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Citations de Wladyslaw Reymont (26)


L'homme est comme un cochon, ça ne lui est guère aisé de lever le groin vers le soleil.
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Łódź s'éveillait.
La première sirène stridente d'une usine déchira le silence du petit matin et, tout de suite après, dans un tumulte grandissant, d'autres commencèrent à retentir de toutes parts à travers la ville, braillant d'une voix éraillée et insupportable tel un choeur de coqs monstrueux chantant la reprise du travail de leurs gosiers métallique.
Les longues carcasses noires et les cheminées au cou élancé des usines se découpaient dans la nuit, dans la brume et la pluie ; immenses, elles se réveillaient peu à peu et, crachant des flammes de leurs fournaises et exhalant des tourbillons de fumée, elles recommençaient à vivre et à s'animer dans l'obscurité qui enveloppait encore le paysage.

[Władysław Stanisław REYMONT {*}, "La Terre promise" ("Ziemia Obiecana", 1899), traduit du polonais par Olivier Gautreau, 740 pages, collection "Les Classiques du monde", Editions ZOE (Genève), 2011 - Tome I, Chapitre 1, page 13]

{*} (1867-1925), lauréat du prix Nobel de Littérature, 1924.
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Ô destinée humaine, implacable destinée !
À quoi sert de toujours trimer et peiner ? A quoi sert la vie humaine qui, comme la neige, s'écoule sans laisser de trace, en sorte que même nos enfants n'en ont plus souvenance ?
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- Tu as changé, je vois...
- La misère forge l'homme plus aisément que le foregeron le fer.
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Pardi, si les propriétaires ont leurs soucis !... l'un est en peine du meilleur morceau pour s'en farcir les boyaux, et l'autre en peine du plus grand intérêt auquel prêter son argent... mais aucun ne se fait de bile pour les miséreux, quand même ils crèveraient au pied de la haie... Mon Dieu, ils habitent le même village, de chaque côté d'un sillon, et cependant pas un qui se laisse gâter son sommeil... Pardi, chacun laisse à Jésus le soin des malheureux et confie tout à la volonté de Dieu, mais lui-même il se soigne la panse devant son assiette pleine, et il remonte sa peau de mouton bien chaude jusque par dessus ses oreilles pour ne pas entendre les jappements des miséreux...
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Car, voyez, il n'est que pleurs sur cette terre, il n'est que peine et chagrin !
Et le mal pullule comme les chardons et croît comme une forêt !
Et tout est en vain et ne sert de rien, comme la poussière du bois pourri, comme ces bulles que le vent gonfle sur l'eau et qu'une autre bulle détruit.
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Et toujours les cloches appelaient les égarés ; elles appelaient comme des mères en détresse, de la voix profonde de l’inquiétude ; tout le rivage résonnait d’un sanglot de bronze comme si la terre entière eût douloureusement supplié l’océan d’être pitoyable. (p. 7).
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- La faim, qu'est-ce que c'est, la mère ? Les chagrins mordent plus fort que tout.
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- J'ai fait plus d'une fois ménage avec la misère, et je sais comment cette chienne mord, je m'en rappelle encore...
- C'est une camaraderie de toute la vie avec elle, et ça n'est guère qu'au tombeau qu'on peut lui échapper.
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Tu vis, homme, comme le bétail courbé à terre sous le joug, tu peines, tu te démènes pour vivre ce jour, et tu ne songes même pas à ce qui se passe alentour, aux parfums d'encens qui soufflent sur le monde, aux saints autels d'où viennent je ne sais quelles voix, aux merveilles cachées qui sont partout !
Tu vis, homme, comme la pierre aveugle sous l'eau profonde...
C'est dans les ténèbres, ô homme, que tu laboures le champ de la vie, et que tu sèmes les pleurs, les peines et les douleurs...
Et c'est dans la boue, ô homme, que tu vautres ton âme étoilée, dans la boue !...
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Borowiecki s'était réveillé. Il alluma une bougie et, au même moment, le réveil qui indiquait cinq heures sonna énergiquement.
— Mateusz, mon thé ! cria-t-il au valet qui entrait dans la pièce.
— C'est prêt.
[...]
— Que raconte-t-on en ville ? demanda-t-il hâtivement tandis qu'il s'habillait plus rapidement encore.
— Oh, rien, sinon qu'un ouvrier s'est fait poignarder sur la place Gajerowski.
— Ce sera tout, va-t'en.
— Et aussi, l'usine de Goldberg, rue Cegielna, a brûlé. Nos pompiers y sont allés mais tout s'est bien passé, il ne restait que les murs. Le feu avait pris dans le séchoir.

