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Citations de Juliette Arnaud (32)


J’ai l’intuition que les chansons nous attendent.
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INCIPIT
J’ai l’intuition que les chansons nous attendent.
 J’ai toujours aimé Comment te dire adieu.
 La batterie d’abord, le piano aussi agaçant qu’une comptine enfantine, et puis la voix chantée et digne de Françoise Hardy que les trompettes moquent un peu. Quand elle parle et ne chante plus aussi, avec comme une nuance de vocodeur, les violons pour sentimentaliser l’affaire.
J’ai admiré Gainsbourg et ce modèle parfait d’allitération en EX, presque aussi parfait techniquement que celui en INGUE/ANG de Comme un boomerang.
Oui, je l’ai toujours beaucoup aimé et admiré.
Il aura fallu R. et sa fugue finale, sans annonce, sans EXplication, mais blindée de fausseté, pour que je l’entende.
La chanson m’attendait, les chansons nous attendent tous.
Plus de deux années de liaison, plus de huit saisons, et pas d’adieu. C’est la première réflexion que je me suis faite.
Il ne m’a pas dit adieu.
Il ne l’a pas jugé utile. C’est son droit, j’imagine, comme c’est le mien d’attraper, au hasard d’une lecture, le vade-mecum de Montherlant quand il fait dire à l’un de ses personnages, Costal : « Apprends qu’un écrivain a toujours le dernier mot. »
«Comment te dire adieu»: je vais m’y coller.
Que veux-tu, R.! J’ai Costal de mon côté et puis, j’ai été élevée comme ça, la politesse, tout ça tout ça.
Je viens seulement de piger, après des décennies à l’aimer et à l’écouter, cette chanson, que le mot important n’est pas «adieu», c’est «dire».
Et crois-moi, mon pauvre, je vais dire.
Parenthèse nécessaire: cons de chats/pitoyables humains
«I don’t wanna play in your yard / If you can’t be good to me», H. W. Petrie, 1894.
C’est pas compliqué, non?
C’est pas compliqué comme une chanson de gosses, avec un qui dit à l’autre : «Moi, je viens plus jouer dans ta cour si tu ne peux pas être gentil avec moi.»
Cette base-là, cette petite idée enfantine, à être appliquée, nous sauverait les miches à nous, adultes.
Et puis, il y a les chats. Et certains humains.
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Jouer avec des gens plus forts/doués/aguerris que soi-même a l'immense avantage qu'on NE PEUT PAS gagner. Et si on ne peut pas gagner, c'est qu'on ne peut pas perdre non plus, puisque c'est plié d'avance. Voilà. C'est tout simple, c'est confortable et rassurant.
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Rassurée, je rentre chez moi, m'interrogeant sur la possibilité que m'arrivent à moi tant de choses spectaculaires. est-ce seulement possible? Ne manqué-je pas d'intensité? ne suis-je pas trop raisonnable pour ça. Pour autant, est-ce que j'en ai envie? Ah oui, potentiellement, oui j'en ai envie.
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Il n’empêche que j’avais dans l’ensemble, une appréciation de moi qui frisait l’injure.
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La plupart du temps, ceux qui partent tâtonnent autour de la vérité. Tâtonnent seulement parce que: la lâcheté, la fatigue, le désir de ne pas faire plus de mal.
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Je sais ce que je voulais savoir : mon amour peut tout à fait supporter la déterritorialisation.
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Attaquer l'hiver en terre d'exil se révèle la meilleure des manières d'en esquiver les rudesses.
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J’aimerais écrire qu’on se retrouvait bien, facilement.
D’ailleurs, ça aurait pu, disposée que j’étais à enrouler ma tiédeur à son corps venu du dehors, à lui enlever couche après couche, à faire descendre les humeurs toujours violentes, même les jours calmes, d’un service de nuit.
Seulement voilà, il y avait les yeux noirs de ces heures-là, «des matins gris-bleu».
R. arrivait fâché, en règle générale. Pas forcément contre moi. Enfin, ça, je le suppose seulement puisqu’il s’enfermait dans un genre de silence, fumant à la fenêtre qui donne sur le jardin de la Grande Maison, et s’il tournait son visage que j’aimais tant vers moi, ce n’était que pour me condamner de ces yeux noirs.
Me jauger seulement peut-être ?
Oui, sans doute, d’abord, mais prestement pointait le moment du jugement, et vite, très vite ensuite, la condamnation.
