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Critiques de Kjell Westö (84)
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Casa Triton

//QUAND LA MUSIQUE DONNE 🎻🎸//



Qu'est ce qui peut réunir deux hommes de classe sociale différente, l'un chef d'orchestre parcourant le monde et assez fortuné pour se faire construire une villa avec un ascenseur, l'autre psychologue scolaire et voisin de cette "Casa Triton" ?



L'amour de la musique, qu'elle soit classique ou populaire !



Dans ce nouveau roman de Kjell Westo (dont on avait sans doute encore plus aimé en 2018 le sublime "Nos souvenirs sont des fragments de rêve"), il y a la lumière de la Finlande, les ferries sur lesquels il faut embarquer pour arriver loin au large d'Helsinki. ces îles qu'on aimerait coupées de tout mais où les échos du monde parviennent quand même (menace terroriste, montée des nationalismes, #metoo et nature qui souffre de plus en plus).



Ce que on a aussi beaucoup aimé dans ce "Casa Triton" , c'est l'alternance de points de vue.



L'intrigue avance une fois à travers les yeux de Brander, chef d'orchestre qui s'interroge face à son succès déclinant, une fois à travers ceux de Lindell, particulièrement touchant face au deuil de sa femme.



On a très peu vu passer ce roman sur les réseaux sociaux (et d'autres beaucoup beaucoup )) alors si vous aimez les ambiances scandinaves, les îles et les romans baignés de musique, foncez sans hésitez !
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Casa Triton

Hommage à toutes les musiques, ce nouveau roman de Kjell Westö aborde aussi les drames individuels et collectifs auxquels est confrontée l'humanité – catastrophes écologiques, #MeToo, terrorisme, deuil, rupture amoureuse, solitude. Tout en subtilité et sans jamais tomber dans le fourre-tout, l'auteur écrit une nouvelle fois la fragilité humaine avec la lumière finlandaise pour toile de fond (plus d'infos : https://pamolico.wordpress.com/2021/01/15/casa-triton-kjell-westo/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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Casa Triton

Quand vous connaissez « Black Sabbath » des Black Sabbat, ou « Within You Without You » des Beatles, et quand vous savez qu'en jouant dès les premières notes le triton - cet intervalle dit « du diable » tellement il crée une tension à l'oreille - le musicien veut intriguer l'auditeur et capter immédiatement son attention… Vous comprenez qu'en intitulant son roman Casa Triton, l'auteur ne veut pas simplement vous parler d'une idyllique villa de bord de mer, une « maison de riche » que le grand chef d'orchestre, Brander, s'est pris le caprice de faire construire sur la côte. « Casa Triton, c'est ainsi qu'il appelait sa nouvelle résidence. le sens un peu lugubre de ce mot, pour un musicien, l'amusait ; et, de fait, la vie rendait parfois un son dissonant ». « Ça fait un peu le même effet que dans l'Exorciste, quand Linda Blair dévale l'escalier en faisant le pont ».





De fait, la casa T. cristallisera les sentiments des personnages et accueillera, comme une mère, leurs espoirs autant que leurs frustrations. Ce nom, plus qu'une provocation ou qu'une autodérision, est en réalité un mot posé sur ce qu'est sa vie au moment T : Celui où tout semble vouloir basculer du mauvais côté, mais où tout est encore sous tension, possiblement sauvable ; ce moment avant la chute, que l'on sent, que l'on attend ; que l'on redoute comme un couperet autant qu'on l'espère, comme une libération. Habiter ici ne fera-t-il qu'exacerber les tensions, ou au contraire cela libèrera-t-il Brander et résoudra ses problèmes ? Lui-même, en appelant sa maison ainsi, est dans l'expectative. Comme le lecteur qui le suit dans cette nouvelle aventure.





On s'interroge : cette maison ne serait-elle, à l'image de la vie de Brander, qu'une coquille vide ? La réponse de Brander est de la remplir de musique. Comme il l'a fait avec sa propre vie. Au détriment de ses proches, et de chaleur humaine. Mais la musique ne remplit plus son vide, et il reste de la place pour les questions : Est-ce uniquement l'intransigeance envers lui-même qui prenait toute la place ? Ou son égo ? Seul, dans cette grande cathédrale musicale de bord de mer, Brander aura tout le temps de chercher les réponses… Et surtout d'éventuelles solutions. Car autant que l'âge, la solitude commence à lui peser. Il espère un nouveau départ, loin des rivalités médiatiques qu'il ne peut techniquement plus assumer, et qu'il est fatigué de craindre. Il va tenter de mettre son orgueil et son égoïsme de côté, pour remplir sa maison d'une vie nouvelle.





C'est là que Brander, le musicien de la perfection, qui a sacrifié son couple à sa gloire et se retrouve seul au moment de son déclin, rencontrera son voisin Lindell. Son miroir inverse, tout ce que Brander ne veut pas être… mais qui finalement les rapproche : un mari abandonné par sa femme, un musicien amateur qui s'amuse avec la musique dans un groupe… de rock ! On entend presque Brander penser, avec David Bowie : « le rock a toujours été la musique du diable. Je crois que le rock n'roll est dangereux. Je sens que nous nous dirigeons vers quelque chose d'encore plus ténébreux que nous-mêmes »… Ah mais justement, on s'y dirige et même tout droit, avec ces deux acolytes ! Alternant le point de vue de chacun au gré des circonstances, l'auteur nous fait pénétrer leurs âmes qui ont, comme celles de tout un chacun, leur part d'ombre - que l'on soit un chef célèbre, ou un psychologue de lycée altruiste et prônant l'entraide dans la communauté, comme Lindell. Tout ce que croyait vouloir fuir Brander en venant ici, en somme. A moins que ce ne soit tout ce à quoi il aspirait, secrètement, inconsciemment ?





