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Critiques de Karine Miermont (25)
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Grace l'intrépide

«Une reine. L’histoire pourrait commencer comme ça. Cette femme longue, déliée, une liane. Grace l’intrépide. Chausse ses sandales, marche dans la ville, marche dans le Bois, Grace, quelques milliers de mètres entre toi et moi, Porte Dorée le jour, bois de Vincennes la nuit. Il avait fallu s’approcher d’elle.»

Karine Miermont a recueilli le témoignage de Grace Amarachi Uzoma. Cette «reine» est une prostituée venue de Benin City au Nigéria et qui va se retrouver à des milliers de kilomètres de là, dans une camionnette du Bois de Vincennes. C’est ce parcours, cette histoire qu’a voulu raconter Karine Miermont dans un premier roman-choc qui va nous ouvrir les yeux sur une réalité que nous tous tentons d’occulter.

Ce remarquable travail, fruit de cinq années d’enquête, commence par une rencontre lors d'un salon du livre. Gabrielle croise Karine Miermont. Au fil de la conversation, elle lui raconte ce qu’elle fait, comment et pourquoi elle a choisi d’aider les prostituées. Elle effectue des maraudes dans cette rue que les flics appellent le Dark road, où se concentre une bonne partie de la prostitution parisienne. Elle lui parle de ces femmes exploitées à quelques mètres de chez nous et, elle en est persuadée, dont on pourrait régler le problème avec une ferme volonté politique. Karine veut en savoir davantage et accepte d’accompagner Gabrielle. Au fil des semaines, elle parvient à se faire accepter par quelques filles et à recueillir les confidences de Grace Amarachi Uzoma, l’«héroïne» de ce roman.

Faisant alors alterner le récit et le témoignage, elle va nous dévoiler l’histoire, les réseaux, les trafics à travers le parcours de cette Nigériane.

Dans son pays les familles pauvres ont quasi intégré le fait de vendre un enfant pour pouvoir survivre, mais aussi pour pouvoir vivre plus à l’aise. « Très tôt ton corps ne t'appartient plus. Ta famille et les autres décident pour toi. »

Avec le soutien des églises, qui ont établi tout un rituel – une messe de purification, la scarification à la bouillie noire, et l’instauration d’une règle du silence – et la bienveillance des autorités – qui savent aussi tirer profit de ce trafic – les familles confient leur enfant à des réseaux mafieux très bien organisés.

Si elle échappe à la mort dans son long périple qui va la mener de Benin City à Paris, elle n’échappera ni à la violence, ni à la peur. Via la Lybie, carrefour de ce trafic d’êtres humains où on vend les humains aux enchères, où ils sont traités comme des marchandises et l’Italie, où d’autres passeurs prennent la relève – il faut bien traiter avec les mafias locales – elle arrive à Paris où une Mama est chargée de lui enseigner les rudiments de français, mais surtout de la surveiller et lui rappeler le montant de la dette contractée qu’il lui faudra désormais rembourser, passe après passe.

Pour elle, l’enfer continue. «Tous les jours sont pareils, sept jours sur sept, il n’y a pas d’arrêt pas de vacances pas de pause voulue, il n’y a que des pauses nécessaires: parce qu’on change d’endroit, on n’est plus au Bois, on se retrouve à Barbès, à Château d’Eau, boulevard de Strasbourg; parce qu’on est malade; parce qu’on est enceinte et qu’il faut arrêter la grossesse. Un jour de Grace, de Joy, de Happy. Un jour et une nuit, tous les jours et toutes les nuits. » Grace est concentrée sur l'argent qu'il faut ramener, prend note de cette terrible comptabilité.

La solidarité entre filles est minime. C’est pourquoi Gabrielle joue un rôle essentiel dans l’histoire de Grace. «Gabrielle est devenue une amie, ma seule amie ici, quelqu'un qui t'aide, qui t'écoute, te soutient. Tous ces gens incroyables. les travailleurs sociaux, les bénévoles, les flics, les avocats, toutes les associations, Ies organisations! Vous vous rendez pas compte, les Français! C'est pas dans notre culture de nous occuper autant de la vie de chacun.»

Tout bascule pourtant le jour où Gabrielle est agressée. C’est le tragique déclic pour Grace qui choisit de témoigner, qui entend sortir de cette spirale infernale.

