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Critiques de Kathleen Winter (87)
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Annabel

On ne peut resté indifférent à ce livre..il abordé un sujet délicat, l'intersexualisation dans les années 60 ..

Déjà, on se met à la place de ce couplé, comment réagir? Quelle décision prendre quand votre bébé nait à la fois fille et à la fois garçon?

On se lit aussi à la place de cet enfant, qui grandit sans connaître sa particularité et qui apprend sur lz tard à vivre sa différence..vraiment un très beau moment de lecture!
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Annabel

Mauvais genre



J'attendais d'Anabel qu'elle soit ce genre de lecture difficile mais nécessaire. Le genre de lecture qui remue tout un tas de choses à l'intérieur, qui entrechoque les émotions pour mieux faire basculer notre vision du monde. J'en attendais peut-être un peu trop.



Le premier point d'achoppement se situe au niveau de la narration. Pour un récit qui touche à l'intime, je trouve dommage d'avoir choisi une narration à la troisième personne. Un choix qui m'a empêché de m'impliquer pleinement dans l'intrigue. Le style souffre aussi d'une plume anesthésiante, les événements dramatiques sont racontés sans intensité, sans réelle dramaturgie. Ce qui a contribué à me maintenir à l'extérieur de l'intrigue.



Ensuite il faut savoir que le récit est empreint d'un style "nature writting" qui m'a laissé froid. Les paysages canadiens sont bien représentés mais encore une fois ce n'est pas ce que j'attendais de ce récit.



Le récit narre le parcours de Wayne et de ses proches. Des portraits ciselés qui mettent en avant l'itinéraire psychologique d'une famille qui va devoir apprendre à composer avec une différence biologique qui est d'abord ignorée avant de revenir ébranler la vie des personnages telle une vague de fond.



Voir les personnages se confronter à l'intersexualité de Wayne constitue la partie la plus agréable du récit, notamment pour son père qui va avoir l'évolution la plus intéressante. Quant à Wayne, son parcours est bien évidemment intéressant mais il souffre d'un caractère passif qui a fini par me lasser.



Je regrette qu'Anabel n'ait pas pue être la lecture que j'en attendais mais les aspects de l'intrigue qui m'ont rebuté seront peut-être les mêmes qui plairont à d'autres.


Lien : https://culturevsnews.com/
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Annabel

Un livre important à lire ; la plume est belle, les personnages sont parfaitement caractérisés, le thème est puissant et la nature est merveilleusement décrite.

Toutefois, je trouve cela dommage que ce roman demeure morose du début à la fin. Les personnages s'ennuient de leur vie et cela finit par ennuyer le lecteur. D'autre part, Wayne se sent comme une fille du début à la fin du récit ; il était donc une fille et en cela, il ne s'est pas révélé aussi complexe que ce à quoi je m'étais attendue. Mais je ne me suis attachée qu'à lui, dans cette histoire.

Sa relation avec Wally a - selon moi - inutilement trainé en longueur. La façon dont la "voisine de confiance" a fait son deuil m'a insupporté - j'ai détesté le fait qu'elle prenne Wayne pour sa défunte enfant sous prétexte qu'il était à moitié fille. Pour tout dire, mis à part le héros, personne n'agit de manière à être heureux et c'est cela, qui a gâché ma lecture.
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Annabel

""Ce qui frappe le plus dans ce livre une fois qu'on l'a reposé avec l'envie de le recommencer, mais dans le désordre, c'est une forme d'indécision dans la trame et les personnages. Ce n'est pas exactement de l'indécision, mais ce que les éléments peuvent imposer de détours et d'improvisations au vol d'un oiseau qui finira pourtant par se poser là où il avait la vague impulsion de le faire au moment où il a pris son envol. Et ce que le récit a d'erratique, de fragmenté parfois, épouse parfaitement le propos du roman, qui est d'accompagner cette chimère bien réelle qu'est un hermaphrodite dans son évolution tâtonnante. (…)