Deux univers que tout oppose, sauf ce sentiment de solitude, d'abandon, et cette envie de vouloir de nouveau exister pour quelqu'un. Remplir sa vie avec des choses qui comptent, des choses qui resteront un peu plus. Une certaine stabilité… Une amitié ? de cette confrontation naîtra des doutes des deux côtés, des questionnements sur leurs chemins de vie respectifs. Des prises de bec mais de consciences aussi. L'auteur joue sa partition sur fond de terrorisme, d'écologie, de problèmes d'immigration, du pardon, du vivre ensemble, des ME TOO et compagnie. Mais loin de s'en servir de fourre-tout pour faire-valoir son livre, toutes ces notions demeurent en fond de l'histoire, d'importance inégale pour chaque personnage tout comme pour chaque lecteur, en fonction de ses propres vécus, convictions…





****



La musique n'est pas spécialement un univers qui m'attire en littérature ; Mais Bookycooky, a trouvé les mots pour me convaincre. Elle m'a dit : « Onee tu vas détester Brander, aimer Lindell, adorer les paysages, et la musique toujours présente, en tout cas tu t'ennuieras pas. Tu peux aussi envoyer des SMS à Brander, il adore ça et il parle bien l'anglais. ». Et en effet, très vite, je me suis sentie à l'aise, portée par un genre d'écriture que j'affectionne : fluide et simple, mais qui décrit les gestes et pensées au plus près des personnages. J'ai vécu leur histoire, même si je me sentais loin de leur vie de musiciens. Je n'ai pas détesté Brander, et certains côtés de Lindell m'ont même irritée. Mais c'est précisément ce qui a rendu ce livre, et ses personnages, profondément humains. de la confrontation de deux univers, qui se complètent malgré quelques fausses notes, nait une amitié qui sonne juste. Pas lisse, non, mais harmonieuse ; exactement fidèle au principe musical de tension-résolution. Et après tout, n'est-ce pas cela, l'amitié : un perpétuel accord à trouver ? Tout comme la musique rock ou populaire utilise la musique classique pour se faire valoir, et celle-ci revit aussi à travers celle-là.





Au total, une mélodie aussi attachante qu'intéressante qui, si elle n'est pas celle du bonheur, semble pouvoir et vouloir être celle de la résilience. Un roman polyphonique doux et plaisant, divertissant et réfléchissant. Deux « moi » en miroir, qui se scrutent et apprennent l'un de l'autre. Une réussite !





Allez, du ballet, mes p'tits rats de bibliothèque : je vous laisse avec la jolie Valse des flocon de neige, c'est de saison !

https://www.youtube.com/watch?v=zzThswTVExw
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Casa Triton

Finlande en musique. Un chef d’orchestre, mondialement connu, vient séjourner dans la maison hors-norme qu’il a fait construire en bord de mer. Son voisin a aussi une cinquantaine d’années, psychologue, veuf, pratique la pêche et fait de la musique de variété localement. Deux vies aux antipodes et pourtant une profonde amitié va naître.



Comme tout grand musicien, Lindell pratique une forme d’autisme et est imperméable aux soucis des autres. Et pourtant son voisin va lui demander d’intervenir auprès d’un jeune en difficulté.



Des pages qui semblent être une partition tant la musique y est présente. Une analyse fine sur de nombreux sujets actuels. Il y est même question de l’après Covid.

(Critique postée pour remercier Bookycooky de m’avoir conseillé ce livre.)
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Casa Triton

Chef d'orchestre de renommée internationale, Thomas Brander a sacrifié sa vie privée sur l'autel de la musique. Toujours entre deux tournées, il n'a jamais pris le temps de trouver son port d'attache, un chez-lui où il pourrait se resourcer entre deux concerts. Aussi voit-il les choses en grand quand il se décide enfin à faire construire une maison. En trop grand même pourrait dire son voisin Reinar Lindell quand il observe l'avancée des travaux de la Casa Triton, une villa, voire un château, en tout cas une construction incongrue sur cette petite île de l'archipel d'Helsinki. A priori Brander et Lindell n'ont rien en commun. le premier est froid, distant, égoïste, il collectionne les femmes, le second est psychologue scolaire, aime aider son prochain et pleure sa femme trop tôt décédée. Brander est chef d'orchestre et aussi un clarinettiste de talent, Lindell joue de la guitare -mal- dans un groupe amateur, principalement du rock et de la pop. Et pourtant, une amitié va naître entre ces deux hommes si différents. Car si dissemblables soient-ils, ils ont en commun leur solitude et leur recherche désespérée d'un bonheur qui semble vouloir leur échapper.



Deux hommes, une maison, la musique et une multitude de thèmes. Certains universels comme la solitude, l'amour, le deuil, la paternité, le pardon, le racisme, le succès, la vie et d'autres actuels comme l'écologie, les migrants, #MeToo ou le Covid.

En fond sonore, la musique, Ravel ou Brahms, les Beatles ou ABBA, sans oublier la mélodie de Kjell Westö, sensible, mélancolique, tourmentée, parfois discordante comme le triton, cette note du diable qui donne son nom à la maison de Thomas Brander. Un séjour cathédrale pour que la musique s'y épanouisse, un ascenseur pour rejoindre l'étage, une modernité aseptisée devaient faire de cette maison le lieu de rendez-vous à la fois cosy et impressionnant des amis du chef d'orchestre. Mais cette maison de vacances pourrait bien devenir son lieu de vie. Sa carrière périclite en même temps que de plus jeunes chefs d'orchestre prennent leur envol, son nom est éclaboussé par des accusations à caractère sexuel, sa dernière maîtresse le quitte et Brander refuse de voir qu'il n'a plus la flamme. Contrairement à son voisin qui se plie en quatre pour faire durer son groupe amateur. Il n'a pas le talent mais il a le feu de la passion. Même si la musique n'est pas toute sa vie. Il est impliqué dans la vie du village, s'intéresse à l'écologie, au sort des migrants et fait son possible pour aider ses amis.

Ces deux hommes vont se lier d'une amitié qui hésite, se cherche mais finit par être sincère et profonde. Chacun à leur manière, ils sont touchants. Brander qui tente de renouer avec son fils après l'avoir délaissé au profit d'une carrière où chaque jour est un combat pour rester sur le devant de la scène et Lindell qui entretient le souvenir de la femme aimée en niant tout ce qui n'allait pas dans son couple.

Après Nos souvenirs sont des fragments de rêve, roman auquel il fait une petite référence d'ailleurs, Kjell Westö signe avec Casa Triton le roman de la musique qui estompe les frontières. Une exploration touchante du coeur des hommes dans leurs fragilités, leurs doutes, leurs espoirs.