Son dossier est alors confié à une avocate que l'on appellera Agathe. Cette dernière étudie l'histoire de la traite des humains, obtient des informations sur cet esclavagisme organisé cette fois par les africains. Et réussit à remonter les filières. On y voit la loi bafouée sans scrupule, on y voit les familles vendre un enfant pour «mieux» vivre, on y voit Boko Haram participer à ce trafic après s'être servi et contrôler 10% des recettes. On découvre qu’après la drogue et avant les armes, les êtres humains sont la seconde ressource de ces trafiquants.

Karine Miermont, qui porte cette histoire depuis des années, a réussi son pari. En refermant ce livre, notre regard sur la prostitution aura changé. On ne pourra plus affirmer qu’on ne savait pas.


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L'année du chat

Il s’appelait Zorro. D’un SDF au doux regard d’émeraude, au naseau qui coule, et au poil rêche, j’avais réussi à faire un aristo bobo, au regard aussi doux, et au ronron qui était ma joie, même au milieu de la nuit. Un premier de l’an il a eu la vilaine idée de faire comme les humains, un AVC. Le voir souffrir, et pour le moins, ne plus pouvoir vivre sa vie de chat m’était insupportable. Il m’a fallu me résoudre à…On y va le cœur lourd ; on en ressort avec la certitude que la médecine humaine a beaucoup à apprendre de la médecine vétérinaire….



Karine Miermont nous livre ici un récit sincère, à la fois simple et profond sur la dernière année de son chat malade, et en fin de vie. Quiconque a eu un animal de compagnie peut se reconnaitre parmi les interrogations de cette femme, et sur le rapport que l’homme tisse au fil des années avec son compagnon à 4 pattes. Certes, il ne remplace pas une présence humaine ; encore que…. Quelqu’un disait « plus je regarde les Hommes, plus j’aime mon chien »

Certains penseront qu’elle en fait trop pour ce chat condamné ; Je la perçois plus comme quelqu’un qui n’a pas baissé immédiatement les bras, mais sans jusqu’au boutisme inutile.



Ce journal se lit presque roulé en boule, tel un chat ; l’émotion au bord des yeux, les souvenirs à fleur de poil. En ce qui me concerne, il ne manquait que mon sac à puces que j’aurais bien voulu sentir contre moi à ce moment- là.

«Et parce que c'est un chat, ce qui n'est pas tout à fait la même chose qu'un chien. Qui peut dire sérieusement qu'il possède un chat ?»


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Vies de forêt

Tout d'abord je remercie vivement Babelio et sa Masse critique, ainsi que les Editions L'atelier contemporain pour la découverte de ce livre.



Ce récit, de Karine Miermont, se passe dans un coin des Vosges, entre Alsace et Lorraine. L'auteure nous décrit, au fil des saisons, la vie qui se déroule à cet endroit.

Bien que dérouté au début par la façon d'écrire, qui est très personnelle dans sa forme, je me suis rapidement plongé dans ce récit. Et j'ai véritablement apprécié les mots, les descriptions, les détails que conte Karine Miermont. C'est un récit qui invite à la contemplation. À travers ce texte, j'ai ressenti les odeurs, j'ai senti le froid mordant, j'ai tout simplement vécu les moments qu'a vécu elle même l'auteure. C'est une réelle immersion sur les chaumes, dans la forêt, dans l'histoire de ce coin de nature, qui nous ait offerte. Et ce récit appelle à prendre le temps d'observer, d'écouter, de sentir, de s'émerveiller devant cette nature que nous martyrisons. De respecter les lieux.

Cette lecture a été un excellent bol d'air.
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Marabout de Roche

Évocation sensible, à demi-mots, par jeu de mots, navigation d'un texte l'autre, d'une absence à ses manifestations plurielles, de Denis Roche. Dans la discrétion de sa grande pudeur, dans les raretés de ses rencontres avec son voisin, Karine Miermont parvient à donner à entendre son rapport à la langue, à l'image, à l'absence aussi. Par associations sonores, relectures, interprétations Marabout de Roche à écouter tous les « échos parlants » qui font un auteur, et une autrice.
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Écrivains d'Italie