R., comme son initiale ne l’indique pas, n’est pas d’origine asiatique. Pourtant, dans cette humeur-là, ses yeux sont noirs. Noircis par une rage saisissante pour une nature aussi perméable que la mienne.
J’essayais de calmer les yeux noirs en ne bougeant ni pied ni patte, je lui proposais un café, un jus de fruits, un biscuit, que dans cette humeur-là il refusait.
Parfois, s’il était suffisamment saoul, ou drogué, oui la nuit ne se fait pas toute seule, je le savais déjà par mon frère, mon autre homme de la nuit, carrément, il refusait en crachant comme un chat. Et je ne pouvais pas m’empêcher d’en rire malgré ma peur. 
Les premiers temps de notre liaison, j’ai dû me cabrer contre les yeux noirs. Je ne m’en souviens pas très bien. Je veux le croire, mais j’ai dû me cabrer comme un poney fatigué, pas comme l’étalon noir de l’écusson Ferrari.
Qui sait ? Peut-être que si je l’avais fait, si je m’étais dressée, tout en puissance et agressivité, nous n’en serions pas là.
Non. Nous n’en serions pas là: R. serait parti beaucoup plus vite de ma vie. Sans avoir le temps de la saccager façon réserve indienne.
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(Parenthèse dans la parenthèse)
2003: J’étais venue à Saint-Étienne en catastrophe; Rosalie et sa chambre d’amie, dans son appartement parfaitement rangé, m’attendaient. J’ai dû y pleurer trois ou quatre jours, je venais d’avoir trente ans.
En couple avec l’Homme de Ma Première Histoire Adulte depuis quelques années, je venais d’apprendre qu’il me trompait.
Rosalie m’a écoutée. En me faisant à manger, en remplissant mon verre de vin. Dans les silences, me racontant des contes de sa jeunesse. Elle m’a écoutée jusqu’à ce que je parvienne à pleurer à moins gros bouillons.
À cet instant, elle m’a demandé si je l’aimais encore. 
J’ai répondu sans hésiter que oui, mais que je pressentais qu’il valait mieux que je concentre mes forces à le quitter. Qu’il recommencerait, quelles que soient ses promesses. 
«Mais ma pauvre truffe, on ne quitte pas quelqu’un qu’on aime.»
Et parce que c’était Rosalie, la meilleure amie de ma mère, et presque son exacte opposée, et que tout ce qu’elle disait depuis que j’avais l’âge de l’entendre me semblait l’expression de la Vérité Vraie, et bien qu’elle soit déjà à cette époque une femme sans hommes depuis longtemps, sans enfants depuis toujours – je suppose que de sales personnes disaient «vieille fille» à son propos –, je l’ai crue.
Je suis rentrée à Paris avec un de ses CD. «Fais-moi une place au fond de ta bulle et si j’t’agace, si j’suis trop nul, je deviendrai tout pâle, tout muet, tout petit, pour que tu m’oublies», F. Hardy / J. Clerc, Fais-moi une place, 1990.
À Paris, j’ai repris le cours de ma Première Histoire Adulte. Encore quelques heureux moments. Puis il m’a à nouveau trompée, et nous nous sommes séparés.
J’aurais pu en conclure que l’Oracle de Saint-Étienne avait merdé.
J’ai au contraire fait mienne cette maxime : «On ne quitte pas quelqu’un qu’on aime.»
(Parenthèse de la parenthèse fermée)
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J'ai fait payer de longues années à mon frère de onze ans les posters de Samantha Fox et Sabrina ; et moi, femme adulte, cérébrale somme toute, et armée de convictions inversement proportionnelles à celles de mes bonnets, je me fais cueillir par cette blonde peroxydée, fluette mais qui s'est fait rajouter des seins comme si elle devait instamment exercer la profession de nourrice. [Il s'agit de Dolly Parton].
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Gamine, j'avais peur d'un gros lion orange pétard, alors j'attendais que mes parents soient couchés pour exiler le lion, et toutes mes autres peluches, par sens du collectif, derrière la port de ma chambre, et de fait, je faisais moins de cauchemars. Et ça faisait beaucoup rire mon père de le trouver chaque matin bien alignées contre le mur. Coup double.
Qu'on se souvienne que ce qui fonctionne avec les gros lions orange est plus hasardeux avec les souvenirs du passé.
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