Et petit clin d'oeil à la pandémie mondiale. Dans le roman, la vie a repris son cours et masques, gel hydroalcoolique et gestes barrières ne sont plus en vigueur que lors des déplacements en avion. Puisse l'auteur avoir vu juste…



Merci à Babelio et aux éditions Autrement.
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Casa Triton

Sur une petite île de l’archipel d’Helsinki, le célèbre chef d’orchestre Thomas Brander se fait construire une somptueuse villa qu’il nomme « Casa Triton ».



Triton, cette harmonie de notes dissonante, quarte augmentée, « l’accord diabolique ».

Un intervalle musical qui diffuse un sentiment de malaise, une mélancolie troublante et tourmentée.



Brander est très exigeant dans l’exercice de son métier, tant envers ses musiciens qu’envers lui-même. De multiples bonnes raisons l’encouragent à « se rendre froid et insensible ». «Pour ne pas y laisser sa peau, se disait-il ». Quitte à passer pour égocentrique.

« Si on laissait trop de place à ses émotions, on ne pouvait pas déchiffrer l’empreinte subtile de ce qui avait traversé l’âme du compositeur. Et l’empathie mal placée était dangereuse, l’indulgence pour la faiblesse humaine un obstacle à l’art ».



Arrivé sur les lieux, Thomas fera la connaissance de son voisin Reidar Lindell, peu loquace, humble guitariste dans un groupe de musiciens amateurs, meurtri par la disparition de sa femme chérie.



L’originale rencontre de deux musiciens de milieux différents, leurs deux solitudes les rapprocheront et favoriseront les prémices d’une amitié.

Musique classique, musique populaire, Brander et Lindell, des personnalités très disparates, soumis aux mêmes failles et faiblesses du genre humain, sur fond de tragédies personnelles et drames d’actualité mondiale, à l’écart des foules sur une île finlandaise.

Devant certaines situations, Brander est plutôt désarmé, recentré sur lui-même il préfère fuir et se perdre dans sa musique, quant à Lindell il est de ceux qui agissent, avec bonté et détermination.

Mais tous les personnages sur cet archipel ont leur part d’ombres.



Vulnérabilité des hommes, fragilité des sentiments et réflexion sur le temps qui passe, musique et mélancolie, chaleur et sollicitude dissimulées derrière une apparente froideur, façade protectrice.



« Il se rappela que Sibelius voyait dans la grue un instrument à vent et que la tonalité de la majeur lui évoquait la couleur bleue, alors que ré majeur était jaune. Il se demande pourquoi la grue n’avait pas encore migré, avait-elle perdu ses compagnons de route, son orchestre ? »



Dans cette nature, j’ai totalement adhéré à la sensation de conjuguer une œuvre choisie avec les éléments qui nous entourent. Il est très clair que ressenti et nature environnante évoquent au musicien une œuvre en particulier.

Notre état d’esprit peut y voir une inspiration ou comme Brander une « prison sonore ».

« La musique recommença dans la tête de Brander, à présent c’était « le Chœur des vents de la Tempête ».

« A chacun sa prison, pensa-t-il : lui était prisonnier des sons et de sa propre imagination, ce jeune homme assis devant lui était prisonnier de son statut de réfugié».



Une première belle rencontre pour moi avec l’auteur, grâce à Babelio et à la critique de Bookycooky.



« Les passereaux et les oiseaux de la forêt avaient démarré au même moment, et les piverts donnaient le rythme avec leurs roulements de tambour boisés. Les chants de l’aube et les trilles d’avertissement résonnaient dans toutes les tonalités à la fois, comme une partition dodécaphonique pour jardin et forêt ».



Un roman qui explore les émotions et leurs nuances, les déclinaisons de la Nature, humaine et environnante.

Symphonie (dé)concertante.



Clin d’œil au concerto pour clarinette de Mozart et son adagio qui résonne en moi tel un diapason d’apaisement.

Limpide, cristallin.

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Casa Triton

Loin du monde, sur une île d’un archipel finlandais, deux voisins font connaissance. Tous deux ont dépassé la cinquantaine, tous deux sont seuls, tous deux ont un unique enfant parti vivre au loin, tous deux sont musiciens… Thomas Brander, chef d’orchestre à la renommée internationale mais dans la phase descendante de sa carrière, s’est fait construire une magnifique demeure, la Casa Triton, de la taille d’une église pour l'emplir de musique. Divorcé, il supporte mal sa rupture avec une jeune musicienne, Krista, qui s’affiche ouvertement avec un concurrent plus jeune…Son fils, Vincent, lui rend de rares visites. Sa fortune et sa célébrité rendent sa solitude encore plus amère…



A quelques distances de chez lui, vit Reinar Lindell, psychologue de métier, veuf inconsolable. Sa femme Madeleine est morte d’un cancer, sa fille Maja voyage à travers le monde. Il anime un groupe de musiciens amateurs qui joue le samedi soir dans le café du village des reprises de groupes populaires, blues, rock, soul…De condition beaucoup plus modeste, il se lie malgré tout une amitié entre ces deux hommes qui vont évoluer au contact l’un de l’autre. Face à la beauté de cette nature touchée elle aussi par les changements climatiques, se jouent également les drames de notre société. Les attentats du terrorisme islamique, le problème des migrants, la radicalisation des jeunes, la récession économique, le rôle des réseaux sociaux, la crise sanitaire due au Covid, tous problèmes qui les atteignent dans ce petit coin de paradis, lieu géopolitique stratégique.



Bref un roman à la fois dépaysant et actuel, un peu technique parfois mais c’est ce qui fait aussi son charme…Car si Thomas est obsédé par la perfection de la performance musicale, Reinar recherche surtout le plaisir d’être ensemble et d’offrir quelques heures de délassement à ses auditeurs. Deux publics apparemment différents voir opposés mais la passion de la musique qui a réuni les deux hommes va finalement permettre de vaincre ces frontières. Merci à Babelio et aux éditions Autrement pour ce très beau livre.

