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Critiques de L.L. Kloetzer (95)
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Noon, tome 1 : Du soleil noir

Lorsque j’ai appris que Laure et Laurent Kloetzer publiaient un roman en forme d’hommage au cycle des Épées de Fritz Leiber, mon flipper neuronal a tilté. Fifrildi et moi avons décidé de le lire ensemble. C’est toujours un plaisir.



L’idée de l’hommage a malheureusement provoqué un biais chez moi, à savoir que je ne pouvais m’empêcher de comparer ce que je lisais avec le cycle de Leiber, de repérer les ressemblances et les différences, ignorant l’aspect original de l’œuvre. Fifrildi n’ayant pas lu Leiber, elle vous donnera une vision libérée de ce biais. C’est mieux.



Et alors, ça ressemble ou pas ?

Pour le décor, oui, ça colle ; au point qu’on pourrait coller une carte de Nehwon – le monde de Leiber – sur la géographie du roman de L.L. Kloetzer. On repère des lieux typiques de la ville de Lankhmar comme le palais ou l’allée des dieux. Les auteurs ne nomment pas les lieux de la même manière, comme si on était dans un univers légèrement parallèle (peut-être une question de droits d’auteur ?). J’ai eu l’impression de reconnaître un peu Byzance, de même que l’Octopole faisait penser aux duchés italiens de la Renaissance.

On retrouve aussi les mingols… et les rats !



L’ambiance de la ville ressemble assez aussi : des lieux sélect mais surtout des lieux crasseux, dangereux, des habitants presque tous roublards, comme si le but de l’existence était de délester son prochain de ses deniers, voire de sa vie. Toutefois, niveau roublardise, on est un ton en dessous de Leiber, car il se trouve quand même des personnages, bizarres peut-être, mais honorables (chez Leiber il faut se méfier de tout le monde, ses deux héros compris).

C’est surtout l’humour qui est en retrait. En lisant Leiber, je me mettais spontanément en mode « pas sérieux-désinvolte », comme devant Gaston Lagaffe ou Achille Talon. Les deux héros étaient haut en couleur, dangereux, mais drôles dans leurs paroles et leurs réflexions. Yors et Noon n’ont rien à voir. Yors a le profil vieux soldat mercenaire, peut-être un peu voleur, qui a bourlingué, mais il se comporte un peu trop comme un valet obéissant avec Noon. Il suit les règles administratives (corruption inclue) et il fait peu de vagues. Il est intelligent cela dit. Et sympathique.

Noon est beaucoup plus mystérieux. C’est un magicien, un vrai, qui n’abuse pas de son don (pourquoi utiliser la magie pour sortir d’un puits quand on a une corde ?). C’est un étranger à la ville et sa politesse contraste. Il n’est pas vénal (là on n’est pas dans Leiber), tellement que ça en devient inquiétant pour les finances quand il s’acharne à refuser des clients (une série de chapitres assez frustrants). Il aime bien les squelettes. Surtout, il a cet espèce de don de projeter son « être astral » dans un univers ténébreux qui pourrait être le royaume de la mort. Ces passages sont excellents.



Et l’intrigue ? Elle est très resserrée, engoncée dans ce tome de présentation, mais bien fichue. Une histoire de médaillon issu du fond des âges recherché par un sorcier immortel et son dieu-serpent. Elle manque de quand même de dynamisme et la fin est expédiée. L’intrigue n’est pas le sujet principal ici. On plante le décor. La véritable héroïne, c’est la ville.



Qui dit tome de présentation dit suite, qui devrait sortir bientôt. Ça sent le cycle long. Je lirai probablement, en espérant me débarrasser de ce biais Leiber.

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Noon, tome 1 : Du soleil noir

Merci à BazaR de m'avoir invitée à lire ce livre avec lui et de découvrir la plume des époux Kloetzer. Pour l'occasion, j'ai sorti mon exemplaire dédicacé par Laurent Kloetzer qui m'avait été offert.



Je ne savais pas trop à quoi m'attendre et au final je ressors de cette lecture avec une impression plutôt mitigée.



Les points positifs.



J'ai beaucoup aimé l'ambiance générale de la ville agrémentée par les dessins de Nicolas Fructus. Les personnages sont intéressants avec une petite préférence pour Yors l'ancien mercenaire qui se met au service du mystérieux Noon.



Il est difficile de cerner Noon ainsi que l'étendue de ses pouvoirs. Il cherche des clients mais est exigeant par rapport à ce qui lui est demandé de faire (il n'est ni pharmacien ni chasseur de fantômes).



Les points négatifs.



Il ne se passe pas grand-chose, j'ai trouvé que la narration manquait de dynamisme. Quand finalement Noon accepte de se pencher sur une affaire c'est un peu nébuleux, vite expédié et peu crédible.



Tout un chapitre est consacré à Rinaldo pour finalement Quelques interrogations subsistent mais ce n'est pas gênant.



Une suite est prévue mais je ne suis pas convaincue de m'y intéresser.











Challenge ABC 2022-2023

Challenge multi-défis 2023 (53)

Challenge mauvais genres 2023

Challenge multi-auteures SFFF 2023

Challenge plumes féminines 2023 (49)
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Noon, tome 1 : Du soleil noir

Le duo L. L. Kloetzer est de retour ! Après CLEER en fantastique, puis Anamnèse de lady Star en SF (tous deux chez Denoël), le tandem d’écriture composé de Laure et Laurent Kloetzer revient avec un roman de fantasy chez Le Bélial’ au printemps 2022.



Duo de choc

Yors est un mercenaire vétéran, sans le sou quand on le rencontre. Parti pour ne pas avoir le choix de son prochain employeur, il fait la connaissance par hasard de Noon, jeune homme qui se prétend grand adepte de la sorcellerie, et pas n’importe laquelle, celle des grands jours, des batailles épiques et des énigmes surnaturelles à résoudre. Au sein de la Ville au Grand Caravansérail, les étapes ne manquent pas ceux qui veulent s’enrichir, voyager, commercer, parcourir les bas-fonds ou côtoyer la haute société. Yors trimballe alors Noon dans tous les quartiers qui peuvent lui être utiles, du Suzerain aux marchands en vue, de l’étal des bouchers aux maisons de passe à pêcheurs, en passant les mille et un temples qui parsèment la Ville. Noon désire s’installer à son compte, mais difficile de monter une affaire de sorcier quand les attentes des simples sujets du Suzerain sont très simplistes. Heureusement, après les demandes dignes d’un rebouteux ou de menu fretin, Noon et Yors flairent un gibier un peu plus conséquent par le plus grand des hasards.



Fantasy classique

Le duo Kloetzer semble prendre un malin plaisir à revenir à de la fantasy et mise, pour cela, sur des aspects ultra classiques. La Ville, avec son caravansérail, son Suzerain et ses corporations de métiers, navigue entre un univers médiéviste et quelques tentations renaissantes. À cela s’ajoute une magie tout à fait acceptée, mais au fond très mal connue par les habitants, ou bien largement oubliée par l’action insidieuse de dieux anciens. Le duo narrateur-protagoniste joue à fond sur les poncifs du genre, en lorgnant vraiment sur l’heroic fantasy, au sens classique de la sword & sorcery (la référence à Fritz Leiber, qui aurait inventé le terme, est volontaire). Toutefois, à l’instar de ce que Thomas Geha a pu faire dans Des sorciers et des hommes, ce n’est pas parce qu’on fait de la sword & sorcery qu’il est impossible de la rendre contemporaine. Ainsi, la magie de Noon n’est pas forcément mauvaise, quelques thématiques sociales pointent le bout de leur nez (même si c’est ténu pour l’instant) et la dualité des protagonistes casse le classicisme du héros parfait. Après, les petits éléments dignes de jeux de rôle glissés ça et là par les auteurs font le travail et permettent non seulement une bonne immersion, mais aussi et surtout de ne pas se contenter d’une simple quête à résoudre.