L'enfant naît en 1968 au Labrador, d'un père trappeur, Treadway, trappeur de père en fils, et d'une femme, Jacinta, qui a grandi à Saint-Jean-de-Terre-Neuve, la plus grande ville de cette région septentrionale du Canada. La voisine qui l'aide à accoucher dans sa baignoire en compagnie de deux autres amies s'appelle Thomasina. Elle est la première à s'apercevoir que le bébé est doublement déterminé. Pendant quelques jours, les deux femmes ne savent trop que faire de cette nouvelle, et elles n'en parlent pas à Treadway. Jacinta préfèrerait laisser les choses aller leur cours. Mais Treadway, sans qu'on lui dise rien, devine que son enfant a une double nature. C'est lui qui décide que ce sera un garçon et qu'il s'appellera Wayne. Alors commence le long parcours opaque fait de chirurgie, de traitements hormonaux lourds et de non-dits, d'un petit garçon qui renferme, chirurgicalement occultée, une petite fille. À l'adolescence, la partie enfouie de Wayne se manifeste par une indétermination qui met son père sur des charbons ardents, par une amitié féminine au lieu de la sociabilité masculine de rigueur, mais pas seulement. Treadway, la personne la plus positiviste du récit, et qui l'est jusqu'à l'aveuglement, ne peut rien contre le formidable entêtement biologique de la vie, qui ne cesse de contredire l'éducation opiniâtre qu'il impose, avec amour, à ce fils qui est, qu'il le veuille ou non, son fils-fille. (...)

Ce roman est remarquable à bien des égards. D'abord, comme la vie même, il se contente d'entreposer en désordre des faits et des liens de causalité plus ou moins décousus. Il nous abandonne à certains moments paroxystiques, faisant confiance à notre imagination pour reconstituer les scènes absentes. (…) Comme une ligne de trappe, comme une existence, la progression du récit peut être masquée par la neige, détournée par une rivière, arrêtée par un éboulis, modifiée et contournée. Chacun des trois personnages principaux, Wayne-Annabel, Thomasina et Treadway, suit son propre chemin, sans jamais s'éloigner des autres, qui forment une composante essentielle de son propre paysage. Thomasina joue le rôle d'un phare, Wayne-Annabel apprend à vivre dans un monde sans merci. Paradoxalement, c'est son père trappeur qui lui donnera les outils de son indépendance, tandis que Thomasina sera, d'une certaine façon, son guide. Treadway, lui aussi, apprend à vivre. Cet homme qui passe sa vie à tuer et construire, en symbiose totale avec son milieu, quand il ne sait à qui se vouer, demande conseil aux rapaces. Mais surtout, il écoute leur avis. (…)

Si bien qu'au bout du compte, nous aussi pouvons élargir ce dilemme absurde à toutes les formes d'identités qui en nous ont besoin, pour accéder à l'existence, d'en éliminer une autre. Wayne-Annabel n'est pas un homme, ni une femme. le fait d'être à la fois l'un et l'autre fait de lui une créature composite qui n'est pas l'addition de deux identités, mais une autre identité. Et comme Thomasina, la lectrice-lecteur « … voit dans la différence de l'enfant une grâce étrange qu'il faut protéger. Un atout fragile, peut-être même un pouvoir. »"

Lonnie dans Double Marge (Extrait)
Lien : https://doublemarge.com/anna..
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Annabel

Le Labrador : une terre hostile, qui ne pardonne pas les erreurs. Tout doit être parfaitement prévu, organisé pour éviter de mourir. Un trappeur attend la naissance de son premier enfant : son épouse, venue d'une grande ville, qui lui manque, met au monde ... un hermaphrodite, ni fille, ni garçon. Au départ, seules la mère et la sage femme sont au courant, et lorsque le trappeur l'apprend, il décide que l'enfant sera un garçon, Wayne. Et Wayne a des traitements médicamenteux pour fixer son genre, mais Wayne adore la natation synchronisée, la poésie et devient le meilleur ami d'une jeune fille, un peu à la marge comme lui. Jusqu'au jour où Wayne doit être hospitalisé pour des douleurs abdominales dûes à une accumulation de sang dans son organe sexuel féminin qu'il faut "vidanger". A partir de là, la vie de Wayne change et il va devoir décider seul(e) de qui il doit être entre un père farouchement masculin et taciturne, une mère qui adorerait avoir une fille et une ex sage-femme qui l'encourage à découvrir le monde. Un très beau roman sur l'hermaphrodisme, différent de "Middlesex" de J. Eugenides, au texte très érudit, mais ici un texte délicat, sensible et attentif aux différents ressentis familiaux.
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Annabel

Roman sur la quête d'identité, telle qu'elle soit, sur la quête de liberté individuelle, sur la quête du soi-même, sur l'acceptation.