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Casa Triton

Vous le savez probablement, ou peut-être pas d'ailleurs, mais je suis une grande fan de fantasy, sauf que je ne supporte pas ne pas m'ouvrir aux autres genres littéraires, donc me voici à choisir un livre pour la Masse Critique de Babelio (D'ailleurs merci pour l'envoi) et je tombe sur la Casa Triton. Déjà la couverture est canon (c'est d'ailleurs elle qui m'a fait arrêter de scroller !) ensuite vient le résumé qui m'a accrochée ! C'est une histoire à couper le souffle, très actuel, pleins de sujets sont merveilleusement bien abordés tel que le racisme, l'écologie, la solitude et j'en passe ! La plume de l'auteur est impactante, ça permet d'éveiller les esprits, de nous poser pas mal de questions sur l'humain dans son intégralité. C'est également une histoire d'amitié, de passion et d'accepter ; un super cocktail pour passer un agréable moment de lecture ! Je m'égare car à la base c'est un livre qui parle musique ! Nous y suivons deux protagonistes en particulier ; le célèbre chef d'orchestre Brander et Lindell qui fait partie d'un groupe amateur de musique, il m'a d'ailleurs énormément touché avec son parcours. J'ai trouvé les personnages décrits à merveille, ils sont touchants et par fois agaçants mais humains, entier, je trouve c'est traits de caractères très importants et essentiels pour s'immerger dans l'histoire. En bref, vous l'aurez compris, j'ai été enchantée de lire un tel livre, c'était intense, je vais suivre Kjell Westö de très très près.
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Casa Triton

Ah là là les bouquins ! Heureusement qu’ils sont là ! En plein confinement me voici projetée de la Cisjordanie à un village sur la côte sud-ouest de la Finlande.



C’est l’histoire d’une amitié d’emblée improbable entre un chef d’orchestre de renommée mondiale et un psychologue veuf, musicien amateur de musique tout genre , son voisin, à Ravais, un bled en bord de mer. Le premier vient de s'y faire construire une maison estivale, "La Casa Triton". Le chef s'appelle Thomas Brander, le psy Reider Lindell, deux mondes apparemment aux antipodes et pourtant.....ils vont apprendre à se faire confiance, et essayer de partager leurs musiques, leurs passés et leurs solitudes.



Westö , écrivain finlandais sudophone que je viens de découvrir avec ce premier roman m'a fascinée. Ce livre dont le troisième personnage est la musique, vibre comme une partition, tellement l'émotion présente y est forte avec ou sans musique.

Lindell est un homme engagé pour son prochain, la musique et la pêche sont ses distractions. Brander, un homme égoïste, ne vit la vie qu'à travers la musique, "Le paysage résonnait différemment à présent. C’était une musique brute, écho d’un monde ancien qui se serait brisé –comme du Bartók ou du Janáček". Même le nom de sa nouvelle maison "Triton " s'y réfère, un intervalle interdit en musique. Un intervalle qui a été prohibé pendant des siècles car on considérait qu’il pouvait invoquer le diable une fois joué. Malgré son nom de mauvaise augure qui semble être une plaisanterie, va-t-il lui être un havre idyllique comme il en rêve depuis son enfance ou au contraire maléfique vu les difficultés qui s'amoncellent côté vie privée, professionnelle et autres ? "—Tu t’es construit une maison fantastique, mais tu fais une tête d’enterrement,...."lui en fera la remarque un de ses amis.



Une histoire passionnante agrémentée de sujets d'actualité brûlante, surtout chers aux pays nordiques "à tolérance zéro" : les problèmes écologiques, le problème des réfugiés, le terrorisme, le racisme et le mouvement MeToo devenu une arme de vengeance à toute sauce, même si sur le fond il n'y a peut-être rien eu de bénin . Westö y sonde les tréfonds de l'âme des deux protagonistes. Une psychologie fouillée qui démontre habilement que quel que ce soit nos origines, notre éducation, notre renommé, notre statut sociale, nos moyens économiques.....nous sommes identiques, dans le fond, ayant les mêmes peurs, les mêmes angoisses, les mêmes frustrations, ainsi que les mêmes besoins de bases , l'amitié, l'amour, la reconnaissance, l'empathie, la gentillesse......denrées devenues rares dans notre monde actuel....et nous terminons tous notre chemin au même endroit. Écrit en plein pandémie, il en parle aussi assez curieusement, même prémonitoire, dirais-je.......



Westö fin psychologue a concocté un superbe roman chargé de questions sur la fragilité humaine , qui parle très simplement du complexe avec une apothéose formidable sur le pardon . Un livre qu'on lit d'une traite que j'ai beaucoup beaucoup aimé.

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Casa Triton



C’est un roman qui parle de la vie, de la solitude et de la musique. Et une question se pose tout le long du récit : la musique est-elle le meilleur remède contre la solitude? Ou l’inverse: un fou de musique s’enferme-t-il progressivement dans une solitude absolue? C’est aussi un roman sur le conflit des générations.





On fait la connaissance de deux hommes solitaires, deux musiciens cinquantenaires, l’un est un célèbre chef d’orchestre sur le déclin, l’autre est un guitariste médiocre qui joue au sein d’un groupe amateur de la country, du blues et du jazz, dans les cafés de la région. Ils sont devenus voisins, chacun dans sa villa au bord de la mer Baltique, sur une île de l’archipel d’Helsinki. Ils se rencontrent. Brander, le chef d’orchestre aime toujours Krista, violoniste, qui l’a quitté pour un chef d’orchestre plus jeune. Lindell, le guitariste pense sans cesse à Madeleine, sa femme bien aimée, qui est décédée il y a quelques années. Ces souvenirs des jours heureux les obsèdent l’un et l’autre.





Au fur et à mesure de ses engagements, Brander voit les critiques devenir de plus en plus mauvaises, que ce soit concernant ses interprétations de Mozart, de Sibelius, de Britten ou de Brahms. Brander broie du noir. Et le désespoir le guette quand il se retrouve tout seul, dans son immense demeure, la Casa Triton, dont la construction vient tout juste d’être achevée. De son côté, le groupe de musiciens dans lequel se produit Lindell, joue de malchance : les uns après les autres, les membres ont des problèmes de santé qui affectent leur prestation musicale.