Noon du Soleil noir est à la fois un personnage mystérieux, attachant et sujet d’un roman efficace, même si au fond plutôt court. Heureusement qu’une suite est prévue pour pouvoir découvrir davantage cet intéressant duo !

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Noon, tome 1 : Du soleil noir

Mais que sont devenus les Kloetzer ?

Depuis l’incroyable Anamnèse de Lady Star en 2013, c’était Laurent Kloetzer qui avait poursuivi l’aventure littéraire en solo avec Issa Elohim dans la collection Une Heure-Lumière et toujours dans un registre science fictif. Mais voici qu’en 2022, les deux français signent leur retour chez Le Bélial’ avec, cette fois, une fantasy plutôt old school que n’aurait pas renié un certain Fritz Leiber. Premier volume d’un dyptique, que nous réserve Noon du soleil noir ?



Première surprise, l’ouvrage concocté par Le Bélial’ est illustré par l’excellent Nicolas Fructus dont le trait acéré et sombre vient rehausser une histoire aussi classique qu’efficace.

Nous sommes au sein d’une immense Cité, près de la porte de l’Est et du Grand Caravansérail, alors que les Gardes Noirs jouent aux dés pour tuer le temps. Non loin, un vieux briscard, un mercenaire boiteux du nom de Yors, celui-là même qui nous servira de guide durant l’aventure, espère louer ses services aux nouveaux venus. Comme à ce Philo le jeune et sa troupe qui viennent de surgir d’entre les remparts. Mais c’est un autre homme qui attire rapidement l’attention de Yors, un étranger à la mise étrange et qui semble avoir des idées bien arrêtées sur ce qu’il vient chercher dans la Cité.

Plus qu’une bourse bien remplie, c’est d’un autre talent très particulier que jouit ce Noon aux grands airs : celui de la sorcellerie.

Bien vite déçu du Suzerain qui règne sur la ville et de la guilde de sorciers et magiciens médiocres qui y résident, Noon estime qu’il est temps de s’installer à son compte. Ne reste plus dès lors qu’à trouver le bon client !

C’est donc en ville que nous emmène les Kloetzer pour une fantasy qui alterne enquête, magie et combats. Autant dire que nous sommes en pleine sword and sorcery, pour le plus grand bonheur des habitués…et des autres, car, ne vous en faites pas, Noon du soleil noir est parfaitement accessible même pour le plus novice d’entre nous !



La force du récit tient principalement dans l’efficacité de l’écriture, avec cette élégance et cette précision qu’on connaît si bien et qui régale dès que l’on met un pied dans cette intrigante Cité de la toge noire. Les deux personnages principaux, Yors et Noon, forment un duo attendu, jeune et vieux, bourru et subtil, fantasque et terre-à-terre. Pour tout dire, complémentaires.

Attachants, nos héros vont à la fois découvrir la cité plus en profondeur avec nous ainsi que les mythes et dieux qui s’y cachent, tout en offrant aux lecteurs plusieurs enquêtes/consultations qui n’auront pas grand chose de magique dans un premier temps. Le problème, bien entendu, c’est que Noon ne s’occupe pas des choses du commun. C’est un magicien, un vrai.

Dès lors, on attend la quête véritable et l’on constate que les Kloetzer ne répugnent pas à sortir de leur terrain de jeu urbain pour voir ailleurs et ébaucher les prémices d’une intrigue politique qu’on devine plus vaste et complexe. Mais surtout, on explore avec délice la face cachée de cette terre, celle du soleil noir, où les choses deviennent différentes, à la fois plus terrifiantes et mortelles mais aussi plus ésotériques et captivantes.

Et si l’histoire semble prendre véritablement son envol quand on la quitte, c’est pour mieux nous prévenir que les deux comparses seront de retour dans un second volume prêt à prolonger notre plaisir.

Pour rencontrer d’autres dieux venimeux et quelques nouvelles races redoutables à n’en pas douter car la Cité cache encore beaucoup de secrets bien à l’abri derrière ses murs magiques.



Classique mais efficace, Noon du soleil noir signe un retour gagnant pour les Kloetzer avec une fantasy old school qui fera plaisir aux novices comme aux habitués. Une aventure sublimée à la fois par l’art du conteur des deux auteurs mais aussi par la sombre grandeur des illustrations qui l’accompagnent.
Lien : https://justaword.fr/noon-du..
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Anamnèse de Lady Star

Inattendue apocalypse, fascinante enquête historico-policière, invention d'un avenir. Éblouissant.



Après CLEER, magistrale première collaboration entre Laurent et Laure Kloetzer, en 2010, le couple nous revient en ce mois d’avril 2013 avec 480 pages qui devraient – je pèse mes mots – faire date. « Anamnèse de Lady Star » est certainement l’un des meilleurs romans étiquetés « science-fiction » que j’aie lu ces dernières années, et l’un des meilleurs romans – tout court –, traitant avec ambition et exigence d’un agencement du devenir collectif et des devenirs individuels, que je connaisse.



Une difficulté pour en rendre compte reste d’éviter tout dévoilement dommageable, car si le suspense n’est pas, du tout, le moteur principal du roman, la joie des découvertes et des connexions inattendues y est bien présente, jusqu’au bout… Je vais m’y efforcer, en ne présentant « clairement » que les éléments factuels établis dès les premières dizaines de pages.



Dans un futur plutôt proche a lieu le Satori. L’espèce humaine titube quelques mois, quelques années, au bord de l’anéantissement, après qu’une bombe terroriste d’un genre tout à fait particulier – s’attaquant, visuellement, à la structure psychique et cognitive de l’esprit humain – a été utilisée à Islamabad, et ait rapidement contaminé des centaines de millions d’individus, bien au-delà des visées des apprentis sorciers ayant commis l’attentat.



Autour de ce point zéro du Satori, qui domine la chronologie des 70 années qui seront évoquées dans le roman (15 avant, 55 après), il s’agit bien de « refermer la boîte de Pandore » (que représente l’existence de cette bombe), boîte de malédiction ouverte par une poignée d’universitaires avant-gardistes « illuminés », avec le soutien de militaires dépassés par leur création et d’idéologues dévoyés à même de kidnapper le produit de leurs recherches conjointes… De la commission d’enquête internationale chargée d’établir les responsabilités du désastre et de traquer les coupables aux organisations plus secrètes s’auto-mandatant pour éradiquer le risque de récidive au plus profond possible, de base militaire japonaise en hôtel de luxe abandonné en Suisse, L.L. Kloetzer a su, comme dans le roman précédent, mais à la puissance 10, éviter le piège de l’essai futuriste bavard déguisé en récit.



