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Citations de Wladyslaw Reymont (20)


Łódź s'éveillait.
La première sirène stridente d'une usine déchira le silence du petit matin et, tout de suite après, dans un tumulte grandissant, d'autres commencèrent à retentir de toutes parts à travers la ville, braillant d'une voix éraillée et insupportable tel un choeur de coqs monstrueux chantant la reprise du travail de leurs gosiers métallique.
Les longues carcasses noires et les cheminées au cou élancé des usines se découpaient dans la nuit, dans la brume et la pluie ; immenses, elles se réveillaient peu à peu et, crachant des flammes de leurs fournaises et exhalant des tourbillons de fumée, elles recommençaient à vivre et à s'animer dans l'obscurité qui enveloppait encore le paysage.

[Władysław Stanisław REYMONT {*}, "La Terre promise" ("Ziemia Obiecana", 1899), traduit du polonais par Olivier Gautreau, 740 pages, collection "Les Classiques du monde", Editions ZOE (Genève), 2011 - Tome I, Chapitre 1, page 13]

{*} (1867-1925), lauréat du prix Nobel de Littérature, 1924.
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L'homme est comme un cochon, ça ne lui est guère aisé de lever le groin vers le soleil.
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Ô destinée humaine, implacable destinée !
À quoi sert de toujours trimer et peiner ? A quoi sert la vie humaine qui, comme la neige, s'écoule sans laisser de trace, en sorte que même nos enfants n'en ont plus souvenance ?
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- Tu as changé, je vois...
- La misère forge l'homme plus aisément que le foregeron le fer.
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Pardi, si les propriétaires ont leurs soucis !... l'un est en peine du meilleur morceau pour s'en farcir les boyaux, et l'autre en peine du plus grand intérêt auquel prêter son argent... mais aucun ne se fait de bile pour les miséreux, quand même ils crèveraient au pied de la haie... Mon Dieu, ils habitent le même village, de chaque côté d'un sillon, et cependant pas un qui se laisse gâter son sommeil... Pardi, chacun laisse à Jésus le soin des malheureux et confie tout à la volonté de Dieu, mais lui-même il se soigne la panse devant son assiette pleine, et il remonte sa peau de mouton bien chaude jusque par dessus ses oreilles pour ne pas entendre les jappements des miséreux...
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Car, voyez, il n'est que pleurs sur cette terre, il n'est que peine et chagrin !
Et le mal pullule comme les chardons et croît comme une forêt !
Et tout est en vain et ne sert de rien, comme la poussière du bois pourri, comme ces bulles que le vent gonfle sur l'eau et qu'une autre bulle détruit.
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Borowiecki s'était réveillé. Il alluma une bougie et, au même moment, le réveil qui indiquait cinq heures sonna énergiquement.
— Mateusz, mon thé ! cria-t-il au valet qui entrait dans la pièce.
— C'est prêt.
[...]
— Que raconte-t-on en ville ? demanda-t-il hâtivement tandis qu'il s'habillait plus rapidement encore.
— Oh, rien, sinon qu'un ouvrier s'est fait poignarder sur la place Gajerowski.
— Ce sera tout, va-t'en.
— Et aussi, l'usine de Goldberg, rue Cegielna, a brûlé. Nos pompiers y sont allés mais tout s'est bien passé, il ne restait que les murs. Le feu avait pris dans le séchoir.

[Władysław Stanisław REYMONT {*}, "La Terre promise" ("Ziemia Obiecana", 1899), traduit du polonais par Olivier Gautreau, 740 pages, collection "Les Classiques du monde", Editions ZOE (Genève), 2011 - Tome I, Chapitre 1, page 14]

{*} (1867-1925), lauréat du prix Nobel de Littérature, 1924.
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Et toujours les cloches appelaient les égarés ; elles appelaient comme des mères en détresse, de la voix profonde de l’inquiétude ; tout le rivage résonnait d’un sanglot de bronze comme si la terre entière eût douloureusement supplié l’océan d’être pitoyable. (p. 7).
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- J'ai fait plus d'une fois ménage avec la misère, et je sais comment cette chienne mord, je m'en rappelle encore...
- C'est une camaraderie de toute la vie avec elle, et ça n'est guère qu'au tombeau qu'on peut lui échapper.
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Tu vis, homme, comme le bétail courbé à terre sous le joug, tu peines, tu te démènes pour vivre ce jour, et tu ne songes même pas à ce qui se passe alentour, aux parfums d'encens qui soufflent sur le monde, aux saints autels d'où viennent je ne sais quelles voix, aux merveilles cachées qui sont partout !
Tu vis, homme, comme la pierre aveugle sous l'eau profonde...
C'est dans les ténèbres, ô homme, que tu laboures le champ de la vie, et que tu sèmes les pleurs, les peines et les douleurs...
Et c'est dans la boue, ô homme, que tu vautres ton âme étoilée, dans la boue !...
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- La faim, qu'est-ce que c'est, la mère ? Les chagrins mordent plus fort que tout.
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N'oublie pas que tu es à Lodz. Mais je vois que tu l'oublies tout le temps et que tu penses diriger une affaire chez un peuple civilisé d'Europe Centrale. Lodz, c'est une forêt, une jungle. Si tu as de bonnes griffes, avance résolument, sans égard pour ton prochain. Etrangle-le avant que lui ne le fasse, qu'il te vide de ton sang et recrache tes restes.
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- Tu as engraissé comme un porc au cours de ces combats! Le Muet lui donna un coup de pied dans sa grosse bedaine.
- Tout pouvoir se nourrit de ses administrés hurla Kulas, se pourlechant la gueule pleine de sang.
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- Pour toi vivre c'est seulement se bâfrer, chercher à se remplir la panse.
- Et c'est quoi pour toi ? C'est quoi pour ces bestiaux ? Et même pour l'homme ?
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Pas une voile n’émergeait des abîmes et le silence ne répondit par aucun clapotis de rames.