Il est des ouvrages où le plaisir du lecteur est démultiplié. Habituellement un livre fait pénétrer dans l'univers d'un écrivain à travers une de ses oeuvres. Écrivains d'Italie propose au lecteur quatorze écrivains italiens choisis par quatorze auteurs français à qui Philippe Vilain a demandé ”de décrire un écrivain italien qui a particulièrement marqué leur parcours d'écriture et qui a contribué à nourrir sa pratique et son imaginaire”. Or comme une lecture entraîne souvent une autre lecture, l'envie vient non seulement de lire ou relire l'oeuvre décrite mais aussi les ouvrages de celui où celle dont la plume a su si bien partager sa prédilection. Un effet domino qui offre un vaste choix et une grande variété de styles et d'époques. De Dante à la mystérieuse Elena Ferrante en passant par Pasolini, Primo Levi ou Pirandello, et d'autres encore, plus ou moins connus, avec Pierre Adrian, Mona Azzam, Pierre Vilain et d'autres auteurs français contemporains, confirmés ou novices, l'Italie vient à nous pour un voyage littéraire, amoureux, intimiste, passionné et passionnant. Bravo à Philippe Vilain d'avoir eu l'idée de ce recueil, palette haute en couleurs et belle occasion de découvrir une littérature italienne quelque peu méconnue de notre hexagone. Une réussite.

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Vies de forêt

Je remercie infiniment Babelio , dans le cadre de masse critique, de m’avoir permis de découvrir « Vies de forêt » de Karine Miermont.



Ce n’est pas d’un ouvrage qu’on aborde comme on lirait un roman doté d'une intrigue. Il s’agit de promenades dans la nature à la lisière de la Lorraine et l’Alsace. Accompagné de l’auteur, nous nous engouffrons dans la forêt, nous écoutant (lisons) ses anecdotes autour de la vie d’ici, avec toutes ces personnes gravitant autour d’elle. Ses descriptions de la nature, de la foret dans sa flore mais aussi sa faune, nous donne l’impression d’être partie en randonnée, à la découverte de vallées, forêts et monts vosgiens. Son titre prend tout son sens dans le pluriel de « vie » « vies de forêt » Nous devenons des témoins d’une apparition qui sous sa plume, confère un zeste de magie : Un cerf dans la prairie.. On entend son brame, on peut visualiser sa démarche, son comportement prudent, voir craintif, mais déterminé. Nous percevoir également les chants des oiseaux tel que le gaie des chênes ou la hulotte. Elle nous raconte aussi l’expérience nature de ce chat « Nina » perdu dans ce biome.



Cet ouvrage est une invitation à la contemplation de la nature, dans sa beauté mais aussi dans sa précision tout en demeurant attentif aux histoires des anciens, de cette ferme familiale qui a disparu lorsqu’elle nous expose ses anecdotes.



Elle nous conte une histoire celle de cette région, remontant même aux premières heures de son existence, lorsqu’elle était encore recouverte d’océan, puis de glaciers. Découpé en plusieurs chapitres, chacun d’entre eux expose une histoire.

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La plume est délicate parfois on peut avoir l’impression qu’il s’agit d’un journal intime dans lequel elle jette ses idées, ses souvenirs, mais avec finesse. On pourrait pousser un peu plus l’analyse en disant qu’il y a des airs de Haïkus car elle capture par quelques mots un instant. Cela parait haché voir surprenant certaines structures de phrases, mais cela donne ce saisissement. Cette œuvre sent le terroir, la forêt, la mousse et l’herbe. Que j’ai aimé cette promenade en pleine forêt, un bel hymne à la nature incitant à sa protection et à sa contemplation !

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Grace l'intrépide

Je remercie Mass crtique de Babelio pour la lecture de ce livre.

C'est l'histoire de Grace, prostituée nigériane que Karine Miermont nous raconte dans ce roman. Et, on croit presque à la réalité de ce récit tellement les détails semblent vrais. L'auteur va nous narrer l'histoire de cette femme de son enfance, son terrible voyage en Europe et les conditions épouvantables de la prostitution. Avec son courage, l'aide des associations, Grace s'en sortira. Ici, les chapitres sont courts, l'écriture précise, ciselée dresse un aperçu sans concession de la prostitution. On est happé par ce roman qui ne tombe jamais dans le pathos et qui donne une image à la fois digne et lumineuse de son héroïne Grace.
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L'année du chat

Forte intensité, inédite, inattendue et inespérée dès les premières pages. Une intensité portée notamment par l’empathie, l’affection inconditionnelle et le respect pour Nina, d’autant plus puissants et sincères que jamais n’apparaît la moindre ombre de pathos. Une tension qui ne s’arrête qu’à la dernière page avec la maxime de St Augustin qui résonne si bien.