Le roman suit au plus près quelques personnages, dont les puissances, les fragilités ou les faiblesses, à l’instar des deux consultants employés par CLEER, constituent les véritables moteurs du roman. Personnages d’enquêteurs dévoués, scrupuleux, voire doués, qui doivent toutefois s’inventer un destin individuel au-delà de la traque à laquelle ils se consacrent… Personnages, surtout, qui se réorganisent en permanence, qu’ils le veuillent ou non, autour de la figure centrale du récit, toute en beauté, en absence et en dissimulation, présence fantômatique mais pourtant bien réelle qui, créature fantastique nécessitant des trésors d’attention pour pouvoir exister, cherche elle-même une voie possible, une existence, en précédant les enquêtes pour mieux s’y fondre…



Car parallèlement à l’enquête devant clore le passé, l’espèce humaine décimée doit absolument s’inventer un futur, s’abstraire si possible d’une planète devenue trop dangereuse, tant que rôderont victimes en sursis et pièges symboliques à retardement. Dans cette quête d’univers nouveau où les plus pointus savoirs-faire en matière d’environnements informatiques ludo-poétiques ne peuvent que jouer un rôle essentiel, c’est peut-être de la fusion pourtant a priori impossible de ces désirs individuels contradictoires qu’une synthèse victorieuse pourra naître.



Un roman passionnant de bout en bout, dont l’écriture d’une rare précision technique reste nimbée, comme dans CLEER, d’une poésie diaphane, et dont la résonance, comme une ultime note de basse distordue mais porteuse, dure bien longtemps après la fin de la lecture.
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Noon, tome 2 : La première ou dernière

Quelques mois seulement après la parution du premier tome des aventures du sorcier Noon et de son fidèle acolyte et garde du corps Yors, Laure et Laurent Kloetzer nous offrent un deuxième volume dans lequel on retrouve les deux héros pour une nouvelle histoire. Inspirée par l’atmosphère des romans de Fritz Leiber, l’ouvrage met en scène un duo atypique spécialisé dans la résolution de problèmes liés de près ou de loin à la magie. On avait pu les voir entraînés précédemment dans une aventure rocambolesque impliquant le représentant d’une puissante famille étrangère et un dieu serpent à la capacité de nuisance insoupçonnée. Les voici aujourd’hui embarqués malgré eux dans une toute autre histoire mêlant cette fois magie, politique, diplomatie et course de chevaux. En effet, alors qu’ils assistent à des courses revêtant une importance considérable pour la vie de la cité (au plus grand enthousiasme de Yors et à la plus grande indifférence de Noon), les surprises s’enchaînent. D’abord, le champion des Blancs, vainqueur incontesté depuis des années, n’a pas l’air en grande forme au point même de chuter de son cheval et de se faire rafler la première place par le représentant de la faction des Verts. Ensuite, la foule assiste, médusée, à la volatilisation de son cheval, une magnifique bête de course apparemment victime d’un vers-piège et par conséquent perdue dans le nefereth imenthet, un monde réservé aux créatures d’outre-monde et aux sorciers les plus puissants. Ajoutez à cela l’âme d’un sorcier millénaire en fuite, un mariage arrangé ne satisfaisant aucun des deux partis, une potentielle épidémie dévastatrice, sans oublier un bon paquet de cadavres, et vous vous ferez une idée de l’ambiance qui règne alors dans la cité. Pour Noon, aucun doute, il y a de la magie là dessous. Seulement les indices récoltés sont confus, et mènent dans bien des directions dont certaines pourraient leurs valoir des ennuis. Heureusement, Yors et Meg sont là pour veiller au grain et assurer la sécurité de leur excentrique patron.



On retrouve dans cette deuxième aventure indépendante (mais qui nécessite malgré tout d’avoir lu au préalable le premier tome) tout ce qui avait fait le charme de la précédente. L’univers, d’abord, clairement inspiré de la « Sword & Sorcery », se révèle toujours aussi immersif et c’est avec plaisir que l’on poursuit notre balade dans cette cité cosmopolite aux traditions étonnantes et dont les auteurs n’ont, on le devine, fait qu’effleurer la surface. L’enquête nous dévoile d’ailleurs une nouvelle facette de la ville dont on se familiarise avec le fonctionnement politique. Les auteurs nous dévoilent ainsi une partie de celles et ceux qui font la pluie et le beau temps dans la ville, et nous en apprennent davantage sur les différentes factions qui s’opposent, ou encore sur les querelles qui peuvent exister parmi les puissants. Comme dans « Du Soleil noir », le roman alterne efficacement entre les décors, nous faisant passer des dorures du palais royal aux ruelles les plus sordides, en passant par les gradins bondés de l’hippodrome ou encore le monde caché dans lequel Noon voyage à volonté et dans lequel se tapissent des créatures étranges et terribles. L’intrigue paraît dans un premier temps un peu brouillonne, les sous-intrigues se multipliant au point qu’on en vient à se demander comment les auteurs vont bien pouvoir se débrouiller pour tout relier. On y voit peu à peu plus clair et la résolution de l’affaire est tout à fait satisfaisante, bien que certaines trames narratives donnent l’impression de n’avoir été rajoutées que pour servir de fausses pistes. Les personnages sont quant à eux toujours aussi sympathiques, qu’il s’agisse de Noon, sorcier puissant mais totalement décalé et qui peine à comprendre la subtilité de la plupart des conventions sociales, ou de Yors, son garde du corps bien plus rude et terre-à-terre mais qui séduit par la fidélité sans faille dont il témoigne envers son employeur. C’est d’ailleurs lui qui nous sert de narrateur, et il faut avouer qu’il s’en sort plutôt bien, avec son franc-parler et sa grande expérience concernant tout ce qui touche au combat ou à la cité.



L’autre particularité de la narration réside dans le fait que l’histoire nous est rapportée à posteriori, ce qui permet aux auteurs de s’amuser un peu en multipliant les avertissements concernant les déboires qui attendent nos deux héros (sans toutefois jamais trop en dévoiler). Cet aspect, auquel s’ajoute le profil des deux personnages ainsi que la nature de leur activité, les rapproche à nouveau énormément du mythique duo Holmes/Watson auquel on ne peut souvent s’empêcher de penser. Le seul bémol que j’aurai à formuler concernant les personnages concerne les femmes qui, comme dans le premier volume, sont reléguées au second plan de l’intrigue. Certes, elles sont présentent, et leur profil est ici un peu plus varié que dans le précédent tome, mais elles ne jouent qu’un rôle marginal dans l’histoire. Cela s’explique sans doute, en partie, par le fait que la narration est assurée par Yors, qui ne semble pas avoir un avis particulièrement éclairé sur la gente féminine et ses capacités, mais on aurait pu s’attendre à davantage d’efforts malgré tout. Le personnage de Meg, notamment, est grandement sous-exploité, celle-ci se retrouvant brutalement et un peu maladroitement évincée de l’intrigue. On aurait pourtant pu s’attendre à ce qu’elle joue un rôle, si ce n’est central, du moins important dans la résolution de l’enquête dans laquelle elle semble impliquée et à laquelle l’associe Noon qui semble avoir décelé en elle des capacités dignes d’éveiller son intérêt. On n’en saura malheureusement guère plus sur ce que la jeune femme peut faire dans ce deuxième tome où elle continue d’être sans arrêt dévalorisée par Yors qui ne l’appelle d’ailleurs jamais autrement que par l’infantilisant et dédaigneux « la petite ». Un mot, enfin, sur les illustrations de Nicolas Fructus qui continuent d’accompagner le texte en représentant certaines des scènes du roman, pour le plus grand plaisir du lecteur, ravi de renforcer ainsi davantage l’immersion.