C’est un beau texte où la musique est omniprésente. Car ces deux musiciens écoutent de la musique, jouent leurs morceaux favoris, donnent des concerts, et de plus associent des situations de la vie courante à des oeuvres musicales qu’ils vont fredonner ou garder en tête. C’est aussi un texte qui nous interroge. Peut-on vivre seul, en conflit avec ses enfants - qui se sont éloignés - et sans amour, juste avec ses souvenirs et la musique comme compagnons?
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Casa Triton

Thomas est un chef d'orchestre reconnu en Finlande. Il décide de construire une immense maison à Ravais , village finlandais au sud du pays, les pieds dans l'eau. Il fait connaissance avec son voisin , psychologue scolaire, lui aussi dans la musique , mais à un niveau bien plus humble.



Très beau roman , de la même qualité que Nos souvenirs sont des fragments de rêves.

L'auteur fouille ses personnages au scalpel et nous fait partager leurs doutes, leur joies, leurs fautes, leurs travers, leur générosité.

Il y a beaucoup de complexité chez cet auteur malgré des apparences simples. Rien n'est binaire , rien n'est jamais perdu ou gagné . Chaque jour est une remise en cause .

Comme pour le livre précédent, les thèmes contemporains sont abordés : Les migrants, le réchauffement climatique et ses conséquences dans ces contrées septentrionales, la résurgence d'idéologies que l'on pouvait espérer enfouies dans un bunker...

Il est surtout question d'êtres humains qui vieillissent, qui se cherchent, qui doutent et scrutent les autres pour se confronter, se rassurer ou s'inquiéter dans un monde en mouvement qui semble leur échapper .

Beaucoup de musique aussi , la confrontation de la "grande musique" et de l'autre qui renforce encore plus la rencontre de deux hommes que tout sépare.

Un livre formidable où le style l'auteur et sa faculté à aborder les faits sous différents angles ajoute encore un peu plus de plaisir .

On a beaucoup, parlé de la littérature scandinave à travers ses policiers.

Il est vrai que Mankell ou Nesbo m'ont emballé mais Kjell Westö est clairement un auteur à découvrir !

Enfin , dans ce roman , le Covid semble faire partie du passé. Une autre raison d'y accorder un intérêt !
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Casa Triton

Je ne sais pas réellement ce qui est à la source du plaisir de lire Kjell Westö mais ses romans sonnent toujours juste à mes oreilles. Et Casa Triton n'échappe pas à ce constat, bien qu'il y règne une atmosphère d'anxiété diffuse, une mélancolie inquiète, un sentiment de défaite dans cette histoire d'une étoile qui ne sait pas qu'elle ne brille plus. Un chef d'orchestre décrit comme «un métronome grisonnant» en quête d'une sérénité à laquelle il espère accéder en bâtissant une villa écrasante de béton plus haut édifice après l'église dans un village insulaire où il compte se réfugier entre deux tournées mondiales.

Mais kjell Westö ne laisse pas son personnage réorganiser son monde comme il l'entend. L'histoire se révèle pleine de dissonances furtives, de relations conflictuelles, de confrontations, alors que le monde extérieur grinçant, planant comme un nuage assombrissant l'horizon, invite au repli sur soi ou à l'effacement. Et que dire de ce voisin au profil fort dissemblable de bon samaritain qui, en portant toute la communauté insulaire sur ses épaules, menace la tranquillité de notre vieil homme...



On retrouve dans Casa Triton, ce qui a fait le succès de l'auteur : une certaine facilité à semer le trouble, à capturer dans l'air du temps les traces et les résonances qui suggèrent un sentiment de réticence ou d'insécurité. Il dessine à merveille les ambiances et univers inquiétants de manière à faire vibrer les cordes de la fragilité humaine. Car bien que l'orgueil de notre chef d'orchestre empêche la vérité de circuler, on s'aperçoit qu'il n'y a pas dans ce roman de gens à mépriser. L'auteur se garde de juger, il se contente de décrire une époque, notre époque, et certainement sa génération qui doit composer avec le monde tel qu'il est.

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Le malheur d'être un Skrake

Victor, parvenu à 38 ans a quitté son rémunérateur travail dans la presse et la publicité, il est revenu dans la maison de son enfance, et fait en quelque sorte le bilan de sa vie, en particulier en revenant sur son histoire familiale et en premier lieu sur l'existence et la malchance persistante de son père, qui ont évidemment marqué sa propre destinée. C'est en fait trois générations de cette famille de Finlandais svédophones qu'il nous conte par petites touches, en ne suivant pas toujours forcement l'ordre chronologiques, en donnant la place centrale aux hommes de la famille: Bruno, son grand-père homme d'affaires, son frère Leo, professeur aux méthodes d'enseignement iconoclastes, Werner son père, pêcheur, lanceur de marteau, écrivain et tant de choses encore, et enfin le narrateur lui-même.



Au-delà de cette histoire familiale, c'est aussi l'histoire sur un presqu'un siècle de la Finlande, et de ces fameux Finlandais svédophones, dont Victor, comme l'auteur lui-même est un représentant.



Même si le livre est parcouru par moments d'une douce folie et de cocasserie, les sentiments qui se dégagent le plus à mon sens de ce récit, sont la mélancolie, une douce tristesse, le regret des choses rêvées et inaccomplies, une profonde poésie des petites choses du quotidien, un sentiment d'échec et d'insatisfaction des personnages, sans que l'on puisse vraiment saisir ce qui le provoque, ce qui a dérapé, à quel moment et pourquoi. Il y a aussi le regret d'un monde qui disparaît sans espoir de retour, avec son charme et sa beauté, sa simplicité aussi, et l'agitation, la laideur, et la banalité du monde qui le remplace.



Werner, qui est le personnage au centre du récit, beaucoup plus qu'un malchanceux chronique, est pour moi un dilettante, quelqu'un qui fait les choses parce qu'il aime les faire, au moment et de la façon qui lui conviennent le mieux, sans forcement avoir en tête la performance, l'efficacité, le rendement optimum. Et c'est pour cela qu'il est condamné, qu'il appartient au passé, qu'il n'a plus sa place dans un monde qui devient celui de professionnels dont l'objectif est l'efficience maximum, le geste le plus juste et le plus économe et non pas le plus beau ou celui qui apporte le plus de plaisir.



