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3.46/5 (sur 105 notes)

Nationalité : France
Né(e) : 2002
Biographie :

Juliette Adam est une auteure française.

Elle est la fille de l'écrivain Olivier Adam (1974) et de la romancière Karine Reysset (1974). Elle a passé son enfance en Bretagne et vit maintenant à Paris.

Diplômée en Lettres et Arts, elle écrit des romans et des albums jeunesse. Après "Tout va me manquer" (2020), son premier roman, elle a publié en 2022 son deuxième "Nos mains dans la nuit" ainsi qu’un album jeunesse, "Jaune Tournesol".

À 21 ans, Juliette Adam signe "Vers les lueurs" (2024), son premier roman Young Adult.


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Lire et écrire avec Juliette Adam


Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Morgane a toujours représenté à mes yeux ce que la vie pouvait avoir de plus étincelant. Bien plus que ma mère. Elle portait une telle lumière en elle. J'avais l’impression qu’elle pouvait venir à bout des ténèbres les plus tenaces, éclairer les profondeurs, tenir à distance la noirceur. Morgane me faisait l’effet d’un ange qui errait sur terre depuis bien trop longtemps et qui pourtant n’arrivait toujours pas à s’en lasser. Elle me montrait qu’on pouvait vivre autrement, qu'un ailleurs était possible, sans même avoir à partir. Malgré tout ce qu’elle avait traversé, elle restait toujours de bonne humeur, n’élevait jamais la voix, ne s’employait qu'à rire et inventer de nouveaux moyens de nous amuser, toi et moi. Elle faisait en sorte que chaque jour porte en lui une part de magie et je comptais sur elle pour veiller à notre bonheur. Tout était possible. On pouvait découvrir une piscine gonflable remplie de canards en plastique, de paillettes et de Barbie en bikini au beau milieu du jardin. p. 57
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Toutes les belles histoires ne sont pas d'amour. Loin de là. Alors ne gachons pas ce qu'on a, d'accord ?
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Il puisa toute la force qu'il avait en lui, serrant ses poings de jeune homme de vingt-cinq ans, comme s'il en pouvait extraire de la force, une colère sourde qui lui donnerait l'audace de faire ce qu'il avait toujours rêvé de faire, mais sans jamais osé. Pourquoi, il ne le savait pas. Des fils invisibles le retenaient, et il avait depuis longtemps oublié qu'il pouvait les trancher a tout moment. Qu'il en avait le droit. Que cela restait encore une possibilité.
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- C'est impossible. Tu peux pas ne pas aimer lire. C'est comme dire j'aime pas les films. J'aime pas manger. J'aime pas les gens. T'es juste pas tombé sur ce qui te plaisait, c'est tout.
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(Les premières pages du livre)
Je te connais depuis que je suis née. Je ne pense pas que tu t’en sois vraiment rendu compte. Tu m’as toujours donné l’impression que ta vie était ailleurs. Que tu évoluais dans ton monde, un lieu caché, quelque part dans les plis des draps ou le vide d’un double vitrage, ce genre d’endroit inaccessible où tu te trouvais à l’abri de moi, à l’abri de tout. Mais moi, je ne voyais que toi. Tu étais si saisissante avec ton air grave. Si magnétique. Tous tes gestes respiraient la majesté, un seul mot de toi suffisait à me fasciner et je passais des semaines à y repenser, à faire tourner en boucle tes paroles dans ma tête. Elles devenaient prophétiques à force d’être répétées. Tu ne pouvais pas t’empêcher de rendre solennel ce qui ne l’était pas. Tu creusais de minuscules sépultures au beau milieu du potager, y enterrais avec soin les fourmis que tu avais écrasées par inadvertance, du bout de tes sandales roses. Tu lançais des avions en papier pour prévenir les oiseaux de l’arrivée de l’hiver. Tu guettais le facteur chaque matin, assise sur une minuscule chaise que tu installais sous le pommier, juste derrière la barrière en fer rouillé de ton jardin. Quand tu l’apercevais enfin, tu t’autorisais à sourire, et lui remettais en soupirant un bouquet de mourons rouges, lui lançant qu’aujourd’hui encore, grâce à lui, le soleil n’allait pas s’écrouler. Ma mère jugeait toujours comiques tes saillies théâtrales, mais moi, je demeurais désarmée devant tes rituels, devant tes règles qui n’obéissaient à rien de ce que je connaissais. Je détestais ça. Ne pas savoir. Ne pas comprendre. À cet âge, être la plus brillante de ma classe, même en première année d’école primaire, était devenu une donnée que je tenais pour dérisoire, mais à laquelle j’étais secrètement accrochée. Tout ce qui pouvait me démontrer que les adultes se trompaient sur mon compte me terrifiait. Et tu en étais la preuve vivante. Toi et tes mystères. Toi et ta peau transparente. Toi et tes yeux de fantôme. J’avais peur. Peur pour toi, peur qu’il t’arrive quelque chose. Tu étais du genre à tomber d’une falaise par inadvertance, trop occupée à poursuivre une aigrette de