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Critiques de Kjell Westö (84)
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Nos souvenirs sont des fragments de rêves

Nous voilà sur l’île de Drumsö dans la banlieue d’Helsinki, en Finlande. Le narrateur, qui approche la soixantaine, installé devant son ordinateur face à la fenêtre, dont la vue donne sur le jardin de sa copropriété, s’aperçoit qu’un individu l’espionne derrière un bosquet. Cette tentative de meurtre ratée sera prétexte à un retour sur lui-même et sur son enfance. Enfance qui l’a vu grandir, en tant que fils unique, entouré de ses parents, Tage et Ellinor, pas vraiment sur la même longueur d’onde, louant une ancienne métairie en tant que maison de vacances, à Skogstorpet. Mais également au sein de la famille de son ami Alex Rabell chez qui il passera la plupart de son temps dans leur manoir de Ramsvik au domaine de Ramsland, à une quarantaine de kilomètre de la capitale finlandaise, se situant au niveau de la presqu’île donnant sur le golfe de Finlande. Étonnement, nous ne connaîtrons jamais le véritable nom de notre narrateur, même s’il nous dévoilera pourtant, chaque détail de son intimité.



Alex, l’aîné de la famille Rabell, et Stella, sa sœur cadette, petit-enfants d’un riche entrepreneur finlandais, Per-Olof Rabell, sont élevés par leur mère et leur grand-parents paternels entre Helsinki et Ramsland. La rencontre du garçon, narrateur, avec Alex va définitivement donné un autre tournant à sa vie, lui, le garçon si calme, silencieux, introverti, jusqu’alors bloqué entre son père, tout aussi taiseux que lui, et sa mère, qui, supporte de moins en moins l’isolement de la métairie mais qui consent, dans un premier temps, à faire toutes les concessions possibles afin de préserver la si fragile cohésion et sérénité de leur vie de famille. Représentant pour lui une échappatoire face à ce couple mal-assorti, Alex possède aussi une personnalité qui contre-balance parfaitement bien avec celle du jeune narrateur: c’est un garçon sûr de lui, bonimenteur, fier, qui possède déjà une personnalité de chef de bande. A l’occasion, il se chamaille avec Stella comme tout frère et sœur. Leur mère, Clara Rabell, plutôt froide et guindée, a tendance à céder aux quatre volontés de son fils. Les grand-parents: à défaut de figure paternelle présente, Poa ou Per-Olof possède un fort caractère à l’image de sa réussite professionnelle, il est dur, impitoyable, doté d’une volonté de fer. Sa femme, Gerda, est transparente tout le long du récit, elle n’intervient d’aucune façon que ce soit. Le père des enfants, Jakob Rabell, qui brille par son absence, représente peut-être la seule faiblesse de ce clan si uni en apparence.