L’Année du Chat, pour moi, cela a été beaucoup d’émotion liée au récit et aux vibrations tous azimuts qu’il a suscité dans ma mémoire comme dans mon imaginaire.

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Marabout de Roche

Marabout de Roche,livre inclassable,essai ou fragment d'autobiographie de Karine Miermont ,nous raconte la naissance d'un écrivain et la fin de vie d'un essayiste et photographe reconnu Denis Roche.Tous deux se rencontrent dans la cour de la Fabrique ,leur maison , et discuteront à trois reprises sur des bancs en teck situés face à face.Leurs échanges sont un peu distants ,comme des voisins,puis amicaux,jusq'aux conseils de lecture .Des mots resonnent particuliérement"j'espere que tu ne lis pas que de la littérature,.L'auteur se nourrit de levi strauss, Roland Barthes,Michel Leiris, Marguerite Duras,Marcel Proust ,Jonathan Litell et des essais sur la photographie de Denis Roche.La photographie se superpose aux textes comme s'il y avait un jeu sur les mots à la maniére des surréalistes.De son appartement , l'auteur apperçoit les boites de Denis Roche,qui font partie du mystère de son voisin

c'est un livre attachant qui nous parle de création artistique,empli de références littéraires,émouvant quand il parle de banalités ou lorsqu'il évoque les liens trés forts tissés jusqu'à la mort du photographe

Karine Miermont joue avec la langue française en entrecoupant son récit,de petits fragments de comptine marabout, bout de ficelle

belle lecture
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Marabout de Roche

Un grand merci à l'équipe Babelio qui m'a permis de découvrir ce livre dans ce nouvel événement" Masse critique".



Le concept vous le connaissez : vous recevez un livre offert à la maison,vous en faites une critique sur Babelio.



Seulement voilà...Bien évidemment vous ne choisissez pas le livre,vous ne choisissez pas plus un auteur et encore moins un style.



Moi je suis donc tombé sur "Marabout de roche" .

J'ai pensé au début a un roman sur l'Afrique ou sur l'alpinisme mais j'avais tout faux.



C'est tout simplement un écrivain,Karine Miermont qui va nous conter des souvenirs,des anecdotes recueillis auprès de son voisin décédé, Denis Roche,célèbre auteur, éditeur et photographe.



Pour être franc , inconnu au bataillon pour moi.

Je dois vous avouer qu' a la lecture de ce " pitch" j' saigné des yeux et des oreilles !



Parce que ç' est tout simplement le genre d'oeuvre que je ne lis JAMAIS.



Parce que c'est le genre d'oeuvre que je ne PENSE même pas lire.



Moi c'est Stephen King,Dan Simmons, Ghislain Gilberti,des romans historiques aussi,Du Di Fulvio,du Ken Follett.



Tout mais pas ça !!!

Trop parisien, trop bobo pour moi.



Mais quand je passe un deal je le respecte : J' ai le bouquin,je fais la critique !.

Et puis c'est bon de sortir de sa zone de confort,et puis les a- priori j'aime pas. Je veux rester ouvert d'esprit et éveillé.



Me voila donc au cœur de la Fabrique,une résidence ou a vécu notre Denis Roche, avec Karine Miermont comme voisine.



Cette dernière va nous conter,après le décès de ce brillant voisin des anecdotes,des photographies,des pensées échangées avec Denis autour d' un café dans la cour de la résidence ou ailleurs.



Karine Miermont va en profiter pour nous emmener plus loin ,et disserter avec un style magnifique sur la vie,la mort, l'amitié,le temps qui passe et ce qui restera quand nous ne serons plus.

Sur la littérature,l' inspiration aussi.



C'est écrit "tout mignon tout plein".

Karine Miermont nous offre une belle parenthèse teintée de poésie,de mélancolie.

C' est doux,c' est un peu comme une belle journée d' automne a Paris ,ou le temps passe sereinement.