pissenlit dansant dans le vent. Du genre à ouvrir la portière de la voiture en pleine autoroute, juste pour avoir un peu plus d’air. Du genre à proposer de jouer à qui tiendrait le plus longtemps la main à plat sur une plaque chauffante, sans y voir aucun danger. J’en faisais des cauchemars. Tu mourais, sans cesse, tu mourais, mourais, mourais sous mes yeux, et je ne pouvais rien faire à part te regarder souffrir en silence et écouter ta mère m’accuser de ne pas avoir été à la hauteur, de n’avoir été qu’une déception pour tout le monde. Pourtant, à l’époque, j’aurais fait n’importe quoi pour te sauver. Tu dois me croire. Chaque fois que je posais mes yeux sur toi, une part de moi me disait que je te voyais pour la dernière fois. Je t’observais avec la plus grande attention, mémorisais chaque centimètre de peau, chaque plissement autour des yeux, chaque tressautement de sourcils, je m’abreuvais de toi comme si je voulais imprimer ton visage pour toujours et me promettre de ne jamais l’oublier. Je m’attendais à tout de toi. Tu avais tes coups d’éclat venus d’une autre planète, mais tu passais la majorité du temps à te taire, en fixant le vide. Et je pense que c’était ça qui m’inquiétait, me poussait à être constamment sur le qui-vive. Je te savais capable de commettre une connerie à n’importe quel moment. Je ne compte plus le nombre de fois où tu as été à deux doigts de te tuer. La fois où tu as traversé la route les yeux fermés. Celle où je t’ai fait recracher les pilules contraceptives de ta mère. Celle où tu as trouvé un cadavre de lapin dans le jardin et lui as arraché le cœur, avec un air étonné. Tu te mettais continuellement en danger. Tu courais dans le jardin, un couteau de cuisine à la main, enfonçais des stylos dans les prises électriques, mettais tes mains dans le four brûlant, glissais la tête la première dans la baignoire remplie à ras bord, te retenais de respirer jusqu’à ce que tu t’évanouisses. Tu gobais les œufs d’oiseaux tombés de leur nid, te rasais une partie des sourcils, suivais des inconnus, leur prenais la main avec fermeté. Tu ne te rendais jamais compte de rien. Et moi, je te surveillais tout le temps. Je devais être là pour ramasser les débris que tu laissais sur ton passage. Je me disais qu’un jour tu te volatiliserais, comme ça, sans prévenir. Tu te débrouillerais pour te dissoudre dans l’air, ne laissant plus que le vestige de ta présence, une sorte de brume épaisse qui alourdirait tout et serait toujours à mes côtés, des années après ta mort. J’ai tellement anticipé ce scénario que je m’étonne de te savoir encore en vie, même si je n’ai plus aucune nouvelle de toi. Je m’attendais à des signes qui ne sont jamais venus. Tu t’es contentée de sortir de ma vie de la façon la plus banale possible. C’est triste à crever. Mais qu’est-ce qu’on peut bien y faire ? Tu sais, après ton départ, j’ai mis une éternité à comprendre d’où venait ce calme qui creusait ma poitrine. Tu as emporté avec toi mon inquiétude, celle qui n’était tournée que vers toi. Tu as fait disparaître cette anxiété qui m’a toujours accompagnée, me rongeait sans que j’y puisse rien. Tu as capturé mes frayeurs et mes rêves d’enfant. Tout ce qui faisait ce que j’étais. Tu me l’as volé, Émilie. Et je ne te pardonnerai jamais ça.
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Stéphane
Il est dix-huit heures. Le soleil est loin d'être couché. Je suis posé sur un siège à bascule, une cigarette au bec, piquée à Sarah, pour me calmer. La journée est passée trop vite. J'ai bien dormi, hier. J'étais apaisé. Pour de vrai. Mais depuis que je suis réveillé, tout ce que je ressens, c'est de la colère. Des envies de meurtres parcourent mes veines. J'ai envie de buter les parents de tout le monde. Ce sont eux les vrais coupables, dans toutes leurs histoires. Y a qu'à moi que ça saute aux yeux ? (...) Ils ont bien raison d'envoyer leurs gosses ici. Loin d'eux. Loin de leurs conneries. L'enfer de leurs enfants, c'est eux qui l'ont créé. Et personne d'autre. Ça me rend fou. Ça me rend vraiment fou. pg 349
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Tu ne le sais sûrement pas, mais nous sommes nées à une semaine d’écart, toi et moi, en pleine canicule. Dans le même hôpital. Je ne sais pas si c’était dans la même chambre. C’est ce que nos mères nous disaient en tout cas. Elles se connaissaient depuis leurs 18 ans et ne s’étaient pas quittées depuis. Elles avaient vécu un moment en colocation dans un studio près de la gare, coincé entre une crèche et une station-service. Ma mère était étudiante en journalisme, la tienne vendeuse dans un Bricorama. La mienne suivait ses études à Rennes, elle prenait tous les jours le TER de 6 h 57 pour s’y rendre, le même que je prends aujourd’hui pour rejoindre mon université et mon studio, à la fin des vacances ou du week-end. Ma mère ne voulait pas vivre dans une grande ville. Elle se sentait trop petite, pas assez au courant du monde, constamment jugée pour