Ce roman est divisé en plusieurs parties tout simplement nommées par le prénom des personnages importants dans la vie du narrateur: Alex, Stella, Sans Stella, Stella et Sandrine, (Maintenant). Chacune d’entre elle est consacrée à une partie de la vie du narrateur qui tourne autour de ce même protagoniste. Alex et Stella occupent alternativement tous les deux une place importante dans sa vie, l’un en tant que premier véritable ami, l’autre en tant que premier (et grand) amour même s’ils tendent à s’éloigner de plus en plus au fil de leurs vies. Je suis restée assez dubitative quant au choix des titres, un peu simpliste, de ces grandes parties: ils laisseraient en effet croire que la vie du narrateur tourne uniquement autour d’eux, de la famille Rabell, alors qu’il y a d’autres personnages, qui apparaissent certes au second plan, qui composent cette bande: Jan-Roger Johansson dit Roro, Krister Tuominen, Linda Vogt, Klasu Hjelt. C’est un groupe un peu particulier, un assemblage incongru d’individus discordants, car on en vient à se demander ce qui les a tous réunis alors que les amitiés n’étaient pas forcément innées au prime abord. Et, indubitablement, cet élément commun, c’est Alex, qui, de par son charisme et son autorité naturelle, attire et rapproche chaque individu autour de lui, même si ce petit monde ne s’entend pas forcément bien: Jan-Roger, le gros dur, va terroriser tour à tour le narrateur et Krister, qui est un garçon chétif, très en retrait. Chacun va grandir, chacun va mener sa vie dans des directions différentes. Il est intéressant de voir comment, ces garçons et cette jeune fille, adolescents et jeunes adultes, vont gérer leur relation hors de la présence d’Alex et comment ces relations d’enfant, très bancales il faut l’avouer, vont évoluer en des relations d’adulte. Au départ, quatre jeunes garçons qui n’ont absolument rien en commun et qui n’auraient probablement jamais pris la peine de faire connaissance si Alex ne les avait pas réunis. C’est ce qui explique que la cohésion de cette bande reste toute relative, l’un décide et agit, les autres subissent, peut-être pour ne pas rester seuls, tout simplement. La personnalité du narrateur apparaît somme toute assez effacée devant la fierté et arrogance d’Alex, devant la force et la violence démesurées de cette brute de Roro, devant la fervente passion de Krister pour la seconde guerre mondiale. Tout ce petit monde qui tourne autour d’une seule personnalité, j’ai eu du mal à en comprendre le fonctionnement: pourquoi des jeunes gens si différents, et qui se supportent à peine, continuent-ils à se fréquenter? Sûrement, par envie de ne plus rester seul, me semble-t-il. Mais finalement, ce parti pris de l’auteur, qui nous présente un récit focalisé de façon totalement subjective, sous la conscience de notre écrivain, fait finalement qu’il n’y aura pas de réponse. Cette drôle histoire d’amitié, finalement on ne peut plus banale, est celle de relations qui se nouent facilement alors que les protagonistes sont enfants et que l’insouciance rend les personnalités plus souples, moins orgueilleuses et rancunières et se défont lorsque chacun aura évolué et qu’il faudra transposer ces relations du mode enfantin au mode adulte, ce qui peut souvent briser des amitiés qui n’ont pas su évoluer. Ainsi, mais la relation de Jan-Roger et du narrateur, qui arrivaient à peine à se supporter enfants, ne mènera à rien une fois la trentaine atteinte. Ils se perdront complètement de vue. La complicité qui peut exister, notamment entre Alex et notre jeune garçon, devra trouver le moyen de se prolonger différemment et le passage à l’adulte révélant les vraies personnalités des protagonistes, elles trouveront un autre moyen de s’exprimer. Soyons clairs, la bande ne résistera pas à leur évolution, par contre, les uns comme les autres trouveront un moyen de faire évoluer leur amitié mais différemment d’un individu à l’autre. Jan-Roger finira par disparaître du tableau (de la vie du narrateur en d’autres mots), Alex, fidèle à lui-même continuera à mener sa vie sans vraiment se préoccuper des autres et ne faisant pas vraiment d’effort pour continuer à entretenir des relations avec ses anciens amis. Krister finira par se trouver et vivre en harmonie avec lui-même loin d’un Alex indifférent et d’un Jan-Roger définitivement rangé aux oubliettes mais encore en relation avec le narrateur. Sans oublier, Linda, celle qui pâtira le plus, peut-être, de l’autoritaire Alex, qui ne s’arrangera pas l’âge avançant, et de ses exigences .



Roman d’amitiés mais roman d’amour aussi: comme les intitulés des parties le montre, Stella, la sœur d’Alex, est son d’amour de jeunesse, avec qui il vivra quelques années de passion mais leur couple ne résistera pas au temps ni au changement. C’est ensemble qu’ils grandiront, Stella souffrant elle aussi de ce lourd secret qui entoure l’absence du père, souffrance dont elle n’arrivera jamais vraiment à faire le deuil. Petite fille plus sensible que son frère, plus ouverte et excentrique aussi, elle détonne un peu au milieu de sa famille, dure, très attachée aux apparences. Mais comme dans l’amitié, les chemins du narrateur et de Stella trouveront deux voies différentes qui ne les sépareront que momentanément puisqu’ils n’auront de cesse de se retrouver entre deux relations. Relation, moins passionnée, mais tout aussi épisodique qu’il partagera avec l’autre jeune fille de la bande, Linda, qui se mariera à un garçon du groupe.



