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Citations de Katia Granoff (119)


LA FONTAINE DE BAKHTCHISARAÏ ( extrait )
( Бахчисарайский фонтан)

Les nuits de l'Orient sont faites
D'une aimable et sombre splendeur,
Les heures s'écoulant sans heurt
Pour les fidèles du Prophète.
Dans leurs maisons que de douceur,
Dans leurs jardins combien de charme,
Et dans leurs harems sans alarmes
Où règne un plaisir enchanteur,
Dans le ravissement lunaire,
Que de grâce, que de mystère
Et que de voluptés légères...

A. POUCHKINE 1824
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Mon corps, cadeau reçu, mon corps tu m'appartiens ;
Que ferai-je de toi, corps uniquement mien ?

Pour le bonheur de respirer et d'être
Ma gratitude à qui la reconnaître ?

Dans la prison, parmi ses prisonniers,
Je suis la fleur, je suis le jardinier.

Éternité ! Sur ta vitre sereine
Se voient déjà ma chaleur, mon haleine.

L'empreinte est là, le dessin est présent,
Mystérieux encore et tout récent.

L'instant s'en va, s'enfuit dans le passé ;
Ce cher dessin ne peut plus s'effacer.

Joseph MANDELSTAM - 1909
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LE CONFIDENT

Je ne veux perdre même un cri
De tes aveux ou tendres plaintes :
ces passions et leurs atteintes
M'enivrent le cœur et l'esprit.
mais je t'en prie : arrête, arrête,
Ne dis plus tes rêves, assez !
Je crains que tu me les transmettes
En m'apprenant ce que tu sais.

(Alexandre Pouchkine)
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Non, je n'ai pas besoin d'une chose à moitié,
Mais donnez-moi la terre et le ciel tout entiers,
Car les fleuves, les mers et les torrents sauvages
Sont à moi désormais, et cela sans partage...

Le bonheur je le veux, mais non pas sa moitié,
Et même le malheur, je le veux tout entier.
D'une part de la vie, allons ! je n'en ai cure,
Je veux sa plénitude, elle est à ma mesure.

Je ne veux la moitié que de cet oreiller
Où, tendrement blottis, je vois ensommeillés,
Ton visage et ta main dans sa grâce troublante,
Dont l'anneau luit pareil à l'étoile filante...

Eugène EVTOUCHENKO
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[...]
Hélas ! il est sans mouvement ;
Sur son front règne un calme étrange,
Par la plaie ouverte, en fumant
Du sein percé le sang s'épanche.
A peine il n'y a qu'un instant
Dans son âme brûlaient pourtant
L'ardeur de l'inspiration,
La haine, l'adoration.
Et le voici, muet, inerte,
Ainsi qu'une maison déserte
Aux volets clos, dont la maîtresse
Est partie sans laisser d'adresse.

Alexandre Pouchkine (extrait d'Eugène Onéguine)
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Je poursuis mon chemin toujours,
Je vais par ce pays étrange,
Je suis las et mon pas est lourd...
Me vois-tu, me vois-tu, mon ange?

Ce sont les derniers instants clairs,
Les dernières lueurs qui changent ;
Là fut jadis notre univers...
Me vois-tu, me vois-tu, mon ange?

Ô jours passés : Mon cœur meurtri
Ne chantera plus vos louanges...
Parmi les célestes esprits,
Me vois-tu, me vois-tu, mon ange?

Théodore Tutchev
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SILENTIUM

Dissimule dans le silence
Tes sentiments, tes espérances ;
Qu'ils montent et plongent sans bruit,
Étoiles brillant dans la nuit ;
Que ton âme, dans son mystère,
Les admire et sache se taire !

Ton cœur, tu ne peux l'exprimer,
Et qui te comprendrait jamais ?
Pour d'autres que sont-ils, tes songes?
La pensée dite est un mensonge.
Ne trouble pas, en les creusant,
Les sources... Bois en te taisant !