son ignorance, pour son manque de modernité. Elle étouffait. Surtout dans les amphis. Même si elle ne me l’a jamais avoué. Très vite, elle a trouvé un poste de rédactrice dans un magazine féminin, le genre à zoomer sur la cellulite des actrices, à commenter la vie sentimentale des chanteuses, à s’extasier sur les potins de la famille royale anglaise. Elle était responsable de la rubrique des tenues de stars sur les tapis rouges des Oscars, des Golden Globes ou de la Fashion Week. Elle pouvait écrire ses articles à la maison, ce qui lui permettait de n’effectuer le déplacement à Rennes qu’une fois par semaine. Ça lui allait très bien. Elle y travaille encore aujourd’hui. Elle est devenue la rédactrice en chef des pages mode, a gravi les échelons, naturellement, petit à petit, sans se presser. Elle ne rêve pas de plus. Elle ne rêve pas beaucoup, ma mère. Elle se contente de ce qu’elle a, depuis toujours. La tienne, au contraire, n’a jamais perdu ses espérances. Elle n’a pas arrêté d’enchaîner les petits boulots, comme elle le pouvait, dans l’espoir de monter sa propre boutique un jour. Combien de fois j’ai aimé l’entendre me raconter ses aventures de cueilleuse de pommes, femme de chambre dans un hôtel quatre étoiles, sondeuse en ligne pour des marques de sodas bretons, testeuse de bougies parfumées, dog-sitter, livreuse de sushis, distributrice de prospectus pour des montres de luxe, sexeuse de poussins, nettoyeuse d’écran de cinéma et même modèle nu pour des étudiants d’art, autant de métiers qui lui ont appris différentes manières de voir le monde, comme elle disait. Sa vie me semblait tout droit sortie d’un roman picaresque. À des années-lumière du quotidien sans vie de ma mère. Pourtant, elles s’entendaient à la perfection, c’était presque effrayant de se dire qu’elles avaient un jour pu vivre l’une sans l’autre.
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Ma mère ne pouvait pas supporter de vivre éloignée de Morgane, sa sœur, son adorée, sa moitié. Je crois que ça emmerdait mon père, cette proximité entre elles. Il n’en a jamais parlé. Pas devant moi, en tout cas. Mais il ne parle jamais de rien, mon père. Encore aujourd’hui, il reste une sorte de statue sans vie à mes yeux.
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Mon père n’était pas doué pour les mots. Pour la tendresse, pour l’affection, pour l’attachement. Pour nous montrer qu’il savait qui on était. À l’époque, il travaillait déjà comme conducteur de porte-conteneurs, souvent en direction du port de Shanghai, de Singapour ou de Ningbo-Zhoushan. Il partait un mois, téléphonait de temps en temps, et puis il revenait. Il ne parlait pas de ce qu’il voyait là-bas. Il ne parlait pas de l’océan, des tempêtes, des couchers de soleil, des orages et de la lumière. Il ne parlait pas des gens qu’il rencontrait, des marchandises qu’il acheminait. Il n’avait pas l’air de s’intéresser aux pays qu’il visitait. C’était le boulot, c’est tout. Pas la peine d’en faire tout un plat. Il se reposait dans un hôtel, le plus proche du port possible avant de refaire le chemin vers la France, pressé de retrouver les bras de sa femme. Quand il était en ville, il s’enfermait avec ma mère dans la chambre, s’en allait ramasser des couteaux sur les plages sauvages, fumait sur la terrasse, tentait de lire un Zola qu’il ne finissait jamais, partait boire des coups avec ses collègues sur le port, toujours sur le port. J’avais l’impression qu’il ne pouvait pas s’en éloigner trop longtemps. Mes parents s’en allaient le temps de leur traditionnel week-end en amoureux à Étretat, nous laissant chez Morgane et toi, pour mon plus grand plaisir. Et puis, il retournait en mer. Il était absent de nouveau, et chaque fois je l’oubliais un peu plus. Chaque fois, j’étais encore plus surprise quand il rentrait, comme si mon cœur de gamine pensait que, s’il nous abandonnait, c’était forcément pour de bon. Les pères ne reviennent jamais dans les livres pour enfants. Les orphelins et les abandonnés le restent, ils trouvent une nouvelle famille souvent, mais n’attendent jamais de leurs disparus qu’ils reviennent. Je n’espérais pas son retour, je ne me languissais pas de ses absences. J’avais déjà bien assez à faire avec toi. Cela vient peut-être du fait que mon père ne jouait pas vraiment avec nous, contrairement à nos mères, qui connaissaient tout de nos goûts, savaient ce qui faisait briller nos yeux de petites filles.
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Etienne sentit son pouls s'accélérer. Il devinait qu'il y avait un sens caché dans ces paroles, comme toujours avec les filles qu'il avait un sens caché dans ces paroles, comme toujours avec les filles qu'il avait rencontrées. Il avait toujours été nul pour ça. Décoder les signes, interpréter un rire, décrypter les messages de plus en plus énigmatiques avec le temps lui apparaissait comme une science à jamais hors de portée.
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