Wayne est au centre de l'histoire mais n'est pas, selon moi, le personnage principal unique : autour de lui gravitent Wally, Thomasina, Treadway.

Au final, ce roman est la construction intérieure de chaque personnage, que ce soit individuellement ou les uns envers les autres. Chaque être évolue au fil du temps. Chacun en quête de sa propre vérité, de sa liverté et surtout de sa sérennité.

J'ai beaucoup aimé l'écriture de Kathleen Winter. J'y ai retrouvé un style apaisant qui m'a fait penser à Tracy Chevalier.

En revanche, la couverture de cette édition ne m'a pas parlé, elle m'a même limite dérangé, perturbé. Face à cette couverture, j'ai ressenti un certain malaise qui ne représente absolument pas ce roman et le sentiment que dégage cette histoire. J'aurai plutôt misé sur un paysage du Labrador avec des silhouettes au loin...

Donc, après avoir passé le cap de cette couverture, j'avoue avoir fait une très belle découverte littéraire que je conseille fortement.
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Annabel

Belle découverte...être un homme ou une femme dans un pays ou la nature est maîtresse
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Annabel

Premier roman que je lis avec une histoire d' enfant né sans sexe déterminé. Cela méritait de s’arrêter et de témoigner combien le récit est "apaisé". Bien sur tout n'est pas "rose" (ni bleu ;)) mais pas de pathos déchirant, les personnages des parents sont rendus avec une certaine retenue ,j'en garde un souvenir plutôt sympathique. C'est une référence à garder en mémoire car le sujet est très rarement traité (à ma connaissance).
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Annabel

Sa naissance a lieu dans la région du Labrador au Canada, en mars 1968. Jacinta, sa mère, met au monde l’enfant dans sa baignoire, assistée de sa meilleure amie, Thomasina. Lorsque cette dernière la libère, elle constate que le nouveau-né est hermaphrodite.

Son père, Treadway, décide qu’il sera un garçon et qu’il s’appellera Wayne. Sa mère nommera l’enfant, ma fille, dans l’intimité, et Thomasina, Annabel, du nom sa fille décédée auparavant.

Kathleen Winter raconte l’histoire de cette personne avec une intelligence rare, une vérité naturelle, une simplicité qui enlève tout envie de contester ou d’être scandalisé, qui annihile toute répulsion. Il n’est pas question de sensationnalisme, ni d’en faire un drame. Non, le drame c’est plutôt les autres.

C’est l’histoire d’un enfermement, celui d’une fille prisonnière du corps de garçon que lui ont façonné la science des traitements hormonaux et d’un père, ancré dans sa lutte pour la survivance au milieu d’un monde hostile, à la logique darwinienne. Dans ce monde-là, la troisième possibilité est obligée de se frayer un chemin sous couvert d’anonymat, silencieusement. La dualité des identités est consentie, acceptée. Il y a connivence entre Annabel et Wayne. La fille et le garçon coexistent et apprennent à se découvrir au fil des années.

Thomasina décrit parfaitement cette troisième possibilité :

« Je n’appellerais pas ça une maladie. J’appellerais ça une différence. Une différence signifie une tout autre manière d’être. Ça pourrait être fantastique. Ça pourrait être d’une incroyable beauté si les gens n’avaient pas si peur. »

« Annabel » de Kathleen Winter fait partie des rencontres heureuses que l’on peut faire en tant que lecteur. Il enrichit un débat qui n’a jamais autant été présent dans notre société, celui des identités et du caractère schizophrénique de chaque individu.

Un roman que je recommande vivement.

Traduction de Claudine Vivier.

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Annabel

Titre : Annabel

Auteur : Kathleen Winter

Année : 2014

Editeur : Christian Bourgois Editeur

Résumé : En 1968 sur les côtes du Labrador, un enfant naît. Il se nomme Wayne et il est hermaphrodite. Ses parents, Jacinta et Treadway, décident de garder le silence sur cette particularité et vont élever Wayne comme un garçon.