« La première ou dernière » est le deuxième volet des aventures du sorcier Noon et de son fidèle garde du corps dans un monde de fantasy inspiré des romans de Fritz Leiber. On s’attache vite à ce duo surprenant qui mène ici une enquête difficile pour comprendre qui a bien pu saborder la plus grande course de chevaux de la cité en utilisant une magie qu’il ne maîtrisait manifestement pas vraiment. L’intrigue dévoile une nouvelle facette, plus politique, de la cité avec laquelle on continue de se familiariser avec un plaisir d’autant plus grand que les illustrations de Nicolas Fructus accompagnent la lecture. Une troisième aventure est d’ores et déjà annoncée, et je serai de nouveau au rendez-vous.
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Anamnèse de Lady Star

En Résumé : J’ai passé un excellent moment avec ce roman qui nous plonge dans une histoire vraiment fascinante, une traque efficace à travers des témoignages qui dévoilent petit à petit une frise complexe et entrainante. Un roman ou la compréhension est acquise autant par le travail d’écriture que par le lecteur et son travail d’imagination, mais aussi concernant l’assemblage des éléments du puzzle de l’intrigue. L’univers développé par les auteurs se révèlent tout aussi fascinant, mais demande aussi un petit travail pour bien tout assimiler, tout imaginer vu qu’il est déjà connu pour les personnages. Les auteurs nous offrent aussi des axes de réflexions et de travail vraiment intéressante et sur énormément de sujets, le tout sans jamais se perdre, forcer la main au lecteur ou l’ennuyer. Les personnages se révèlent vraiment complexes, fascinants et passionnants à découvrir. Le tout est porté par une plume dense et pleine de magie et de poésie. Mon seul léger regret est la mise en avant d’un monde un peu « zombies » qui est légèrement en décalage par rapport à l’histoire selon moi, mais rien de bien gênant devant la qualité du livre.



Retrouvez ma chronique complète sur mon blog.
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Noon, tome 1 : Du soleil noir

Après les très remarqués « Cleer » et « L’anamnèse de Lady Star » parus au début des années 2010, le duo constitué de Laure et Laurent Kloetzer s’était fait discret. Les voilà de retour sur le devant de la scène avec un nouveau roman, de fantasy, cette fois, et qui sera suivi par au moins un volume supplémentaire (même si l’intrigue se suffit ici parfaitement à elle-même). Hommage affiché à Fritz Leiber, grand auteur de fantasy des années 1970/1980, et à sa série du « Cycle de l’épée », le récit met en scène deux personnages atypiques et radicalement opposés. Après avoir été marin, soldat, puis mercenaire, Yors, usé par les combats, vivote dans la grande ville qui l’a vu naître en tentant de trouver des petits boulots pas trop mal payés. Endurci par des années de labeur et fin connaisseur du fonctionnement et de la géographie de la cité, il lui arrive parfois de proposer ses services à de nobles visiteurs fraîchement débarqués. C’est ainsi qu’il fait la connaissance de Noon, un jeune homme lunaire et naïf qui se prend d’amitié pour lui et l’embauche comme guide. Malgré l’étrangeté du bonhomme, Yors saute sur l’occasion mais voit son enthousiasme douché lorsqu’il se trouve en contact avec des forces surnaturelles qui le dépassent. Car Noon est un sorcier, un bon, et il entend bien se faire une clientèle dans cette cité labyrinthique où les phénomènes magiques sont loin d’être rares. L’attitude surprenante du jeune homme et sa méconnaissance des codes sociaux les plus élémentaires en font toutefois une proie facile pour des escrocs mal intentionnés, et c’est là que Yors entre en scène. Le pitch est simple et le roman court mais on passe un excellent moment de lecture au côté de ce duo insolite qui n’est pas sans laisser penser à d’autres couples mythiques de la littérature (Fafhrd et le Souricier Gris, bien sûr, mais aussi Sherlock Holmes et John Watson, par exemple).



L. L. Kloetzer reprennent ici tous les principaux codes de la « Sword & Sorcery » et nous entraînent dans une aventure pleine de magie noire et de créatures inquiétantes dans un décor qui pourrait, à lui seul, constituer un personnage à part entière. On arpente dans ce premier tome quelques uns des quartiers et une partie des grandes institutions de cette gigantesque cité, mais on sent bien que l’univers créé recèle une grande richesse et que nous avons encore beaucoup de choses à y découvrir. L’ignorance de Noon concernant la ville qu’il visite pour la première fois constitue un prétexte idéal pour multiplier les balades tout en exposant tel pan de son histoire ou telle originalité architecturale, sans que les auteurs ne tombent jamais dans l’écueil du guide touristique. Bien que simple, l’intrigue n’en demeure pas moins solide, et c’est avec plaisir que l’on suit, d’abord, l’installation de Noon dans la cité ainsi que ses premières interactions avec les figures locales les plus influentes, puis son enquête afin de répondre à la demande de son premier client. Mêlant intrigues politiques, dangereuses créatures oubliées ou encore escroqueries savamment orchestrées, le récit enchaîne les péripéties et parvient souvent à surprendre grâce à d’astucieuses feintes ou illusions. L’aura de mystère qui entoure Noon participe au charme du roman, le jeune sorcier ne tardant pas à s’attirer l’affection du lecteur par sa candeur et sa vivacité d’esprit, tout en provoquant de temps à autre le malaise par son côté décalé et, bien sûr, les grandes puissances qu’il semble capable de maîtriser. Plus humain, plus touchant malgré son côté bourru, Yors adopte rapidement la posture de l’acolyte fidèle, moins charismatique mais néanmoins dégourdi. Un rôle qui aurait du, traditionnellement, le cantonner au second plan, or c’est le devant de la scène qu’il occupe ici, et ce contre-pied fonctionne à merveille.



Les autres personnages sont à l’avenant, rapidement mais efficacement caractérisés, ce qui permet au lecteur de s’y attacher (ou de les détester !) aisément. On retrouve parmi eux des figures emblématiques de la Sword & Sorcery : sorciers malveillants, voleurs, dignitaires en danger, brutes mal intentionnées… Les femmes sont relativement peu présentes et traitées avec rudesse ou déférence par Yors (en fonction de leur physique, souvent), mais certaines d’entre elles en viennent à révéler des facettes surprenantes qui nous les font voir sous un jour différent (sans que cela ne change pour autant leur relégation au second plan de l’intrigue). Les illustrations de Nicolas Fructus qui parsèment le roman constituent un plus indéniable qui permet de renforcer l’immersion. Dépeignant tour à tour les personnages ou les endroits les plus marquants de la cité, n’occupant qu’un petit espace ou s’étalant au contraire sur une page entière, ces représentations en noir et blanc participent à renforcer l’atmosphère troublante qui se dégage du texte. Difficile de ne pas se sentir fasciné par le décor mis en scène ici, ni par tous ces passages consacrés aux démonstrations de puissance de Noon ou de ses adversaires qui font chaque fois naître une petite pointe d’angoisse qui n’est pas sans rappeler, dans une moindre mesure, celle éprouvée à la lecture de textes de H. P. Lovecraft. Le style, lui, est agréable, et la narration rythmée par de nombreux dialogues savoureux. Yors n’est en effet pas dénué de bagou, et sa façon un peu rustre de s’exprimer vient encore une fois trancher avec les manières plus policées et les tournures de phrases plus élaborées de Noon.



