Mais que sont devenus les Kloetzer ?
Depuis l’incroyable Anamnèse de Lady Star en 2013, c’était Laurent Kloetzer qui avait poursuivi l’aventure littéraire en solo avec Issa Elohim dans la collection Une Heure-Lumière et toujours dans un registre science fictif. Mais voici qu’en 2022, les deux français signent leur retour chez Le Bélial’ avec, cette fois, une fantasy plutôt old school que n’aurait pas renié un certain Fritz Leiber. Premier volume d’un dyptique, que nous réserve Noon du soleil noir ?
Première surprise, l’ouvrage concocté par Le Bélial’ est illustré par l’excellent Nicolas Fructus dont le trait acéré et sombre vient rehausser une histoire aussi classique qu’efficace.
Nous sommes au sein d’une immense Cité, près de la porte de l’Est et du Grand Caravansérail, alors que les Gardes Noirs jouent aux dés pour tuer le temps. Non loin, un vieux briscard, un mercenaire boiteux du nom de Yors, celui-là même qui nous servira de guide durant l’aventure, espère louer ses services aux nouveaux venus. Comme à ce Philo le jeune et sa troupe qui viennent de surgir d’entre les remparts. Mais c’est un autre homme qui attire rapidement l’attention de Yors, un étranger à la mise étrange et qui semble avoir des idées bien arrêtées sur ce qu’il vient chercher dans la Cité.
Plus qu’une bourse bien remplie, c’est d’un autre talent très particulier que jouit ce Noon aux grands airs : celui de la sorcellerie.
Bien vite déçu du Suzerain qui règne sur la ville et de la guilde de sorciers et magiciens médiocres qui y résident, Noon estime qu’il est temps de s’installer à son compte. Ne reste plus dès lors qu’à trouver le bon client !
C’est donc en ville que nous emmène les Kloetzer pour une fantasy qui alterne enquête, magie et combats. Autant dire que nous sommes en pleine sword and sorcery, pour le plus grand bonheur des habitués…et des autres, car, ne vous en faites pas, Noon du soleil noir est parfaitement accessible même pour le plus novice d’entre nous !
La force du récit tient principalement dans l’efficacité de l’écriture, avec cette élégance et cette précision qu’on connaît si bien et qui régale dès que l’on met un pied dans cette intrigante Cité de la toge noire. Les deux personnages principaux, Yors et Noon, forment un duo attendu, jeune et vieux, bourru et subtil, fantasque et terre-à-terre. Pour tout dire, complémentaires.
Attachants, nos héros vont à la fois découvrir la cité plus en profondeur avec nous ainsi que les mythes et dieux qui s’y cachent, tout en offrant aux lecteurs plusieurs enquêtes/consultations qui n’auront pas grand chose de magique dans un premier temps. Le problème, bien entendu, c’est que Noon ne s’occupe pas des choses du commun. C’est un magicien, un vrai.
Dès lors, on attend la quête véritable et l’on constate que les Kloetzer ne répugnent pas à sortir de leur terrain de jeu urbain pour voir ailleurs et ébaucher les prémices d’une intrigue politique qu’on devine plus vaste et complexe. Mais surtout, on explore avec délice la face cachée de cette terre, celle du soleil noir, où les choses deviennent différentes, à la fois plus terrifiantes et mortelles mais aussi plus ésotériques et captivantes.
Et si l’histoire semble prendre véritablement son envol quand on la quitte, c’est pour mieux nous prévenir que les deux comparses seront de retour dans un second volume prêt à prolonger notre plaisir.
Pour rencontrer d’autres dieux venimeux et quelques nouvelles races redoutables à n’en pas douter car la Cité cache encore beaucoup de secrets bien à l’abri derrière ses murs magiques.
Classique mais efficace, Noon du soleil noir signe un retour gagnant pour les Kloetzer avec une fantasy old school qui fera plaisir aux novices comme aux habitués. Une aventure sublimée à la fois par l’art du conteur des deux auteurs mais aussi par la sombre grandeur des illustrations qui l’accompagnent.
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