Et puis avant d'être malchanceux, tous ces Skrake, me paraissent avant tout inaptes au bonheur, ils ratent toujours le bon moment où les choses pourraient basculer, comme Victor qui ne retient pas Jinx, et ne construit pas avec elle une véritable relation, autour de cet enfant qui est peut être son fils. Mais les Skrake ne s'aiment pas assez eux mêmes pour pouvoir manifester suffisamment d'amour aux gens auxquels ils tiennent, et finissent seuls.



L'auteur sait nous les rendre attachants, nous émeut et nous intéresse à leur histoire, et j'ai été ravie de découvrir ce beau roman. Une petite réserve toutefois, je pense que le livre aurait gagné à être un peu resserré, à faire quelques dizaines de pages de moins, là par moments il y a quelques répétitions et redites, par exemples on nous annonce tellement le fameux grand jet de Werner, que lorsqu'il arrive j'ai été presque déçue. Mais c'est une réserve mineure, et si vous avez envie l'envie ou l'occasion de partir à la rencontre des Skrake, n'hésitez pas, je crois que vous ne regretterez pas ce voyage en Finlande qui parle suédois.

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Le malheur d'être un Skrake

Saviez vous que l'année 52 a été pour la Finlande, l'année magique ?

La dette de guerre envers la Russie est remboursée, le pays se prépare à accueillir les jeux olympiques, c'est un hongrois qui gagna le concours du lancer de marteau avec un jet de 60 mètres et 34 centimètres, Armi Kuusela a été élue miss univers....

L'année 52 une année de rêve peut être mais pendant ce temps là, les époux Rosenberg attendent la mort, il y a la guerre en Corée ....

Les finlandais, en général, assistent en direct au débarquement d'un nouveau mode de vie ! Inimaginable de nos jours.

C'est une histoire de ce temps là, de la jeunesse de Viktor, le coureur de fond, narrateur de l'histoire de sa famille les Skrake et de ce qui à amener le malheur sur Werner, le lanceur de marteau, le roi des dilettantes, celui qui a toujours raté aux derniers moments son instant d'éternité.

Werner nous raconte qu'il pensait simplement aux filles, quand il a cassé les bouteilles.

Viktor essaie de nous parler de lui, "une fois que nous avons quitté le nid et commencé à regarder autour de nous, notre existence est faite de fragments qui voltigent çà et là", toujours au travers de son père ou de son grand père, avec l'aide de sa mère, de sa grand mère ou de son oncle.

Le poids de la famille est essentiel pour essayer de reconstituer une histoire, l'histoire qui a permis à un petit Viktor de s'affranchir de ce qu'aurait dû être sa vie pour enfin essayer de la vivre ... mais finalement n'est ce pas ce que chacun de nous essaie de faire !

Laissons la conclusion à Viktor ou à l'auteur :

"Pendant douze mois, j'ai eu une passion : vous raconter des histoires.

J'ai fait de mon mieux pour tenter de vous les rendre dans toute leur beauté, leur caractère mélancolique et leur cruauté, j'ai voulu que vous les sentiez à la manière d'une main sur votre peau.

Mais je ne peux m'empêcher de nourrir un soupçon : à savoir que Werner aussi bien que Léo les auraient racontées mieux que moi."

Et bien soyez rassuré Kjell, vous avez su caresser notre esprit avec vos fragments d'émotions ... n'est ce pas ce qu'on recherche au travers de la littérature !

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Les sept livres de Helsingfors

Malgré l'épaisseur du livre, qui peut rebuter, on se plonge dans cette superbe fresque historique, sans se lasser. On découvre l'évolution, sur une cinquantaine d'années, d'un pays méconnu chez nous, pourtant à l'histoire riche: la Finlande. Tout y passe: du plus sérieux -les guerres qu'a traversées le pays- au plus léger -les exploits sportifs ou la mode vestimentaire. C'est une grande réussite.
Lien : http://www.polardesglaces.com/
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Les sept livres de Helsingfors

Une merveille...
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Les sept livres de Helsingfors

Avant de commencer les indispensables :

La Finlande n'existe en tant que pays qu'à partir de 1905, avant, elle est sous domination suédoise... 1905 elle devient un grand duché de Russie.... elle obtient son indépendance en 1917.

Helsingfors est le nom suédois d'Helsinki.

La première guerre mondiale est appelée guerre civile par les rouges, guerre de libération par les blancs.

De même si vous cherchez sur une carte Åbo, que vous ne trouverez pas, sachez qu'il s'agit de Turku, nom suédois donné à la plus grande ville de cette époque, Helsingfors n'est devenu la capitale que du temps des russes !



Livre saga qui nous familiarise avec l'histoire de la Finlande entre 1905 et 1938.

La présentation tient compte de la chronologie et découpe l'histoire en sept livres, sept périodes choisies pour illustrer ce qu'a été et ce qu'est la Finlande aujourd'hui.



Avec le livre premier, tout commence avec l'histoire d'Allan ou d'Allu le taciturne, d'Éric ou Eccu, de Louise ou Lucy, dans l'helsingfors et d'Ivar ou d'I-r son pseudonyme journalistique dans l'Åbo, tout ça au début des années 1900...(1905-1917)...



Le livre deuxième nous ballade de janvier à mai 1918, dans cette guerre civile qui fit s'affronter les blancs et les rouges, les partisans des Allemands et ceux des russes.

Les rouges ont gagné et n'ont pas massacré les blancs.



Le livre troisième nous amène d'avril à juillet 1922, c'est la revanche de la guerre de classe ... les blancs se vengent des rouges, les écrasent, les tuent, un vrai massacre. Les aristocrates punissent ceux qui ont pris le pouvoir pendant quelques temps. Les idées évoluent, certains blancs commencent à se poser des questions et n'excluent pas que des idées nouvelles doivent émergées. Quelque chose d'autre doit être créé, on doit penser différemment dans l'art photographique comme dans le reste.