Après la science-fiction, le couple L. L. Kloetzer s’attaque à la fantasy en rendant un bel hommage à l’oeuvre de Fritz Leiber et en mettant en scène un duo plein de contraste mais très attachant, le tout dans un décor fascinant qu’on arpenterait bien à nouveau dans d’autres aventures. Cela tombe bien, l’ouvrage annonce dans sa conclusion l’arrivée prochaine d’une suite intitulée « La Première ou dernière » dans laquelle le lecteur pourra de nouveau suivre Yors et Noon.
Lien : https://lebibliocosme.fr/202..
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Noon, tome 1 : Du soleil noir

Extrait de ma chronique :



"A première vue, Noon du soleil noir est, suivant l'expression de René-Marc Dolhen sur la NooSFère, "une parenthèse délicieuse" dans l'oeuvre complexe des Kloetzer, qui mettraient pour une fois leur prose "élégante sans être pompeuse, fort rythmée, musicale, fluide et agréable" (dixit Apophis) au service d'une histoire purement divertissante, loin donc de la vertigineuse trilogie Elohim (Anamnèse de Lady Star, Vostok, Issa Elohim).





Peut-être, mais comme le fait remarquer Noon lui-même page 174, "les choses ne sont pas ce qu'elles paraissent", et sous un tissu narratif d'apparence classique peut se dissimuler un sceau magique ; de fait, Noon du soleil noir pousse l'obsession pour la duplication presque aussi loin que le Tom Sweterlitsch de Terminus (autre ouvrage plus profond qu'il n'y paraît) – les Kloetzer sont un duo, après tout...





Dans Noon du soleil noir, c'est d'abord un genre qui en cache un autre, les Kloetzer traitant la fantasy exactement comme ils traitent la science-fiction : comme un "cadre" (dixit Boris Vian) où déployer un autre genre, ici le polar plutôt que le fantastique – ou comme "une manière de faire" (dixit Laurent Kloetzer dans un e-mail ; on n'est pas loin de la science-friction de Catherine Dufour)."
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Noon, tome 2 : La première ou dernière

Extrait de ma chronique :



"Noon – La première et la dernière va donc selon moi bien au-delà du simple divertissement (qu'il est indubitablement) ; à l'aide de moyens empruntés au roman des premiers temps (comme dans Noon du soleil noir, Pétrone ou Apulée ne sont jamais loin), les Kloetzer accomplissent ici ce qui est, selon Mikhaïl Bakhtine (Esthétique et théorie du roman, page 308) "l'une des tâches les plus fondamentales du roman : celle de dénoncer toute espèce de conventionnalité fausse, pernicieuse pour les relations humaines."





Dans notre monde comme dans celui de Noon, qui en est d'une certaine façon le miroir (comme l'ont remarqué avant moi Dragonarcane ou Noé Gaillard), la rigidité et l'arbitraire des structure sociales sont telles qu'il faut, par exemple, beaucoup d'astuce à une femme pour sortir du rôle qui lui est imparti"
Lien : https://weirdaholic.blogspot..
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Anamnèse de Lady Star

Paru en 2013, « Anamnèse de Lady Star » est le fruit de la collaboration entre Laure et Laurent Kloetzer, (déjà co-auteurs de « Cleer » quelques années plus tôt) et a soulevé énormément d’enthousiasme lors de sa parution, ce qui lui a d’ailleurs valu d’être récompensé par plusieurs prix littéraires. Laurent Kloetzer est ensuite revenu à plusieurs reprises dans le même univers, que ce soit dans le roman « Vostok », qui se déroule quelque temps après les événements relatés ici, ou, plus récemment, dans la novella « Issa Elohim » parue dans la collection Une Heure Lumière du Bélial. Pour ma part, si j’avais énormément apprécié ma lecture des deux œuvres précédemment cités, je dois avouer que celle-ci m’a laissée un sentiment bien plus mitigé. Posons un peu le décor : le roman est composé de plusieurs chapitres qui se déroulent à différentes époques classées de manière non chronologique. La première partie prend place dans une société qui pourrait tout à fait être la notre (à quelques petites exceptions près), dans laquelle des scientifiques et des militaires penchent sur une nouvelle arme capable de cibler les individus en fonction de leurs origines (on devine bien vite que les Blancs n’ont rien à craindre, et que ce sont les populations noires et arabes qui sont directement et volontairement visées). Seulement l’expérience tourne mal et aboutit à l’extinction d’une grande partie de l’humanité, toute origine confondue. La société qui émerge ensuite n’a toutefois pas grand-chose à voir avec celles mises en scène dans les romans de post-apo classiques, puisqu’il n’y est nullement question de course poursuite avec des zombies ou de rescapés en mode survie dans une nature redevenue sauvage. Les nouvelles technologies se sont, au contraire, encore un peu plus développées, et le mode de vie des survivants n’a finalement pas été si altéré que cela. Parmi eux, une jeune chercheuse en archéologie numérique se lance dans des recherches ambitieuses visant à prouver la présence d’une Elohim, une créature mi-extraterrestre mi-humaine, tout au long du processus de fabrication de la « bombe », et son influence sur plusieurs des événements majeurs qui ont suivi.



Si vous trouvez ce résumé complexe, dites-vous bien qu’il ne s’agit pourtant que d’une version extrêmement simplifiée de celle élaborée par L. L. Kloetzer dans ce roman qui n’est pas sans rappeler, par sa construction et sa volonté de faire perdre ses repères au lecteur, les ouvrages de Philip K. Dick ou de Christopher Priest (j’ai personnellement beaucoup pensé à « L’adjacent »). La lecture n’est en effet pas de tout repos et, si on prend dans un premier temps plaisir à suivre la trace de cette mystérieuse Elohim et à tenter de comprendre les enjeux dont il est question, j’avoue pour ma part avoir eu davantage de mal dans la deuxième partie, qui se fait encore plus sibylline et décousue. A cela s’ajoute que, changement d’époque oblige, l’ambiance et le style évoluent radicalement en fonction des chapitres qu’on pourrait parfois prendre pour des nouvelles à part, assemblées ici dans une sorte de fix-up (l’un d’eux a d’ailleurs déjà été publié sous la forme de nouvelle sous le titre « Trois singes » dans l’anthologie « Retour sur l’horizon » en 2009). Certes, tous sont liés par un même fil rouge qui prend de plus en plus d’ampleur au fil des chapitres, mais la lecture se fait néanmoins plus ou moins aisée, plus ou moins passionnante, en fonction des époques. Les deux premiers chapitres m’ont ainsi beaucoup enthousiasmée : le premier met en scène un attaché parlementaire français qui orbite dans l’entourage de scientifiques et d’artistes responsables de la création de la bombe, tandis que le second dévoile le témoignage du soldat à l’origine de son déclenchement. Le décor est alors globalement posé, et l’intérêt du lecteur agréablement titillé. Et puis arrive le drame, désigné sous le nom de Satori, et on découvre alors un monde dont on ne comprend plus les codes, sans que l’auteur ne vienne jamais à notre secours pour contextualiser. Certains chapitres laissent échapper quelques indices, d’autres semblent totalement déconnectés du reste (et sont, par conséquent, encore plus difficilement compréhensibles), et la plupart vient de toute façon remettre en cause ce qui vient d’être énoncé dans le précédent. Le concept d’Elohim, qui se trouve ici au coeur du récit, est quant à lui explicité trop rarement, et trop partiellement, si bien qu’on peine à cerner les enjeux pour les protagonistes.