Mon humble avis : Parfois, il semble que des auteurs soient touchés par la grâce. Parfois, certains textes sont si beaux qu’on a du mal à s’en défaire. Parfois, on aimerait avoir le talent, la persuasion nécessaire, pour inciter son entourage et ses fidèles lecteurs à se jeter sur un bouquin. Tout cela est bien rare, mais c’est indéniablement le cas avec Annabel de Kathleen Winter, un livre rare, puissant, délicat et d’une force incroyable. Il m’est difficile de parler de ce roman sans tomber dans les superlatifs, difficile de décrire à quel point certains personnages – notamment le père Steadway – m’ont ému, touché, pour ne pas dire bouleversé. Outre ses qualités littéraires évidentes – précision du style, superbes descriptions – le texte de Winter touche au coeur sans jamais versé dans le pathos. Sans artifices, avec pudeur, l’écrivaine Anglo-Canadienne réussit parfaitement à allier un souffle rare, une poésie et une finesse hors-normes. Avec Annabel, Winter nous parle de la différence, elle nous parle aussi de tolérance, d’espoirs déçus mais avant tout, elle plonge sa plume dans l’humain, jusqu’aux tréfonds de l’âme humaine. C’est extrêmement brillant, d’une délicatesse incroyable et rempli de lumière. A travers le récit d’un destin, pas si tourmenté que ça finalement – l’une des qualités de ce roman est de ne jamais versé dans l’excès – Winter nous raconte la difficulté de vivre tout simplement, les tiraillements intérieurs liés à l’hermaphrodisme, les espoirs déçus et le courage face à l’adversité. Vous trouvez que j’en fais trop ? Lisez-le et comme moi, j’en suis presque sûr, vous garderez longtemps en mémoire les paysages du Labrador, la profondeur des sentiments évoqués et des personnages incarnés avec un talent de dingue. Avec Annabel, Kathleen Winter touche au sublime et c’est tellement rare qu’on ne peut que s’incliner devant un tel talent.

J’achète ? : Ai-je vraiment besoin de rajouter quelque chose ? Ce serait vraiment dommage de passer à côté de ce grand roman.
Lien : https://francksbooks.wordpre..
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Annabel

Belle histoire, touchante par sa complexité et pourtant si simple en résumé.

Dans la première moitié du roman, on est plus proche du "nature writing" que du sujet principal de l'histoire à savoir: la vie d'un(e) hermaphrodite. J'ai pourtant lu ce roman d'une traite, voulant à tout prix connaître Wayne ado, adulte...C'est un style particulier car plusieurs années sont parfois résumées en 1 page...

On s'attarde beaucoup sur la psychologie du père de Wayne, et pendant tout la moitié du roman, il ne nous est pas sympathique car il rejette l'idée que son enfant puisse se sentir à la fois fille et garçon. La mère de Wayne, elle, qui a pourtant tout compris dès l'instant où elle a vu son enfant, va sombrer dans une forte dépression à un moment donné...Alors que le père va totalement changer de point de vue presque subitement...On parle aussi de la difficulté d'être accepté par les autres, mais mis à part une scène horrible dans le livre, je n'ai pas trouvé que notre"héros" soit si "malmené" que cela (attention je ne suis pas du tout pour la violence gratuite, mais disons qu'on a moyennement ressenti ses émotions du coup).

Je reste perplexe concernant l'attitude de deux personnages en particulier, à savoir Wally et l'ancienne directrice d'école de Wayne...

Histoire touchante mais qui méritait d'être plus approfondie. J'ai aimé!
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Annabel

Wayne naît hermaphrodite en 1968 au Labrador. Son père voulait un garçon, Wayne sera donc un garçon. Mais, ni sa mère ni Thomasina, la seule autre personne à connaître le secret de Wayne, ne sont convaincues par ce choix.



Au fil des années, Wayne apprendra le mystère de sa naissance et saura imposer au monde la personne qu’il est réellement.



J’ai beaucoup aimé ce roman. Les personnages principaux ont des personnalités très différentes et complexes. Leurs réactions et leurs sentiments permettent d’embrasser de façon très vaste ce que peut impliquer d’être différent, en particulier dans une petite communauté.