Théodore Tutchev
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A peine il n'y a qu'un instant
Dans son âme brûlaient pourtant
L'ardeur de l'inspiration,
La haine, l'adoration,
Et le voici, muet, inerte,
Ainsi qu'une maison déserte
Aux volets clos, dont la maîtresse
Est partie sans laisser d'adresse.

"Eugène Onéguine" (Alexandre Pouchkine)
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.
Le nuage en pantalon, II

(…) Dans le temps je croyais
qu’on fait un livre ainsi:
d’abord vient le poète – un benêt inspiré –
de ses lèvres jaillit bientôt un chant tout prêt,
sans peine ni souci !

Mais, en réalité,
pour faire une chanson,
le voici tout calleux, notre pauvre chanteur;
doucement se débat le stupide poisson
d’imagination dans la vase du cœur

Pendant qu’il cuit sans fin quelque brouet d’amours
mêlés de rossignols, tout en raclant ses rimes,
la rue qui veut crier et faire des discours
a perdu son langage, elle étouffe, on la brime…

Nous dresserons toujours, orgueilleux et superbes,
des villes ressemblant à des tours de Babel,
mais Dieu
les fait crouler,
car il confond leur verbe
et les fait devenir des labours sous le ciel (...)

V. Maïakovski
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Pareil au ciel ton regard brille…



Pareil au ciel ton regard brille
  Comme un émail d’azur ;
Ainsi qu’un baiser fond le trille
  De ton chant tendre et pur.

Et, pour un seul son de ta voix,
  Un regard de tes yeux,
J’offre le sabre de Damas
  Dont j’étais orgueilleux.

Et pourtant, son éclat m’excite ;
  Il tinte avec douceur ;
À ses appels, l’âme palpite,
  Le sang bout dans le coeur.

Mais je renonce à les entendre,
  Je leur dit adieu,
Depuis que j’entends ta voix tendre
  Et que je vois tes yeux.

                        1838


// Mikhaïl Iourievitch Lermontov (1814 – 1841)
/ Traduit du russe par Katia Granoff
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Voici ce que je sais d’elle...
Elle est toujours muette,
pourtant point éloignée des
hommes
et sans vivre à l’écart.

Elle n’a ni fin ni bord ,
elle est belle , lumineuse ,
et sa puissante vie,
la mort ne peut briser.

Parce qu’elle - même ne peut
se corrompre , d’un cadavre ,
elle fait un bel organisme, d’une vieille qui tombe en
poussière. »

Voici ce que je sais d’elle ....
...In Ma muse n’est pas à vendre .
Ivan Kouratov. (1839- 1875 )
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Mon corps, cadeau reçu, mon corps tu m'appartiens ;
Que ferai-je de toi, corps uniquement mien ?

Pour le bonheur de respirer et d'être
Ma gratitude à qui la reconnaître ?

Dans la prison, parmi ses prisonniers,
je suis la fleur, je suis le jardinier.

Eternité ! Sur ta vitre sereine
Se voient déjà ma chaleur, mon haleine.

L'empreinte est là, le dessin est présent,
Mystérieux encore et tout récent.

l'instant s'en va, s'enfuit dans le passé :
ce cher dessin ne peut plus s'effacer.

1090, Joseph MANDELSTAM
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LE PAYS NATAL

Je l'aime, mon pays, d'un amour si puissant
Que la froide raison ne le pourrait comprendre,
Car ni la gloire, acquise au prix de notre sang,
Ni l'orgueil confiant, ni les vieilles légendes
Ne peuvent m'inspirer de rêves apaisants.
Mais, sans savoir pourquoi, seuls cependant m'émeuvent.

Les steppes, leur silence étrange et souverain,
Les ondulations de ces forêts sans fin
Et, pareil à la mer, l'estuaire des fleuves.

[...]

Mikhail Lermontov
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LE SONGE

Oh ! non, ce n'est pas toi que j'aime avec ardeur,
L'éclat de ta beauté ne m'éblouit plus guère,
Mais je chéris en toi mon ancienne douleur,
Ma jeunesse perdue et qui me reste chère.

Si je plonge parfois mon regard dans le tien,
Et si sur toi mes yeux viennent errer sans cesse,
Si je m'absorbe ainsi dans de longs entretiens,
Non, ce n'est pas à toi que mon âme s'adresse.