Pour conclure une belle découverte et un auteur avec un grand talent et une très belle plume.



Comme quoi il est important de chasser nos a- priori et de sortir parfois de nos sentiers battus littéraires.



Parfois seulement et je vais me jeter sur un livre fantastique ou SF .Et oui j' ai envie de vaisseaux spatiaux,de policiers et de fantômes,on ne se refait

pas.



Karine je ne sais pas si on se reverra, mais en tout cas merci pour cette jolie parenthèse.



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Vies de forêt

Une attention immobile aux animaux, aux variations météorologiques, aux histoires surtout qui se trament et passent aux lisières de la forêt. Dans une très jolie prose, pleine d'errance et de chemins de traverse, Karine Miermont se situe dans ce coin de forêt, aux lisières de la Lorraine et de l'Alsace. Entre contemplation et affût, Vies de forêt invente une présence au lieu, au temps, une écoute de leur passage et transformation.
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Vies de forêt

La forêt est un lieu proche de mon appartement, j’aime m’y perdre, errer dans les chemins qui serpentent ces bois, entendre la vie forestière murmurer son chant quotidien, respirer la pureté de l’air chargée du humus humide de cette vie végétale…Le plaisir de ces balades, j’aime pouvoir les retrouver dans la littérature, me perdre dans une prosaïque où l’héroïne est cette reine forestière, comme cette masse critique de Babelio avec Vies de forêt de Karine Miermont, ce doux plaisir du hasard pour retrouver cette forêt. Je l’ai recherché dans mes choix de lecture, comme Dans les forêts de Sibérie de Sylvain Tesson, Les forêts de Ravel de Michel Bernard, Avant que naisse la forêt de Jérôme Chantreau, dans certaines masse critique avec Alors, il planta une forêt de Kayla Harren, Mes forêts d’Hélène Dorion, Le silence qui cache la forêt de Marie Sélène sans oublier cette lecture majestueuse sur le prince du royaume de la forêt, l’arbre avec La vie secrètes des arbres de Peter Wohlleben et ceux qui sont encore dans ma bibliothèque, Et toujours les forêts de Sandrine Colette et aussi Description d’un paysage d’Hermann Hesse, en oubliant certainement, la nature respire la vie de mes plaisirs, la forêt, un champs sauvage, un sentier, un étang, une rivière, une brise légère qui ondule ma chevelure, une odeur fugace de fleurs, le bavardage des oiseaux joueurs, ces moments de vagabondages sont des instants qui me pénètrent, beaucoup d’auteurs les couchent dans des romans, dans des poèmes, dans des proses sauvages pour immortaliser ce tableau Nature.

Sans recherche préalable sur l’auteure et ce roman, juste la quatrième de couverture qui trouble un peu, laissant l’incertitude sur le fond et le genre de cette lecture, le sujet est la Nature que foule depuis son enfance Karine Miermont, un paysage au bord de la Lorraine et de l’Alsace, j’ai hâte de me promener dans cette région à travers les mots que va peintre Karine Miermont.

J’avoue que la première page désarçonne, à défaut d’être Marcel Proust avec sa langue chantante si prolixe où avoir la plume simple et poétique de Franck Bouysse avec Fenêtre sur terre, chantant sa Corrèze, Karine Miermont dans un minimaliste moderne, épure jusqu’à l’essentiel en l’oubliant, les phrases cristallisent une sensation de vide, les mots se figent dans une lecture abrupte, la langue se coupe, l’image se brouille, ce paysage devient trop abscons, pourtant le vocabulaire est présent sans avoir la forme, puis l’explication plus fluide où la forêt sera la reine de ce territoire, l’émotion sera-t-elle une musique dont le murmure sera l’écho de ces sous-bois.

Voilà, je viens de terminer Vies de forêt de Karine Miermont, mon cœur oscille, pas par ces battements réguliers, ni par ce flux sanguin qu’il brasse, par les émotions contradictoires de ma lecture approfondie de ce roman étrange par sa forme et sa dialectique, où le personnage principal est le paysage qui encercle la maison de notre auteure, sa géologie, son histoire, sa géographie, sa faune et sa flore, mais aussi les mots, les phrases, les chapitres qui comme une carte postale distillent la beauté de sa région qui au grès des saisons se transforment, la palette des couleurs scintille et le regard de Karine Miermont ne se lasse pas de cette Nature qui l’entoure, ou la prose s’enflamme tel un brasier d’été , éphémère et violente mais aussi se perd dans cette langue moderne, dite contemporaine, s’étouffant d’une stylistique épurée à contre sens d’une nature qui cristallise les sens.