J’ai été un peu dérangée par la présence d’un secret dans le secret qui apparaît dans le dernier tiers du livre. Peu crédible et inutile mais insuffisant à gâcher le plaisir global de ma lecture.



A lire avec un bel air d’opéra en arrière-plan.
Lien : https://lucioleetfeufollet.c..
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Annabel

Annabel, c’est le nom de la fillette de Thomasina, morte noyée dans un lac glacé du Labrador. Annabel, c’est aussi comme cela qu’aurait pu se nommer Wayne si, à la naissance, face à un choix impossible, son père n’avait décidé qu’il serait un garçon.

Né hermaphrodite, l’enfant possède un pénis et un utérus. Seuls les parents et Thomasina, qui a aidé à l’accouchement, sont au courant de cette anomalie. Pour Jacinta, sa mère, l’enfant est parfait et elle déploie un amour maternel inconditionnel face à la singularité du nourrisson. Elle aimerait que cette complétude ne soit pas abimée, qu’on ne cède pas aux normes, à l’ordinaire. Treadwick, le père, ne l’entend pas ainsi : il se projette dans le futur de cet enfant et ce qu’il anticipe le broie. Alors, il fait un choix, celui qui lui semble raisonnable, qui correspond aussi à ce qui lui paraît le plus visible dans la morphologie de l’enfant – son pénis.

Annabel, c’est le roman de la construction identitaire, du corps dans lequel on ne se reconnait pas, qu’on contraint à coup de traitements qui n’ôtent rien au malaise. Wayne, enfant, a du mal à s’intégrer au groupe de pairs. Fasciné par la natation synchronisée, le dessin, l’étude, la rêverie. Il trouve auprès de Wally, sa camarade de jeu, la douceur et la beauté, la magie du chant qu’elle pratique en autodidacte. Ensemble, ils partagent de longues après-midi dans une cabane qu’ils ont aménagée et décorée. Cette amitié déplait à Treadwick, il préférerait que son fils court la forêt avec des garçons de son âge, qu’il soit davantage conforme.

Les années passent, Wayne est confronté à cette ombre intérieure qui lui murmure sa différence, des aspirations et des sensations qui le portent vers sa féminité.

C’est un formidable roman, qui met en scène des personnages humains, aux prises avec une situation d’une rare complexité, qui les oblige à aller chercher au plus profond d’eux-mêmes des ressources pour répondre le plus justement possible. La finesse de l’auteur est de décrire des parents fragilisés par la différence, ébranlés par l’anomalie de Wayne mais qui secouent toutes leurs certitudes et parviennent à sortir sortent d’une zone de confort social pour l’amour de leur fils. Treadwick - trappeur qui ne vit parfaitement que dans la solitude des bois – observe, écoute, se débat, tente les réponses classiques d’un père, la virilité, la force, le labeur davantage pour éviter la mise au ban social de Wayne que par peur du regard de l’autre. Jacinta soutient Wayne dans ses élans, tout comme Thomasina qui voit en cet enfant l’intelligence, les compétences, la rareté. Des adultes bienveillants qui cherchent la meilleure voie.

Le seul bémol, le style très travaillé m’a parfois empêchée d’être complètement dedans, j’ai eu le sentiment de rester un peu en extériorité, de ne pas éprouver l’émotion que certaines scènes auraient dû susciter.



Challenge Plumes Féminines

Challenge ABC – 2018/2019

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Onze jours en septembre

Avec ce roman d'une grande originalité alliant l'allégorie historique au réalisme actuel, Kathleen Winter nous propose de revisiter la bataille des Plaines d'Abraham. L'emblématique général James Wolfe, vainqueur et mort au combat le 13 septembre 1759, promène donc sa réincarnation dans les rues de Montréal et de Québec afin de reprendre le cours de l'histoire. Comprendre l'état d'esprit, analyser les stratégies, faire le bilan des pertes.

