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Citations de Kenizé Mourad (126)


A Istamboul, dans son enfance, Selma a vu la misère, sans doute aussi atroce qu'aux Indes. Mais cette misère était due à la guerre qui depuis des années ravageait le pays; c'était une situation exceptionnelle que l'on combattait et que l'on savait pouvoir surmonter.
Ici, chaque jour, des milliers d'enfants meurent de faim, c'est un fait accepté, prévu, entré dans les habitudes.
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Selma s'est redressée: comment cet âne ose-t-il interrompre sa méditation?
- Te tairas-tu , démon? Dans tous les pays musulmans, les mosquées sont ouvertes aux femmes! Ignores-tu que Fatimah, la fille de notre prophète, priait à la Kaaba (principal sanctuaire de la Mecque) à côté des hommes? Ce que Mohammed, le généreux, permettait, tu oses, misérable, t'y opposer?
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Mustafa Kemal Pacha dit que "l'avenir de la Turquie dépend de l'émancipation des femmes, et qu'un pays dont la moitié de la population reste enfermée est un pays à demi paralysé".
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Elle se tait. Si elle ouvre la bouche, elle va se mettre à sangloter, et il n’y a rien qu’il déteste comme les pleurs. Pourtant il faut qu’elle parle, sinon il pensera qu’elle lui en veut, ou qu’elle a pris le parti d’Annedjim… C’est faux, elle n’a pris le parti de personne, elle les aime tous les deux, mais de façon si différente qu’elle a l’impression qu’il y a deux Selma qui aiment… Elle a souvent réfléchi à ce phénomène : lorsque sa mère lui sourit, elle se sent capable de conquérir le monde ; lorsque son père lui sourit, elle oublie le monde et elle fond de bonheur, doucement, comme une pâte de fruit sous la langue. Elle ne sait pas pourquoi, elle sait seulement qu’elle ne veut pas choisir entre ces deux sourires
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Les faibles, dès qu'ils ont une once de pouvoir, deviennent tyranniques.
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Elle n’est plus Selma, elle est bien davantage, elle est ce brin d’herbe, et ces feuilles, et cette branche qui s’étire pour atteindre un nuage, elle est cet arbre qui plonge ses racines jusque dans l’antre obscur et mystérieux de sa naissance, elle est le bruissement de la source et son eau transparente qui fuit et toujours reste là ; elle est la caresse du soleil et le tournoiement du vent, elle n’est plus Selma, elle est, tout simplement.

Sur le chemin du retour, la jeune fille ne dira pas un mot. Elle tente de protéger sa joie, flamme fragile. La croyant triste, Orhan s’ingénie à la distraire, lui raconte mille histoires qu’elle n’entend pas. Elle aimerait qu’il se taise… Mais comment lui expliquer que le silence peut être le plus chaleureux des compagnons, le plus attentif, le plus généreux, et que dans le mot « solitude » elle, elle voit « soleil ».
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Lorsqu'on est pauvre, l'orgueil n'est-il pas la seule chose qui reste?
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Une forte odeur de jasmin la tire de ses réflexions. Ils sont arrivés devant le wagon indigo, aux couleurs de l'Etat. Au pied des marches, d'énormes bouquets blancs embaument. Qui a pensé à l'accompagner de ses fleurs préférées ? "Amir" sourit Zahra en réponse à sa question muette. Les larmes longtemps contenues montent aux yeux de Selma. Amir ?... Pourquoi si tard ? Est-ce parce qu'elle part qu'il est capable enfin, d'exprimer un peu d'amour ?
Bouleversée, elle a pénétré dans le compartiment et s'est avancée vers lui. A cette minute, s'il lui demandait de rester, elle tomberait dans ses bras.
Il se contente de la regarder, et recule, imperceptiblement.
Par la suite, il pensera souvent à cet instant où, quelque envie qu'il en ait eue, il n'a pu surmonter le réflexe acquis, la règle d'or qui interdit aux époux musulmans de se témoigner la moindre intimité en public (...) et sa jeune femme en silence le supplie de faire un geste.
Tremblante, Selma a saisi la coupe de champagne qu'en époux attentionné il lui tend. Il a recouvré son sang-froid et porte des toasts à la santé de la princesse, au bon déroulement de son voyage, à un agréable séjour en France. Pas une fois il n'évoquera la tristesse de son absence ou leurs retrouvailles prochaines. Sur son visage, pas la moindre émotion.
Le sifflet du chef de gare annonçant le départ imminent vient interrompre ces adieux étranges. Excepté Zeynel, tout le monde est descendu sur le quai, Amir était le dernier. Va-t-il l'embrasser ?
Galamment, il s'incline comme s'il la quittait pour quelques jours.
- A bientôt, ma princesse.
- Amir !
A son appel, il s'est retourné. Longuement, douloureusement, ils se sont regardés. Elle a soudain le pressentiment qu'ils ne se reverront jamais(...).
Penchée à la fenêtre du train qui dans des flots de fumée s'ébranle, elle fixe intensément la mince silhouette blanche, immobile sur le quai, qui s'éloigne, s'éloigne et disparaît...
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Elle découvre avec étonnement que le divertissement qu'elle préfère, c'est finalement ne rien faire. Ne rien faire pour vivre plus, vivre la vie dans sa nudité, dépouillée des activités qui l'encombrent et la travestissent, être présente totalement à la vibration du monde, et dans chaque seconde goûter l'éternité.
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Elle comprendra plus tard que, pour les orientaux, un mariage d'amour est une incongruité, voire une contradiction dans les termes. Réalistes, ils constatent que deux choses relèvent de domaines totalement différents : le mariage est un contrat légal établi entre deux familles, deux fortunes, deux positions, et qui forme la base de la strucutre sociale, laquelle ne saurait dépendre d'une émotion qussi volatile et incontrôlable que l'amour. De son côté, l'amour est un sentiment beaucoup trop beau et romanesque pour être dépendant de liens matériels ; il n'existe que libre de toute obligation, il est le principe même de la vie, un perpétuel renouveau. Le mariage d'amour, invention récente de l'Occident, signifierait en réalité cette chose absurde : un contrat d'amour ! Ce serait vouloir à la fois l'amour et la sécurité : exigence contradictoire, l'un étant perpétuelle innovation, l'autre étant basée sur la répétition. Peut-on imaginer un contrat fixant la quantité et la qualité d'amour que chacun devra donner à l'autre ?
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En Orient, toute femme intelligente sait influencer les décisions de son mari, mais elle a la sagesse de ne pas s’en glorifier

