Citations de Kamel Daoud (552)
La religion pour moi est un transport collectif que je ne prends pas. J’aime aller vers ce Dieu, à pied s’il l faut, mais pas en voyage organisé.
Tu te rends compte de ce que cela signifierait si je pouvais prouver ce que je suis en train de te dire, si je pouvais démontrer que ton héros n’a même pas assisté à l’enterrement de sa mère ?
Au début du mois de mars 2022, les habitants d'Aïn Turc, village côtier situé à vingt kilomètres à l'ouest d'Oran, se réveillèrent face à un MUR. Brutal et imprévu, il séparait désormais la plage des maisons, fermait les escaliers donnant accés aux sables, condamnait les terrains vagues qui se prolongeaient autrefois jusqu'aux algues.
[...] Rien de pire pour une utopie que la dissidence : on ne peut pas fuir ouvertement un pays qui a mené une aussi dure guerre de libération que celle de l'indépendance. En effet, fuir cette liberté chèrement acquise révélerait sa vraie nature : une illusion, une chimère.
Le mur de la mer, nouvelle publiée dans -SOS Méditerranée- Les écrivains s'engagent - p69,71-
La religion pour moi est un transport collectif que je ne prends pas. J'aime aller vers ce Dieu, à pied s'il le faut, mais pas en voyage organisé.
A partir d'un certain âge, la vieillesse nous donne les traits de tous nos ancêtres réunis, dans la molle bousculade des réincarnations.
Dans le sacrifice érotique on inverse les rôles : on ne brûle pas la proie mais on brûle pour elle. C'est le cuit qui dévoré le cru.
(p. 24)
La spiritualité est une sorte d'univers de subjectivité qui me fascine. En revanche, j'ai une allergie profonde aux rites, aux dogmes, aux religions, quand elles se traduisent en système de valeurs sociales. Je crois que chacun a le droit de chercher un dieu. Et que chacun peut dire qu'il l'a trouvé ou non.
(Le Monde des religions n° 100)
Les sentiments vieillissent lentement, moins vite que la peau. Quand on meurt à cent ans, on n'éprouve peut-être rien de plus que la peur qui, à six ans, nous saisissait lorsque, le soir, notre mère venait éteindre la lumière.
Ça s'appelle comment, une histoire qui regroupe autour d'une table un serveur kabyle à carrure de géant, un sourd-muet apparemment tuberculeux, un jeune universitaire à l'œil sceptique et un vieux buveur de vin qui n'a aucune preuve de ce qu'il avance ?
Le monde entier assiste éternellement au même meurtre en plein soleil, personne n'a rien vu et personne ne nous a vus nous éloigner.
Tout le monde veut être le fils unique de cette ville, le premier, le dernier, le plus ancien. Il y a de l'angoisse de bâtard dans cette histoire, non ?
Aujourd'hui, M'ma est encore vivante.
Le ciel avait une couleur qui ne me concernait pas.
Aujourd’hui, ma mère est tellement vieille qu’elle ressemble à sa propre mère, ou peut-être même à son arrière-arrière-grand-mère. À partir d’un certain âge, la vieillesse nous donne les traits de tous nos ancêtres réunis…
(Actes Sud, p.37)
La religion pour moi est un transport collectif que je ne prends pas. J’aime aller vers ce Dieu, à pied s’il le faut, mais pas en voyage organisé.
(Actes Sud, p.76)
Les héros ne devraient jamais vivre longtemps. Sinon, ils finissent par tuer les leurs. Le décolonisateur déteste le mouvement, l'alternance et la liberté. Il a conquis la liberté, alors il s'arroge le droit de la définir. Les décolonisateurs, quand ils ne sont pas morts, ont souvent fait le malheur de leur pays. (Kamel Daoud)
Il vécut quelques faits qui lui serviraient de colonnes de marbre et de traces de pas sur la lune de sa mémoire.
Un Arabe est toujours plus célèbre lorsqu'il détourne un avion que lorsqu'il le fabrique.
Je ne bouge presque pas, comme si je redoutais de faire rater à l'éternité sa prise de photo.