James Wolfe, celui qui a mis fin à la Nouvelle-France, est ici brillamment évoqué par l'auteure. Sa correspondance, surtout celle avec sa mère, a servi de base à cet ouvrage hors norme qui donne envie d'en connaître encore plus sur ce personnage figé dans le temps et méconnu des Québécois.
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Annabel

En 1968, dans la région du Labrador, naît un bébé avec un pénis, un testicule et un vagin. Après mesure du pénis, le médecin décrète que le bébé est un peu plus garçon que fille : il sera opéré, nommé et élevé en conséquence. La fille qui est en lui est alors empêchée de s'exprimer par les canons de la société et les médicaments…

Wayne grandit, mais pas tout à fait comme les autres garçons : il est fasciné par la natation synchronisée et pas par le hockey, a une meilleure amie au lieu d'une bande de potes... Son père fait tout pour l'intéresser à des activités « masculines », mais est vite troublé face à la différence de son fils. Quant à sa mère, elle ne peut s'empêcher de penser à la fille qui faisait partie de son enfant...



J’ai été complètement happée par cette histoire d'identité et de famille. Ce roman traite de la différence avec beaucoup de sensibilité. Mais n'est pas que l'histoire de Wayne et ses efforts pour s'accepter ou se faire accepter. C'est aussi celle de ses parents, qui ont dû prendre une décision qu'ils ont peut-être regrettée. Car après tout, leur enfant était ce qu'il était : forcer son corps à être différent, n'est-ce pas cela qui est contre-nature ?



On parle de « nature » et ça n'est pas anodin, car l'auteure a installé son roman dans le Labrador sauvage, où les hommes sont trappeurs et la Nature est reine. Comme pour montrer que Mère Nature ne fait rien au hasard, que tout a une place dans le monde. Dans la nature, Wayne n'aurait jamais eu à choisir entre sa part masculine et sa part féminine ; qui donc s'en serait soucié ?

Mais dans le monde « civilisé », avoir une pomme d'Adam et des seins choque, perturbe. Au mieux un regard intrigué. Au pire la perte d'un travail ou une agression physique.



Kathleen Winter nous offre un regard sensible sur l'acceptation du mélange féminin/masculin. Quand on sait à quel point les emprunts intellectuels à ce qui est traditionnellement dévolu à l'autre sexe peuvent être difficiles à admettre (c'est l'enjeu du féminisme), on peut imaginer comme une personne ayant des traits physiques des deux sexes peut perturber. Je le sais bien, je suis la première à me triturer la tête quand je vois une personne androgyne - et pourtant, rationnellement, qu'est-ce qu'on en a à faire que la personne en face soit un homme ou une femme ? Qu'est-ce que ça peut bien changer ?



J'ai lu ce roman presque d'une traite. J'ai adoré sa poésie, son ton détaché et que Wayne ne soit pas seul au centre du roman, que d'autres personnes aient leur vie et leurs propres problèmes à surmonter.

La fin peut-être m’a un peu déçue. Que l’on en sache pas plus sur ce que devient la maman et qu’elle soit un peu trop rapide, par rapport au reste du roman.

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Annabel

'C'est l'histoire d'un enfant qui , en 1968, au sein d'un bourg côtier du Labrador, au Canada , naît , ni garçon ni fille : Hermaphrodite.......seuls ses parents , et Thomasina, une voisine très proche sont au courant .

On décide de faire opérer l'enfant : ce sera Wayne-----le choix du père-----

C'est un livre fin , rare,qui prend un relief particulier dans ces contrées ancrées dans la nature sauvage, froide et inhospitalière du Labrador avec ses coutumes et ses rituels, ce qui confère encore plus de mystère .........

L'auteur nous fait partager , sans pathos , avec une tendresse et une grâce sans pareils, tout au long, avec dignité , émotion et doigté , l'évolution de Wayne, le rapport qu'il entretient avec son corps, ses souffrances , ses doutes, ses espérances, ses choix à l'adolescence, il n'a personne à qui se confier ........entre un père incapable de communiquer, taciturne, qui chérit la nature sauvage , qui se fond presque en elle et une mère aimante , à l'écoute , qui perdra parfois ses repères et l'énergie qui était la sienne .......



On sent le vertige , le trouble intérieur d'un corps qui ignore sa différence et la découvre peu à peu ......., la détresse et la tristesse de Wayne ........

Ce que j'ai surtout apprécié c'est la façon dont l'auteur décrit sans juger, sans nous imposer quelque message que ce soit ni sa propre vision ........

Le style poétique est imagé .L'écriture délicate , intimiste, précieuse nous fait découvrir la force du corps sur le psychisme .