Vies et forêt se met en scène dans dix paragraphes, Là, L’eau, le chat, Vies sauvages, Les rois, Le temps, Les hauts chemins, L’hiver existe encore et Liber, ces différents titres chantent les espaces où chemine notre auteure, une mélodie poétique coule dans son écriture comme cette prose brute, assez moderne s’opposant de temps en temps, lorsque la fluidité se dépose dans le creux des mots, l’instant fugace s’éternise, comme cette eau qui coule au début du chapitre Là, la prose s’exalte, prend de l’épaisseur, elle se perd dans les méandres des sources de la vie, aux souvenirs du Journal d’ Aran et d’autres lieux de Nicolas Bouvier, les prés ondulent dans le va et vient météorologique, le vent, le soleil, le ciel sont les variables de cette danse de colories qui anime cette verdure capricieuse , ce tableau Karine Miermont l’anime aussi tout au long de ces chapitres, L’eau narre l’histoire de la topographie de sa région qui émerveille son regard, le temps humain se perd dans la géologie, l’eau source de vie façonne l’Alsace et ses alentours, l’eau est cette mélodie musicale qui chante devenant pour la fille de l’auteur une musique de notes, pour l’auteur cascade et ruisseau sont des symphonies Wagnériennes, il y a toujours une quête du lieu, comme celle de la source d’eau, une balade dans la réserve naturelle nationale , classée zone Natura 2000, rencontrant le Liboria pulmonaria, un lichen large, qui est signe de la qualité de l’air, comme la recherche du doyen des arbres, l’amenant dans des lieus sauvages, une petite région reculée de la présence humaine, loin des sentiers, chemins, où l’arbre centenaire s’installe dans l’équilibre accidenté de cet endroit presque inhumain, le hêtre, le sapin et l’acacia foulent de leur majestueuse présence, des aïeux respectueux centenaires, le doyen est un sapin, mais beaucoup d’acacias centenaires réduisent l’humain à se petitesse absolu, comme cette réflexion de l’intelligence animal ne devant pas rougir de celles humaines, Le temps donne naissance à un beau passage sur le givre, la neige et la glace s’invitant sur les arbres, je me souviens encore de cette page 102, le temps suit les quatre saisons sur le chemin des paysages de sa région au fil des mots de Karine Miermont, dans Hiver existe encore , la terre, la glaise qui est encore une quête à cette couleur rouge, jaune ou bien blanche selon le regard porté. La beauté des lieus est une puissance dans ce roman, ou quelques fois Karine Miermont touche le sublime et aussi le minimaliste, une oscillation sinusoïdale de l’écriture.

Il y a aussi la faune, Karine Miermont utilise ces notes, celles couchés lorsqu’elle capte l’imprévu, l’animal sauvage qui vient titillé l’humain de sa présence, ce roi, le cerf et ses bois, son brâme, je l’écris à la façon de l’auteur avec cet accent circonflexe qui est celui de cette région, la chasse ou plutôt pirscher, un verbe patois, son origine est vague, presque un axiome mathématique, il est gravé de sa présence , comme étant une loi universelle, Vies sauvages nous fait entrer dans une vie de silence où le verbe taire est le maitre lieu, le cerf est vraiment pour Karine Miermont, le roi, qu’elle observe derrière sa fenêtre, où les rôles sont inversés, lui majestueux dans le prés, elle cachée derrière sa fenêtre, n’osant pas bougé, pour ne pas gâcher ce moment de voyeurisme, comme si ce roi pouvant la voir derrière sa fenêtre, cet animal est insaisissable, Les rois, je n’oublie pas le passage du chat perdu, petite anecdote intime importante pour l’auteure, celle aussi de la chouette hulotte sans logis l’hiver, et autres moments plus historiques comme celles des deux enfants morts lors d’une tempête et sur le lieu de la tragédie, la ferme du Tanet qui tout au long du livre sera un lieu important, une quête même de découvrir sa naissance et sa mort qui reste presque mythologique et la Michèle avec ces aphorismes glanées ci et là par Karine Miermont, ce personnage cocasse et fort amusant par ces envolées lyriques du terroir.