« Anamnèse de Lady Star » est un roman extrêmement déroutant qui possède un charme certain mais donne trop peu de clés de compréhension au lecteur pour lui permettre de s’immerger dans ce monde futuriste dont on peine à cerner les contours et les spécificités. L’accueil unanimement enthousiaste qu’a rencontré le roman lors de sa sortie m’incite à penser que je suis complètement passée à côté de l’oeuvre, aussi vous encourage-je malgré tout à tenter l’aventure, d’autant que le reste de la bibliographie de l’auteur est d’un excellent niveau.
Lien : https://lebibliocosme.fr/202..
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Anamnèse de Lady Star

Je suis très partagé sur ce roman dont je ne vais pas vous raconter quoi que ce soit, d'autres s'en sont chargé. Juste dire que j'ai éprouvé des difficultés à le terminer, je l'avais abandonné dans le troisième tiers, victime de ce qui m'a semblé une longueur insoutenable. J'avais perdu le fil, entraîné dans l'errance des personnages, immergé dans Assur pour tout dire. Et puis je l'ai repris, sensible aux découvertes, à cette profusion des images poétiques qui font certainement le charme de cette œuvre. Jusqu'à cette difficulté, peut-être aussi due à une lecture trop lente, trop fractionnée, j'étais littéralement capté par l'enquête, le mystère de cette Elhoïm, Marguerite. qu'est-elle, qui est-elle ?

C'est mon reproche qu'au moment d'Assur, le lecteur, en tout cas moi, se trouve englué dans les eaux noires, sans y comprendre plus rien. Voilà, c'est ça, à ce moment là je n'y comprenais plus rien. C'est une œuvre difficile dont je ne suis pas vraiment sûr que ce qui lui est prédit dans le quatrième de couverture se réalise.
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Anamnèse de Lady Star

La dernière page s’est refermée et je n’avais pourtant guère envie que le voyage s’achève.



Il s’agit bien d’une quête. La quête de la vérité. Retrouver celle qui sait, qui a besoin de vivre, sans pouvoir réellement exister par elle-même et pouvant prendre tous les visages et noms possibles dont ceux que vous voudrez bien lui donner. Instrumentalisée, idéalisée, sublimée. Evanescente, fragile, mystérieuse, manipulatrice, ingénieuse… Divine mais attachante.



La quête de la vérité et, en quelque sorte, un parcours initiatique. Rien n'est hasard. Tout n'est que point de vue, souvenirs, recherche de preuves. Existe t-elle vraiment ?



Au-delà des destinées individuelles et du monde qui sombre, le thème central est la foi quelle que soit sa forme à mes yeux. Les références y sont nombreuses et c’est bien tous les visages – et de ce qu’en font les humains - de la Foi et des Religions que peut refléter Celle-qui-sait à l’image d’Hypatie d’Alexandrie (peut-être ?). L’attentat à islamabad (la ville de l’Islam) avec « la bombe iconique », les elohims (Dieux en hébreu, pluriel d’eloha : la secte m’a d’ailleurs fait spontanément penser au mouvement Raelien), le satori (l’éveil spirituel bouddhiste), et les symptômes du mal qui ronge l’humanité. L’aveuglement, mains levées vers les cieux. Elle-qui-est-trois, la trinité étant un symbole connu, initialement païen mais repris par le christianisme si je ne m’abuse, faisant également écho à Hécate dont l’avatar se fond sur quelques pages. Et peut-être bien, la technologie et les nouveaux mondes pouvant en découler…



Bref, n’en-ai-je pas déjà trop dit ?



Ce roman a su me réconcilier avec le genre or ce n’était pas gagné. J’ai pourtant été agréablement surprise notamment par la bombe iconique et comment les fils se lient et se délient jusqu’à former une toile arachnéenne dans laquelle tout s’imbrique. Exit le nucléaire, le virus échappé d’un laboratoire secret semant des zombis cannibales surexploités jusqu’à l’indigestion… ! Ne riez pas, je n’en peux plus… ;)



J’ai joué, je me suis amusée des références, des noms, des lieux… J’ai aussi fouillé les archives pour écouter toutes les références musicales disséminées jusqu’à une chanson indienne et même « Elle-qui-est-trois », (D’ailleurs, le trio vocal concerné saurait-il tous les éloges se trouvant dans l’ouvrage ?), pour m’immerger d’autant plus sans jamais réellement me perdre dans ce récit labyrinthique. J’ai pris mon temps jusqu’à ressentir les changements de style entre les deux auteurs, mêlant brutalité et subtilité. L’alchimie a pris.
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Anamnèse de Lady Star

Il est des auteurs qui génèrent automatiquement l'enthousiasme à chacune de leurs publications. Laurent KLOETZER est de ceux-là depuis ses débuts, notamment avec sa fantasy très personnelle et, depuis 2010, sous la signature L. L. KLOETZER, qui s'avère être une entité à quatre mains composée de lui-même et de son épouse, Laure KLOETZER. En 2010 ils avaient produit un roman d'anticipation économique original et percutant ; en 2013 ils nous proposent un roman qui « fera date dans l'histoire de la science-fiction française », pour reprendre l'accroche de l'éditeur.



Anamnèse de Lady Star est un roman apocalyptique. Dans un futur indéterminé, mais que l'on sent proche, un attentat d'un genre nouveau a provoqué depuis Islamabad une pandémie sur la totalité de la planète. La plupart des responsables ont été arrêtés, mais une femme, l'inspiratrice de la secte à l'origine de l'attentat, est demeurée insaisissable. Or, sa seule existence est un risque puisqu'elle détient le secret de la fameuse bombe iconique qui décime l'humanité depuis plus d'un demi-siècle...



A partir de ce pitch L. L. KLOETZER fait de son roman une véritable traque. Autour de la date clé de l'attentat d'Islamabad (nommé Satori, qui désigne l'éveil spirituel dans le bouddhisme zen), l'auteur rend compte de différents témoignages de personnages qui ont croisé (ou cru croiser) la route de la muse de la secte, soit quelques années avant, soit quelques années après le Satori. Chaque témoignage donne lieu à un chapitre particulier, et chacun est doté de son propre style. Il y a ainsi des allers et retours dans la trame historique qui font du roman un récit éminemment non linéaire, jusqu'à l'objet même de la traque (« Que cherchons-nous ? Une femme, peut-être, une idée, sûrement »).



Si cette non linéarité rend le suivi du roman complexe, ce n'est rien par rapport à la narration. Car quel que soit le personnage mis en scène cette narration est toujours dense, pleine de références à des faits que le lecteur ne peut guère appréhender, chaque témoignage étant relié aux autres d'une façon ou d'une autre. C'est aussi en cela que L. L. KLOETZER est l'auteur d'une véritable prouesse littéraire, puisqu'il parvient à relier la multitude d'éléments épars de son récit pour aboutir à une trame complète et cohérente qui tient en éveil le lecteur jusqu'à la conclusion.