La pudeur dont l'auteur use pour décrire son personnage est remarquable .

C'est une oeuvre totalement originale , un texte hors du commun, élégant et sensible qui nous invite à la réflexion et à la tolérance, à sortir de notre méfiance et de nos préjugés , à propos de la perception de la "Différence ".

Une oeuvre pétrie de lumière qui conte les désillusions, les peurs et les doutes d'un jeune homme très courageux tiraillé par sa double identité !

Je remercie l'amie de Babelio ( elle se reconnaîtra ) qui m'a incitée à acheter ce livre rare , à part .

Un ouvrage à relire , qui restera longtemps dans nos mémoires !
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Annabel

« Lorsque l’enfant parait, le cercle de famille applaudit à grands cris », nous a clamé Victor Hugo.

Mais ici, lorsque le bébé de Jacinta et de Treadway nait, il y a comme une gêne. Oh, bien sûr, personne n’en saura rien, à part Thomasina, la sage voisine qui a accouché la jeune mère. C’est elle qui « se plaçant comme un arc bienveillant » au –dessus de Jacinta, lui révélera l’anomalie.

Mettons tout de suite un mot sur cette anomalie : il s’agit de l’hermaphrodisme.



Si Jacinta accepte cela, son mari par contre est bloqué. Non, il ne faut pas que le reste de la communauté « sache », non, l’enfant ne doit pas côtoyer les autres muni de ses 2 sexes. Quelle honte, quelle infamie ! Et pourtant, Treadway est foncièrement gentil, mais il a peur. Lui qui sillonne plusieurs mois par an ses lignes de trappe, - nous sommes au Labrador, et les grands espaces sont le domaine des hommes pendant que les femmes restent seules à la maison - , il est incapable de communiquer ce qu’il ressent. Mais une chose est sûre pour lui : ce bébé doit avoir l’apparence d’un garçon. Et c’est parti pour l’opération, les pilules...



Nous suivons pas à pas l’évolution du bambin qui se révélera très sensible, très ouvert au monde et à l’art. Attentive et aimante, Jacinta fait preuve d’une grande psychologie envers son enfant.

Thomasina veille...

C’est à l’adolescence que la paix relative se brisera et provoquera une onde de choc.



Ce roman très pur, plein de lumière et de silence, de musique et de beauté, raconte le heurt entre la vie rêvée et la réalité. Chacun, à sa manière, doit faire front. Et c’est difficile, très difficile. La deuxième moitié du roman est d’ailleurs beaucoup plus dure et sombre souvent dans la noirceur.



Ce roman nuancé et subtil raconte l’intime face à une société conservatrice et millénaire.

Il raconte la difficulté d’être, pour tous.

Il raconte les joies, les peurs et les rêves d’un jeune tiraillé entre ses deux facettes.

Finalement, il atteint l’universel.

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Annabel

1968. Labrador. Naissance d'un humain intersexué. Il sera nommé Wayne par son père, Treadway, un trappeur qui trouve une solitude infinie et indescriptible dans ses escapades en forêt.

Cependant, secrètement, cet enfant sera baptisé Annabel par la voisine, Thomasina. Et la mère, Jacinta, se verra retirer la fille qu'elle voulait avoir...

Que fallait-il garder ? Laisser ? Choisir ? Fille ou garçon ? Ce sera à Wayne-Annabel d'en décider. Mais plus tard...



Ce livre m'a plongé dans un univers captivant, tant qu'en y sortant, je me sentais étranger à mon environnement extérieur. Il m'a dés les premières pages pris de court, et j'en garderai un mémorable souvenir.

Ce livre aborde le thème de l'hermaphrodisme, certes; mais aussi celui de la VIE : les joies, les peines, les idées, les pensées, la nature, les passions, les jeux, les interrogations, les déceptions, le temps, qui passe...

Ce livre n'a pas de sujet clairement défini, il dérive, il vogue, au gré des courants des mots...

Ce livre est empli d'une poésie rare, qui fait vibrer l'être entier, qui le désarçonne, le surprend, le comprend, lui apprend...