Le narrateur est peut-être, à mon sens, le personnage le plus simple de tout le récit, néanmoins c’est peut-être le plus réaliste. A vrai dire, j’ai commencé par le trouver agaçant, ne comprenant pas vraiment pourquoi il restait tant attaché à Alex, qui lui m’agaçait encore plus, menant son monde à la baguette sans vraiment se soucier de quiconque. Mais il me semble que chacun à leur manière, était empêtré dans une espèce de solitude insupportable, qu’ils étaient finalement heureux de pouvoir rompre: le narrateur au sein de son royaume du silence qu’était son foyer, Alex avec l’absence si pesante du père, que le narrateur ne parviendra à comprendre que tardivement. Des aveux de sa mère, le narrateur paraît comme un garçon un peu étrange, à la fois fasciné et révulsé par le clan Rabell, leur volonté de pouvoir, leur dédain envers les classes inférieures et leur détermination absolue à cacher leurs faiblesses. Être influençable, fortement dépendant d’Alex et craintif vis à vis de Jan-Roger, il sera un adolescent et un jeune étudiant en histoire tout ce qu’il y a de plus banal, fêtard invétéré, d’intelligence moyenne, qui vivote entre travails précaires et relations inabouties avec Stella, Linda et d’autres femmes de passages. La publication de son roman Rêveur de la place Smedsplan, véritable succès littéraire et commerciale, saura lui redonner plus de confiance en lui et lui donnera cette posture d’écrivain reconnu, qui conférera peut-être un plus d’épaisseur à son personnage.



Le style de l’auteur est très dépouillé, on se laisse cependant facilement prendre par la vie de ce narrateur, à la fois sans prétention mais tout aussi fascinante. Rien de particulièrement sensationnel, ici, toutefois Westö a réussi son pari en donnant à cette histoire un goût de reviens-y qui m’a fait dévorer ce bouquin en à peine trois jours.
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Nos souvenirs sont des fragments de rêves

Quand on commence le nouveau roman de Kjell Westö, Nos souvenirs sont des fragments de rêve, on n'a qu'une envie , ne pas s'arrêter.

On est introduit dans l'intimité de la riche famille Rabell pour plusieurs décennies, mais indirectement, par l'intermédiaire d'un narrateur. Et c'est précisément grâce au statut de ce narrateur que le récit est subtil. D'abord parce que, écrivain, il s'impose au lecteur comme le double romanesque de l'auteur. Mais aussi parce que, enfant unique d'une famille modeste, et vite éclatée, son regard, du début à la fin, est extérieur au milieu qu'il évoque. Cet observateur est toujours bienveillant pour ses amis d'enfance, en particulier à l'égard d'un Alex Rabell, enfant sûr de lui et volontiers autoritaire, devenu un magnat de l'industrie richissime, brillant et sans états d'âme. Le narrateur dont la vie est en dents de scie, tant sur le plan professionnel que sentimental a une conscience aigüe de ses limites et n'accable jamais personne. Sa tolérance ne cache cependant pas tout à fait un certain pessimisme sensible en particulier à la fin du roman à l'heure des premiers bilans.

Deux réserves, qui concernent l'éditeur. Un roman aussi accompli aurait mérité une traduction plus soignée. Celle-ci ne le sert pas, truffée, entre autres, d'erreurs d'énonciation et d'inversions des prénoms des personnages. Le bandeau publicitaire, quant à lui, n'est pas pertinent. On n'oublie effectivement jamais un amour de jeunesse avec lequel on renoue tout au long de sa vie...

Un grand merci à Babelio de m'avoir proposé ce roman dans le cadre la masse critique. Cela m'a permis, avec le plus grand plaisir, de continuer à explorer l'univers de Kjell Westö.
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Un mirage finlandais

La construction d’un pays pacifique ne se fait pas sans une série de tâtonnements.
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Nos souvenirs sont des fragments de rêves

Alors, comment dire ? Il ne se passe rien…. Après avoir tenu jusqu'à la moitié du livre (300 pages quand même), j'attends toujours que l'histoire commence. Et on continue à présenter les personnages au travers des relations avec le narrateur… De plus, l'auteur se répète sans cesse (volontairement, c'est sans doute une figure de style). Bref on s'ennuie ferme. On espère que cela va démarrer mais …. en vain. Mon épouse qui s'est forcée à aller jusqu'au bout, m'ayant confirmé que c'est comme cela jusqu'au bout, j'abandonne…. Il n'y a même pas un côté historique ou sociétal qui pourrait intéresser.
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