Le livre quatrième de 1924 à 1925, extrait de correspondance d'Allu sur ses bateaux, d'Eccu lors de son séjour en maison de repos, de Lucy et de sa découverte de Paris, et d'Ivar l'instituteur raté, le journaliste raté, l'écrivain raté ... ils prennent tous de la distance par rapport à leur ville, rentrer ou pas, découvrir le monde ou pas , les questions de chacun face à ses choix de vie !



Le livre cinquième, 1926-1928, n'est que le récit, des étés de Helsingfors, le premier, celui où la musique arriva, été d'insouciance, de folie, de fête et de musique, le second celui où il ne cessa de pleuvoir, la fête est finie, chacun essaie de tenir son cap, période vécue avec plus ou moins de bonheur...



Le livre sixième, 1929-1932, la misère s'installe petit à petit, les destins changent, la misère de certains devient encore plus insupportable, la réussite d'autres se concrétise de plus en plus. Les tourments se chargent de plus en plus de folie et de dégringolade dans l'alcool et la drogue, les convictions politiques et les sentiments humanitaires s'affirment .... et les années passent.



Le livre septième, 1936-1938, l'évolution de la situation économique permet à certains de récupérer des miettes de bien être, les convictions se forgent pour le meilleur ou pour le pire, un dernier tour d'horizon dans la vie des quatre personnages avec lesquels nous avons passé de si bon moment ..... nous les laissons à la veille d' un conflit particulièrement compliqué pour les finlandais.



La seconde guerre mondiale se déroulera en Finlande en trois phases :

Guerre d'hiver (1939-1940)

Guerre de continuation (1941-1944)

Guerre de Laponie (1944-1945)....

Le livre "un mirage finlandais" viendra nous rendre compte de l'histoire de ce pays à partir de 1938.



Je rapproche les livres de cet auteur d'une chronique norvégienne concernant aussi le XXe siècle à Bergen , "le roman de Bergen" de Gunnar Staalesen,

Nous sommes dans un essai littéraire qui essaie de nous montrer à quoi ressemble ce pays enclavé entre les deux monstres qui ont sévi durant cette période.

Passionnant et le tout dans un style, limpide, délicat parfois humoristique et toujours sensible.

Il me reste à lire "le malheur d'être un Skrake"

Où il semblerait que l'on retrouve l'un des protagonistes de ce roman !

Un jour je relirai le tout mais peut être en essayant de respecter la chronologie
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Nos souvenirs sont des fragments de rêves

Le cœur du livre - l'histoire d'amour moderne et pas à l'eau de rose - est bon, voir très bon. Pendant une grosse centaine de pages, l'auteur sait nous happer dans l'univers de son héros, avec une grande subtilité humaine sans donner dans le cliché. Mais voila, le livre compte plus de 400 pages supplémentaires.



Toute la vie du héros est racontée avec grande précision, donnant un style que j'ai trouvé lourd et manquant d'élan à la grande majorité du livre. C'est visiblement un style recherché, puisqu'il le vante lui-même en mettant en scène son auteur :

" Joue-moi Galveston était une fiction de la première à la dernière page, une pure invention ;

j'en ai toutefois composé les scènes avec une précision et une prudence qui, dans l'instant de l'écriture, m'apparaissaient angoissantes mais se sont révélées bénéfiques pour le récit : j'écrivais mieux quand je n’assommais pas le lecteur de sentiments et d'interprétations comme j'en avais l'habitude jusque-là.".

Personnellement, je n'adhère pas. C'est d'autant plus dommage que ça noie un peu certaines descriptions bien écrites dans une masse de détails inintéressants et bien peu poétiques. Un exemple :

" L'idée d'écouter au cours de la soirée /Une heure avec.../ venait de moi. Le concept de cette série d'émissions de radio diffusées pendant l'été reposait sur un entretien entrecoupé de plages musicales pendant soixante minutes, parfois quatre-vingt-dix, avec une personnalité du monde culturel. Le format existait sur P1, l'une des stations du service public suédois, et sur Radio Vega, la station suédophone de la radio-télévision publique finlandaise. Il était possible de les télécharger en podcast juste après la diffusion et j'avais pour habitude d'en écouter une par soir."



Côté "intrigue" on a droit à une petite introduction façon thriller comme prétexte aux souvenirs, dont on ne verra réémerger le thème qu'en fin de roman. Au début comme à la fin, j'ai trouvé cet élément raté, un peu convenu, peu crédible, sans âme et sans rythme. On a ensuite un récit de l'enfance du héros et de son amitié absolue avec un enfant de la haute société dans leur manoir. Le récit se teinte de touches nostalgiques sans tabou. Ici, la petite sœur fait office au mieux de figurante. Le récit bascule ensuite sur l'histoire d'amour avec elle, et là c'est au tour de la plupart des autres éléments de faire office de décor pour une histoire bien montée, avec des sentiments globalement plus réalistes et lucides que romanesque, et une vision de l'amour plus réfléchie et remise en question que ce que l'on voit bien trop souvent. Cet élément persiste dans la (très) longue suite du roman, racontant la vie et l'évolution (la stagnation ?) sentimentale du héros. Là, le récit se perd un peu en tout et rien. On suit vaguement le devenir des différents personnages sans s'y attacher et les bons points sont noyés. C'est dommage, parce que la vision de la maturité en tant que célibataire endurci, la vision des amours libres à moitié assumées seulement, la vision de la famille à travers le temps sont des thèmes traités avec originalité pour le monde littéraire. On sort un peu (encore qu’avec une analyse étonnamment timide sur certains sujets, mais c'est moi) des schémas de genre ou maritaux classiques sans en faire des tonnes ou être volontairement original et ça c'est chouette. Avec un raté sur la bisexualité quand même, trop mise en scène et qui cette fois n'évite pas le cliché. La capitalisme avec le profit à tout prix est plus ou moins dénoncé, mais c'est d'avantage un vague décor qu'un thème réellement abordé. Tant mieux, parce que le traitement n'en est pas bien profond, comme celui du terrorisme qui en plus tombe un peu comme un cheveu sur la soupe.