Bien sûr cette lecture nécessite une attention de tous les instants. Bien sûr l'auteur maintient dans l'ombre bon nombre d'éléments de l'intrigue. Mais c'est aussi cela qui nous fait bénéficier de quelques fulgurances sur l'état de nos sociétés contemporaines (« Personne ne meurt. Quelque chose s'efface. Quelque chose n'a jamais existé »). C'est surtout cela qui fait travailler l'imaginaire du lecteur et donne tout son sel à un roman qui, de fait, est bel et bien anachronique dans un genre littéraire bien trop souvent standardisé.
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Noon, tome 2 : La première ou dernière

L’avantage de certaines séries de sword and sorcery comme Le cycle des épées ou Conan le Barbare, c’est qu’elles peuvent être lues à peu près dans n’importe quel ordre sans en gâcher le plaisir. Et c’est visiblement le cas du cycle des Noon de L.L. Kloetzer (Laurent et Laure de leurs prénoms), hommage assumé à Fritz Leiber. Et donc logiquement – ou presque, j’ai découvert cet univers avec le deuxième roman Noon la Première ou dernière. Sans réellement avoir été gênée pour comprendre. L’histoire nous est racontée par Yors, un vétéran qui, lassé des batailles, s’est trouvé une place de garde du corps – et de guide dans la Cité – pour Noon, jeune sorcier free-lance. Et s’ajoute à ce duo, Meg, une jeune fille mi-domestique, mi-disciple du sorcier. Dans la Cité a lieu la grande course de chevaux rituels qui va décider qui des Blancs ou des Verts va avoir l’ascendant en ville pour le cycle à venir. La course ne se déroule pas comme prévu, une magie étrange intervient et vient bouleverser la vie de la cité. Ajoutez-y une mystérieuse épidémie, un mariage arrangé qui n’est ni au goût du fiancé nomade ni à celui de la princesse promise, un sorcier mort en goguette et de multiples intrigues politiques et vous aurez un roman certes très classique de sword and sorcery, mais d’excellente facture.

De plus, l’édition en grand format est agrémentée de dessins de Nicolas Fructus en pleine page ou non qui donnent vie aux personnages et mettent dans l’ambiance. Outre Noon bien mystérieux et Yors, ce livre présente une galerie de personnages très étoffés, même ceux n’apparaissant que quelques pages et qu’ils soient bipèdes ou quadrupèdes. Et même si la résolution finale semble bien mystérieuse, l’aventure fut plaisante et j’y retournerais certainement avec plaisir pour le troisième volume. A moins que je ne prenne le premier avant…
Lien : https://www.outrelivres.fr/n..
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Noon, tome 1 : Du soleil noir

Noon du soleil noir est un roman qui renoue avec la sword and sorcery. D'ailleurs il est un hommage au cycle des épées de Fritz Leiber, créateur de la formule. Je n'ai pas lu cet auteur, mais je ne pense pas que cela soit gênant pour la lecture; au pire, j'ai zappé des clins d'œil évidents à son œuvre, mais cela n'empêche pas la compréhension du roman. J'imagine en revanche que les amateurs se régaleront davantage.



Le roman baigne dans un univers de sorcellerie, mais la magie en ce qui me concerne n’a pas pris. Trop peu présente mon goût, et menée par un personnage qui m’a semblé particulièrement fade - Noon, personnage dont je n'ai jamais vraiment compris l'intérêt.



La partie « cité » m’attirait particulièrement, je suis très friande des représentations urbaines en imaginaire. Mais j’imagine que le rhume qui me colle depuis dix jours doit être la raison pour laquelle je n’ai rien senti, rien goûté dans ces rues. Je n’ai pas trouvé d’originalité particulière dans cette ville. L’univers a l’air riche mais manque de développement. Par-ci par-là sont parsemés des noms, des références à un contexte, un passé; mais sans corps, difficile de s'imprégner et de saisir tous les tenants et aboutissants de cet univers. Pour en revenir à la ville, je l'ai trouvée assez classique, d'inspiration vaguement médiévalisante (ce moyen-âge fantasmé très fantasy) et manquant de sensorialité à mon goût - mais là encore mon nez bouché y doit certainement être pour quelque chose.



J’ai parlé de Noon, mais il y a Yors aussi : un vieux con pas très fin, mercenaire retraité. C’est dommage, car c’est lui qui raconte. Alors la langue reste courante, sans excès de familiarité (sauf dans certains dialogues), mais pas suffisamment belle pour que j’y trouve un intérêt quelconque. je n'ai pas été sensible à son humour non plus.

Quant aux personnages féminins… j’ai envie de dire : lesquels ? Si l'on parle de ces putains que l'on trouve derrière une porte, au fond d'une taverne ou les jupes retroussées par le quidam du coin, cela ne me contente pas. Du tout. Il m'a manqué un ou plusieurs personnages féminins consistants, en dehors de leur rôle "classique", dans lequel je puisse me projeter. J'ai trouvé ce roman assez masculin, pas vraiment écrit pour moi en tant que lectrice, finalement. Peut-être que je me trompe, mais c'est mon ressenti.



Bref, qu’est ce qu’il me restait pour aller au bout de ce roman dont même l’intrigue ne m’a pas captivée non plus ?

Ca se lit très vite : c’est écrit gros et c’est facile à lire, fluide; c'est aussi un roman assez court, donc cette lecture mitigée n'a pas duré longtemps.

Et il y a des illustrations, signées Nicolas Fructus, qui apporte l'immersion que je n'ai pas eue via l'écriture.



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Noon, tome 1 : Du soleil noir

Lu avidemment. Dévoré. Je me suis relevé la nuit pour le finir.

C'est un texte très court et très digeste, tout à fait étonnant pour de la fantasy. Une écriture fluide, à la première personne, vue par le garde du corps d'un étonnant sorcier. Noon du soleil noir semble exercer sa magie en voyageant en esprit dans un monde étrange qui est un reflet déformé du notre. ça donne une pratique de la magie très étonnante et mystérieuse, on ne comprend pas tout mais en même temps c'est très intuitif et clair pour le lecteur.



Noon est un personnage étrange et la narration maintient constamment l'envie d'en savoir plus. Il y a une économie de moyens dans la description qui va à l'essentiel tout en laissant juste ce qu'il faut de chair au récit pour qu'il soit juteux. Le scénario finit par être épique sans pour autant en rajouter des tonnes, c'est savoureux comme un plat de grand cuisinier avec juste ce qu'il faut de parfum, sans excès.



Et enfin, Cerise sur le gâteau, le livre est illustré par des crayonnés de Nicolas Fructus, plutôt plus sobre que d'habitude, mais ça a vraiment son charme.



Je suis conquis.
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Au bal des actifs : Demain le travail

Demain le travail est un recueil comprenant 12 nouvelles d’anticipation dont la thématique principale est le travail. Une façon pour nous de découvrir ce que les auteur.rices imaginent pour notre futur. Entre l’accumulation de petits boulots, sans savoir si demain on gagnera suffisamment, ou au contraire le travail étant réservé à une élite, autant vous le dire tout de suite : ce n’est ni glorieux, ni optimiste ! Mais voilà, chacun de ces récits nous fait réfléchir, nous touche différemment. Si je me souviens de mon appréciation de chacune des nouvelles, il y en a qui m’ont toutefois moins marquée et je ne me souviens de l’histoire que grâce à mes notes. En parcourant le net, j’ai vu que pour d’autres personnes, ce ne sont pas les mêmes nouvelles qui nous ont impactés. Pour ma part, ce sont les premières et les dernières que j’ai le plus apprécié et dont je me souviens également le plus. J’ai d’ailleurs eu une très bonne surprise avec Le Parapluie de Goncourt qui traite du « labeur de l’écriture » (p.466) : on y découvre un premier texte, des échanges avec des correcteurs, l’éditeur, etc. C’est vraiment très intéressant ! Pâles mâles et Canal 235 m’ont également beaucoup touchée ; la précarité des héros ne peut laisser indifférent.e.