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Dans vos articles, parlez des femmes, c'est essentiel. Le monde musulman ne changera que par les femmes. Car ce sont elles, les mères, qui éduquent les hommes.
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- Ce monstre aurait-il voulu que je laisse tuer des innocents ? Ne sait-il pas que l'islam interdit de s'attaquer aux non-combattants ? Tous ces religieux qui interprètent le saint Coran à leur façon pour lui faire dire ce qui les arrange sont nos pires ennemis ! Plus dangereux que les étrangers qui nous combattent car ils caricaturent à tel point notre religion qu'un jour on finira par considérer les musulmans comme des fanatiques qu'il faut écraser! "
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Si tant de gens en Occident sont déprimés, c'est peut-être, pense-t-elle qu'ils sentent inconsciemment qu'ils meurent leur vie à petit feu, n'ayant la plupart du temps d'autre horizon que davantage de confort et de distractions. D'où aussi la révolte de nombreux jeunes qui se lanceraient dans n'importe quoi - même le djihad- pour échapper à une société qui ne leur offrirait aucun idéal, sauf faire de l'argent, - pour les privilégiés - sinon le chômage ou un travail fastidieux pour les autres. Perdre sa vie à la gagner....
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Elle s'est jetée dans l'herbe, avidement elle en respire l'odeur humide, la tête lui tourne ; dans ses jambes, dans son ventre montent les vibrations chaudes de la terre, elle a l'impression de s'y fondre. Elle n'est plus Selma, elle est bien davantage, elle est ce brin d'herbe, et ces feuilles, et cette branche qui s'étire pour atteindre un nuage, elle est cet arbre qui plonge ses racines jusque dans l'antre obscur et mystérieux de sa naissance, elle est le bruissement de la source et son eau transparente qui fuit et toujours reste là ; elle est la caresse du soleil et le tournoiement du vent, elle n'est plus Selma, elle est, tout simplement.
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- C’est si facile pour les provocateurs d’aviser les passions ! On brûle une église, on assassine un musulman, et aussitôt les méfiances, les peurs ancestrales, les haines qu’on croyait oubliées renaissent avec une force terrifiante. Ceux qui comprennent la manœuvre et tentent d’éviter le drame n’arrivent pas à se faire entendre et finissent par se taire, de peur d’être accusés de lâcheté ou de trahison.
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Ah ! on est toujours en faute, ou parce qu'on n'aime pas assez, ou parce qu'on aime trop.
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- C'est si facile pour les provocateurs d'aviver les passions ! On brûle une église, on assassine un musulman, et aussitôt les méfiances, les peurs ancestrales, les haines qu'on croyait oubliées renaissent avec une force terrifiante. Ceux qui comprennent la manœuvre et tentent d'éviter le drame n'arrivent pas à se faire entendre et finissent par se taire, de peur d'être accusés de lâcheté ou de trahison.
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De ce point de vue je trouve les animaux bien supérieurs, remarque un vieux taluqdar : ils tuent pour satisfaire leurs besoins vitaux mais ensuite laissent les autres vivres. Les hommes, eux, n'ont aucune limite à leur avidité, ils accumulent des richesses à ne plus savoir qu'en faire et tant pis pour ceux qu'ils jettent dans la misère!
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"_Je vous ai apporté un livre de Fariduddin Attar, le plus grand poète mystique druze.Si vous décidez de ne pas venir, il vous tiendra compagnie.

« Les oiseaux du monde entier, raconte le livre, se sont rassemblés pour se mettre en quête de leur roi, le Simurgh, depuis longtemps disparu. Personne ne sait où il réside, sauf un très vieil oiseau. Mais il ne peut le trouver seul, car le chemin est semé d’embûches, il faut qu’ils partent tous. Le Simurgh demeure en effet dans le Qaf, une chaîne de montagnes qui entoure la terre, et pour y arriver il faut traverser des rideaux de feu, nager dans des torrents déchaînés, combattre des armées de dragons féroces.
Ils sont partis des milliers, mais au cours du voyage, qui durera des années, la plupart périront. Seuls trente oiseaux, les plus sages, atteindront, après bien des difficultés, la cour du Simurgh dans les montagnes du Qaf. Là, éblouis, ils découvrent des milliers de soleils, de lunes, et d’étoiles. Et dans le reflet de chacun de ces astres ils se voient et voient le Simurgh. Et ils ne savent plus si ils sont encore eux-mêmes ou s’ils sont devenus le Simurgh. Jusqu’à ce qu’enfin ils comprennent qu’ils sont le Simurgh et que le Simurgh c’est eux, qu’ils sont un seul et même être. Et que leur roi, le dieu qu’ils étaient allés chercher si loin, était en eux… »

Selma a laissé tomber le livre. "

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