Un roman intime, avec un hymne de sa région avec sa faune et sa flore comme principaux acteurs, nous y trouvons aussi la part humaine, cette histoire qui déchire, la mort, la guerre, les bâtiments et les âmes humaines comme la Michèle et les amis de notre auteure qui l’accompagne dans ces balades et certaines lectures viennent aux souvenirs de Karine Miermont .

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Grace l'intrépide

Histoire de la traite de femmes et de la prostitution entre le Nigéria et la France. Plus un témoignage qu'une histoire ou un roman. Assez décousu dans la narration, passant d'un endroit à l'autre, d'un narrateur à un autre, etc. Beaucoup d'infos, ca nous apprend beaucoup de choses. Mais la narration n'est pas très bonne.

Un 3/10

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Grace l'intrépide

Karine Miermont, journaliste, nous livre ici le fruit de cinq années d’enquête auprès des associations, et s’intéresse au destin d’une jeune femme parmi tant d’autres: Grace Amarachi Uzoma, dite Grace l’intrépide.



Grace vient tout droit de Benin City, au Nigéria, où elle est l’ainée d’une famille nombreuse. Choisie par ses proches pour partir en France gagner de l’argent et entretenir sa famille, Grace devient « la propriété » d’un réseau de proxénétisme. On la suit durant son voyage du Nigéria à la France, et pendant ses années de service au bois de Vincennes.



Le livre alterne plusieurs voix et j’ai beaucoup aimé cette construction: cela permet à la fois à la journaliste d’exposer ses recherches, mais aussi de donner la parole aux prostituées et aux associations. Les pages sur lesquelles figurent la retranscription du discours de Grace laissent entrer le soleil, l’énergie et l’espoir dans un sujet qui en semble exempt… Il faut dire que Grace a su compter précisément ses tours de passe et, passé un certain montant, oser dire à ses bourreaux « voilà, j’ai payé ma dette, maintenant je suis libre »!



Le récit est très bien documenté, on en apprend beaucoup sur les conditions de (sur)vie des prostituées et sur les réseaux qui gravitent autour d’elles. Beaucoup de thèmes et de questions ayant attrait aux droits des femmes et de l’humanité sont soulevés (excision, viol, esclavagisme, traite des femmes et des hommes). En ce sens, on peut effectivement dire que le livre est dur car on ouvre les yeux sur des injustices rarement révélées.



Cependant, la force, la luminosité et l’évolution de Grace, le dévouement et la tendresse des personnels associatifs, nous permettent de refermer le livre avec un souffle d’espoir et de vie.

Tout cela en fait également récit très fort sur la résilience…
Lien : https://vouslisezquoicesoir...
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Grace l'intrépide

Une écriture digne, limpide, à l’image de la dignité reconquise de Grace. Toutes choses qui font de ce roman vrai, magistral de douceur et de retenue dans l’énoncé du pire, une lecture incendiaire.
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Grace l'intrépide

Au cours de ma lecture, j'apprends sur la complexité de la prostitution et ses réseaux, sur l'excision et sur la situation des femmes en Afrique. Je me dis que ce livre est résolument féministe. Et rien que pour cette raison, je veux le conseiller à mes amiEs. Puis je me dis, en fait ce n'est pas un roman, alors je vérifie sur la première de couverture. Le livre a demandé un long travail de documentation. Je poursuis ma lecture et décide que c'est un roman, un roman qui ne ment pas et qui dit qu'on ne peut pas écrire toute la vérité. Grace, comme les autres, s'invente, oublie et n'oublie pas. L'écrit, les mots, les livres et les paroles importent. Grace ne se lamente pas. Elle lutte. Elle a un but. Son parcours est fou, sa détermination exceptionnelle. Dans ce roman, il y a un hommage au livre, à la musique et à la photographie qui aident et qui sauvent. Le courage et l'espoir de s'en sortir éclairent cette histoire. Le récit est subtil et délicat. Magnifique livre.
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Marabout de Roche

Je remercie Babelio et L'Atelier Contemporain pour la confiance qu'ils m'ont témoigné en m'envoyer ce récit.