Ce livre est unique ; je promets de lui conserver à jamais une place dans mon simple Cœur.
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Annabel

J’ai ce livre depuis longtemps dans ma PAL mais je n’ai jamais vraiment eu envie de l’en sortir, en dépit des bons avis que j’avais lus. Peut-être que j’avais senti que finalement ce n’était pas une lecture pour moi malgré un sujet qui, lui, est totalement de ceux que j’aime voir exploiter dans la littérature.



‘Annabel’ raconte l’histoire de Wayne, un être humain intersexué qui se verra attribuer le genre masculin. On le regarde grandir entouré d’une mère qui voit la fille cachée en lui et d’un père qui ne veut surtout pas la voir.



Difficile d’en dire plus sur l’histoire en elle-même. Presque 500 pages sur la vie d’une personne intersexuée (vous connaissez peut-être mieux le mot « hermaphrodite » mais ce dernier s’applique en réalité aux animaux) cela aurait pu donner un livre merveilleux mais cela n’a pas marché avec moi et j’ai trouvé le tout bien trop lent. Beaucoup de descriptions de paysages et autres que je trouve extrêmement lourdes et qui me font vite perdre le fil, puis décrocher. J’ai même pensé abandonner ma lecture mais je voulais vraiment aller au bout parce que la thématique me touche énormément.



Malheureusement, je ne trouve pas que le sujet ait été si bien traité. Ou peut-être est-ce simplement moi qui n’ai pas réussi à être touchée malgré les émotions silencieuses qui se dégageaient des lignes ? Je ne sais pas… Je trouve que la psychologie n’a pas du tout été abordée et c’est ce que j’attendais. Je voulais de l’émotion, des sentiments ; je voulais entendre le coeur de Wayne et de ses proches mais ils sont restés muets, ou bien j’ai été sourde.



D’un autre côté, la représentation de notre société est très bien réalisée et on trouve quelques belles phrases qui l’imagent parfaitement. On y lit la noirceur de certaines personnes et on voit comme les différences sont pointées du doigt. On peut également voir la lumière grâce à des personnages comme Thomasina ou le docteur Lioukras qui ressortent et sembleraient presque originaux, voire marginaux, alors qu’ils représentent la normalité comme je l’entends.



Mais malgré cette bonne représentation, le thème global et un récit qui semble travaillé, je n’ai pas réussi à vraiment apprécier ma lecture. La fin, si. J’ai pu y trouver l’émotion que je cherchais tout au long du livre alors que je n’y voyais que de la platitude. J’ai même fini par m’attacher à Treadway (que je trouvais déjà intéressant au début) alors que je me faisais justement la réflexion que l’auteure n’avait rien fait pour qu’on s’éprenne de ses personnages. S’il y avait eu un aspect psychologique/émotionnel plus travaillé, ou en tout cas visible, j’aurais pu oublier le manque d’action. Mais cela n’a pas été le cas et j’ai trouvé le tout vide.



Vous l’aurez compris, je n’ai absolument pas accroché à cette lecture. Je l’ai trouvée enrichissante de par son sujet mais elle ne correspond absolument pas à ce que je recherche en terme de style d’écriture. Je pense que c’est très personnel et je comprends que d’autres aient tant aimé ce récit.
Lien : http://plumebleuee.com/2017/..
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Annabel

Je ne comprends toujours pas… Ce roman a d’excellentes critiques, il est très bien noté par les libraires, il m’a été très vivement conseillé, et pourtant, je ne l’ai vraiment pas trouvé exceptionnel ou à la hauteur de ce qui m’avait été présenté.



L’histoire n’est pas inintéressante. Un enfant hermaphrodite voit le jour en 1968. Ses parents décident de l’emmener à l’hôpital afin que les médecins les aident à décider s’il sera fille ou garçon(…).



J’ai trouvé que le roman était beaucoup trop descriptif (évidemment, ce n’est que mon avis personnel), j’ai parfois eu du mal à m’y retrouver dans l’histoire, j’ai plusieurs fois trouvé que les paragraphes étaient mal découpés et j’ai finalement trouvé que l’histoire manquait d’intérêt.



Peut être que je n’ai pas capté la symbolique du roman, je suis sans doute passée à coté de quelque chose mais j’ai vraiment trouvé ce livre sans intérêt. Et du coup, j’ai mis un temps infini à le lire.



En résumé : déçue 😓
Lien : https://cerclelitteraireamat..
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