Citations de Katixa Agirre (13)
« « Oh, amour, comment es - tu arrivé là ?
Oh, embryon,
qui te rappelle ,
même en rêve,
ta position en croix » .
SYLVIA PLATH .
« Rentrez , mes enfants , à la maison. Tout ira bien. »
EURIPIDE, MÉDÉE .
Si on se réfère à l’Histoire, tuer des enfants, tuer ses propres enfants, n’était même pas considéré comme un crime. Pourquoi? Eh bien, parce que les enfants, à l’image des femmes et des esclaves, ont toujours été vus comme une propriété, la propriété de leurs parents en l’occurrence ; c’est encore le cas aujourd’hui dans une certaine mesure. D’ailleurs, au fil des siècles, la méthode la plus efficace pour contrôler la natalité (…) a été l’infanticide. Mais n’est-ce pas logique, si on pense les choses froidement? L’avortement a été, jusqu’à un XXe siècle bien avancé, une pratique à haut risque pour la mère (…) ; mais abandonner son bébé dans le bois, au contraire, est totalement indolore.
Eugénisme, vengeance, malthusianisme exacerbé, séduction, déshonneur,pauvreté, pure misère, mères célibataires, enfants bâtards et péchés héréditaires, tensions émotionnelles propres aux suites de l’accouchement, suicide élargi, dépression post-partum, folie déclenchée par l’allaitement, névrose déchaînée, mères cabossées.
Je sais.
Nous ne pouvons pas le comprendre.
Nous ne pouvons pas le comprendre, n’est ce pas ?
Elles brisent tous nos schémas, ces mères.
Doris Lessing a écrit : « Rien de plus ennuyeux pour une femme intelligente que de passer d’innombrables heures avec un enfant en bas âge ». J’aime bien cette citation, parce qu’elle prouve que je suis une femme intelligente.
L’identité de mère avait fini par dévorer toutes les autres et avait exilé tous mes autres moi du passé vers de lointaines contrées. Ecrivaine, moi ? Salariée ? Epouse ? Fille ? Ce n’était pas possible, pas possible.
Une mère peut être cruelle. Penser le contraire, c’est se soumettre à des préjugés d’un autre âge sur la féminité. La cruauté d’une mère n’est pas forcément lié à la folie.
Tu vois? Toi aussi tu t’es rendu compte qu’il n’y a aucune essence magique chez les mères, rien qui nous rende capables de résister à absolument tout. Moi, aujourd’hui… Je ne te dirais pas que ça ne me semble pas terrible, évidemment, mais je les trouve crédibles, ces histoires de mères qui dans certaines circonstances abandonnent leur enfant, et même celles qui en finissent complètement…
À quoi est due cette obsession récurrente pour les grossesses virginales ? D'où vient cette dissociation hystérique, anti biologique, anti empirique et misogyne ? Si quelqu'un devient mère, le sexe n'a plus rien à faire dans sa vie. Si une femme tombe dans les griffes du sexe, elle n'est plus mère, mais putain. Si elle est putain, elle ne donne pas la vie ; bien au contraire, elle est probablement dangereuse, capable d'ôter la vie si quelqu'un tombe dans son piège mortel. Celle qui n'est pas criminelle, celle qui n'est pas putain... C'est cela, la mère : celle qui donne la vie. Ou, dit plus simplement : toutes des p****, sauf ma mère.
On parle beaucoup de la fatigue des premiers mois, de l’impossibilité de dormir, des cernes sous les yeux. Mais on n’évoque presque jamais les heures d’ennui qui constituent la vie d’une mère. Je veux parler de cette succession de jours gris et amorphes où donner le sein, changer des couches, endormir un bébé qui pleure et vérifier s’il respire une fois qu’il s’est endormi occupent votre vie au point de l’asphyxier, pendant que le temps suit son cours pour le reste de l’humanité.
Renoncez à l’avocat, prenez plutôt un bon écrivain. Ce n’est pas la vérité qui va gagner, mais l’histoire la plus crédible, la plus cohérente, la plus belle. Autrement dit, le récit avec le plus de résonances mythiques, celui qui colle le mieux à la vision du monde qu’a le jury.
Il y avait eu des époques heureuses, je peux très bien l'imaginer. Tomber amoureux, se projeter dans un futur avec quelqu'un, peau contre peau, souffle contre souffle, se comprendre, ne pas se comprendre mais s'aimer quand même, les habitudes construites peu à peu, à quatre mains, une intimité insaisissable pour n'importe quelle autre personne, mots, cheveux, caresses légères.
Parmi les relations que j'ai eues au cours de ma vie, je trouve, d'un côté, les histoires d'amour enivrantes qui m'ont uniquement fait souffrir, et, de l'autre, les relations tièdes, pratiques, agréables. Quelque chose me disait que je finirais par trouver le Saint-Graal : l'ivresse sans la souffrance, le bien-être sans la fadeur.