En bref, un avis en demie-teinte mais surtout : Quel dommage !
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Nos souvenirs sont des fragments de rêves

J'ai eu la chance de gagner ce roman dans un concours, ainsi j'ai eu l'occasion de lire pour la première fois un auteur finlandais. J'aime beaucoup les sagas et la quatrième de couverture qui parlait d'une histoire portée par "un souffle irrésistible" était plus qu'alléchante.



Le narrateur, un écrivain quinquagénaire nous confie son histoire. Enfant, il se lie d'amitié avec Stella et Alex Rabbell, une fratrie issue d'une riche famille d'entrepreneurs, il ne se doute pas alors que sa vie entière sera marquée par cette relation.



Nous suivons les différentes étapes de la vie des personnages, une enfance pas toujours tendre, une adolescence parfois tumultueuse jusqu'à l'âge adulte un peu plus sage. Des années soixante-dix jusqu'à nos jours c'est le portrait de toute une génération et de toute une époque qui nous est merveilleusement dépeint.



J'ai beaucoup aimé cette histoire qui m'a fait penser au roman de Jens Christian Grondahl "Les portes de fer" où le narrateur, arrivé à l'âge mûr, dresse le bilan de sa vie et des amours qui l'ont enrichie.



A la fois un roman d'apprentissage et une histoire d'amour cette saga a été aussi la découverte d'un pays que je connaissais mal, ses paysages et son climat, ses mœurs et ses deux langues (suédois et finlandais). Riche et romanesque à souhait ce pavé se dévore, j'ai eu vraiment du mal à le lâcher et à chaque fois je m'y replongeais avec plaisir. Une très très belle découverte.
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Nos souvenirs sont des fragments de rêves

Avec un titre comme Nos souvenirs sont des fragments de rêve, compliqué d’ajouter un sous-titre mais si je n’avais pas craint les titres à rallonge, j’aurais écrit : une magnifique histoire d’amour et une saga romanesque en Finlande sur plus de 50 ans. Ceci étant, c’est juste le titre, dans un premier temps, qui m’a donné envie d’attraper ce gros roman (600 pages), d’aller plus loin que le bandeau que je soupçonne toujours d’être un peu racoleur (ici « on n’oublie jamais un amour de jeunesse »…bon ok cela a joué dans mon envie de lire le livre), d’aller lire en diagonale la quatrième de couverture (pitié ne faites pas comme ses bande-annonces de film qui ne laissent plus beaucoup de surprises). Là mes yeux ont croisé les mots « saga » « destin » « passion dévorante », l’éditeur m’avait presque pris dans ses filets. Il m’a porté le coup fatal en comparant le livre à Bienvenue au club de Jonathan Coe et aux Intéressants de Meg Wolitzer, deux romans que j’ai beaucoup aimé.



Je me suis longtemps demandée pourquoi l’auteur avait choisi ce titre pour son roman, jusqu’à ce que je tombe sur cette phrase prononcée par un des personnages. Et il est bien question de souvenirs ici puisque le narrateur replonge dans ses souvenirs d’enfance, d’adolescence, de jeune homme et d’adulte pour nous raconter l’histoire d’amour intense qui a traversé sa vie. Quelle est la part de « vérité » dans nos souvenirs ? est ce notre mémoire n’enjolive pas toujours et même ne reconstitue-t-elle pas certains épisodes parfois pour nous permettre d’avancer ? C’est une des questions que pose Nos souvenirs sont des fragments de rêve.*



L’auteur s’interroge aussi sur la « viabilité » d’une histoire d’amour sur la durée entre des personnes de classes sociales différentes : est ce que Roméo et Juliette auraient filé le parfait amour si leurs familles avaient accepté qu’ils soient ensemble ? Le narrateur est issu de la classe moyenne, son père n’est « que » vendeur dans des magasins d’outillage et voilà qu’il rencontre, lors de vacances d’été, Alex, fils d’une dynastie aisée d’entrepreneurs.



Si les tensions nées de leurs différences sociales seront toujours présentes malgré une amitié persistante, c’est surtout à travers l’histoire d’amour entre le narrateur et Stella (la soeur d’Alex) que cette question revient. Eux deux c’est « with or without you » : ils s’aiment passionnément puis se quittent, puis se retrouvent comme si malgré leur amour (et quand on lit les descriptions de Stella faites par le narrateur on n’en doute pas une minute tant il est subjugué par elle, au fil des années) ils ne pouvaient être heureux ni ensemble ni séparés.





Souvent le narrateur est le personnage principal, celui dont on sait le plus de choses lorsqu’on referme le roman avec lequel on a passé tant d’heures. Ici cela aurait été d’autant plus logique que le fil conducteur de Nos souvenirs sont des fragments de rêve est la vie du narrateur. Pourtant il n’a pas de prénom et il semble flotter dans sa vie professionnelle entre enseignant et écrivain.



L’auteur choisit de donner toute leur place aux autres personnages : Alex et Stella bien-sur mais aussi leurs parents et grands parents, les parents du narrateur (avec de très belles pages sur les relations parents-enfants qui, un jour, semblent presque s’inverser quand les premiers vieillissent mais aussi sur le fait que parfois on manque de curiosité à leur égard, les cantonnant à leur rôle de parents et quand ils disparaissent c’est trop tard pour apprendre à les connaître vraiment), Linda, la femme avec qui le narrateur vient se consoler après ses ruptures mais encore le très réussi personnage de Sandrine, la fille de Stella. Aucun n’est sacrifié et tous participent au souffle épique de cette superbe saga.



Ce demi-siècle est non seulement jalonné par toutes les étapes de la vie des personnages mais aussi par l’actualité politique européenne (la catastrophe de Tchernobyl, la tuerie à Charlie Hebdo, le sort des migrants, la crise économique, les attentats de Madrid, l’histoire de la Finlande que je connais peu).

Nos souvenirs sont des fragments de rêve, un roman fait pour vous ?



Si vous aimez les sagas, si vous aimez les histoires d’amour brûlantes, si vous avez envie d’être transporté loin en Finlande (à Helsinski et sur l’île de Drumsö que j’ai imaginée, au fur et à mesure de ma lecture, comme un petit paradis), il y a de très fortes chances pour que vous plongiez avec plaisir-et sans vouloir remonter à la surface- dans Nos souvenirs sont des fragments de rêve.
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