Je ne vais pas vous parler de toutes les nouvelles individuellement (quoique si vous voulez un retour sur une nouvelle en particulier, je peux le faire en commentaire) ; j’ai trouvé qu’elles étaient bien écrites, chaque auteur.rice ayant son propre style, une narration et un angle d’attaque du sujet différents. Le recueil est dense et certaines histoires sont assez dures à digérer ; il faut alors un temps pour laisser la réflexion faire son bonhomme de chemin.

J’imagine qu’il y a eu des échanges entre les écrivain.es car certains textes font écho les uns aux autres. Alors oui, Vertigeo ne ressemble en rien à Parfum d’une mouffette, mais les textes sont présentés de façon logique ; rien ne semble avoir été laissé au hasard. De plus, oui, ce sont des nouvelles, c’est donc moins développé que pour un roman, et pourtant chaque histoire se déroule de façon cohérente, est suffisamment étoffée pour qu’on puisse d’y plonger pleinement. Quant aux fins, qu’elles soient ouvertes ou non, elles sont bien amenées et les histoires ne s’arrêtent ni trop tôt ni trop tard.



Au bal des actifs. Demain le travail est un ouvrage réflexif riche, proposant des visions différentes quant au monde du travail de demain. Ce n’est pas le genre de livre qui se dévore en quelques jours, non, c’est le genre de livre que l’on prend le temps de découvrir, qui nous fait réfléchir.

Une bonne découverte que je recommande vivement, mais pas à n’importe qui. Demain le travail ne vous fera pas rire, ne vous fera pas passer un moment plaisant. Ce qui ressort le plus, d’après moi, est vraiment la réflexion autour du travail.
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Noon, tome 1 : Du soleil noir

Noon du soleil noir est un roman de fantasy plaisant à découvrir avec un narrateur attachant, un sorcier intriguant et un petit côté Conan Doyle sur l’aspect narratif qui n’est pas pour me déplaire. L’univers esquissé ici est prometteur et référencé pour les vieux de la vieille de la fantasy, si j’en juge par ce qu’on en dit ailleurs. D’autres livres semblent prévus mais, si je comprends bien, avec des aventures indépendantes les unes des autres, ce qui est tout à fait appréciable. Je suis convaincue et je me réjouis donc de retourner aux côtés de Noon et Yors dans un proche avenir !
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Anamnèse de Lady Star

Le Satori marque profondément l'humanité car il est le point zéro d'une nouvelle ère historique. Dans un futur proche, un attentat à Islamabad annihile les trois quarts de la population mondiale, plongeant les survivants dans un chaos indescriptible. Une arme inédite a été utilisée pour cette action terroriste : une bombe iconique qui, grâce à des symboles bien spécifiques, est capable d'entrer dans sa victime pour détruire ses défenses psychiques. Pire, il peut même se transmettre tel un virus. Les auteurs de ce complot mondial sont vite identifiés, puis tous exécutés. Tous ? Non, une étrange créature, déesse ou extra-terrestre nul ne le sait vraiment, semble échapper à toutes les identifications, à l'appréhension de chacun, voire à la compréhension générale...



Précédé d'une réputation pour le moins élogieuse et couronné par un G.P.I. (catégorie roman francophone, en 2014), d'un prix du Lundi (2013) et d'un Rosny-Aîné (2014), Anamnèse de Lady Star (ALS) est le deuxième roman de l'entité hybride formée par les deux membres du couple Kloetzer, Laure et Laurent (à qui l'on devait déjà CLEER, déjà paru en Lunes d'encre).



Je dois bien l'avouer tout de suite, j'ai ressenti une impression partagée en refermant ce roman. En effet, tout le long de sa lecture, alors que je ne pouvais qu'apprécier le style développé par les deux auteurs, je me suis assez vite rendu compte que je ne comprenais plus rien à ce qui m'était donné à lire. En fait, pas si rapidement car je sais exactement où se situe le point de bascule. En effet, jusqu'à la page 252, j'ai eu l'impression que tout était clair. Pas tout à fait aisé d'appréhension, mais plutôt agréable à lire et semblant suivre un arc narratif à la fois complexe et tout de même linéaire. Bref, les ingrédients habituels d'une lecture exigeante telle que je peux les apprécier. Et puis, la page suivante, j'ai eu l'impression d'entrer dans un maelström littéraire qui ne semblait alors ne plus avoir qu'un lien plutôt ténu avec ce que j'avais lu dans la première partie. Des noms et des événements précédemment cités se retrouvaient, certes, mais plus j'avançais dans ma lecture, plus le fil qui me raccrochait à la réalité du roman semblait se déliter. Sans jamais se rompre, fort heureusement. C'est sûrement ce qui m'a permis, tout de même, de passer un très bon moment avec cette ALS qui est une entrée pour moi dans l'univers des LL Kloetzer (j'ai aussi CLEER qui m'attend dans ma bibliothèque et je compte bien un jour m'y plonger).



ALS est le genre de lecture qui travaille son lecteur longtemps après la dernière ligne lue. Pour preuve, je n'ai vraiment compris le titre que plusieurs jours après avoir fini le roman. Sous ce titre crypté, se cache en effet (peut-être ?) une sorte de clef pour mieux appréhender le personnage principal, celui autour de qui tout le monde (tous les événements issus de l'Evénement, le Satori lui-même) tourne, mais qui se dérobe dès qu'on tente la mise au point. Il échappe même au lecteur, qui ne le perçoit à chaque fois que de façon biaisée ou détournée. En somme, un personnage qu'on n'aperçoit que du coin de l’œil.



D'une appréhension pas toujours aisée (surtout dans sa deuxième partie), ASL est donc un roman qui se mérite. Le lecteur doit resté concentré, sous peine d'être largué. Un peu plus encore qu'il ne l'est à la première lecture. Parce que, bien sûr, pour apprécier ce roman à sa juste valeur, il aurait fallu le relire. Je suis persuadé que ça aurait été la meilleure manière de vivre l'expérience qu'il offre mais, malheureusement, je n'ai pas eu ce courage (le premier passage m'ayant déjà pris trop de temps et celui-ci n'est pas extensible à l'infini ; ce qui, vous en conviendrez, est fort regrettable).



Cela fait bien longtemps que je répète dans ces pages que la collection Lunes d'encre fait un travail formidable car elle propose à ses lecteurs des romans qui sortent de l'ordinaire. Ici encore, Gilles Dumay a su donner sa chance à un livre aussi différent qu'ambitieux. Et si cet Anamnèse de Lady Star n'a pas su totalement combler les attentes que je portais en lui, il n'en reste pas moins qu'il s'agit là d'un excellent roman délivrant une expérience de lecture que je conseille à toutes et à tous de réaliser.
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