Mais je parle à l'amie émouvante d'antan,
Je cherche en ton visage une image secrète,
Le feu des yeux éteints dans ton regard vivant,
Sur ta bouche, une bouche à tout jamais muette...

MICHEL LERMONTOV - 1841
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Ne vois-tu pas, ô mon Amie,
Que ce qui nous est accessible
N’est qu’un pâle reflet émis
Par ce qui demeure invisible.

N’entends-tu pas, ô bien-aimée,
Que le bruit vain de l’existence
N’est qu’une rumeur déformée,
Un faible écho d’accords intenses.

Ne sens-tu pas, mon ange aimé,
Que seul importe sur la terre
Ce que, dans un salut muet,
Se confient deux âmes sincères.

(Vladimir Soloviov)
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Dans un effort inutile et trop lourd
Je veux briser la chaîne de l'amour ;
Si je pouvais enfin me libérer !
Si je pouvais, enfin, ne plus aimer !

Mon âme passe en la honte et la peur,
Parmi le sang, la boue et la douleur.
Vide mon cœur de toute sa poussière,
Je prie,ô Dieu, qu'enfin Tu me libères !

Hélas ! en vain j'ai demandé ma grâce,
Serait-il vrai que la pitié se lasse ?
Désespéré, je traîne la fatigue
De ce cruel amour que rien n'endigue.

Point de pardon et point de liberté !
Mourant toujours et toujours tourmentés,
Nous sommes tous à ce même esclavage
De notre amour condamnés d'âge en âge.

1895
Dmitri Mérejkovski
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Quittant pour tes grèves natales
Ce pays d'exil étranger,
Dans les pleurs, à l'heure fatale,
Auprès de toi j'étais plongé.
Devant l'épreuve de l'absence,
N'osant l'étreinte desserrer,
Je gémissais en ta présence
Et te priais de demeurer.
[...]
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ATTENDS-MOI !

Attends-moi, attends sans cesse,
Résistant au sort ;
Par la pluie et la tristesse,
Attends-moi encor !
Attends-moi par temps de neige
Et par les chaleurs ;
Lorsque les regrets s'allègent
Dans les autres coeurs,
Quand, des lointaines contrées,
Sans lettre longtemps,
Le silence et la durée
Lasseront les gens.
Attends-moi, attends sans cesse
Et sans te lasser ;
Sois pour ceux-là sans faiblesse
Qui diront "Assez!"
Quand mon fils, ma mère tendre
Acceptant le sort,
Quand mes amis, las d'attendre,
Disant "Il est mort",
Boiront le vin funéraire,
Assis près du feu,
Ne bois pas la coupe amère
Trop tôt avec eux !
Quand, fidèle à ma promesse,
Revenant un soir,
Je narguerai la mort, laisse
Dire "le veinard!"
Ceux qui sont las de l'attente
Ne sauront pas, va,
Que des flammes dévorantes
Ton coeur me sauva.
Nous deux, seuls, pourrons comprendre
De quelle façon
J'ai survécu pour me rendre
Dans notre maison.

1941, Constantin SIMONOV
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LE JET D'EAU
Vois ce nuage de lumière,
ce jet d'eau vif,plein de couleurs;
au soleil en fine poussière
il n'est déjà plus que vapeur.

Rayon qui scintille et ruisselle,
qui monte,à son faîte parvient,
puis tombe, irisé d'étincelles,
à terre,esclave du destin.

Intarrissable,mais mortelle,
notre pensée est-elle un flot?
elle jaillit,se renouvelle,
puis se répand comme de l'eau.

O pensée avide!fatale,
une main t'arrête en plein vol,
tout comme ce rayon d'opale
qui,brisé,va se perdre au sol.TUTCHEV(1836)
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Terrible est l'heure de la mort,
Mystérieuse,exténuante...
Mais il est plus terrible encore
De voir d'une âme encore vivante
Fuir des ombres évanescentes
Emportant ses plus chers trésors... 14/10/1867 TUTCHEV
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