Vers les cœurs en détresse s’avançait lourdement l’Inconnu.
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Le jour frémit d’inquiétude ; par le monde passait la frayeur, toutes les voix étaient mortes, toute créature retenait son souffle ; l’océan s’immobilisa ; ce fut le calme de l’attente, le calme de l’effroi ; seules les eaux murmuraient en reculant impuissantes dans les précipices de la crainte et du silence, seuls, les derniers sanglots des dernières lames parmi les rochers armés de crocs noirs, et le clapotis douloureux des longues langues d’écume agrippées aux pierres.
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Le soleil planait très bas au-dessus de l’océan comme un oiseau fatigué qui, péniblement, traîne ses ailes d’or ; et les rivages élevés, les hautes masses des arbres, les rochers agrestes vomis par les eaux, les gueules ouvertes des baies, les mâts courbés, les tours des églises et les solitaires menhirs semblaient se pencher vers lui et tendre leurs bras suppliants pour le retenir — mais le soleil pâle, troublé, effaré, s’enfuyait, tombait toujours plus vite, car en haut, par le ciel sombre, couraient les corps monstrueux et gris des nuages ; ils venaient du nord, rampaient menaçants du midi, coulaient en foule innombrable de l’orient, se suivaient pas à pas, s’unissaient en une demi-sphère, en une meute furieuse, affamée.
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Le soleil planait très bas au-dessus de l’océan comme un oiseau fatigué qui, péniblement, traîne ses ailes d’or ; et les rivages élevés, les hautes masses des arbres, les rochers agrestes vomis par les eaux, les gueules ouvertes des baies, les mâts courbés, les tours des églises et les solitaires menhirs semblaient se pencher vers lui et tendre leurs bras suppliants pour le retenir — mais le soleil pâle, troublé, effaré, s’enfuyait, tombait toujours plus vite, car en haut, par le ciel sombre, couraient les corps monstrueux et gris des nuages ; ils venaient du nord, rampaient menaçants du midi, coulaient en foule innombrable de l’orient, se suivaient pas à pas, s’unissaient en une demi-sphère, en une meute furieuse, affamée.
Par moments, le jour s’assombrissait, car certains nuages détachés en avant, entremêlés en un vol fou, se précipitaient aveuglément comme des bêtes écumantes dans les abîmes fuligineux du soleil.
Le jour frémit d’inquiétude ; par le monde passait la frayeur, toutes les voix étaient mortes, toute créature retenait son souffle ; l’océan s’immobilisa ; ce fut le calme de l’attente, le calme de l’effroi ; seules les eaux murmuraient en reculant impuissantes dans les précipices de la crainte et du silence, seuls, les derniers sanglots des dernières lames parmi les rochers armés de crocs noirs, et le clapotis douloureux des longues langues d’écume agrippées aux pierres.
Soudain le jour s’effrita.
De tous côtés les nuages atteignirent le soleil et s’effondrant sur lui le mirent en lambeaux flamboyants, le dévorèrent avidement de leurs mâchoires boueuses ; il s’éteignit dans le gouffre de ces gueules immondes.
Une ombre triste, cendrée, s’épandit sur le jour aveugle.
Au loin, très loin s’éleva, grave, un sourd grondement.
Puis un insondable et mortel silence
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Roman de Władysław Reymont, dans les années 1901-1908, publié sous forme de livre dans les années 1904-1909 [1]. L'écrivain a reçu le prix Nobel de travail en 1924. Le roman montre la vie des communautés vivant dans le village de Lipce pendant quatre saisons.
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Roman de Władysław Reymont, dans les années 1901-1908, publié sous forme de livre dans les années 1904-1909 [1]. L'écrivain a reçu le prix Nobel de travail en 1924. Le roman montre la vie des communautés vivant dans le village de Lipce pendant quatre saisons.
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