Julie de Lestrange vous présente son premier à découvrir en Poche dès le 10 mai prochain !
Même si nous ne comprenons pas toutes ses révoltes, même si ses colères nous excèdent souvent, notre fille est douée d'empathie. Reste à savoir s'il s'agit d'un atout ou d'une faiblesse dans la vie.
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Personne ne se lève le matin en se disant : tiens, aujourd'hui, je vais essayer de foirer un maximum de choses.
Le fil de mes pensées se coupe tandis que se profilent les tours de la Défense sur le ciel jaune. Je cherche un parking dans le labyrinthe souterrain. Puis la tour dans laquelle je me suis déjà rendu une fois. Je hais cet endroit. Sur le parvis, je détaille ces hommes et ces femmes à qui j'ai ressemblé un jour, qui montent dans les gratte-ciel comme des automates. Qui se pressent pour entrer dans une prison dont ils ne sortiront même pas à l'heure du déjeuner, se contentant d'emprunter l'ascenseur qui dessert le self. Certains passent directement du quai du RER à leur bureau en zappant la case extérieure. Existence privée d'air. Et je me dis, tout en m'engageant dans une porte-tambour à la cadence infernale, que le monde moderne est une aliénation.
Alexandre adorait sa grand-mère. Plus que n'importe quelle autre personne ....elle représentait l'enfance, le cocon rassurant, les histoires que l'on se fait lire sur les genoux, les câlins contre le sein et les vacances. En un mot: l'amour.
Le vrai, celui qui donne force et confiance.
Elle s'était tant occupée de lui qu'il considérait qu'elle l'avait en partie élevé.
Il trouvait les relations amoureuses d'une grande absurdité. Surtout la fin. Du jour au lendemain, il fallait décréter que l'autre n'existait plus. soit. Mais les sentiments, eux, existaient toujours. Le manque aussi. Il se sentait orphelin.
Progressivement, je prends conscience à quel point nous nous permettons d’agir avec nos proches comme nous ne le ferions jamais avec des inconnus.
Il trouvait les relations amoureuses d'une grande absurdité. Surtout la fin. Du jour au lendemain, il fallait décréter que l'autre n'existait plus. Soit. Mais les sentiments, eux, existaient toujours. Le manque aussi. Il se sentait orphelin. Aucune relation ne souffrait de ce type d'abandon. N'importe où ailleurs, lorsque l'on ne s'entendait plus, on s'éloignait discrètement. On cessait peu à peu de téléphoner, on laissait la vie opérer. On ne coupait pas le fil aussi brutalement.
Sa mauvaise humeur dissimule sa tristesse. Je la prends dans mes bras. Je l'entends contre mon épaule, qui respire fort. Je ressens les vibrations de son cœur comme si son être résonnait dans le mien. Sophie a toujours prétendu que le contact de mon corps l'apaisait, lui redonnait de l'énergie. Au début de notre relation, dès qu'elle était fatiguée, elle se collait à moi dans le lit et pouvait demeurer une heure contre ma peau, sans bouger, à reprendre des forces.
- J'essaie de comprendre, c'est tout. Avoue que ce n'est pas commun, une femme qui ne veut pas d'enfant.
- Plus que tu ne le crois. Beaucoup cèdent à la pression sociale.
Je fais une moue dubitative. Ma sœur renchérit.
- Et pourtant, c'est vrai. Si tu n'as pas d'enfant, tu deviens un objet de curiosité. Soit on suppose que tu ne peux pas en avoir, soit on pense que tu es lesbienne. Rarement on envisage la possibilité que tu n'en veux pas. Et si tu as le malheur de l'avouer, alors là, on te considère carrément comme une pestiférée.
- N'exagère pas.
- À peine. Si les gens pouvaient cesser de juger ce qu'ils ne comprennent pas. On leur demande simplement d'accepter.
"_Je vous crois, dit-elle. Mais je pense aussi que quelque chose nous échappe/ Quel intérêt ma Communauté aurait-elle à perpétrer ces crimes ?
_Quand l'ennemi n'existe plus, il faut l'inventer."