Malheureusement, je suis passée à côté de cet ouvrage, de ce fragment de vie... Certainement trop éloigné de mes lectures actuelles, de mes préoccupations et de mes envies. J'y reviendrai car j'ai quand même ressenti un petit quelque chose. Ce petit quelque chose qui me fait penser que ce livre pourrait me plaire mais que dans l'immédiat il n'est pas pour moi. Cela m'est déjà arrivé et après quelques années, j'ai su apprécier cette lecture.



Dans l'immédiat, je préfère laisser ceux qui ont réussi à s'imprégner de l'ambiance, de la plume de l'auteure, réaliser une critique plus construite et plus juste que l'avis que je pourrais en faire actuellement car je crains qu'il ne sache rendre justice à ce roman autobiographique.
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Grace l'intrépide

Ce livre, on ne sait pas très bien comment le situer... Ce n'est pas vraiment un roman, (mais presque), pas vraiment un documentaire (mais quand même), pas vraiment une biographie (quoique...)

L'auteur, suite à une rencontre décisive, entreprend de raconter l'histoire de Grace, une jeune prostituée nigériane à Paris. Par ce roman, elle espère mettre en lumière la vie de ces filles de rue, les trafics, les raisons d'être de ces trafics, les cultures dont sont issues les filles et qui les empêchent de dire non, qui les obligent à la soumission : la dette familiale, le devoir, le rôle de la fille aînée qui doit subvenir aux besoins, etc. Grace, elle, a réussi à s'en sortir : et par son destin un peu hors du commun quand même, par sa grande force, et parce qu'elle a la chance d'arriver en France en sachant lire et écrire, elle a su raconter son histoire à l'auteur (et à d'autres), mettre des mots, aller au delà de la "dissociation".

C'est un texte bien écrit, porté par la voix de Grace et son accent nigérien, et porté par l'auteur, avec un vrai travail de fond, chiffres, statistiques, explication des procédés, etc. C'est agréable à lire, assez poignant, et en même temps ça regorge d'infos. Chouette!
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Grace l'intrépide

Ce très court livre traite d'une partie de l'histoire d'une prostituée africaine du bois de Vincennes, près de Paris. Le sujet est grave mais un sujet ne fait pas tout dans un livre. Le livre est une suite de données chiffrées, à la manière d'un documentaire tapageur, qui rend la lecture indigeste. C'est une narration sans sentiment. Impossible de s'identifier à un personnage, d'autant plus que tout est raconté de manière très superficielle, avec une succession d'indications que tout le monde connait déjà (vente de femmes africaines, traite d'humains, viol, etc). Pour moi, ce livre n'est pas un roman mais un scénario de documentaire rédigé. Cette lecture m'a laissé froid face à la vie de ses femmes. Ce roman, sans intérêt, a donc complètement raté son but. Passez votre chemin.
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Grace l'intrépide

Je n'avais encore jamais lu d'ouvrage sur le prostitution sur le sol français. Ici, le côté hybride est assez déconcertant au début, patchwork de documentaire, de roman, de témoignages, dee points de vue. On est tour à tour dans la parole de Grâce, la prostituée originaire du Nigéria, puis de Gaby, la travailleuse sociale, Agathe, l'avocate qui œuvre pour l'avancée des droits des travailleuses du sexe issues du territoire africain...



L'ensemble de ces points de vue en fait un ouvrage riche qui a l'avantage d'être à la fois politique, féministe et anticolonial. Ici, à la fois on dénonce par exemple la pratique de l'excision sur les jeunes filles dans les pays d'Afrique de l'ouest, et à la fois on lit la fragilité des pays de cette même Afrique de l'ouest, fragilité non sans rapport avec la colonisation successive des Portugais, Anglais, Français, il y a de cela des siècles mais dont l'effet est les conséquences sont d'une actualité dévastatrice.



Grace, par sa manière de parler et le contenu même de son récit, est extrêmement touchante. L'autrice est parvenue à la faire vivre. Avec cet ouvrage, on se rappelle que l'abolition de l'esclavage actée en 1848 n'est que de la poudre aux yeux, des paillettes supplémentaires pour dire que la "République" est fonctionnelle. L'esclavage est loin loin d'être fini. J'ai été remuée par cette lecture.
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