées belles ensemble.
Je n'ai jamais osé avouer à Austen que je n'avais jamais cru au destin.
Du moins, pas avant lui.
Les mêmes mots sont dessinés partout sur nos lèvres sans que nous ne trouvions le courage de les dire. Deux rêveurs aux souhaits brisés qui ont pendant trop longtemps cessé de croire, d'espérer. Peut-être est-ce pour cela que nous n'osons pas encore formuler la vérité. Par crainte qu'on décide encore de nous l'enlever.
Pantelante, je cherche sa bouche dans le noir et quand je retrouve la tendresse de ses lèvres, quand ses doigts s’emmêlent aux miens sur le matelas, quelque chose se répare en moi. Quelque chose qui était brisé depuis trop longtemps. Cette part de moi qui, sans lui, n’avait plus vraiment de sens.