[Władysław Stanisław REYMONT {*}, "La Terre promise" ("Ziemia Obiecana", 1899), traduit du polonais par Olivier Gautreau, 740 pages, collection "Les Classiques du monde", Editions ZOE (Genève), 2011 - Tome I, Chapitre 1, page 14]

{*} (1867-1925), lauréat du prix Nobel de Littérature, 1924.
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L'orage éclata pour de bon, le ciel devint livide comme un foie, la poussière se mit à bouillonner et tourbillonner, les peupliers s'inclinèrent vers la terre en poussant comme des sanglots et des cris, les vents hurlèrent et s'abattirent de plus en plus furieusement sur les blés qui se dérobaient de tous les côtés, et, beuglant comme des taureaux furieux, ils se jetèrent sur les forêts dont les arbres serrés se balançaient éperdument et murmuraient à voix forte.
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On est tous à l’étroit comme dans une senne, le château est partout, de tous côtés il presse le village et l’étouffe comme avec des murs : veux-tu faire paître ta vache derrière le village, aussitôt tu te trouves sur le pré au château ; veux-tu lâcher ton cheval, l’avoine du château est droit derrière la borne ; t’es pas fichu de seulement lancer une pierre, sans qu’elle tombe sur la terre au château… et tout de suite la main au collet, tout de suite en justice, tout de suite à l’amende.
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Jésus, dans la chaumière un froid glacial... les fenêtres bouchées avec des poignées de paille... de lits, y en avait un seul, et les autres nichaient tous sur le même grabat, comme des chiens... elle n'est pas morte, la petite, c'était seulement la faim qui la minait... ils sont déjà au bout de leurs pommes de terre, ils ont vendu leur couette...
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Les brumes, comme déchirées par les voix inlassables des cloches, s’agitèrent violemment ; ce fut un fourmillement noir et dans l’espace les flots clapotèrent ; la respiration de l’océan, étouffée, lourde, s’exhala. Un vent chaud soufflait de la terre, pénétrait silencieusement au travers des brumes, baisant câlinement les yeux en pleurs des femmes, et s’enfuyant effrayé, se perdait dans le silence.

Et toujours les cloches appelaient les égarés ; elles appelaient comme des mères en détresse, de la voix profonde de l’inquiétude ; tout le rivage résonnait d’un sanglot de bronze comme si la terre entière eût douloureusement supplié l’océan d’être pitoyable.

Dans un silence mortel les femmes pénétrèrent dans la chapelle et, parmi la brume épaisse qui planait, s’agenouillèrent par deux, par trois, par quatre.

Sur un autel bas, sculptée en granit, dans l’or et le bleu de ses habits, la Sainte Vierge se dressait avec l’Enfant. À la lumière éparse des lampes, sa main tendue, sa figure pâle et ses yeux immobiles apparaissaient à peine.

Elles s’agenouillaient humblement et, s’inclinant jusqu’à terre murmuraient de ferventes prières. Une jeune fille saisit la corde qui pendait devant l’autel et se mit à sonner. Elle se penchait lentement, rythmiquement, les yeux fixés dans les yeux sacrés, immobiles ; elle sonnait l’alarme, elle faisait savoir aux égarés sur l’océan qu’ici on veillait, on s’effrayait, on pleurait.
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[Il] laissa errer ses yeux sur cet océan illimité de champs fertiles qui, bossués çà et là et légèrement renflés, tels les seins d’une mère qui allaite, semblaient animés d’une douce respiration, prêts à nourrir tout ce qui se presserait à leur sein découvert, et à l’abriter, et à lui faire oublier le sort mauvais.
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La couette n'y était plus... et elle l'avait laissée là toute neuve... dans un linge propre... elle ne s'en était pas servie une fois... elle l'avait faite petit à petit avec les plumes qui traînaient sur les pâtis... à seule fin de l'avoir à cette heure dernière de son agonie...
Et on la lui avait prise... on la lui avait prise...
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N'oublie pas que tu es à Lodz. Mais je vois que tu l'oublies tout le temps et que tu penses diriger une affaire chez un peuple civilisé d'Europe Centrale. Lodz, c'est une forêt, une jungle. Si tu as de bonnes griffes, avance résolument, sans égard pour ton prochain. Etrangle-le avant que lui ne le fasse, qu'il te vide de ton sang et recrache tes restes.
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- Tu as engraissé comme un porc au cours de ces combats! Le Muet lui donna un coup de pied dans sa grosse bedaine.
- Tout pouvoir se nourrit de ses administrés hurla Kulas, se pourlechant la gueule pleine de sang.
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- Pour toi vivre c'est seulement se bâfrer, chercher à se remplir la panse.
- Et c'est quoi pour toi ? C'est quoi pour ces bestiaux ? Et même pour l'homme ?
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